20 décembre 2008
L'économie, ça finit par coûter cher
Si, sous Eisenhower, ce qui était bon pour GM était bon pour les Etats-Unis et vice versa, devient inquiétant sous Bush.
C’est qu’à suivre les indicateurs économiques, on a l’impression de revoir ce veux cliché des films de série B quand la machine devient folle et que les aiguilles des cadrans se mettent à tourner en tout sens. Il y a un mois, le ministre des finances du Canada coupait les dépenses par peur d’un déficit, voilà qu’il songe à en faire un de 30 milliards en 5 ans et que c’est une bonne chose. D’ailleurs l’exemple vient d’en bas. Sans le dire, les USA viennent à de nationaliser en douce le secteur bancaire, les assurances, maintenant l’automobile. Demain l’électricité, la santé et pourquoi pas l’acier, les chemins de fer et les transports ? Ironique qu’un Bush ennemi soit disant déclaré du big government finisse sa carrière en socialiste obligé. Mais, comme on dit au Monde Diplomatique, socialisons les pertes, privatisons les profits.
Personnellement, cette crise ne me touche pas. Je n’ai pas tellement d’argent investi. Le boulot ne manque pas, au contraire. Et dans mon domaine, force est de croire que l’avenir est pas mal. Les chômeurs seront instruits. Les étudiants, ayant moins de boulot, pourront même peut-être même s’intéresser un peu plus à leurs cours
Et c’est là où je rêve que cette crise ramène aux choses ordinaires. A une société plus tranquille, plus locale.
Humaine, mettons.
8 décembre 2008
radio canada trop tot ?
il est 21h 04, il ne sont plus majoritaires ? Trop vite ? encore trop de luttes très chaudes dans la région de Québec...
addenda 22h30 Faux espoir finalement mais libéraux n'ont pas eu la victoire attendue, c'est toujours ça de pris...
Petit bilan électoral
Disons que le retour vers le centre des libéraux et le bourassisme qu’on a imposé à Charest lui a réussi. Il a mené une campagne terne, sans doute, mais efficace. Du côté du PQ si Pauline Marois a bien fait si elle n’a pas soulevé l’enthousiasme. Et soyons francs, à part la question nationale les deux partis de gouvernement on des projets qui se ressemblent, à part peut-être la touche un peu plus étatiste du PQ.
Tout le piment de cette élection tient dans le niveau de déconfiture de l’ADQ. Il sera sûrement suffisant pour permettre au PQ de reprendre ses positions traditionnelles dans les Laurentides, Lanaudière, les couronnes Nord et Sud de Montréal et au centre du Québec. Au total, probablement une quinzaine de gains possibles. Quelques gains aussi des libéraux aux dépends de l’ADQ dans les comtés plus conservateurs (Shefford, Huntingdon, Iberville ?) La Mauricie sera plus disputée; libéraux et péquistes vont probablement récupérer chacun quelques dépouilles l’ADQ.
Cette élection va se jouer dans deux régions : Québec et Chaudière-Appalaches. Le degré de résistance du vote adéquiste y fera la différence entre une gouvernement libéral majoritaire ou minoritaire ou même péquiste minoritaire (rêvons un peu). J’ai l’impression qu’on y sous-estime la résistance de l’adéquisme. Je l’ai souvent dit, cette mouvance autonomiste molle conservatrice voire même réactionnaire correspond à une strate de l’électorat qui ne se reconnaît pas dans les deux partis de gouvernement que sont le PQ et les libéraux.
Ailleurs, dans les régions plus péquistes du Saguenay, Bas-Saint-Laurent , Gaspésie et Abitibi, je n’exclus pas deux ou trois gains libéraux mais probablement pas de vague. Les îles de Montréal et Laval me semblent figées sauf dans les rares circonscriptions habituellement disputées comme Crémazie.
Attendez vous à ce qu’on n’élise Jean Charest dans Sherbrooke qu’une fois la dernière boîte de scrutin vidée. Et enfin, dans mon comté de Saint-François, je souhaite que mon candidat péquiste Raymond Hébert l’emporte sur la ministre Gagnon-Tremblay. Elle pourra continuer à se momifier tranquillement chez elle.
A ce soir peut-être, et allez voter !
6 décembre 2008
Message personnel
Dans l'émission de Monique Giroux il y a des chansons qui sont des plaisirs coupables. Immensément quétaines. En général, Dalida y règne. Voici la mienne.
Version originale. La blonde de l'auteur, Michel Berger, France Gall l'a reprise ainsi:
"Message personnel"
Les deux se sont retrouvées sur un plateau de télé. Françoise Hardy fait une belle vieille non ?
Il y en a une version étrange par Isabelle Huppert dans le film Huit femmes.
Et même Juliette Gréco se l'est tapée cette toune. C'est une autre génération.
Tous mes amis savent que c'est une chanson qui me va bien, je crois.
1 décembre 2008
What's in a name ?
Il est toujours membre du barreau local.
Mais il habite Westmount.
26 novembre 2008
Drôle de débat, drôles de médias
Je n'aime pas tellement Pauline (il n'y que des prénoms au PQ cette saison) mais je dois dire qu'elle s'en est bien tiré, minouchant suavement son programme et jouant la déterminée quand venait le temps de donner quelques baffes (méritées) à notre poodle national qui japillait trop. Juste assez compatissante avec Mario pour ne pas effaroucher sa base électorale, avec ce ton doucereux et ferme d'une travailleuse sociale intervenante. Dumont a été égal à lui même. Démagogue à clips, il a su garder son monopole du gros bons sens et esquiver les conséquences de ce qui lui tient lieu de programme.
Sur le fond, Charest a fait une bonne imitation de la tradition bourassiste chère aux libéraux. Prospérité économique et lénification générale des esprits, tout ira très bien. Pauline, qui partage en gros le même programme, à la souveraineté près, a su marquer cette différence sans trop s'alourdir. Quant à l'ADQ, on cherche encore la substance sous les slogans.
Le cas de l'éducation est patent. Marois et Charest s'entendent pour diminuer la taille des classes ce qui, sans être la panacée qu'on croit, aidera au moins les profs à mieux encadrer les cas lourds de plus en plus nombreux dans les classes. Les deux savent que la réforme pourra être utile à faire face à des élèves trop souvent passifs, zombifiés par la télé, les ordis ou le joint de pot occasionnel. Mario rêve quant à lui d'un high school américain du Kansas des années 1950 et oublie qu'on y trouve parfois maintenant des détecteurs d'armes aux entrées. Ce qui est possible à Rivière-du-Loup ne l'est pas nécessairement dans Côte-des-Neiges ou Montréal-Nord.
Au total, Charest a un peu perdu parce que le jupon de son arrogance du premier mandat dépassait trop souvent, ce qui va lui nuire. Pauline Marois a gagné sûrement en stature: si elle a réussi à moins m'énerver que d'habitude peut être saura-t'elle également ramener les brebis dispersées de son troupeau. Mario Dumont a joué les cordes sensibles de son électorat créditiste et conservateur, là aussi il sauvera quelques meubles ce qui, dans le camp adéquiste, décrit bien son équipe.
En ouvrant le compte rendu du sondage de La Presse tôt ce matin sur Cyberpresse on lit (lisait?) ceci :
Trente-huit pour cent des répondants qualifient la performance de la chef péquiste d'«excellente» ou «très bonne». C'est huit points de pourcentage de moins que le chef libéral Jean Charest, qui récolte 30% d'appuis très positifs.On manque de calculatrices, rue Saint-Jacques.
Édifiant.
L'actionnaire est content.
25 novembre 2008
Questions pour un débat
«Économie et financesTout le reste est à lire.
À Jean Charest: Quelle est la meilleure illustration de votre capacité de mener de grands projets?
a) la centrale thermique du Suroît
b) le déménagement du casino
c) le CHUM
À Pauline Marois: Quelle est la meilleure illustration de la bonne gestion économique d'un gouvernement péquiste?
a) le métro de Laval
b) la Gaspésia
c) les 771 millions perdus par la SGF
À Mario Dumont: Puisque Gilles Taillon semble résolu à quitter la politique, qui serait votre ministre des Finances?
a) moi
b) ma conjointe
c) j'abolirais le ministère»
20 novembre 2008
Déjà vu
Le parallèle est troublant.
19 novembre 2008
Un candidat différent
5 novembre 2008
Une belle victoire ?
En bon québécois qui aime les louseurs, j’ai commencé par écouter le discours de concession de McCain Un discours généreux, ouvert et rassembleur, digne de cet homme que je ne peux m’empêcher de trouver sympathique. Et pourtant, on sentait la hargne de son auditoire qui ne se gênait pas pour huer à chaque fois le le nom de l’adversaire honni était prononcé. Réflexe fanatique que l’inconsciente Palin a su si bien attiser ces derniers mois.
J’ai écouté ensuite le discours victorieux et noble d’Obama. Il était émouvant, à la hauteur du grand orateur qu’il est. Mais est-ce moi ? Il me semble que je l’ai vu presque agacé vers la fin quand la foule reprenait comme une incantation guerrière le yes we can qui revenait en refrain dans sa péroraison ? Et si cette victoire n’était pas si triomphale ?
En bon géographe, je retourne donc aux cartes. À celles si bien faites du New York Times qui m’ont accompagnées hier soir dans ma soirée électorale, mes quelques échappées vers les réseaux n’ayant que confirmé mon allergie au clinquant et à la superficialité télévisuelles. C’est que ces cartes ont quelque chose que la plupart de celles que j’ai vues n’ont pas : la profondeur du temps. On peut y comparer les résultats depuis 1992. Et comme aux USA all politics are local voici celle du vote d’hier par comtés :
Et voici celle de la deuxième élection de Clinton en 1996 (celles de 1992 et de 2000 sont assez semblables)
Et c’est là que s’éclaircit mon analyse : Obama et les démocrates avec lui n’ont pas su rejoindre l’Amérique rurale profonde hors de la Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands-Lacs, ce que Clinton avait réussi à faire. Il lui faudra donc aller vers ce terrain probablement pas naturel aux démocrates. Je lui souhaite d’être à la hauteur de ce grand défi : la crise qui s’en vient est profonde et les Etats-Unis que lui laissent le calamiteux Bush sont affaiblis.
Espérons qu’il sache construire des ponts qui aillent quelque part, les autres étant une spécialité de l’Alaska.
27 octobre 2008
Des élections, Encore ?
C'est que l'adéquisme est un phare. Non pas que les idées de Mario Dumont soient particulièrement brillantes, mais bien parce qu'elles allument l'électorat par intermittence. Possible que ces élections dont personne ne veut ramènent à l'ADQ les gens de rien inquiets de la situation économique.
À moins que ce qui s'annonce au plan économique ne serve d'alibi à Charest pour tenter d'aller chercher un mandat fort avant que ne ça devienne pire.
Pas très réjouissant tout ça.
25 octobre 2008
Rien à dire ou plus
Une vieille habitude de radio. Quand il fait chaud en juillet.
Chanson d'automne aussi.
22 octobre 2008
Le temps qu'il fait
Oui c'est un cliché mais je ne pouvais pas y résister ;-)
16 octobre 2008
Nationalisations
Socialisation des pertes et privatisation des profits qu'y disaient.
14 octobre 2008
Élections
Dans le reste du Canada, les conservateurs vont probablement grignoter quelques libéraux dans les banlieues de Toronto, mais moins qu'on ne le croit. Dans les Prairies, les quelques points rouges ou jaunes de la mer bleue disparaitront au fur et à mesure qu'on s'approchera des Rocheuses. Comme toujours, la Colombie-Britannique votera n'importe comment.
Et Harper sera minoritaire.
Il est 20h 55, je m'endors déjà un peu.
11 octobre 2008
Crises
Si ma contribution à la blogosphère a fondu comme le Dow Jones ces derniers jours, ce n’était pas faute d’en lire. Depuis mars j’ai pris l’habitude de lire beaucoup de chroniques économiques, aussi les turbulences des dernières semaines ne m’ont pas tellement surpris. Il y a l'incontournable Paul Krugman au New York Times, économiste patenté qui, voyant les hésitations des politiciens à faire face à la crise, reprenait ce mot: «We are a Banana Republic with nukes». On verrait bien en effet Bush à la tête du San Theodoros. D'ailleurs le caricaturiste Ted Rall le voit aussi:
J'aime bien aussi Naked Capitalism d'abord pour le titre et ensuite pour les analyses critiques des nouvelles économiques. Le plus noir de ces blogueurs est sans doute l'économiste Nouriel Roubini, surnommé Dr. Doom par le New York Times. Sur son site RGE Monitor il a prévu dès février la longue décomposition du système financier mondial. Et pendant que j'écris ces lignes, les ministres des finances du G20 discutent des mesures à prendre on souhaite qu'ils aient lu sa dernière analyse. Et je suis assez pessimiste sur les résultats.
Au fond, cette crise financière était assez prévisible. La bulle immobilière américaine (mais aussi européenne) ne pouvait pas tenir: le prix des maisons ne peut pas augmenter indéfiniment de 10% par année. De même, les outils de financement sophistiqués ne peuvent pas créer des capitaux qui n'existent pas. Mais si je n'ai aucune pitié pour les boys à MBA qui se retrouveront à la rue, j'en ai pour tout ceux qu'on a bernés dans ce système. Pour les retraités qui voient fondre leurs épargnes de jour en jour. Pour les gens de classe plus ou moins moyenne qui perdent leur maisons. Chez Calculated Risk, autre fine lame de l'analyse financière j'ai vu ce video assez triste et dérisoire sur les conséquences étranges de cette crise. C'est en anglais mais je ne résiste pas à la mettre ici. La présentatrice est, disons assez californienne.
En tout cas. Reste à souhaiter que les dirigeants politiques et les rapaces de la finances apprennent la leçon.
On peut toujours espérer.
10 octobre 2008
De retour
Trois mois sans rien écrire ici. Pas tant que je n’avais rien à dire mais que je n’en avais pas le goût. Attendre l’été pour qu’il arrive à la rentrée. Et avec lui le prétexte de ne plus avoir de temps. Grosse session à temps plein. Et maintenant une pile de copies assez haute pour me redonner le plaisir de procrastiner la correction.
Passer du temps à me demander s’il ne serait pas plus simple de mettre un pont final à ce blogue. Mais ceux qui me connaissent savent que j’ai horreur de finir les choses. J’aime garder une porte ouverte au cas où. Attendre.
J’ai passé une bonne partie de l’été à attendre. Que le l’été arrive. Que finisse mon cours aux adultes. Que j’aie le courage d’arrêter de fumer. Que j’aie une occasion d’aller à Québec. Que ça me tente d’écrire. Que je devienne cinquantenaire. Que l’éclairage soit parfait pour prendre la photo du jardin que Carole m’a demandée.
Et l’été s’est passé.
L’automne est superbe.
Assez pour redonner le goût d'écrire.
19 juin 2008
Les petits bonhommes
Depuis un an ou deux, j'avais remarqué d'étranges petits panneaux qui apparaissaient ici et là à Sherbrooke. Des petits bonhommes à coeur gros, sur des bouts de planches ou de plastique récupérés, affichés un peu partout en ville.
Au début, il y en avait beaucoup autour d'une peine d'amour. Puis d'autres plus joyeuses.
Et d'autres ironiques
Et de plus en plus des idées, des commentaires sur le monde.
Renseignements pris, on m'a dit qu'il s'agit d'un certain Yannick. Il habite en ville, a des idées de gauche. Un gars gentil dont tout le monde me parle en bien. Et pour cause. Voilà de l'art vivant. Plus intégré que plein de commandes officielles. Un art secret à la vue de tous mais que personne ne voit, sauf peut être ceux qui regardent encore la ville.
Il y en a plus qu'on pense.
4 juin 2008
Pour saluer Obama
Dans ce duo, la blonde (Dinah Shore) écoute et essaie de suivre Mahalia Jackson qui est probablement la seule personne qui me ferait croire en quelque chose. Allez voir cet extrait de spectacle où des bobos européens, vaguement encore colonisateurs des années soixante, écoutent cette grande chanteuse . Juste le lien, parce que ça se regarde plein écran.
We shall overcome
26 mai 2008
21 mai 2008
4 mai 2008
Une solution au prix du pétrole
À quand le retour du cheval canadien *?
* Il ne me semble pas particulièrement coast to coast, ce cheval qui a un « tempérament énergique et ardent, doux et docile en même temps. Il est très polyvalent, rustique et frugal. Il est fort, d’une endurance et une robustesse légendaire.» comme il est dit ici.
Toute ressemblance avec le bon vieux canadien-français étant ce qu'elle est.
29 avril 2008
Absent
Pour cause de trop beau temps
Pour cause de trop de cours à préparer
Pour cause de jardinage hâtif
Pour cause de trop de choses à lire
Parce que les piles de copies à corriger concomitantes
15 avril 2008
Point qc tout court
Même le parlement fédéral prétend que nous sommes une nation.
Alors j'ai signé.
12 avril 2008
Une ballade
Le jardin sort de sa gangue de neige. Il y a même des tulipes qui pointent. Le rhododendron a bien passé l'hiver.
Clin d'oeil à un nouvel ami de blogue: notre inukshuk est toujours dans son élément.
La plate-bande à l'avant est plein Sud alors les crocus en ont profité pour s'ouvrir un peu aux quelques rayons de soleil.
Au premier grand redoux du printemps, il y a deux semaines, on a eu des moment magiques de soleil et de brume.
Mais aujourd'hui c'est plus gris. En passant, vous ne voyez pas ce pylône que dans sa vision à courte vue, le conseil municipal à préféré à l'enfouissement pour faire quelques économies de bout de chandelles. Mais la grande révolution prolétarienne s'en vient bientôt:
À voir ces affiches, un gars comme moi qui a connu la prolifération des groupuscules de gauche des années 1975-1980 se dit que c'est normal. Comptez sur les conservateurs pour augmenter le budget des provocateurs des services secrets ;-). Quand même incroyable de croire encore en ces choses en 2008 ! Ça m'apprendra à vivre proche d'un cégep.
En traversant à l'épicerie coup d'oeil à la jauge de la rivière:
et au retour:
Mais c'est qu'elle a monté de deux pouces en une demie-heure... à surveiller donc.
Gros changements dans le quartier: L'hôtel Albert, un chic endroit que les sherbrookois connaissent tous mais que personne ne fréquente, se refait une beauté mais fait dur en attendant:
C'est que la ville a décidé de construire un HLM pour redonner du lustre à ce coin déchu de Sherbrooke les fantômes habitent ce vieux bloc:
Et pour sa dernière séance, le cinéma Capitol est devenu un théâtre grec:
Oui, tout ça est gris. C'est que le printemps québécois est d'abord sale et poussiéreux. Puis il explose. Tout devient vert tendre. Les forêts reprennent les couleurs de l'automne mais dans des tons pastels. Les soirées sont toutes de brises douces. C'est le paradis.
Jusqu'à ce que les maringouins et les mouches noires sortent.
Le lendemain, d'habitude.
29 mars 2008
Les temps modernes
Ça achève.
Et lisez le Foglia d’aujourd’hui. Plongée dans le monde ordinaire et à partir de la mort d’une usine, celle d’une époque où l’Humain restait au dessus des machines. Les rouages des temps modernes qui écraboullaient Charlot sont aujourd’hui des impulsions électroniques qui changent les bilans financiers qui commandent des rationalisations pour le grand bien des actionnaires. Dont nous sommes par toutes les Caisses de Dépôt du Monde.
Les sciences administratives sont la forme la plus dévoyée des sciences humaines.
C’est d’ailleurs pour ça qu’elles sont bêtement administratives.
Et ne tuent que ceux qui y croient.
19 mars 2008
La chanteuse
Ce soir là, elle a été le Québec.
En 1975, une certaine Saint-Jean.
16 mars 2008
Ça sent très mauvais
La palme de l'alarmisme est ici. Et ça craint.
M'est d'avis que les prochaines années ne seront pas drôles.
Surtout qu'on veut nous rassurer.
4 mars 2008
L'accent québécois enfin expliqué
«Les Français disent au départ que l’accent des Canadiens est identique à celui de Paris, puis, au XIXe siècle, ils disent qu’il est tout à fait différent. Alors, comment l’expliquer? Ce ne sont pas les Canadiens qui avaient changé leur façon de parler, mais bien les Parisiens. Donc, il fallait chercher comment eux avaient changé», (...)Ce qui prouve que:
Pendant longtemps, deux modèles de diction ont coexisté dans la Ville lumière, souligne M. Gendron : le «grand usage», qui était la langue savante des discours publics, employée au Parlement de Paris, dans les cours de justice, par la bourgeoisie instruite et au théâtre; et le «bel usage», utilisé en privé dans les salons de la noblesse. Sa prononciation, plus relâchée que celle du grand usage, devait paraître «naturelle», c’est-à-dire ni vulgaire, ni affectée.
Elle avait tendance à tronquer certaines lettres et faisait rager beaucoup de grammairiens français. Le bel usage prononçait ainsi, entre bien d’autres : «leux valets», «sus la table», «quéqu’un», «velimeux», «des habits neus», «ostiner», «neyer» (noyer), «netteyer», «frèt», etc.
«On dit dans le discours familier qu’il fait “grand fraid” (…) mais en preschant, en plaidant, en haranguant, en déclamant, je dirois “le froid”», écrivait par exemple le grammairien français Gilles Ménage en 1672. (...)
Mais la haute société parisienne, qui a longtemps flotté entre les deux accents, bascule totalement à la révolution de 1789. Le roi de France, ou le «rouè», comme il disait peut-être, est décapité. L’aristocratie, dont le prestige donnait jusque-là préséance au bel usage, fuit la France (quand elle le peut), ce qui laisse toute la place à la bourgeoisie et à «sa» manière de parler. La révolution, écrit M. Gendron, «sera en même temps politique et linguistique. (…) L’autorité et le prestige acquis par les gens de lettres vont leur conférer le pouvoir d’influencer la langue, en devenant le modèle à imiter».
1) Le bobo parisien n'est pas une invention récente.
2) Les Québécois ont un parler aristocratique, ce qui est normal puisque nous sommes toujours en monarchie.
Merci à Gérald de m'avoir signalé l'article
Note: le monsieur Gendron (Jean-Denis) dont il est question dans l'article est un professeur de phonétique retraité de l'Université Laval qui vient de publier D’où vient l’accent des Québécois? Et celui des Parisiens? aux Presses de l'Université Laval
1 mars 2008
Grandes et petites tribus.
Près de cinquante ans après m’être mis par l’écriture à rêver et à agir, je constate que nous n’avons jamais été aussi loin de l’indépendance que nous le sommes actuellement : nos élites n’ont jamais été aussi veules, même dans les chartes qu’elles nous ont imposées et qui consacrent le seul droit que nous avons encore, celui d’être aliénés ou aliénables.
Fini l’unilinguisme de la Loi 101. Bienvenue au bilinguisme pour tous et, pourquoi pas, au multilinguisme. On ne sait pas apprendre à nos enfants ni à lire ni à écrire le français, mais c’est parce qu’on a besoin d’être immergés, non pas dans la langue de Molière, de Tremblay ou de Lepage, mais dans la mer anglophone.
Pour ces étranges mondialistes-là, on ne devrait même plus avoir de relations privilégiées avec la France. Voyez-vous, elle n’a plus rien d’un empire, tandis que les États-Unis en sont un. Bien sûr, on est contre les guerres que provoque l’empire le plus militaire qu’on ait eu à subir sur la planète, mais qu’importe ! C’est avec l’empire qu’on fait de l’argent.
Demain, on apprendra le mandarin et le cantonais pour les mêmes raisons, non pas pour mieux communiquer culturellement avec le monde comme le prétendent les mondialistes, mais pour mieux y faire de l’argent sale, comme c’est le cas avec le Canada qui, depuis le début de la guerre en Irak et en Afghanistan, est devenu avec les États-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, la Russie et la France, l’un des grands marchands d’armes sur la planète.
On voit le désastre que cela donne en Afrique et dans tous ces pays dits hypocritement en voie de développement : des massacres, des génocides, la mort de millions de personnes, le déplacement de millions d’autres, une pauvreté endémique et les sales maladies qui vont avec.
Il est difficile dans des médias qui, pour la plupart, appartiennent à des intérêts étrangers, de s’y faire entendre vraiment. Même quand Le Devoir promeut le bilinguisme pour tous, on ne peut que désespérer de notre avenir collectif.
Si nous-mêmes comme peuple nous tombons à pieds joints dans l’anglomanie, comment voulez-vous que le français puisse avoir une force d’attraction suffisante pour que les immigrants s’y adonnent véritablement ?
Tout cela pour vous dire que mon désarroi est grand aujourd’hui. Ce Québec français, pacifiste, soucieux des minorités souffrantes d’ailleurs, on est en train de nous l’enlever. Moi, je me sens orphelin ces jours-ci. Doublement orphelin. Orphelin sur ma terre natale, Trois-Pistoles, qui a refusé que je lui redonne ce qu’elle m’avait prêté à ma naissance : ce sens de la culture et son inscription dans la modernité.
Orphelin aussi parce qu’à Montréal on dit de moi que je représente le Québec ancien dont on ne veut plus, que je suis une manière d’ayatollah, sinon de taliban arriéré dont on souhaite la mort, comme l’ont écrit deux lecteurs du journal Le Devoir qui a publié la chose sans sourciller. Imaginez si on avait écrit cela d’un membre de la communauté juive ou d’un musulman ! Le Devoir aurait-il été aussi néolibéral ?
Je ne suis pas aussi nationaliste que VLB. Je parle et lis l’anglais. Je n’ai rien contre l’amélioration de son enseignement au Québec. Mais je ne suis pas non plus dupe. Au Saguenay, on est quand même plus bilingue que dans n’importe quelle région comparable du Canada anglais. Pire encore, l’utopie du Canada bilingue à la Trudeau s’effrite. Par exemple, Statistique Canada constate un recul de la connaissance du français chez les jeunes anglophones hors Québec :
Figure 3 Taux de bilinguisme français–anglais chez les anglophones par groupes d’âge, Canada moins le Québec, 1996 à 2006
DescriptionEt pourtant, je suis assez québécois bonasse pour trouver important de parler l’anglais alors que le reste du Canada se fout complètement du français. Je ne lui donne pas tort, l’espagnol ou le mandarin sont plus importants dans le monde. Mais qu’on ne me dise plus que ce pays est bilingue. Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Pas plus que la reconnaissance du Québec comme nation par le parlement fédéral n’a de portée juridique. Au fédéral, quand il s’agit de faire des lois sur le cas québécois on vise plutôt la clarté et messieurs Dion et Harper deviennent grands amis.
***
On voudrait bien nous faire croire que l’indépendance du Québec est une question dépassée, qui n’est qu’un phantasme de vieux boomers qui, comme les soixante-huitards français, ont gardé la nostalgie des grands soirs. Ce n’est pas faux. Mais c’est avoir la mémoire un peu courte. L’idée de maintenir une culture francophone en Amérique traverse aussi tout le XIXe siècle et la première partie du XXe, parfois en repli mais aussi en combat de tous les instants. A cet égard, il est aussi constant que la mauvaise foi des anglophones, britanniques ou canadiens.
Et voilà que notre appartenance au Canada nous amène à faire la guerre en Afghanistan. À piétiner Kyoto pour permettre aux albertains de polluer toujours plus, tout en étant largement indemnisés par le fédéral même s’ils sont riches à craquer. À aider la pauvre industrie de l’automobile du Sud ontarien sans rien de semblable pour les régions forestières qui regardent leurs usines fermer une à une. À concentrer toujours plus de richesses dans les mains des financiers de Bay Street.
Et évidemment à devenir toujours plus bilingues, mais ça on le savait déjà:
C’est que, voyez-vous, il y a de ces petites tribus qui se prennent pour le territoire.
19 février 2008
Questions de santé
Je me relève de trois jours d’enfer gastroentéritien dont je vous épargnerai les détails. Si ce n’est que pour vous dire que le virus est méchant cette année. Je reprends tranquillement vie aujourd’hui.
Pas grand-chose à dire sur le sujet du jour, le rapport Castonguay, mais pour avoir entendu les réactions tellement prévisibles à la radio aujourd’hui il me semble qu’on va se diriger vers un enterrement de première classe. C’est un peu dommage il me semble. Que les lobby de gauche et syndicaux hurlent est tout à fait normal comme sans doute la droite applaudira à l’ouverture au privé. Mais ce n’est pas de la discussion saine.
Je trouve que c’est quand même dommage. Il y avait là une occasion de remettre en cause certaines manières de faire et notamment la lourdeur d’un ministère somme toute technique qui doit composer avec une pression médiatique et politique qui ont le désavantage de ramener toujours au court terme, aux urgences de madame chose plutôt qu’à une vision de la santé. En ce sens, l’idée de dépolitiser le fonctionnement du ministère en le rendant plus proche d’une agence technique ne me semble pas si bête.
Quant aux hurlements sur la gratuité ils me semblent un peu démagogues : les soins de santé ne le sont pas. On les paie par nos impôts. En ce sens, la proposition d’augmenter la taxe de vente pour le financer peut se défendre (et ramène monsieur Charest à sa démagogie des dernières élections). Et l’idée de responsabiliser les utilisateurs du système par un quelconque montant de coassurance ne me semble pas si bête, d’autant qu’on en exempterait les enfants et les plus pauvres pour conserver l'accès. Et tout le monde sait bien que beaucoup abusent du système en se pointant à l’urgence pour des petits bobos. Et j’aime bien l’idée d’un état de compte de notre consommation à associer aux impôts. Cela ferait peut-être réfléchir les trop taxés.
Deux petites choses à signaler, en passant. Dans mes aventures gastriques le site Passeport santé m’a justement permis d’avoir une bonne information crédible sur les moyens de me soigner. Il suffit de passer outre à leur une un peu trop nouvelâgeuse pour sauter aux infos sur les maladies et soins. Peut-être est-ce là justement ce genre de service qui fait économiser beaucoup en consultations inutiles.
12 février 2008
Niaiserie médiatique
MoveOn.org just pointed out in an e-mail message that last year, the major TV networks asked presidential candidates 2,679 questions. (Who adds all this stuff up?) The question is, how many were about global warming? Hint: 165 were asked about illegal immigration, 3 were asked about UFOs. You know where I'm going with this, yes, there were just three questions about global warming, it ranked right there with questions about UFOs.Trois questions sur le réchauffement climatique et autant sur les soucoupes volantes.
Depuis le temps que je pense que ces gens sont d'un autre monde...
10 février 2008
Pauvre(s) réforme(s)
Voilà que nos querelles locales rebondissent en France. On s’inquiète dans la République des lettres de l’éventuelle possibilité de peut-être un jour ne plus étudier les classiques français au collégial, au profit de la littérature québécoise. Le lapin a été soulevé dans La Presse par Folch-Ribas et transformé en épouvantail par Lysiane Gagnon (curieux cas de mimétisme ?). Va sans dire que cette consultation n’ira nulle part puisque la chicane existe depuis trop longtemps au collégial pour qu’on change le compromis actuel.
« Sur la forme, cette histoire est assez drôle. Citer Folch-Ribas, écrivain mineur, catalan et perpétuel exilé parisien ou Lysiane Gagnon, antinationaliste et ultrafédéraliste notoire me fait sourire. Sur le fond, c’est un vieux débat: faut-il privilégier la littérature locale vivante ou une littérature incontournable mais bien ancienne et loin du quotidien des jeunes ? Le compromis est ancien dans les cégeps, on fait un peu des deux et ce n’est pas cette enquête qui y changera quelque chose.Notons que M. Assouline a corrigé son titre depuis. (il avait écrit tabernacle!)
Ce qui me hérisse c’est le préjugé français selon lequel toute littérature hors hexagone ne peut être que régionale ou provinciale. Il existe une littérature nationale au Québec, elle est forcément différente de celle de la France. Les référents ne sont pas les mêmes, les réalités qu’elle décrit aussi (On est pas sur le même continent, le saviez-vous?) Et la langue a évolué différemment depuis 300 ans donc les écrivains choisissent entre le français standard ou l’accent local, selon leur sensibilité ou ce dont ils parlent.
En ce sens, la référence à la France est à la fois incontournable et inutile. Un auteur américain n’écrit pas la même langue qu’un britannique et il ne viendrait pas à l’esprit ni à l’un ni à l’autre de se voir régionaliste ou référence incontournable. L’important est qu’ils se lisent les uns les autres. Et savez-vous que jusqu’à ces dernières années il y avait beaucoup plus de centres universitaires d’études québécoises aux États-Unis ou en Allemagne qu’en France ?Question de langue ?
P.S. On écrit Tabarnak, et je doute que l’équivalent sémantique aurait fait un titre de journal au Québec. »
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Autre débat : la réforme scolaire. Tout d’abord ne pas confondre : la réforme de l’orthographe n’a aucun rapport. On ne fait qu’appliquer les quelques modifications décidées il y a au moins dix ans (accents circonflexes inutiles sur les «i» les «u» et autres babioles). Personnellement, j’irais bien plus loin, mais là n’est pas mon propos.
On oublie toujours de se demander d’où vient cette réforme. Du constat d’un taux de décrochage alarmant au secondaire et ailleurs. Normal donc de réformer l’enseignement. Mais si ça ressemble de plus en plus à un cafouillage c’est que les moyens n’ont pas suivis et que les ministres successifs naviguent à vue, au gré des tempêtes médiatiques soulevées par des journalistes ou commentateurs ignares, suffisants et démagogiques.
Les approches nouvelles proposées par cette réforme s’ajoutent en fait aux pratiques existantes. Tout simplement parce que faire du par cœur c’est bien, c’est facile à mesurer et à chiffrer en bulletins mais cela ne suffit pas. Encore faut-il que les élèves apprennent. Et cela ne marche pas. Je viens de passer deux semaines à apprendre à des cégépiens des notions qu’ils ont vu au moins deux fois au secondaire mais dont ils ne se souviennent plus, faute de les avoir appliquées. C'est-à-dire d’avoir construit des savoirs autour de leurs connaissances. D’où le mot constructivisme qui fait tant rire.
Je suis loin d’être fanatique des verbiages pédagogiques et je trouve qu’il y a là (comme ailleurs) un certain nombre de fumistes. Cela dit, j’en ai aussi contre les imbéciles que la notion de compétences transversales fait sourire. C’est pourtant simple : s’agit de décloisonner les matières pour que tout s’intègre. Parce que écrire une recherche en géographie, c’est un exercice de français. Et de mathématique. Que ça demande des connaissances en histoire. Donc une compétence (savoir écrire correctement) transversale parce qu’elle ne se limite pas à une seule discipline scolaire.
Si cette réforme semble devenir un immense gâchis, c’est qu’elle heurte les préjugés des médiatiques souvent scolarisés dans des collèges élitistes, qu’elle se fait dans un réseau scolaire où bureaucraties syndicales et patronales se sont fossilisées dans des virgules de conventions, sans oublier que, déficit zéro oblige, on a sous investi en éducation autant sinon plus que partout ailleurs au Québec. Sans compter les classes surchargées d'enfants rois dont les parents clients refusent de se mêler d'éducation puisqu'ils payent assez d'impôts pour ça.
Et peut être aussi que sous le problème du décochage il y a peut-être quelque chose de plus simple et de plus profond.
Genre préférer travailler au dépanneur pour se payer un char plutôt que d’étudier.
On voit ça au cégep.
Un problème qui est bien de valeur(s)
4 février 2008
Un lundi
Pour passer le temps en autobus, je m’accompagne de Léon Coco et Mulligan de Mistral. Je le savoure tranquillement. C’est de la belle prose, à la fois très classique et réaliste. Les jeux des images lyriques et du banal me fait oublier le décor de Sherby et des étudiants vissés à leurs Ipods. C’est le livre de l’aller. Et je prolonge volontairement le plaisir de lire par petites bouffées.
Au retour, je me suis lancé dans le Nikolski de Dickner, en retard sur tout le monde. C’est un autre univers, plus distancé, plus mécanique. J’en suis à la moitié mais j’aime bien cet exercice un peu oulipien mais sans la sécheresse universitaire. Ses personnages on une profondeur, une vie à eux qu’il est difficile de ramener à des petites cases.
Et à la maison, j’ai entamé le gros James Joyce de VLB, mais je crains qu’il ne se retrouve sur la glace pour quelque temps. C’est de la belle ouvrage, du gros matos et je n’ai peut être pas trop le loisir de me laisser avaler, tenu que je suis à produire d’excellentes présentations Power point et d’engageantes consignes de travaux pratiques ou de session.
Vais le refiler au poète d’en haut.
L’Irlande, le Québec et les mots, c’est son truc.
26 janvier 2008
Un rêve ?
Ces mois intensifs d’édification de la jeunesse, comme on dit à l’Université de Napierville, me font remonter de vieux phantasmes d’écrivage. Non pas littéraires, je n’en ai pas le talent ni le génie, mais bien platement de l’ordre du manuel scolaire. C’est quand même étrange qu’il n’y ait pas eu de synthèse potable de géographie du Québec depuis le Canada-Français de Raoul Blanchard. Certes il y a eu plein d’ouvrages universitaires fondamentaux comme ceux de Courville ou de Ritchot mais rien entre ça et les beaux livres d’images de Dorion ou des autres.
Et c’est je pense un des problèmes de la géographie que de ne pas savoir rejoindre ce qu’on appelle le grand public. D’une part, les universitaires ne s’y risquent que peu et la chose n’est de toutes façons pas tellement bien vue des subventionneurs de recherches. D’autre part, l’efficacité de ce genre de sport oblige à bien des raccourcis peu conformes aux civilités et renvois d’ascenseurs en vigueur chez les académiques. Au mieux, cela finit par un collage de contributions disparates sous une direction plus ou moins prestigieuse. Sans l’unité de ton qui mettait Blanchard au ciel d’un écrivain comme Ferron.
Je rêve souvent d’écrire ce livre mais c’est de l’ouvrage.
En plus, je n’ai jamais mis les pieds ni dans le Grand Nord, ni au Lac Saint-Jean et encore moins en Abitibi.
Et je n’ai même pas de permis de conduire.
Mais ça occuperait mes étés.
19 janvier 2008
Interlude
Je parle évidemment de M. Jacques Godbout.
Et le pire, c'est que c'est bon, merci aux Cyniques et à la musique de François Dompierre.
Addenda: C'est une extraIt d'IXE-13, étrange film dudit Godbout. On y entend Serge Grenier, dans le rôle de Gisèle, Marc Laurendeau dans le rôle du journaliste, qui sera déterminant dans sa carrière, André Dubois en IXE-13, l'as des espions canadiens, et finalement son comparse Marius (Marcel Saint-Germain), dont le grand air «Faites de l'air, ca sent l'ail !» trahit l'origine française.
Quand même le brave canadien-français et son faire-valoir français, j'aime bien.
Au second degré.
Au premier, Jean Layette a eu la brillante idée de bloguer les vrais épisodes qu'écrivait Pierre Dagenais.
Je m'y plonge
13 janvier 2008
Chez ailleurs
Le troisième larron du trio s’appelle Jean-François Palomino. C’est un historien de la cartographie. À ce titre, madame Bissonnette a eu la bonne idée de l’embaucher comme cartothécaire de sa Grande Bibliothèque. Ce qui m’amène à une des beautés de la chose. La plupart de ces cartes sont disponibles dans les collections numériques de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). J’ai déjà louangé ce site et il est encore meilleur, puisqu’on y a ajouté beaucoup de cartes topographiques d’avant 1950 et les plans dits d’assurance incendie de beaucoup de villes et villages du Québec. Ce sont des plans très détaillés, jugez plutôt :
Le carré Strathcona à Sherbrooke en 1907
Malheureusement, l’outil de visionnement en flash ne permet pas de les copier dans l’ordi, sauf par capture d’écran. Mais bon doit sûrement y avoir un truc, merci de me le dire.
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Maintenant, quelques provisions pour la route. Parce que vous avez été gâtés ces derniers jours, j’ai presque autant écrit que dans les derniers mois. ( Rien de mieux qu’une épaisse pile de travaux à corriger pour faire autre chose). J’ajoute quelques liens vers d’autres blogues pour ceux qui seront déçus de ne rien trouver de neuf ici. J’ai commencé le Léon Coco et Mulligan de Christian Mistral. J’aime bien Mistral, son style ample presque classique ses envolées. Or voilà qu’il reblogue. Mieux encore, nous avons en commun un certain antimartinisme. Content de le relire en blogosphère.
De chez Mistral, j’ai rebondi vers un écrivain que je ne connais pas et que je me promets de lire : Éric McComber. Son blogue de voyage fait rêver, son crachoir cauchemarder, mais que c’est bien écrit ! Pour faire bonne mesure, j’ajoute Badsuck, qui commente ici des fois mais il a tellement de pages qu’on ne sait où pointer. Et enfin deux amis, Michel (musiblog-qc) à qui je dois le sauvetage héroique de mon portable dans les détours de tous les boulevards Taschereau de la rive sud et les zones grises de Sébastien de retour en ses terres gaspésiennes.
Bon. Me reste deux power point à monter, un cours à planifier, des photocopies à faire.Et en plus, il fait beau.
12 janvier 2008
Insomnie Blues
Levé à 4h du matin sans envie de dormir, la pizza de la veille y étant peut être pour quelque chose. Petite tournée de blogues et d’actualités. Une chanson me trotte dans la tête, Insomnie Blues de Pauline Julien. Et tiens, si je m’essayais à la mettre dans mon blogue. Longue recherche. Finalement trouvé comment dans Tips for new bloggers, en anglais, mais parfait pour une cybernouille comme moi. Essai donc.
Sursauté en voyant la une de mon quotidien préféré portant sur les joies de la méditation. Commencé immédiatement une méditation sombre sur le nouvel-âgisme du Devoir qui commence sérieusement à me taper sur les nerfs. Non content de nous infliger une page de Josée Blanchette tous les vendredis, les sermons végétano-puristes de Fabien Deglise voilà qu'on ne trouve rien de mieux pour la une du samedi de ce quotidien qui se prend au sérieux.
En y pensant plus, passer du catholicisme rigoriste d'Henri Bourassa à celui plus ouvert de Claude Ryan pour finir dans le Nouvel-âge, c'est bien refléter la société québécoise.
Hélas.
9 janvier 2008
Contrôle d'image ?
La première image que l'on voit, c'est celle d'un gars à l'air chaudasse qui a parlé poutine avec l'éponyme.
Je sais pas si ça marche en France ?
7 janvier 2008
Les gens de rien
«Les intellectuels de gauche et, au tout premier chef, les journalistes, n'ont pas cessé durant la campagne électorale de mars dernier de claironner que les adéquistes étaient des gens de rien, des ignares et des illettrés. C'était peut-être le cas, mais c'était oublier que ces gens de rien, ces ignares et ces illettrés avaient par deux fois dit oui à des référendums sur la souveraineté; et c'était oublier aussi que sans ces gens de rien, ces ignares et ces illettrés, le Parti québécois n'aurait jamais exercé le pouvoir. C'était oublier surtout que le seul projet collectif qui intéressait et intéresse toujours les Québécois, donc aussi les gens de rien, les ignares et les illettrés, est la souveraineté.»
J'ai beaucoup parlé dans ce blogue de ce Québec tranquille, assez à droite que les Têtes à claques font rire. On leur prête souvent, à raison, un sentiment anti-intellectuel diffus ou exalté. Mais n'empêche que VLB m'amène à me poser une bonne question : ce sentiment ne viendrait-il pas aussi d'une certain mépris des intellectuels envers cette classe qui n'a pas les mots pour s'exprimer ou nuancer sa pensée ? Pensez simplement aux sourires en coin des médiatiques qui accueillaient certaines interventions à la commission Bouchard - Taylor. Ou encore à ce sketch (bien drôle quand même) du Bye bye de RBO sur Héroutyville.
Tout ça pour dire qu'il y a là un dialogue ou des ponts qui sont rompus entre les élites politico-médiatiques satisfaites d'elles-mêmes et une masse de gens plus ou moins indifférents repliés sur l'ordinaire du monde. Ils ne demandent portant qu'à être écoutés.
Quitte à en prendre et en laisser.
6 janvier 2008
Jardin d'hiver
Dédié à la fidèle Carole
Chose promise, chose due. (Après deux jours à chercher le fil de ma caméra). Voilà ce que je vois de ma fenêtre de salon. Évidemment j'ai cadré surtout le centre-ville. Derrière le plus gros arbre, on voit le chevet de la cathédrale, encore plus beau la nuit quand il est illuminé. À sa droite la tour et les bâtiments de brique du Séminaire. À son pied, on devine le dôme de l'ancien palais de justice devenu hötel de ville.
Et vous, que voyez-vous de la fenêtre où vous bloguez ?
5 janvier 2008
Il y a boomer et boomer
Yen a marre de mettre tout sur le dos des boomers, j'en suis un.
La génération du babyboom correspond, en gros, aux gens nés entre 1945 et 1965. Mais il faut distinguer. Effectivement la première vague (45-55) a largement profité des emplois liés entre autres à l'expansion des systèmes de santé et d'éducation, et en général de la prospérité d'après guerre. Ce seront, hélas, parfois nos profs. Ceux qui ont remplacé le cours classique par le programme cadre de français. Privilégié l’expression plutôt que la grammaire bourgeoise au service de la classe dominante.
Cela est expliqué fort sérieusement par François Ricard (boomer première cuvée) dans La Génération lyrique et sur un ton plus cynique et drôle dans le Manifeste de l'acceptation globale de François Benoit et Philippe Chauveau (boomers seconde cuvée).
Tout ça pour dire que le boomer comme bouc émissaire est un de ces raccourcis démagogiques qui me tombent sur la tomate.
Laissons à M.M. Dumont et Martineau leur fond de commerce.
2 janvier 2008
L'oeil de Gracq
Moins douze, une petite neige cache le paysage que j’ai devant moi. Le cèdre du voisin, engoncé sous une coupole de neige ressemble à un gros cornet de crème glacée. Il faut dire que depuis quelques mois, je travaille de plus en plus au salon, le bureau étant parfois squatté par les colocs que j’héberge. Et j’en suis bien heureux. J’y découvre un panorama que les arbres cachent l’été. La vue du centre-ville qu’on a d’ici est une des plus belles qu’on puisse avoir de Sherbrooke. C’est mon jardin d’hiver. Je vous en promet une photo quand le temps se sera dégagé.
« Tant de mains pour transformer ce monde, et si peu de regards pour le contempler ! » La phrase est de Julien Gracq, mort peu avant Noël. Je l’ai trouvée dans le blogue de Pierre Assouline. Je m’en voulais un peu de ne pas saluer la mémoire d’un de mes écrivains préférés. Cette courte phrase en dit long sur son œuvre. Julien Gracq, sous le nom de Louis Poirier, était géographe de formation ; elle traduit bien un des aspects que j’aime le plus de ses écrits, cette capacité à décrire le monde extérieur, les moments de beauté ordinaires ou merveilleux qu’on trouve dans ses Écrits du grand chemin, ses Lettrines et ailleurs dans ses essais et romans. Une langue très belle, précise, classique, pourtant jamais prétentieuse ou pédante. Hors du temps et des modes.
Jamais rééditée en poche, son œuvre se découvre dans des livres à l’ancienne dont on doit découper les pages. Cette attitude vient d’un certain refus de ce qui est devenu l’industrie du livre. Fidèle à ses idées, il avait d’ailleurs refusé le Goncourt en 1951 pour son admirable Rivage des Syrtes, roman par lequel je l’ai découvert. Puis j’ai lu La forme d’une ville, évocation du Nantes de ses études secondaires. C’est un livre qu’on rêverait d’écrire sur la relation qu’on a avec une ville. Et curieusement, il rejoint là une dimension nouvelle de la géographie, celle de l’espace vécu, celle alchimie par laquelle l’espace froid et mesurable se transforme en lieux habités, en territoires hantés par les souvenirs, les rapports sociaux ou le simple quotidien de la vie. D’ailleurs Armand Frémont, un premiers géographes à avoir travaillé cet aspect dans La région, espace vécu s’est lui aussi amusé à refaire les explorations de Gracq dans Le Havre de ses origines. Une histoire plus tragique, puisque sa ville est disparue sous les bombardements en 1944.
Dans les commentaires du blogue d’Assouline un imbécile considère que la phrase qui ouvre ce texte est élitiste, voire méprisante. J’y vois au contraire une invitation à mieux regarder le monde, à le savourer. Et peut être aussi à penser un peu avant de le transformer.
P.S. Le même Assouline rend compte du livre sur Joyce de notre VLB national. Lire les commentaires est assez savoureux...