4 mars 2008

L'accent québécois enfin expliqué

Dans Le Soleil d'aujourd'hui enfin une confirmation de ce que j'ai toujours pensé:
«Les Français disent au départ que l’accent des Canadiens est identique à celui de Paris, puis, au XIXe siècle, ils disent qu’il est tout à fait différent. Alors, comment l’expliquer? Ce ne sont pas les Canadiens qui avaient changé leur façon de parler, mais bien les Parisiens. Donc, il fallait chercher comment eux avaient changé», (...)

Pendant longtemps, deux modèles de diction ont coexisté dans la Ville lumière, souligne M. Gendron : le «grand usage», qui était la langue savante des discours publics, employée au Parlement de Paris, dans les cours de justice, par la bourgeoisie instruite et au théâtre; et le «bel usage», utilisé en privé dans les salons de la noblesse. Sa prononciation, plus relâchée que celle du grand usage, devait paraître «naturelle», c’est-à-dire ni vulgaire, ni affectée.

Elle avait tendance à tronquer certaines lettres et faisait rager beaucoup de grammairiens français. Le bel usage prononçait ainsi, entre bien d’autres : «leux valets», «sus la table», «quéqu’un», «velimeux», «des habits neus», «ostiner», «neyer» (noyer), «netteyer», «frèt», etc.

«On dit dans le discours familier qu’il fait “grand fraid” (…) mais en preschant, en plaidant, en haranguant, en déclamant, je dirois “le froid”», écrivait par exemple le grammairien français Gilles Ménage en 1672. (...)

Mais la haute société parisienne, qui a longtemps flotté entre les deux accents, bascule totalement à la révolution de 1789. Le roi de France, ou le «rouè», comme il disait peut-être, est décapité. L’aristocratie, dont le prestige donnait jusque-là préséance au bel usage, fuit la France (quand elle le peut), ce qui laisse toute la place à la bourgeoisie et à «sa» manière de parler. La révolution, écrit M. Gendron, «sera en même temps politique et linguistique. (…) L’autorité et le prestige acquis par les gens de lettres vont leur conférer le pouvoir d’influencer la langue, en devenant le modèle à imiter».
Ce qui prouve que:
1) Le bobo parisien n'est pas une invention récente.
2) Les Québécois ont un parler aristocratique, ce qui est normal puisque nous sommes toujours en monarchie.

Merci à Gérald de m'avoir signalé l'article

Note: le monsieur Gendron (Jean-Denis) dont il est question dans l'article est un professeur de phonétique retraité de l'Université Laval qui vient de publier D’où vient l’accent des Québécois? Et celui des Parisiens? aux Presses de l'Université Laval

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Je trouve cependant que les Québecois ont plus un parlé de charretier que d'aristocrate. ;-) L'accent ne fait pas al qualité de la langue.

Anonyme a dit...

Je n'aurais jamais pensé que l'accent québécois se rapprochait davantage, à la source, de l'aristocratie que... de l'accent des régions! Là là! :)

magoua a dit...

Normal Laurent nous fûmes longtemps charretiers, porteurs d'eau etc. ;-)

@atomicjonas En fait, notre accent est très variable selon les régions le plus beau à mon avis est celui de la Côte du Sud et du Bas du fleuve mais il se perd beaucoup.