31 mars 2007

Maison

Dans deux mois, j'habiterai


Une maison de style vernaculaire sherbrookois
C'est à dire aucun style.
Mais confortable.

On habite rarement un style.

27 mars 2007

Les têtes à claques

Ce soir, je suis allé voir les résultats des élections à mon bar d’habitués. Il n’y avait presque personne, sauf deux ex détenus de la maison de transition voisine qui gueulaient à la table de pool, un réfugié du bar voisin occupé par Québec solidaire et les serveuses qui changeaient de shift. Au début, la vieille télé ne marchait pas mais elle a fini par cracher un son trop fort. Collé à la télé je regardait les résultats déprimant défiler. L’ADQ menait même.

Et ça me passe par la tête.Les têtes à claques. C’est le Québec des têtes à claques qui gagne, celui qui entend 100 fois par jour des pubs débiles. Qui a des problèmes de char. Qui n’a pas trop aimé l’école. Trop taxé pour des services souvent bêtes. 800 mots de vocabulaire. Pas plus. Le public cible des médias qui glosent en ayant l’air intelligent. Ou pas. (Quel était ce pédant à coté de Bernard Derome?)

***

Je fume une cigarette dehors et j’entends un hurlement de joie. Charest est battu dans son comté. Je suis sceptique (Charest se fait battre à chacune des ses élections locales, avant le vote par anticipation et les boîtes des retraités en Floride). C’était quand même une petite joie dans une soirée triste.

Même pas. Pis ensuite Boisclair. Il ne démisionne même pas. Il a le charisme d’un frigidaire dans les circonstances. Pas même les couilles de tirer les conclusions qui s’imposent. Il ne pogne pas. Ensuite, celui qui pogne. Mario. Le sauveur des classes moyennes. Celles des couronnes de Montréal, que le PQ ne comprend plus. Des relativement riches mais pas trop.

Parce qu’il est là le gain de Mario. L’opposition n’est pas entre Montréal et ses régions. Le PQ a repris le Saguelac, la Côte-Nord, l’Abitibi, la Gaspésie. Y-a-t’il régions plus régionales ? L’ADQ a trouvé le chemin du monde ordinaire, drabe un peu, qui habite des bungalows en vinyle. Celui qui s’endort. Dans le 450, le 418, le 819. Se définir ou être défini par un chiffre est précisément ce qu’on attend quand on est rien d’autre qu’un contribuable qu’on empêche de consommer au Wal-Mart.

J’aimerais que les souverainistes sachent leur parler, aussi intelligemment que Boisclair, avec les mots de Dumont. Lévesque, quoi. Parce que je n’aime pas les têtes à claques.

Mario leur ressemble trop.

Ce n’est pas sain d’être une tête à claque. Ça vient de Boucherville.

Où il y a un député ADQ.

Faire un pays c’est de l’ouvrage.

25 mars 2007

Imprédictions

Il y a des choses qui se précisent, d’autres qui s’imprécisent. Parmi celles qui se précisent, il y a que je traverserai la rivière Saint-François début juin vers un nouveau logement avec de vieux voisins. Bien des choses à ficeler, mais plus vite que je pensais. J’ai signé une pré-offre d’achat samedi pour un beau duplex avec vue imprenable sur la rivière et le centre-ville. Beaucoup d’espace et peu de meubles. Visiteurs bienvenus, avis aux intéressés.

Parmi les choses qui se précisent également : mon remplacement au cégep se terminera probablement en juin lui aussi, ce qui est bon pour le porte-monnaie, mais dur sur les corrections, à voir les copies qui s’empilent un peu partout dans l’appart. Semaine de corrigeage intensif en vue.

***

Dans les choses imprécises il y a bien sûr le résultat des élections de demain. La seule certitude, c’est le gouvernement minoritaire. Les prédictions de Democratic space mettent les libéraux légèrement en tête, Pierre Drouilly à Radio-Canada met le PQ un peu en avance et le prédicteur de HKDP, alimenté de deux sondages d’hier donne dans les deux cas une répartition parfaitement symétrique : 50 libéraux, 50 péquistes et 25 adéquistes. Pour ma part, je donnerais aussi un léger avantage au PQ. Mais je crains que l’ADQ ne soit sous-estimée. Peut-être 30 députés à Mario. Au moins 50 à Boisclair et 45 aux libéraux ?


J’ai été très troublé par le micro sondage de La Presse qui donnait Marguerite d’Youville à l’ADQ. C’est mon coin d’origine. Deux villes. Boucherville, la bourgeoise, a dégommé le PQ pour cause de fusion, la défusion de Charest a fait augmenter les taxes, donc insatisfaction. Ce qui pourrait aider l’ADQ mais aussi faire revenir le vieux fonds péquiste. Le cas de Sainte-Julie est différent. C’est beaucoup une ville de jeunes familles pas trop riches, ni pauvres, clientèle cible de Mario. Je suis perplexe.

Dans mon comté de Sherbrooke, le même sondage donnait Charest très en avance sur le péquiste. Et 14% des intentions aux verts-solitaires (c‘est la blague cette semaine), un peu moins qu’à l’ADQ. Donc Charest député, mais restera-t-il chef ? On n’aime pas les perdants chez les libéraux. Ce qui fait que, comme disait Jean Dussault à la radio ce matin, peut-être, pour la première fois de sa vie, Jean Charest devra se trouver une vraie job.

C’est toujours ça de gagné.

18 mars 2007

Dur printemps

Il a fait 12 mercredi, il est tombé 35 cm de neige hier, fera moins 19 mercredi prochain et 11 le lendemain. Le printemps québécois se surpasse cette année. Bien des choses se passent aussi. D’où moins d’énergie à bloguer. Six cours par semaine, ça fatigue. Et aussi deux maisons visitées et une nouvelle vie en vue. La première était chouette, tout près de chez moi mais bien des réparations à faire et sous offre d’achat. La deuxième est bien rénovée, avec comme locataire une très vieille amie. Un logement presque trop grand, ensoleillé, quatre chambres, assez pour recevoir une petite tribu. L’ami qui m’accompagnait me recommande d’agir vite, que c’est du solide et pas cher, dans un quartier qui va monter. Mais que c’est compliqué l’immobilier.

***

Coté campagne électorale, tout est imprévisible. On a vu au débat la minceur populiste de Dumont, il a été bon pour son public qu’il regardait plus que ses adversaires. Ses propos sont démagogues à souhait, inquiétants à terme. Un instant il m’a semblé qu’on retournerait à Duplessis, en plus moderne et plus intolérant. Non pas que je crois Dumont personnellement si rétrograde mais ses fans le sont. Et je crains que le 26 mars ne devienne un 15 novembre inversé. Vous voyez d’ici les fillionnistes fêter dans les rues ?

Bien sûr, il est possible que le PQ se renmieute, en allant chercher ses brebis égarées chez les solidaires ou les verts, peut être jusqu'à former un gouvernement minoritaire, ce qui serait assez inconfortable pour Boisclair. Quant au pauvre Charest, il ne sera pas pardonné par son parti pour son échec, d’autant plus qu’il n’est pas à l’abri d’une lutte à trois dans sa propre circonscription.

On attend le budget fédéral demain, mais je ne crois pas qu’il change les choses. Dumont a le vent dans les voiles et il ne semble pas s’essouffler comme la dernière fois.

Hélas.

4 mars 2007

Un simulateur d'élections

En errant sur le web j'ai trouvé ce simulateur d'élections du groupe conseil en communications HKDP (que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam). Je m'y suis franchement amusé. On peut jouer avec divers paramètres d'élections et le logiciel est également programmé avec les résultats des divers sondages. Voilà la simulation du dernier (gros) Léger et Léger:


La carte qui en résulte:

Et les gains des partis :
(Captures d'écrans, d'où la flèche)

Évidemment, de tels résultats sont hautement spéculatifs comtés par comtés, d'autant que les luttes à trois risquent d'être nombreuses. Par exemple, les gains adéquistes de Berthier et Mirabel me semblent plus liés à la performance de candidats plus connus en 2003 qu'à la réalité de 2007. Ce qui est intéressant aussi c'est le paradoxe péquiste: malgré une faible performance à ce sondage le PQ reprend tout de même ses vieux châteaux forts des couronnes montréalaises et de l'est du Québec. Quant à la carte adéquiste, c'est à peu de choses près celle du parti créditiste dans les années 1960-70. Et les gains du parti de Dumont se font essentiellement aux dépends des libéraux, comme je le disais il y a presque un mois.

On peut aussi y aller de ses prédictions. Certaines sont jouissives: transférer 6% des voix du PLQ à l'ADQ donne la circonscription de Sherbrooke au PQ.

On peut rêver.


Blogosphère et ventre mou

D’un ciel blanc tombent quelques flocons blancs sur le sol blanc. C’est la semaine de relâche. Elle a débuté vendredi après-midi dans mon cas, à peine trois étudiants sur trente s’étant pointés à mon cours craignant sans doute la répétition du grand embouteillage de la dernière fois. Et soyons francs, le cégépien est une bête qui souvent n’accorde qu’une importance toute relative à ses cours, préférant travailler pour payer son premier char.

***

Semaine électorale assez neutre dans l’ensemble. On sent que Charest perd de sa tranquille assurance, que Dumont joue la prudence. Quant à Boisclair, il mène une bonne campagne qui ne lève pas du tout. Rien de bien substantiel sur le fond, tous semblent conserver leurs énergies pour les deux dernières semaines, ce qui est de bonne guerre, l’électorat est volatil, le débat s’en vient, comme les milliards espérés du fédéral.

***

On a vu cette semaine le directeur général des élections se dépatouiler dans le numérique. Évidemment toutes ces technologies n’existaient pas lors de l’adoption de la loi. Décision sage de sa part : agir sur plaintes et demander le retrait lorsque c’est trop partisan. Liberté de parole chez les blogueurs.

Est-ce à dire que la blogosphère québécoise sera un lieu important de débats dans la campagne ? Je ne crois pas. Du moins pas directement. J’ai parfois l’impression – et ce n’est qu’une impression- que les blogues indépendants, n’émanant pas des médias traditionnels, comptent pour peu dans l’opinion québécoise. Il est clair que les médias institutionnels occupent une part importante de la blogosphère relayés qu’ils sont par eux-mêmes. Ainsi, Auger de Cyberpresse est repris le matin à la radio, ce qui n’est jamais le cas d’un blogueur indépendant. Il n’y a pas ici de baronnie française ou de pundits à l’américaine.

Et de toutes façons, me disait un politologue local, la politique c’est l’affaire des 30%-40% de la population que ça intéresse. Tous les autres se font une idée vague par les amis, les discussions, rarement par les médias -traditionnels ou pas. C’est cet électorat indifférent qui est le ventre mou de l’opinion, probablement celui qui s’est parqué chez Dumont en attendant que les choses se passent, que les enjeux se clarifient.

Reste à savoir si elle y restera. J’en ai bien peur par moments.

Ce ventre mou est sensible à la démagogie.