23 novembre 2018

À tous ceux qui ne me lisent pas

C’est avec un drôle de sentiment que je m’en allais à la salle 9 de la Maison du cinéma voir LE film. Déjà que le lieu m’est étranger, je vois un film aux dix ans en moyenne, c’était encore plus paradoxal d’y aller pour une œuvre consacrée à des gens connus et côtoyés depuis 20 ou 30 ans. Étreints les deux vrais personnages du film, entrevus les comédiens qui les interprètent, je prends mon siège dûment réservé et identifié et j’attends le film en saluant les gens que je connais, car Sherbrooke est un grand village.



Fade out, le film débute. Que les images sont belles ! Le poète habite un immeuble en voie de transformation où l’on voit affiché ce slogan : Habitat Nelligan… vivre la poésie urbaine. Ironie toute boisvertienne, puisqu’il en sera expulsé. Au début, un petit malaise : non, Yves n’était pas tout à fait ceci, ni cela, mais, et tout le génie du film est là, on se rend compte que ça n’a aucune importance. Martin Dubreuil a une barbe que je n’ai jamais vue chez Boisvert et Céline Bonnier est aussi blonde que Dyane est noire. 
Et alors ? 
Alors rien. 
Ou plutôt tout est là. Le film de Yan Giroux transcende et sublime le banal biographique. Dubreuil n’est pas Boisvert, il en est la quintessence, une sorte de poète absolu qui, mieux qu’un long discours, démontre ce que c’est que de se donner à son art. Et comme on est au cinéma, c’est ce qu’on voit. Tout le film va en ce sens.

Par exemple, il arrive quelques fois que la caméra quitte la trame narrative du film pour explorer des lieux étranges, des portions de ciel ou de rivière. Une poésie visuelle, en quelque sorte. C’est précisément ce qui se passait lorsque je marchais avec Yves à explorer les territoires du comte d’Hydro au moment où il préparait La Pensée niaiseuse. Il fallait l’entendre décrire toute la sémantique des entrelacs de fils électriques qui ornent nos paysages. Pure poésie. 

Voilà précisément pourquoi ce film m’a ému. J’y ai retrouvé mon ami transfiguré par tout ce que le cinéma comporte de moyens mis au service de l’évocation de ce qu’il a été. 

J’en remercie toute l’équipe. 

Et courez voir ce très beau film; cernés par les monstres hollywoodiens, les films québécois ont une courte espérance de vie en salles.

17 novembre 2018

Le retour du chaouin ?

Disons oui et non. C'est que le titre de ce blogue risque de devenir sujet de recherche d'ici peu. Le mot chaouin est rare et c'est mon ami le regretté poète Yves Boisvert qui me l'avait expliqué. Or il se trouve qu'il aura une célébrité posthume grâce au film qu'il a inspiré à Yan Giroux:
Bien hâte de voir ce film qui promet. Suis même invité à la première locale et j'en reparlerai peut-être.

En bon chaouin qui profiterait de travaux routiers détournant la circulation dans son rang perdu pour vendre quelques cossins, allons-y donc pour un peu de promo !  Car si je ne blogue plus tellement c'est que je chronique. À la même radio où j'ai connu Yves. Donc tous les dimanches entre 13h et 16h je suis de l'équipe de Rien à déclarer avec mes collègues Daniel Desroches et Mathieu Saint-Hilaire et j'y parle en première heure de livres qui m'ont intéressé. Cette semaine, je vous propose ceci: 
«Ah Mainmise ! Pour ceux qui étaient jeunes dans les années 1970, c’était l’espoir d’une société nouvelle, d’une utopie possible. Arrivent les années 1980 : la crise pour certains, le fric pour les autres. Les hippies deviennent yuppies ou sont marginalisés. Que reste-t-il de cette joyeuse époque ?  Voilà la question qui sous-tend cet étonnant album que propose Marc-André Brouillard. Nos Racines psychédéliques est un scrap-book où se mélangent textes d’époque et témoignages des survivants de l’épopée mainmisienne dans un graphisme tout droit sorti des grandes années de la revue. Une plongée dans la mémoire d’une époque pas aussi révolue qu’on ne le croit que je vous propose à Rien à déclarer dimanche 18 novembre entre 13h et 16h par le moyen d’une survivance de ce temps qu’est CFLX, la radio communautaire de l’Estrie. On la trouve au 95,5 MHz FM, si vous lisiez Mainmise ou sur le web, si vous n’en savez rien. »

Voilà la promo faite. J'ajoute qu'on évoquera la mémoire de notre ami Yves Boisvert en troisième heure avec quelques extraits où on entend sa grande voix. En passant, l''émission est en rediffusion et en balladodiffusion pendant une semaine via le site de CFLX.

Reviendrais-je à ce blogue ? Peut-être pour y annoncer mes chroniques. Pour le moment, ce début novembre est dur et froid, il y a déjà un pied de neige sur Sherbrooke. Froid comme celui de novembre 1995, après un certain référendum. J'entends Boisvert me dire à l'oreille qu'on hiberne depuis tout ce temps là.

P.S. Un salut particulier à ceux et celles qui suivent encore ce blogue, heureux de vous y revoir !