30 septembre 2010

Marathon

Mes bagages sont prêts, je pars tantôt en Gaspésie, cette fois-ci avec plein de jeunes et un autobus scolaire puisque les de luxe sont tous loués depuis mai. Je dois aussi avancer mes cours, corriger des travaux en avalant les kilomètres. J'amène avec moi La constellation du Lynx de Louis Hamelin que je savoure à petites bouchées. Cela me semble le grand livre attendu depuis La rage.

Deux chansons en tête pour ce voyage d'abord ce vieux classique :

Et la chanson à boire officieuse de tout ce qui est à l'Est de Québec:

Belle chanson à chanter en choeur dans un autobus jaune...

26 septembre 2010

Octobre

Je viens de voir coup sur coup les deux émissions spéciales que Radio-Canada lançait à l’occasion du 40 e de la crise d’octobre. De la bonne télé bien faite, avec juste assez de surprises pour se rendre compte de la naïveté de l’époque. Assez aussi pour comprendre que nous avons étés manipulés. Que les flics en savaient plus qu’on ne le croyait à ce moment. Que Laporte est mort accidentellement, sacrifié au nom des intérêts supérieurs de la Cause. Indépendantiste peut être, fédéraliste sûrement.

*** 

J’avais 12 ans en octobre 1970. Pour me mettre à l’abri des trop grosses et turbulentes nouvelles polyvalentes de ma banlieue, mes parents m’avaient mis pensionnaire au même collège classique que mon père. L’illustre Séminaire de Saint-Hyacinthe avait lui même failli devenir cégep comme la plupart de ses confrères. J’étais en première année du secondaire, parachuté dans ce milieu plutôt rural des pensionnaires venus des riches paroisses des alentours. 

Je m’ennuyais des amis et copains et aussi de la grosse Presse que j’avais coutume de lire en revenant de l’école. J’avais trouvé un truc pour lire mes journaux. Comme le cégep était orphelin de bâtiment, il partageait les locaux du séminaire. Et leur bibliothèque était ouverte le soir. Je m’y rendais donc lire les journaux après le souper, sous l’œil complice des bibliothécaires, nos curés ayant oublié d’interdire la pratique.

C’est là que j’ai lu qu’il se passait quelque chose le FLQ avait enlevé un diplomate anglais. Le ti cul que j’étais n’y comprenait pas grand chose, mais assez pour savoir que c’était grave. J’ai impressionné mes collègues en leur rapportant la nouvelle. Probablement tout croche d’ailleurs puisque mon cerveau de 12 ans était encore fièrement canadien et impressionné par Trudeau. Quels méchants ces felquistes ! (Il faudra le neveu du docteur Ferron et un bon cours d’histoire pour me faire changer d’opinion deux ans plus tard)

Je me souviens ensuite de la fin de semaine suivante, j’écoutais ma  radio transistor (la même que Mafalda ! ), branchée à CKAC. J’aimais bien le show de Michel Desrochers le samedi. Va sans dire que la programmation était régulièrement bouleversée par les actualités, la station servant de boite aux lettres au FLQ. C’est là que j’ai appris l’enlèvement du ministe Laporte, info immédiatement transmise à mon père qui le connaissait bien.
C’est comme devenu plus lourd.

Et la semaine suivante au séminaire, l’atmosphère était fébrile. On sentait que ça bouillonnait dans les ailes du cégep.  De notre coté, même les grands de cinq avaient des velléités et parlaient fort de politique. Nos curés et nos profs, laïques pour la plupart,  étaient nerveux, eux aussi. Le vendredi, au lendemain de la loi sur les mesures de guerre, je vois encore le curé responsable de la vie étudiante venir dans la grande salle d’étude nous dire que devions évacuer calmement, rangée par rangée. Sous le vieux balle-au-mur du séminaire, on a su qu’il y avait eu alerte à la bombe au cégep.

Au retour à la maison du vendredi, on a vu les files de camions militaires qui s’en allaient à Québec. Puis le samedi étrange à la radio. Rien ne se passe. Et le lendemain, la mort de Laporte. La crise d’octobre était finie. Elle agonisera après.
Mais à ce moment tout était dit.

***

On en a beaucoup parlé depuis. Assez pour savoir que tout ça est louche. Que dans cette histoire, être vaguement conspirationniste et y voir une grosse manipulation fédérale est malheureusement faire preuve de lucidité. Peu importe si cette stratégie aura fait long feu. S’y ajouteront ensuite le référendum de 1980, la constitution imposée au Québec en 1982, les tricheries du référendum de 1995, le cirque des commandites qui s’en suivent. Mensonges de plus.

***

En mars 1970, Pauline Julien chantait et lisait des poèmes.

On l'arrêtera et elle sera en prison pour rien avec 500 autres en octobre 1970. Simple délit d'opinion, on connaissait déjà les ravisseurs, il fallait terroriser les terroristes (!)

On s'offusque de voir un media canadien dire que le Québec est la province la plus corrompue du Canada. So what ?

C'est peut être normal dans un pays n'a jamais été qu'un mensonge.

Parlez-en aux amérindiens qui y vivent. 

12 septembre 2010

Accélérations

On dirait qu’à ce moment-ci de l’année, tout se passe plus vite. Quoi ! douze  jours sans écrire ici ? Déjà les bidules d’Halloween dans les magasins ? Déjà quatre semaines au cégep ? Déjà des feuilles qui jaunissent et tombent (heureusement, ce sont des frènes) ?

Je suis au jardin, il est presque 18h 30. Image 014

Le voici d’ailleurs par vu par la cam de mon mini-portable. Il se dégarnit tranquillement. Les annuelles sont en forme, mais il ne reste que quelques phlox, des rudbeckies et les asters qui commencent. Et dans une heure, il fera sombre le soleil sera couché, déjà.

Je m’habitue tranquillement à ne plus fumer la cigarette mais c’est dur par moments. Heureusement, j’ai un programme de fidélisation hors pair (en plus des patches): les albums de Sempé. J’ai toujours aimé ses dessins où le minuscule côtoie le grandiose, son regard ironique sur le quotidien des choses et des gens. Il ne me fait pas rire, souvent sourire et toujours rêver.

Seul défaut les albums sont chers: une semaine de cigarettes chacun. Dix jours sans tabac pour le premier, trouvé à la Librairie Pantoute pendant mon trop court séjour à Labeaume City (ie Québec).

 

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Dix jours sans tabac, ce n’est pas cher payé pour regarder cet album de couvertures du New Yorker. Les dessins, pleine page et en couleur ne veulent que rarement être drôles, ils sont des moments.

sempe-9-heures-matin-new-york-

Me voici donc en quête de tous les albums de Sempé. J’ai d’ailleurs passé une journée complète à razzier les librairies de neuf ou d’usagé entre le Plateau et l’UQAM pour me rendre compte que c’est chose rare à Montréal. On peut toujours commander mais…

Ce que j’ai fait chez mes libraires locaux. Six à huit semaines de délai. C’est que le libraire commande à Socadis, filiale locale de Gallimard, laquelle transmet à sa mère parisienne la Sodis (Gall. itou), qui envoie le tout par le prochain bateau.

Comme au temps des colonies, mais en plus régulier.

Mais malin je suis, je connais Abebooks, réseau de librairies usagés que j’aime bien (même si je viens d’apprendre qu’il a été bouffé par Amazon il y a deux ans). J’y ai trouvé trois albums vraiment pas cher chez un libraire de Nullepart-sur-Nowhere (Maine et Loire).  Je viens de les recevoir. Trois semaines après la commande. Cela m’a surpris puisque le commerçant avait utilisé un tarif postal mythique spécial exportation culturelle dur à faire admettre à La Poste elle-même, donc rarement rapide. Et probablement maritime.

Deux structures de commande, un même transport et deux vitesses.

Il y a une fable là dedans. Mais elle n’est pas claire.

Je pense que Sempé l’aimerait.

Les images sont de l’album Sempé à New York