31 janvier 2006

Exit Dompierre

Réaction à chaud après le combat des livres qui vient de sortir celui de Dompierre, Un petit pas pour l’homme, que je viens de terminer. En partie d’accord avec le coté léger de la chose. Ce qui est loin d’être un défaut. Le style Dompierre est cabriolant, inventif, drôle, agréable et à lui seul m’a permis de comprendre un univers qui n’est pas le mien, tant par le lieu que le propos.


Cela ne le rend pas superficiel pour autant. Je ne sais pas pourquoi mais rendu page 87, c’est un hasard plus qu’un déclencheur précis, j’y décelais cette même impuissance que j’avais trouvée dans le livre de VLB Je m’ennuie de Michèle Viroly. Ces deux auteurs sont à des années-lumières l’un de l’autre mais pourtant il me semble y avoir un désarroi commun devant le monde. Bien sûr le propos n’est pas le même, mais l’impuissance est semblable. Et c’est un sujet grave dont il semble interdit de parler sur un ton léger.


J’ai été outré par les accusations de misogynie. Tant qu’à faire on pourrait aussi parler de la misoandrie des madames qui ont dit des énormités sur le sujet. Si c’est être misogyne que d’aimer les femmes pour leur corps, on me permettra de renoncer définitivement à comprendre l’hétérosexualité.


Conclusion. Les gars ne peuvent pas parler selon leur voix, leur point de vue, sans être considérés comme forcément immatures. Ils doivent faire des enfants, rester fidèles à bobonne, pour sa tête mais pas pour son corps. Étant entendu que leur cerveau ne saurait être que reptilien, tout autre point de vue est donc nul et non avenu.

***

Quant à l’issue du combat, je parie sur Francine Noël. Je ne l’ai pas lue, ni ne la lirai, ce n’est pas mon genre de truc. On me dit qu’elle écrit bien. Ça semble un peu rural, historique et bucolique et ça parle de relation mère fille. Une formule gagnante non ?

Addenda 15h30 Je trouve sur le site de Carole Beaudoin cet extrait du livre de Francine Noël qui me donne presque le goût de la lire:

« L'idée que le mâle est un être à modeler traîne dans la tête de bien des femmes : les hommes seraient tous à sauver. Mais de quoi, bon Dieu ? » (p. 123)

Ya au moins trois bonnes femmes du jury qui ont sauté ces lignes...

29 janvier 2006

Musique du Québec tranquille

Visite du Bas du fleuve ces jours ci. Mon vieil ami microclimatopithèque est revenu sur ses anciennes terres. D’où quelques retrouvailles idoines. Il m’a fait découvrir une musique du Québec tranquille qui vient d’Acadie profonde. Cayouche fait du country-folk quelque part entre Richard Desjardins, le poète Patrice Desbiens ou le soldat Lebrun. Voici le refrain d’une de ses chansons phares, L’alcool au volant :

«L'alcool au volant c'est criminel
La bière vient chaude pis la poche te gèle
Si tu bois en drivant, t'es tout l' temps arrêté
À tout les cinq milles pour pisser»


On peut l’entendre ici. C’est drôle quand même, j’ai été élevé à ne pas aimer le country perçu dans ma banlieue montréalaise comme une musique de pauvres, de ruraux et d’attardés. Voilà que depuis quelques années je commence à en comprendre l’idée, le sens. Et à aimer ça. C’est une musique du Québec profond, du monde ordinaire dont parle Desjardins, chanteur assez country à ses heures.

***


J’ai toujours aimé l'écrivain américain Henry-David Thoreau, son Walden m’a longtemps accompagné sur le bord du lac à la Tortue au Mont Saint-Bruno où j’ai passé de bien belles journées d’adolescent à rêver de nature, de solitude, de vie simple. Et voilà qu’il a un blogue. En fait on y reprend à tous les jours des extraits de son volumineux journal. Une belle idée. À quand Saint-Simon ou Gide ?

24 janvier 2006

Soldes électoraux

Soirée électorale assez intéressante. Comme tout bon expert il s’agit maintenant d’expliquer en quoi je me suis un peu planté dans mes prédictions. L’Ontario a mieux résisté que je ne le croyais à la petite vague conservatrice, contrairement au Québec, où la percée a été plus considérable que je ne l’escomptais. Par contre, la thèse du Québec tranquille semble se confirmer. Je me suis amusé à compiler le tableau suivant à partir des résultats officiels des conservateurs dans les 75 circonscriptions québécoises.

Résultat des conservateurs en % des suffrages exprimés :

Laurier--Sainte-Marie

6,40

Papineau

8,30

Rosemont--La Petite-Patrie

9,30

Jeanne-Le Ber

11,80

Ahuntsic

12,20

Hochelaga

12,30

LaSalle--Émard

12,70

Outremont

12,80

Saint-Laurent--Cartierville

13,20

Saint-Léonard--Saint-Michel

14,40

La Pointe-de-l'Île

15,20

Bourassa

15,80

Gatineau

16,80

Brossard--La Prairie

16,90

Laval--Les Îles

17,10

Hull--Aylmer

17,20

Notre-Dame-de-Grâce--Lachine

17,40

Honoré-Mercier

17,50

Westmount--Ville-Marie

17,60

Mount Royal

17,90

Repentigny

18,10

Laval

18,60

Longueuil--Pierre-Boucher

18,70

Alfred-Pellan

18,90

Manicouagan

19,00

Vaudreuil-Soulanges

19,00

Montcalm

19,30

Saint-Bruno--Saint-Hubert

19,50

Saint-Lambert

19,80

Terrebonne--Blainville

20,00

Brome--Missisquoi

20,30

Laurentides--Labelle

20,30

Châteauguay--Saint-Constant

20,40

Marc-Aurèle-Fortin

20,40

Chambly--Borduas

20,60

Rivière-du-Nord

20,70

Sherbrooke

20,70

Abitibi--Baie-James--Nunavik--Eeyou

20,90

Rivière-des-Mille-Îles

20,90

Verchères--Les Patriotes

21,80

Saint-Jean

22,10

Drummond

22,20

Rimouski-Neigette--Témiscouata--Les Basques

22,20

Abitibi--Témiscamingue

22,60

Portneuf--Jacques-Cartier

22,70

Pierrefonds--Dollard

23,10

Bas-Richelieu--Nicolet--Bécancour

23,30

Argenteuil--Papineau--Mirabel

23,40

Compton--Stanstead

24,20

Chicoutimi--Le Fjord

24,60

Shefford

24,80

Saint-Hyacinthe--Bagot

25,00

Montmagny--L'Islet--Kamouraska--Rivière-du-Loup

25,10

Lac-Saint-Louis

26,50

Beauharnois--Salaberry

26,60

Joliette

26,80

Québec

29,70

Haute-Gaspésie--La Mitis--Matane--Matapédia

29,80

Berthier--Maskinongé

31,20

Trois-Rivières

31,70

Richmond--Arthabaska

32,10

Montmorency--Charlevoix--Haute-Côte-Nord

32,20

Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

32,20

Saint-Maurice--Champlain

33,10

Pontiac

33,60

Louis-Hébert

34,20

Roberval--Lac-Saint-Jean

37,10

Beauport--Limoilou

39,50

Charlesbourg--Haute-Saint-Charles

41,00

Lévis--Bellechasse

46,40

Mégantic--L'Érable

49,60

Jonquière--Alma

51,90

Lotbinière--Chutes-de-la-Chaudière

54,30

Louis-Saint-Laurent

57,70

Beauce

67,00

MOYENNE

24,40

ÉCART-TYPE

11,47

En jaune, les circonscriptions où le vote conservateur est inférieur à un écart-type de la moyenne. On voit qu’il s’agit de ce qu’on pourrait appeler le Plateau adjacent élargi, au centre de Montréal. En bleu, les circonscriptions où, au contraire, ce vote est supérieur à un écart-type, voilà le Québec tranquille autour de la capitale mais aussi au Saguenay et, dans une moindre mesure, le reste du Québec rural. Les circonscriptions en rouge se situent autour de la moyenne.

***

Comme le faisait remarquer Guillermo en commentant le billet précédent, je pense qu’on pourrait répéter l’exercice ailleurs et avoir des résultats analogues. A l’échelon canadien, les villes sont plus à gauche que les campagnes: Montréal, Toronto, Vancouver ont résité aux Bleus. De même aux USA, les villes sont démocrates et la campagne plutôt républicaine.


Tout cela rejoint certaines visions des villes mondiales fonctionnant en réseaux qui commandent leurs territoires d’implantation. Le géographe britannique Peter J. Taylor a d’ailleurs lancé tout un programme de recherches autour de cette question. Sur le site du groupe de recherche Globalization and World Cities on trouve d'ailleurs cette intéressante réflexion sur le pouvoir des villes.

Et encore, les rivalités villes campagnes sont probablement aussi vieilles que les villes elles-mêmes.

22 janvier 2006

Spécial élections (Soldes mardi)

Bon, un jour avant les élections, allons-y de nos considérations politico électorales. Mes convictions étant souverainistes, pas besoin de vous dire qui j’irai vers le Bloc. Ce qui est plutôt ironique puisque mon député bloquiste Serge Cardin est parfois conservateur, ayant voté contre le mariage gai. C’est une tache à son dossier qui vient de ses convictions religieuses je pense. Je lui souhaite donc une maladie diplomatique le jour où les conservateurs reviendront sur cette question. Cela dit, c’est un homme de terrain que j’ai vu aller au conseil municipal où il contestait calmement les idioties du maire libéral de l’époque. Comme député, il a quand même soutenu des politiques de gauche, notamment du coté des chômeurs et du logement social. Cela dit, le candidat libéral dans Sherbrooke n’est pas fort, le conservateur l’est trop et le très bon candidat NPD un médecin spécialiste, ce qui allongerait les listes d’attente en cas de victoire impossible. Il y un vert mais bon, faut pas exagérer.

***

Campagne électorale intéressante tout de même. On en retiendra au Québec la montée des conservateurs dans ce que Pierre Drouilly appelle le Québec tranquille. C’est cette région autour de Québec, en Beauce, sur la Côte-du-Sud mais aussi au Saguenay, en Abitibi, qui votait créditiste, vote ADQ et maintenant conservateur. Le Québec profond, vieillissant, relativement peu scolarisé, pas riche, terre d’élection de la musique country locale ou du rock heavy selon les générations. Ces régions se sentent un peu oubliées des grands médias montréalais qui les regardent d’un air condescendant. L’arrogance plateauique y entraîne une certaine frustration bien canalisée par des démagogues à la Arthur ou Fillion. Cette aliénation est bien réelle. Dans le Bas du Fleuve, on m’a beaucoup parlé des montréalais et autres urbains branchés qui ont fait exploser le prix des maisons au détriment des populations locales habituées à des prix peu élevés, plus en rapport avec leurs revenus. On aime s’y ballader en quatre roues l’été, en skidou l’hiver, ce qui dérange les Marie-Chantale du plateau venues manger de l’osso buco en buvant des vins tendance dans leur résidence secondaire. On s’en plaint dans Le Devoir ou chez Bazzo.

Cette campagne aura donc eu le mérite de faire comprendre qu’il existe un Québec conservateur, plus amériquain qu’on est généralement prêt à l’admettre à Montréal et chez les médiatiques. Un Québec du gros bon sens, des vraies affaires, borné sans doute aussi, mais peut-être pas autant que ceux qui font semblant de ne pas le voir si ce n’est que pour lui lancer des anathèmes.

***

À l’échelon canadien, que je connais moins, pas de grande vague conservatrice dans l’Atlantique. Quelques gains conservateurs localement, sans plus.

C’est un poncif de le dire cette élection se jouera en Ontario. Normal, il y a là une délégation de 106 députés. Et on oublie que si Chrétien a pu être majoritaire dans ses trois mandats, c’est en y empochant la presque totalité des sièges. Que les conservateurs y reviennent est un retour à la normale, là où on se prend pour le Canada. Aux dernières élections, ils ont repris leurs fiefs ruraux traditionnels. Ils gagneront sans doute dans les banlieues de Toronto et dans le Sud-Ouest. Le NPD y fera des gains aussi en se faufilant dans les comtés serrés de Toronto-ville ou des villes moyennes ouvrières comme Hamilton ou Windsor.


Peu de changements dans les Prairies, les anomalies rouges de l’Alberta disparaîtront, les bleus garderont les campagnes et les villes demeureront bigarrées. J’aimerais revoir un NPD en Saskatchewan, dans leur berceau, mais c’est de la nostalgie. Quant à la Colombie-Britannique elle restera red-neck bleue dans l’intérieur rural et imprévisible dans les villes. Quelques gains NPD sans doute.

***

Au total, un gouvernement conservateur minoritaire. Ce qui est bien pour l’alternance, nonobstant leurs idées que je ne partage pas. Des chiffres ? Au Québec, 10 à 11 Libéraux, 55 à 60 bloquistes, 5 à 7 Conservateurs (dont André Arthur qui ne résistera pas à une limousine ?). Au Canada, 140 conservateurs, 79 libéraux 58 bloquistes, 30 NPD et 1 Crétin.

La suite dans deux ans.

21 janvier 2006

Dits divers d'un samedi

Un bonne nouvelle pour commencer, le ministre français de l’éducation va revoir l’injuste sentence de Garfieldd. Belle solidarité de la blogosphère francophone là-dessus. Je ne suis pas sûr qu’il faille y voir un gros fait de société, car au-delà de l’aspect blogue, il y a des injustices tellement patentes là dedans que le ministre devait en être gêné. Cela dit, si le relais des médias traditionnels a été plus qu’utile (malgré les gaffes) la solidarité de notre petit réseau était belle à constater. C’est toujours beau de voir des humains en aider un autre, ordis ou pas. Coup de chapeau à Laurent d’Embruns et à tous les autres qui ont bien relayé.

***

Le cas de la région de Québec devient de plus en plus lourd. Non seulement, ils vont élire des conservateurs, mais en plus le démagogue André Arthur risque d’être élu dans Portneuf (Un porc neuf dans Portneuf !). Ça a tout de même un bon coté, la pollution radiophonique va diminuer. Moins de charognes en ondes.

***

Toujours à Québec. La mairesse Boucher s’enfonce de jour en jour dans le ridicule, si je me fie à Magellan. Après avoir entre autres voulu augmenter démesurément les tarifs du transport en commun, elle s’oppose à l’harmonisation des noms de rue à la suite de la fusion, veut réoccuper son ancien bureau de la mairie de Sainte Foy, en plus de celui de Québec, racheter le Zoo au provincial (un nouveau bureau en vue ? avec les singes ?). On voit sa cohérence : le provincial n’as pas les moyens de maintenir ce zoo, la ville oui. J’ai hâte de l’entendre sur le manque de moyens des municipalités.

Qu’a fait Québec pour avoir une bande d’abrutis pareils ? Est-ce parce qu’il faut souffrir pour être belle ?

***

Il faisait 10 cet avant midi un peu de soleil et le vent était tiède. Il fait moins sept et il neige à plein ciel maintenant.

Eille, qui cé qui joue avec le thermostat ?

20 janvier 2006

Une méchante débarque !

Rarement élection fédérale aura été aussi imprédictible. Depuis quelques jours je fréquente ce blogue prédicteur qui semble assez sérieux. Mais que dans certaines circonscriptions (dont Repentigny, home of Celine), les libéraux tombent au 5e rang, derrière le Bloc, les Bleus, le NPD et même les Verts me semble trop beau pour être vrai.
Et pourtant jouissif, de mon point de vue.

18 janvier 2006

Un beau hasard

Hier, en revenant de l’épicerie, faisait tellement beau que je fais un croche le long du lac, question de profiter un peu du soleil. Et voilà qu’on me hèle en latin avec un accent français… Yé c’est J-L., un vieil ami pas vu depuis quelques années et dont je m’ennuie parfois. Pas le temps de jaser trop, il est avec sa copine. On se laisse en promettant de se revoir. Je flotte en revenant, heureux d’avoir repris contact par ce curieux hasard. Voilà qu’il vient de me rappeler pour me laisser son téléphone et reprendre contact un peu. On s’invite mutuellement.

***

Fameux personnage que ce gars là. Je l’ai connu il y a bien 20 ans. La première fois que je suis allé chez-lui, il habitait une cabane dans le bois, avec d’autres granos chacun leurs lots sur une grande terre, au pied d’une montagne, dans les Cantons profonds. La vraie utopie mainmisienne, sans eau courante, électricité ou téléphone. Un ami commun m’avait invité et curieux de voir dans la vraie vie ce genre d’humains, suis allé. Prétexte d’un party de fin de semaine du travail.


J’en ai un souvenir vague. Une ballade à chercher des champignons tout nu sous une grosse pluie douce mois de septembre avec ce mec qui les identifiait tous avec leurs noms latins. Toute l’ingéniosité de son installation solaire et l’inconfort d’un tas de compost comme chiotte. Suis allé souvent chez lui par la suite. Comme il voyageait beaucoup, j'y prenais un bain de campagne et soin de son chien.


Ça a d’ailleurs réduit mes ambitions campagnardes, ce retour au primitif. Mais que d’heures à jaser avec ce gars là. Pas de cul rien, juste le plaisir de se jaser. C’est d'ailleurs le seul français que je connaisse qui sache sacrer convenablement. Ce qui est drôle à entendre, car il en tout le vocabulaire, la syntaxe, mais pas l’accent qu'il a vaguement arabe, c'est un fils de pied-noir. Et comme il s’est vraiment donné comme but de vivre coupé du monde cela m’a toujours fasciné. Imaginez ce qu’on en sait des choses à vivre comme ça. J'en ai appris. Lui aussi probablement malgré mes propos d'intello.

Et, on s’est vus moins souvent, j’ai changé de chemins, lui aussi. Il y a cinq ans, je suis retourné chez lui. Bien installé, dans une superbe petite maison qu’il a amoureusement construite, sans électricité autre que solaire, mais avec tout le confort moderne. Et comme à chaque fois qu’on se voit, c’est la fête. Il fait un bon petit vin…

***

J’ai des amis comme ça que je néglige et que je vois trop rarement. Mais on a tant de plaisir à le faire que le temps n’y fait pas grand-chose.

Heureusement.

Injustice

La blogosphère française est en émoi et pour cause. Un blogueur, proviseur de lycée est révoqué de sa fonction à cause du contenu soit disant pornographique de ses écrits. Je lisais Garfieldd régulièrement, un lien en témoigne ici même. Nous avons le même âge, sommes dans un milieu analogue. J’aimais le lire. Il était très personnel, parlait de sa vie privée d’homosexuel, parfois, mais sans plus. Mais il parlait aussi de son métier avec un peu de critique mais surtout beaucoup de chaleur d’enthousiasme. Son blogue disparaît en septembre, il est sous enquête de son ministère. Le verdict est tombé il y a quelques jours : révocation. La punition est la plus grave possible : en québécois, ça se dit barré à vie, exclu, non seulement de ses fonctions, mais de tout emploi dans la fonction publique française. Et bien sûr renvoyé sans indemnités ni chômage, directement sur le RMI, le BS français.

C’est une sanction démesurée. Surtout quand j’entends cette info ce matin : un médecin coupable pour la deuxième fois d’inconduite sexuelle envers une patiente est radié pour 4 ans et pourra pratiquer par la suite à des tâches administratives. Le Collège des médecins affirme avoir été exemplaire. On reproche à Garfield d’avoir eu des images pornos sur son site. Je n’y ai jamais vu parfois que des beaux gars en bobettes, comme on en voit partout dans la pub.

Si l’éducation nationale française a voulu être exemplaire, elle l’a été de sa frilosité et de sa bêtise.

Lire là dessus le beau texte d'Éolas et Embruns pour toutes les réactions.

15 janvier 2006

Mise à jour

Je suis l’inventeur de la procrastination par moments. Commençons donc par ratrapper deux notes oubliées.

Note du 10 janvier

Écoute du débat des chef à la radio. Coudon, Duceppe a mangé du lion. Ca brasse en ce début. Avantage net à Duceppe jusqu’ici. Martin se défend bien, Layton est égal à lui-même, sympa NPD mais j’ai l’impression d’entendre le même chef depuis 1974. Harper est pas là. Il doit écouter TQS. (8h30). Bonnes questions et réponses dans le social jusqu’ici, presque des consensus par moments. L’impression de ne pas entendre trop de cassettes. (9h00). Harper ressemble à une imitation de Mario Lemieux par moments.

Intéressant débat en tout cas. Rien d’historique, que de l’ordinaire, ce qui change de la spectaculaire, au sens debordien de la chose. C’est si rare la politique en direct, de nos jours.

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Note du 14 janvier Premier cours hier . Bon groupe je crois. Journée miraculeuse à me balader par un étonnant 11 degrés sous le soleil. Un premier faux printemps de l’hiver. Aujourd’hui pluie et gros brouillard sur Sherbrooke ce qui donne ceci au jardin :


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Enfin à jour. Bonne question chez Philippe Martin reprise chez Embruns où j’ai commenté. Pourquoi les phénomène des blogues décoole moins au Québec qu’en France. Dans mon commentaire, je dis que le battage médiatique a été moindre ici que là bas, ce que je pense toujours. Toutefois, vérification faite dans l’annuaire Québec blogue, je compte tout de même 16 blogues en Estrie. Il y en avait quatre ou cinq l’an dernier à la même date. Certes la plupart sont inactifs, mais l’augmentation est là. Sans jurer de rien j’ai l’impression qu’il y a eu un petit boom cet automne. Peut-être que le temps froid ramène les gens sur le net…

Il faut dire que ce n’est pas évident de répertorier les blogues. Tous les blogues. Ils fonctionnent en réseaux d’affinités, de connaissance préalables sur un plan horizontal. Par exemple, je ne fréquente pas les blogues technos, je n’y comprends rien. Par contre via Carole Beaudoin, j’ai fréquenté la nébuleuse des blogueurs littéraires. Par ses liens et d'un clic à l’autre on se crée donc un réseau d’apparentés.

Ce réseau a aussi une dimension verticale, il est hiérarchisé, certains sont plus fréquentés, plus centraux que d’autres. Un peu comme le réseau des villes dans les territoires. Sauf qu’ici le territoire est en bonne partie linguistique. Mais on ne peut, non plus, nier la géographie : c’est tout de même moins compliqué d’aller à Yul Blog qu’à Paris Carnet.

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Et tiens, un blogueur va devenir célebre. Ikéaboy alias Stéphane Dompierre a vu son dernier roman choisi pas Louis-José Houde pour le combat des livres chez Bazzo. Je ne l’ai pas lu, à ma grande honte, ailleurs que dans son blogue. Il fera face à rien de moins qu’Hubert Aquin. Je lui souhaite toute la chance possible. Il a le grand avantage sur Aquin d’être ni mort, ni pavillon de l’UQAM. Et tant mieux si ça fait vendre ses livres.

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Pour le reste, on parlera politique demain.
Procrastination oblige.

9 janvier 2006

Poubelles canadiennes

Grand bruit autour des turpitudes canadophiles au référendum de 1995. Je ne suis pas tellement étonné de ce qu’on en rapporte. Il était de notoriété publique que, comme en 1980, le camp fédéral avait outrepassé la loi référendaire. De là à dire que leurs niaiseries ont changé quoi que ce soit, je suis loin d’en être sûr. En fait, je crois que leur attitude boy scout à feuille d’érable énerve plus qu’elle convainc.

Ce que je trouve étrange dans cette histoire c’est son coté rocambolesque. La boîte de documents introuvables depuis 1997 qui se retrouve derrière un bac à déchets d’un centre d’achat de Laval huit ans plus tard. Qui l’a placée là ? Un contrit tardif de la commandite ? 250 millions plus tard, il y a de quoi.

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Rigolotte analyse du lexique des chef politiques lors du dernier débat dans le Devoir de ce jour d'huis. Pas de grandes découvertes mais j'aime bien ce point de vue terre à terre. Prise deux demain. Occasion de voir si Harper va tabler sur sa forte montée dans les sondages, même au Québec.

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Journée de corrections à la dernière minute, comme toujours. Il sera grand le jour où je remettrai mes notes à l’avance. Heureusement, les piles de copies sont petites ça passe plus vite. Et déjà, un premier et seul cours vendredi matin. Retour aux grands groupes, probablement soixante étudiants en grande salle. Mais le cours est bien rodé et j’espère que le show sera bon.

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Et je n’ai pas fumé 450 cigarettes depuis décembre selon mon compteur trouvé via Michel Dumais. 104 $ économisés. Par ici les voyages du père Charlevoix ;-)

7 janvier 2006

une veillée

Soirée impromptue avec mon ami Yvan. On est allé veiller au bar gai de la rue Bowen. Ambiance toujours glauque dans un des quartiers les plus décatis de la ville. Et en ce samedi, il y avait concert du duo machin et truc, disons Shirley et Donald. Un couple hétéro? Mettons. La chanteuse a des rondeurs et un jeans à clinquants, le mec de la bedaine mais bon guitariste. Madame contrôle l’ordi qui accompagne.

Le genre de show qu’on voit dans les hôtels bars de village. Chansons à la clef demandes spéciales acceptées. Marjo, du vieux rock entre California dream et Elvis, même Piaf. Et un couple de gars qui font de la danse en ligne sur les chansons toujours un peu country.

Cela n’existe pas au Québec. En tout cas pas sur le Plateau.


Le Québec a de ces profondeurs qu’on préfère nier à Montréal.

Elles sont là pourtant. Je les ai vues aussi dans la Bretagne profonde. Elles existent peut–être aussi nulle part en Thailande ou en Bulgarie, comme au Nebraska.

Et si un français ou un montréalais passe à Sherby je l’y inviterai.

C’est exotique.

1 janvier 2006

Bonne année

Commençons par le commencement. Une belle et bonne année à mes lecteurs que j’ai atrocement négligés depuis deux semaines. De la santé, de la joie, du bonheur et la réalisations de quelques rêves, petits ou grands. Et la grâce de voir la beauté du monde le plus souvent possible.

***

Je crois que je suis atteint du syndrome de décembre, une sorte d’engourdissement hivernal qui me porte à une sorte de somnambulisme, faute de lumière qui décline toujours. Cela porte à l’interiorité d’où le silence des dernières semaines. Cela s’atténue tranquillement, à force de festivités et de rencontres du temps des fêtes. Passé une semaine en famille et en amis ce qui fait du bien, d’autant plus que ma rechute tabagique est derrière moi. Je pense m’être ainsi fait un beau cadeau de Noël qui va durer je le sens. Et à la suggestion de mon ami en inhalothérapie, je vais investir les sommes économisées en petites récompenses. Ce qui tombe bien, vu la vente à moitié prix de la Bibliothèque du nouveau monde (une sorte de Pléiade universitaire québécoise). J’ai dans la mire les voyages du baron Lahontan, ceux de Charlevoix et les chroniques d’Arthur Buies. Pour le prix d’un mois sans tabac.

Je me sens très bien d’en avoir fini de ma relation amour/haine avec le tabac. Je me suis rendu compte que l’une des grandes difficultés que j’avais à arrêter de fumer était la peur de perdre quelque chose, de me faire du mal pendant le sevrage. J’en ai eu moins de symptômes que les dernières fois et je savoure le souffle retrouvé. Et je n’ai perdu que des chaînes.

***

Passé la veillée du nouvel an à un gros party chez des amies hier. Rechute planifiée de tabac, d’autant plus intéressante que les fumeurs étaient relégués à la galerie par moins quinze. Ce qu’on ne ferait pas pour être esclave… Moi qui suis d’ordinaire sauvage au nouvel an ça me faisait tout drôle d’être entouré d’amis, de gens nouveaux aussi. Suis resté réservé sans trop devenir misanthrope. Mais je me rends compte que dans ce genre de choses je préfère de beaucoup être dans l’organisation que simple participant. Il y avait là des amis de plus de vingt ans que j’ai toujours plaisir à voir. Et une logue tournée de becs à minuit qui a fait du bien. Sans même attraper un rhume.

***

Pas de résolutions pour la nouvelle année, ce qui évite de ne pas les tenir.