31 décembre 2010

Entre deux années


Depuis quatre jours, j’agonise sur mes piles de copies à corriger et tout est prétexte à la distraction. Il faut bien prendre l’air ! Et c’est tellement beau, une marche le long de la rivière, à regarder les glaces descendre, minuscules plaques que la tectonique du courant accumule en petits continents sur les berges. La ville est étrangement silencieuse. Quelques milliers d’étudiants en moins ça paraît dans ma cité universitaire. Il y aussi que les cols bleus étant en grève, les autos roulent sur la neige durcie plutôt que l’habituelle sloche des rues bien salées. Peut être pas confortable pour l’automobiliste mais agréable aux oreilles du piéton.

En ce dernier jour de 2010, il fait une journée douce, ça fond et même que le soleil perce. Le jour baisse mais pas de coucher de soleil, les nuages sont revenus. Je ne file pas tellement party ce soir de réveillon. J’en ai eu ma dose à Noël, heureux de voir tant de monde en si peu de temps. J’ai le nouvel an social ou solitaire selon les années. Mais ce n’est jamais un jour ordinaire il y a la magie du chiffre, cette fébrilité que je sentais en faisant l’épicerie.

J’aime bien sacrifier aux traditions, faire le bilan, les résolutions. 2010 a été bonne pour moi. J’ai été heureux de revoir la Gaspésie, de saluer trop vite Québec. J’y retournerai l’an prochain si ça se passe comme prévu. Ça fait aimer le métier de voyager avec les étudiants et de ce coté, j’ai une sécurité comme j’en ai rarement eu, toujours précaire, mais des espérances. Mon nouveau cours cet automne a été dur, dans un domaine où je n’étais pas à l’aise, mais l’expérience a été salutaire et si je retourne dans mes vieilles pantoufles cet hiver, c’est avec le goût de me renouveler et d’oser de nouvelles choses.

Sur le plan plus personnel j’ai avancé. Réussi à arrêter de fumer quelques mois pour succomber sous le stress en novembre. J’arrête de nouveau dans quatre jours, les patches sont achetées. Je connais un nouveau piège. Et comme ma santé m’oblige à l’exercice, je compte bien essayer le taï chi cet hiver, paraît que c’est bon pour ce que j’ai. Je souhaite que ma mère aille mieux, elle qui a souffert un peu trop de ses 82 cette année. J’espère que son opération prochaine lui soit bénéfique.

Je suis sorti un peu plus de ma coquille cette année aussi découvert de nouveaux blogues que j’aime à lire et qu’il faudra commenter plus souvent. Connu de nouvelles personnes. Compris que le cocounage du nouveau proprio ou du web a ses avantages mais aussi ses limites.

2011 arrive. Une nouvelle toile. Tâchons d’y mettre de belles choses.

C’est ce que je nous souhaite.



L'image est de Nan dont j'ai déjà parlé ici. Allez voir ses dessins de l'année, ça vaut tous les show télé qui vont sévir. N'oubliez pas de devenir son ami ;-)

27 décembre 2010

Détournements

Il y a mille façons de se perdre. De regarder ailleurs. J'aime bien celle des recycleurs que mon ami Daniel m'a montré. Rien de nouveau sous le soleil, juste de la job bien faite. Un situationniste parlerait de détournements. C'est cela 50 ans plus tard. Inégal, mais drôle par moments, souhaitant que mes lecteurs français se fassent l'oreille à un accent étranger ;-)

24 décembre 2010

Joyeuses fêtes quand même

Il y a ces copies que je n'ai pas terminées, cette série sur les bouquins, un grand ménage. Mais je plonge vers les amis et la famille à Montréal content de les revoir et de partager avec eux cipaille et bons vins.
Alors il ne me reste qu'à vous souhaiter que vos réjouissances soient à la hauteur de vos espérances, que vous ayiez du plaisir à voir et revoir parents et amis.


Et l'inévitable cantique par la grande Mahalia Jackson

18 décembre 2010

Une perle

«  Plusieurs aéroports sont paralysés et de nombreux vols ont été annulés, notamment en France et en Grande-Bretagne, qui est en voie d'enregistrer le mois de décembre le plus froid depuis 2010. »
Perle trouvée ici. Pour le moment. À l'ère numérique, les perles sont évanescentes.

13 décembre 2010

Parenthèses


Entre deux examens à écrire, par une journée où un matin doux, jaune et vert devient une soirée blanche et froide, je retravaillais un texte à venir sur les livres importants dans ma vie.

Beaucoup viennent de la jeunesse et certains d'entre eux avaient une source fameuse (ou fumeuse?) . Je parle bien sûr de la revue Mainmise. C'était la grande époque de la contre-culture au KébeK d'alors.




Bande-annonce d'un documentaire hélas non réalisé de Marc-André Brouillard (2005)

Babyboumeur de l'autre versant, j'en ai connu le lent déclin à partir du milieu des années 1970. J'en ai collectionné les numéros anciens qui dorment dans une boîte parce qu'il me distraient trop.  Il y avait ce grand compendium qu'était le Répertoire québécois des outils planétaires (dans le même boîte que les Whole Earth catalogues) et qui m'a ouvert bien des sentiers. Et puis tout le reste, l'homosexualité, le pot, Pink Floyd, le retour à la Nature. Merveilleuses utopies qui me gênent parfois aujourd'hui.

Peut être parce que trop de lecteurs de Mainmise ont lâché le pot et l'acide pour des drogues plus dures.

Le pouvoir et l'argent.

P.S Quelques numéros numérisés de Mainmise ici (dont l'introuvable numéro sur le pot ;-))

6 décembre 2010

Quinze livres: début de l'effeuillage

Il tombe la vraie première neige d'hiver. Une neige floconneuse, légère et fluide qu'on prend presque plaisir à pelleter. Occasion de revenir à soi. 

***

Il y a de ces chaînes sur le web qu’on aime bien s’auto-administrer. Grand livrophage, je ne pouvais manquer celle des quinze bouquins qui m’ont marqué. La consigne était 15 bouquins en 15 minutes. Je l’ai fait pour la liste, mais je ne peux m’empêcher d’expliquer en quoi ces livres m’ont marqué. Ça prend un temps que je n’ai pas tellement en fin de session mais ça m’occupera le mois de décembre. En voici les trois premiers:

La Flore Laurentienne de Marie-Victorin. 

Je l’ai achetée avec ma première paie de mon premier boulot d’été. C’est un livre technique, un monument de la botanique québécoise qui m’a permis de mettre un nom sur les plantes qui m’entourent. Mais c’est aussi de la littérature par moments. Ainsi, décrivant l’érable rouge Marie-Victorin s’envole : 
 « À l'automne, les hydrates de carbone dont le tissu chlorophyllien est gorgé, se transforment en anthocyane et colorent brillamment les feuilles de rouge pourpré. Nos bois deviennent alors incomparablement beaux. Les pentes sourceuses des Laurentides et les forêts de la plaine alluviale forment des horizons sanglants où sur le vert profond des résineux s'ajoutent, chevauchent et se fondent les gammes infinies des teintes que le rouge a sur sa palette.»
 Avouez que ça étonne dans un livre scientifique... Un très beau site en reprend le contenu. Et non, je n’ai pas acheté la nouvelle édition avec les photos couleur, la reclassification des espèces botaniques me déconcerte trop.

La Rage de Louis Hamelin



Quand j’ai acheté ce livre, le titre correspondait à mon état d’esprit. Je venais de vider mon bureau à la radio communautaire, j’étais enragé  contre  les magouilles des pseudo marketeux qui avaient mis fin à ce qui avait été somme toute une des plus belles périodes de ma vie (et de la radio, leur échec fut lamentable). Je connaissais le livre de réputation, le titre me convenait. J’ouvre la brique. La lit d’une traite, jusqu’aux petites heures du matin. J’avais décroché de la radio.

C’était le livre que j’aurais voulu écrire. Sur le coup, j’ai laissé tomber mes vagues ambitions littéraires pour retourner à mon autre passion, la géographie. J’ai souvent chanté les louanges de Louis ici, l’ai rencontré quelquefois, assez pour savoir que c’est un gentil garçon, très drôle, curieux et allumé. Beaucoup d’autres écrivains ont son talent (salut Mistral !), mais Louis me touche par un sens profond du territoire qui réjouit le cœur du géographe.



Walden de Henry David Thoreau.


Ce doit bien être par un vieux Mainmise que j’ai découvert ce classique de la littérature américaine. Thoreau y raconte une année passée dans une petite cabane au bord de l’étang Walden, quelque part pas loin de son village du Massachusetts. Il y a dans ce livre beaucoup d’une certaine Amérique encore puritaine mais  séduite aussi par la sensualité de la nature et de la vie dans les bois.



Je l’amenais toujours ado quand j’allais me balader dans les bois du Mont-Saint Bruno, tout fraichement parc national.  Il y avait là un tout petit lac complètement sauvage à peine connu des gens du lieu. C’est en les imitant que j’ai appris les joies de me baigner nu, à me laisser flotter dans la couche tiède de la surface eaux pour éviter les profondeurs froides et aussi rêver en regardant le ciel.

Mon Walden à moi au Mont-Saint-Bruno

Voilà pour aujourd'hui. J'hésite à ajouter ma liste. 
Sachez pour le moment qu'elle se termine par tous les atlas du monde.
Je ne crois que ça surprenne mes amis...

29 novembre 2010

Fin novembre

Aujourd'hui, j'ai vu les premières glaces qui descendaient la rivière sous un beau soleil.  N'y voyez pas de lien, c'est probablement qu'on a décidé de vider un peu les réservoirs des barrages pour faire place aux grosses pluies qu'on attend demain et mercredi. Du coup les bordures englacées des coins calmes ont décollé. Petite débâcle humaine.

Il a quand même fait froid ces derniers jours la terre est gelée, les poêles à bois chauffent dans mon coin. J'en aime toujours l'odeur parfois -- y-a t'il beau parfum que celui de l'écorce d'une bûche de merisier qui brûle ? C'est chose plus rare aujourd'hui. Les appareils plus performants brûlent des granules et ne semblent laisser sortir qu'une vague odeur de bois sur fond de goudron. Je me demande même si les appareils plus efficaces ne laissent sortir qu'une fumée tiède qui se rabat plus vite au sol plutôt que de se disperser dans les hauteurs. Beau sujet pour mon ami microclimatopithèque.

Bon là dessus mes copies m'appellent.

Il y en a beaucoup.

15 novembre 2010

Un peu des Cyniques

J'ai écouté la première de la série radio consacrée aux Cyniques, bien aimé. Sûr que la réalisation ne casse pas des briques mais c'est efficace et, au fond, on veut entendre les gars, quelques extraits de sketches, que demander de plus ?  C'est plain comme une pizza au fromage. Et j'aime la pizza plain

Faut dire que les Cyniques, c'est un des fondements de ma génération. Ados on écoutait les disques, assez pour les savoir par coeur mais jamais assez pour ne pas les réécouter. Leur humour n'a pas si mal vieilli, sauf peut être pour les thèmes religieux qui ne disent rien aux jeunes et quelques blagues de stéréotypes ethniques qu'on oserait plus faire de nos jour sous peine d'excommunication sociale. Les soutanes disparaissent mais les curés restent...

Peu de traces visuelles sur le web et rien de la célèbre Émission Impossible que j'écoutais religieusement un été de la fin des années soixante. Mais quand même un trésor sur You Tube: le Bye Bye 1971 je me souviens encore de ce sketch, dans le vrai décor du téléjournal du temps, si on peut appeler ça un décor: 


Il y a aussi cette blague des deux enfants qui s'étrivent: gnan gnan ton mononc' c'tun bandit ! pis le tien c'tun conseiller municipal!

Plus ça change, plus c'est pareil.

14 novembre 2010

Un peu de tout, encore

Non je ne suis pas disparu dans une faille spatio-temporelle, c'est plutôt le temps qui me fuit. Et moi aussi qui fuit un peu ces piles de copies à corriger. Il a fait tellement beau ces derniers jours...  Suis allé faire un tour au marais pas loin de chez-nous et même s'il avait fait beau et chaud, la glace était toujours là.

Juste cette glace de fin d'après-midi montre qu'on est en sursis.  Autant en profiter...
D'autant plus que l'hiver me fait gagner la vue sur la ville.

C'est toujours ça de pris, mais me reste maintenant à éviter de distraire le procrastinateur invertébré que je suis. Ce que je m'empresse de ne pas faire.

***

Ainsi je pourrais me lancer dans une longue analyse sur la supposée montée de la droite au Québec. Il y la dessus un bon dossier dans Le Devoir. Mais je pense plus comme Foglia. Au fond, le virage à droite est pris depuis longtemps, tous partis confondus. Mais ce qui m'épate c'est de voir à quel point malgré l'échec patent de cette politique de libéralisation, privatisations à tout crin, on en soit encore à souhaiter d'en faire plus.

Aux USA, la déréglementation amorcée sous Reagan, suivie par Clinton et continuée par Bush a mené directement à la crise financière de 2008-2009. Sans compter que les baisses d'impôts irresponsables de Bush et ses déficits guerriers ont lourdement handicapé la simple capacité de l'état américain à faire face à cette crise qui va s'éterniser. Elle risque simplement d'empirer avec les zozos élus au congrès cette année.

Le Canada ne fait guère mieux. Sous prétexte de lutte au déficit, Harper trépigne de continuer à démanteler l'état canadien dont il a diminué les revenus et augmenté les dépenses et engagements militaires. Au Québec, les libéraux (avec ou sans Charest) n'auront probablement pas d'autre choix que de putasser à droite, le champ gauche étant déjà assez occupé. Sans compter que l'insidieuse campagne populiste des médias Québécoristes continuera de polluer les cerveaux et de pousser les politiques vers des baisses d'impôts démagogiques.

Tout n'est pas parfait au Québec. Je constate la lourdeur bureaucratique des institutions où j'enseigne, héritage, certes, de règles syndicales parfois trop contraignantes mais ô combien aussi de politiques de bonne gouvernance. Les facultés d'administration s'escriment à former des gestionnaires patentés, de droite et propre sur eux, qui multiplient les contrôles au nom de l'approche client, de l'allocation optimale des ressources ou de toute autre fadaise tendance aux HEC.

Mais je constate aussi que les garderies pas chères, les congés parentaux, un système scolaire  et de santé accessible, ça coûte cher mais c'est apprécié quand on en a besoin. Je note aussi que le taux de chômage est plus bas ici qu'en Ontario ou aux USA, ce qui n'est jamais arrivé depuis qu'on en a des statistiques. Ce n'est pas le paradis. Mais c'est déjà ça.

Et si j'étais Saskatchewannais, je penserais que de privatiser les mines de potasse n'était pas une si bonne idée, en fin de compte.

3 novembre 2010

Dit par un autre

Depuis un temps je cherchais les mots pour l'écrire, plus besoin maintenant:

« On nous rabâche que tous les présidents se font rappeler à l'ordre à ces élections de mi-mandat, sauf qu'ici le rappel à l'ordre pourrait prendre l'allure d'une énorme claque. Mais plus encore que l'ampleur du désaveu, c'est sa nature qui frappe vraiment.
Est-ce que je me trompe? C'est M. Obama lui-même que l'Amérique profonde s'acharne à détester, bien plus que ses timides réformes. Et dans M. Obama, ce n'est pas le Noir que l'Amérique profonde déteste. C'est l'intello.
Bien sûr la crise, bien sûr le chômage. Mais surtout l'intello. Cette façon de gouverner. Cette idée tout intellectuelle de lareprésentation dans la gouvernance. Pas la représentation au sens théâtral. Au sens de médiation. Au sens d'une démocratie gouvernée. Par opposition à une démocratie directe, en prise directe avec le peuple, qui vocifère sa souveraineté toutes les cinq minutes à travers des Glenn Beck, des Sarah Palin.
M. Obama n'est pas un président populiste, pas le président du gros bon sens. M. Obama va se faire planter aujourd'hui par ressentiment populaire.
Et nous sommes quelques millions de petits Judas, ce matin, à renier Obama, à rire avec les autres de ce prince des nuées que ses ailes de géant empêchent de marcher... Nous sommes des millions, à gauche, de totale mauvaise foi, à grossir cette marée noire. Pas celle de BP; celle de Palin, Beck, Michele Bachmann, Dick Armey, Jim Demint, ce goudron, cette merde noire qui déferle sur l'Amérique et jusqu'à la mairie de Toronto. »
Et si vous pensez que ça n'arrivera pas au Québec, vous avez la mémoire courte ou vous ne lisez pas le Journal de Montréal.

30 octobre 2010

Souvenances référendaires

Ce matin il y avait un voile blanc de neige sur les toits. C'est fondu sous un ciel gris. Voilà ce soir qu'il a plu et que la pluie se floconne tranquillement. La météo parle de quelques centimètres à venir, l'hiver s'en vient l'hiver est là.

Il me souvient qu'il était arrivé subitement il y a 15 ans au lendemain d'un certain référendum. Comme pour calmer les esprits. Va sans dire que la manie anniversariste des médias nous gratifie des analyses de circonstances qu'épicent une ennième pseudo crise entre péquistes pressés ou réalistes. Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que je suis un souverainiste de conclusion. Convaincu que les institutions politiques canadiennes sont  irréformables; convaincu qu'il est également nécessaire à la survie de ma culture française d'Amérique qu'elle s'incarne dans un état indépendant intégré à son continent. Pour le reste, ça se discute entre gens sérieux.

Je suis un peu tanné qu'à chaque fois qu'un nationaliste pressé s'exprime on en vienne à remettre en cause la légitimité de la direction du PQ. Le gros bon sens hurle pourtant que tout prochain référendum sur la chose devrait être gagnant et pas de peu. Qu'il suffit d'attendre un bonne vieille bourde canadienne pour aider la cause. Mais les médias aiment bien ce genre d'histoire, qui réveille la méfiance bien québécoise des radicaux. On sait depuis un autre octobre il y a 40 ans, que la peur est une vieille arme des fédéraux. Ils en jouent admirablement depuis longtemps. Aussi diaboliser le PQ et déstabiliser sa cheffe (que je n'aime pas) est toujours de bonne guerre.

Ça aide à faire oublier que le poodle en chef de la province est désavoué en sa ville même.

22 octobre 2010

16 octobre 2010

Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. Je croyais que c’était de Voltaire, mais semble que ce soit plutôt de Goebbels. Je ne pensais pas que le mensonge était si efficace. Voici un graphique qui circule beaucoup sur le web.  Il mesure la distribution de la richesse réelle, perçue et souhaitée aux USA :

L’article montre somme toute que les américains, de droite comme de gauche, souhaitent une distribution des richesses* très sociale démocrate à la suédoise et s’imaginent vivre dans une telle société.

Force est de constater que ce n’est pas le cas. Mais personne ne leur dit. Serait-ce que les médias mentent ? Je ne crois pas. Ils sont trop affairés aux mineurs chiliens ou aux caprices des sportifs pour se faire une idée.

*Dans cette étude on ne définit pas ce qu’est la richesse (wealth) épargne?  revenus ? Les proportions me font tendre vers l’épargne, si c’était les revenus, me semble qu’il y aurait eu révolution. Encore que j’en doute,  le lecteur moyen du Journal de Montréal étant somme toute heureux de voir PKP couper les derniers emplois bien payés de son empire. C’est connu : un syndiqué bien payé est plus riche qu’un cadre ou pigiste qui fait deux fois son salaire.

11 octobre 2010

Action de Grâce

Drôle de nom pour ce moment qui marque la fin de la belle saison et le début de l'autre. Fête des récoltes, occasion de savourer le bel été et la vie qui va. Dernière pause avant la course de la fin d'année. Pour ma part, le congé était bienvenu. Le voyage en Gaspésie s'est bien passé. mais disons que le retour en classe était rapide,  d'autant que le masochiste que je suis s'était ajouté une réunion à Montréal vendredi dernier. J'en ai profité saluer ma mère qui se fera opérer bientôt pour en finir avec un des milles problèmes de son âge. Le reste de la famille va bien, mais c'est tristounet de voir notre mère diminuée. 

***

Après ma réunion suis allé faire un saut à l'exposition d'Otto Dix au Musée des Beaux-Arts.   Tableaux étranges et morbides d'un homme qui a connu les tranchées de la guerre de 14-18, l'Allemagne tordue des années 1920, pour finir censuré par les nazis et condamné aux paysages. Ses toiles sont effectivement étranges, faussement naïves et souvent horribles. 


Plusieurs oeuvres de Dix seront détruites par les nazis au nom de l'art dégénéré. En lisant dans l'expo quelques propos sur l'art par Hitler, il me semblait entendre les voix des radios X, du Tea Party américain ou de votre démagogue préféré. La bêtise n'est pas morte. 

***

Trop sombres propos pour une si belle journée d'automne. Je suis allé me ballader sur le bord de la rivière, encore un peu boueux des inondations de la semaine dernière. Longtemps j'ai regardé le manège d'un grand héron qui pêchait. Les gestes précis, stéréotypés de l'affut, la rapidité de l'attaque, l'avidité de l'avalement et finalement cette lenteur lourde d'un envol majestueux.  


Tien me voilà à faire du Hamelin. Normal, son livre est trop bon...

30 septembre 2010

Marathon

Mes bagages sont prêts, je pars tantôt en Gaspésie, cette fois-ci avec plein de jeunes et un autobus scolaire puisque les de luxe sont tous loués depuis mai. Je dois aussi avancer mes cours, corriger des travaux en avalant les kilomètres. J'amène avec moi La constellation du Lynx de Louis Hamelin que je savoure à petites bouchées. Cela me semble le grand livre attendu depuis La rage.

Deux chansons en tête pour ce voyage d'abord ce vieux classique :

Et la chanson à boire officieuse de tout ce qui est à l'Est de Québec:

Belle chanson à chanter en choeur dans un autobus jaune...

26 septembre 2010

Octobre

Je viens de voir coup sur coup les deux émissions spéciales que Radio-Canada lançait à l’occasion du 40 e de la crise d’octobre. De la bonne télé bien faite, avec juste assez de surprises pour se rendre compte de la naïveté de l’époque. Assez aussi pour comprendre que nous avons étés manipulés. Que les flics en savaient plus qu’on ne le croyait à ce moment. Que Laporte est mort accidentellement, sacrifié au nom des intérêts supérieurs de la Cause. Indépendantiste peut être, fédéraliste sûrement.

*** 

J’avais 12 ans en octobre 1970. Pour me mettre à l’abri des trop grosses et turbulentes nouvelles polyvalentes de ma banlieue, mes parents m’avaient mis pensionnaire au même collège classique que mon père. L’illustre Séminaire de Saint-Hyacinthe avait lui même failli devenir cégep comme la plupart de ses confrères. J’étais en première année du secondaire, parachuté dans ce milieu plutôt rural des pensionnaires venus des riches paroisses des alentours. 

Je m’ennuyais des amis et copains et aussi de la grosse Presse que j’avais coutume de lire en revenant de l’école. J’avais trouvé un truc pour lire mes journaux. Comme le cégep était orphelin de bâtiment, il partageait les locaux du séminaire. Et leur bibliothèque était ouverte le soir. Je m’y rendais donc lire les journaux après le souper, sous l’œil complice des bibliothécaires, nos curés ayant oublié d’interdire la pratique.

C’est là que j’ai lu qu’il se passait quelque chose le FLQ avait enlevé un diplomate anglais. Le ti cul que j’étais n’y comprenait pas grand chose, mais assez pour savoir que c’était grave. J’ai impressionné mes collègues en leur rapportant la nouvelle. Probablement tout croche d’ailleurs puisque mon cerveau de 12 ans était encore fièrement canadien et impressionné par Trudeau. Quels méchants ces felquistes ! (Il faudra le neveu du docteur Ferron et un bon cours d’histoire pour me faire changer d’opinion deux ans plus tard)

Je me souviens ensuite de la fin de semaine suivante, j’écoutais ma  radio transistor (la même que Mafalda ! ), branchée à CKAC. J’aimais bien le show de Michel Desrochers le samedi. Va sans dire que la programmation était régulièrement bouleversée par les actualités, la station servant de boite aux lettres au FLQ. C’est là que j’ai appris l’enlèvement du ministe Laporte, info immédiatement transmise à mon père qui le connaissait bien.
C’est comme devenu plus lourd.

Et la semaine suivante au séminaire, l’atmosphère était fébrile. On sentait que ça bouillonnait dans les ailes du cégep.  De notre coté, même les grands de cinq avaient des velléités et parlaient fort de politique. Nos curés et nos profs, laïques pour la plupart,  étaient nerveux, eux aussi. Le vendredi, au lendemain de la loi sur les mesures de guerre, je vois encore le curé responsable de la vie étudiante venir dans la grande salle d’étude nous dire que devions évacuer calmement, rangée par rangée. Sous le vieux balle-au-mur du séminaire, on a su qu’il y avait eu alerte à la bombe au cégep.

Au retour à la maison du vendredi, on a vu les files de camions militaires qui s’en allaient à Québec. Puis le samedi étrange à la radio. Rien ne se passe. Et le lendemain, la mort de Laporte. La crise d’octobre était finie. Elle agonisera après.
Mais à ce moment tout était dit.

***

On en a beaucoup parlé depuis. Assez pour savoir que tout ça est louche. Que dans cette histoire, être vaguement conspirationniste et y voir une grosse manipulation fédérale est malheureusement faire preuve de lucidité. Peu importe si cette stratégie aura fait long feu. S’y ajouteront ensuite le référendum de 1980, la constitution imposée au Québec en 1982, les tricheries du référendum de 1995, le cirque des commandites qui s’en suivent. Mensonges de plus.

***

En mars 1970, Pauline Julien chantait et lisait des poèmes.

On l'arrêtera et elle sera en prison pour rien avec 500 autres en octobre 1970. Simple délit d'opinion, on connaissait déjà les ravisseurs, il fallait terroriser les terroristes (!)

On s'offusque de voir un media canadien dire que le Québec est la province la plus corrompue du Canada. So what ?

C'est peut être normal dans un pays n'a jamais été qu'un mensonge.

Parlez-en aux amérindiens qui y vivent. 

12 septembre 2010

Accélérations

On dirait qu’à ce moment-ci de l’année, tout se passe plus vite. Quoi ! douze  jours sans écrire ici ? Déjà les bidules d’Halloween dans les magasins ? Déjà quatre semaines au cégep ? Déjà des feuilles qui jaunissent et tombent (heureusement, ce sont des frènes) ?

Je suis au jardin, il est presque 18h 30. Image 014

Le voici d’ailleurs par vu par la cam de mon mini-portable. Il se dégarnit tranquillement. Les annuelles sont en forme, mais il ne reste que quelques phlox, des rudbeckies et les asters qui commencent. Et dans une heure, il fera sombre le soleil sera couché, déjà.

Je m’habitue tranquillement à ne plus fumer la cigarette mais c’est dur par moments. Heureusement, j’ai un programme de fidélisation hors pair (en plus des patches): les albums de Sempé. J’ai toujours aimé ses dessins où le minuscule côtoie le grandiose, son regard ironique sur le quotidien des choses et des gens. Il ne me fait pas rire, souvent sourire et toujours rêver.

Seul défaut les albums sont chers: une semaine de cigarettes chacun. Dix jours sans tabac pour le premier, trouvé à la Librairie Pantoute pendant mon trop court séjour à Labeaume City (ie Québec).

 

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Dix jours sans tabac, ce n’est pas cher payé pour regarder cet album de couvertures du New Yorker. Les dessins, pleine page et en couleur ne veulent que rarement être drôles, ils sont des moments.

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Me voici donc en quête de tous les albums de Sempé. J’ai d’ailleurs passé une journée complète à razzier les librairies de neuf ou d’usagé entre le Plateau et l’UQAM pour me rendre compte que c’est chose rare à Montréal. On peut toujours commander mais…

Ce que j’ai fait chez mes libraires locaux. Six à huit semaines de délai. C’est que le libraire commande à Socadis, filiale locale de Gallimard, laquelle transmet à sa mère parisienne la Sodis (Gall. itou), qui envoie le tout par le prochain bateau.

Comme au temps des colonies, mais en plus régulier.

Mais malin je suis, je connais Abebooks, réseau de librairies usagés que j’aime bien (même si je viens d’apprendre qu’il a été bouffé par Amazon il y a deux ans). J’y ai trouvé trois albums vraiment pas cher chez un libraire de Nullepart-sur-Nowhere (Maine et Loire).  Je viens de les recevoir. Trois semaines après la commande. Cela m’a surpris puisque le commerçant avait utilisé un tarif postal mythique spécial exportation culturelle dur à faire admettre à La Poste elle-même, donc rarement rapide. Et probablement maritime.

Deux structures de commande, un même transport et deux vitesses.

Il y a une fable là dedans. Mais elle n’est pas claire.

Je pense que Sempé l’aimerait.

Les images sont de l’album Sempé à New York

30 août 2010

Quelques nouvelles

Depuis deux heures, j'avais écris directement dans Blogger un beau long texte que mes mains pleines de pouces ont fait s'évaporer dans le cyber espace et que je n'ai pu récupérer avant que Blogger n'enregistre automatiquement que le vide qui restait. Ça m'apprendra à ne pas passer par un traitement de texte avant d'écrire ici...

Quelques nouvelles quand même avant de me coucher. La rentrée la semaine dernière s'est bien passée, même si mon anniversaire s'est un peu perdu dans la frénésie de la période. C'est que donner un nouveau cours dans un domaine qu'on connait moins bien (les méthodes quantitatives) demande beaucoup de préparation et de concentration, sans quoi on devient plus nerveux et plus perdu que les élèves. Comme ils sont eux-mêmes encore traumatisés par leur arrivée au cégep et par l'aspect math de la chose, ça devient d'autant difficile de décoder leurs réactions. Ça se passe mieux cette semaine.

Pour le reste, cet été s'accroche. Il a fait 30 aujourd'hui et la rivière Saint-François prend un air de rio mexicain perdu dans ses bancs de gravier.

On ne s'en plaindera pas.

***

Dans la série il y a des chanteurs qu'on aime et qu'on a trop oublié en voici un dont je me suis resouvenu cet été :


qui ferait un beau mix avec son seul hit:


Et celle ci, pour la route ( pas la chanson superbe que je n'ai point trouvée)

Là dessus je vais dormir...

22 août 2010

Fin de vacances

C'est un peu la première fin de semaine. Suis passé au boulot toute la semaine, reprendre possession de mon bureau, déserté cet été pour cause de rénovations. On y a enlevé l'inoffensive amiante qui était dans les plafonds et refait les murs de bois des corridors en matière ignifuge. Reçu également mon horaire, correct dans les circonstances. En circulant lundi dans les corridors encore presque déserts du cégep, je me suis rendu compte que les vacances étaient finies. Puis toute la semaine, les réunions, la planification et quelques échappées pour se dire que la rentrée n'est pas tout à fait arrivée et que les cours commencent demain.

Que reste t'il de cet été ? Au moins, j'ai bougé plus que l'an dernier. Il y a eu la Gaspésie au début, Québec il y a deux semaines, Montréal cette semaine. De courtes visites, où je n'ai pas eu le temps de tout faire, ni de voir tout ceux que j'aurais aimé saluer. Je me rends compte que le fait d'avoir acheté une maison, d'y avoir un beau jardin porte à être casanier. Bien content de réapprendre à en sortir des fois. Je m,en promets plus pour l'an prochain.

Bien content aussi d'avoir fini par arrêter de fumer. Décision purement rationnelle, j'aimerai toujours les gestes, le pied de nez à l'obsession santé ambiante et tout le reste, mais bon, comme le sel ou le sucre c'est un ingrédient qui était de trop pour mon organisme. Je n'ai plus vingt ans. Et au moins je ne crache plus de cendriers le matin. Mais c'est dur, il y a tant de gestes et d'habitudes à oublier...

Il me faudra en reprendre de nouvelles, marcher plus. Changer la disposition de mes lieux de travail tiens.

J'ai besoin de gros barda, ça défoule...

9 août 2010

De retour, IXE 13 rules

De retour de Québec, Toujours sans tabac (c'est dur) mais on s'en courage à cracher quelques coins de cendrier tous les matins. Encore un peu mélangé.  En attendant, ce film qui ne veut rien dire mais est fondamental. pour comprendr le Québec profond.
Voici la bande annonce


Et le film, n vrai (1h 30)

C'est étrange mais profondément québécois.

31 juillet 2010

Gaspésie jour 5 Vers le retour...

Nous étions donc à Cap-aux-Os levé assez tôt pour voir passer un cargo dans la baie de Gaspé.

On a toujours dit mille merveilles de cette superbe baie, de ses capacités nautiques, avec raison, mais faute d'arrière-pays le plus beau port naturel du monde ne sera jamais qu'une belle baie. Tant mieux pour le paysage mais hélas tant pis pour l'économie gaspésienne. Après le déjeuner on reprend la route. Nous effleurons Forillon un des plus beaux coins de la Gaspésie... si on oublie qu'on a du y exproprier beaucoup de monde pour faire place aux touristes. Et les emplois promis≠ se sont évidemment pas pointés.
Les falaises de Forillon côté fleuve sont vraiment l,extrémité de la Gaspésie. À partir de ce moment notre route va direction Ouest, vers le retour, avec comme premier signal le phare de Cap des Rosiers.
De là les villages se succèdent, d'anse en anse, chacun son église, sa plage, son quai, autrefois. C'est une des choses que j'ai observé d'ailleurs autrefois tous les villages avaient leur quai puisque tout le trafic se faisait en goélette. Avec la route cette navigation s'est évaporée et le gouvernement fédéral en a abandonné la plupart, sauf dans les villages où la pêche est encore active. Je serais curieux un jour de voir la Gaspésie en goélette, de village en village comme c'était autrefois. Ou plus simplement à pied, comme l'a fait mon grand-père, de Gaspé à Sainte-Anne des Monts (180 km ). Un autre temps, un autre rythme.


Après Pointe jaune, la route qui longeait l'estuaire entre dans les terres, et grimpe sur le plateau qu'elle dévalle d'une vallée ou d'un village à l'autre. Au sommet des collines du bord de mer on a des éoliennes vers l'Anse-à-Valleau.

On passe pr un coin où j'ai déjà rêvé de m'établir: Grand Étang. D'un coté un lac

Et de l'autre la mer...

Et le chapelet de village se continue. On arrête à Grande Vallée et je constate qu'à la caisse populaire il n'y a personne au guichet automatique mais que les caissiers sont débordés. Ah la vie le village où retirer son fric demeure quelque chose d'humain, par choix même si c'est plus lent, on est pas en ville... Et Grande Vallée est un beau village:
Encore des falaises, des côtes et un autre village, Rivière Madeleine où Jacques Ferron, qui y a été médecin, a maintenant sa rue. Ensuite la route recommence à serrer plus la côte. Les villages se terrent au long des anses où se terminent des vallées encaissées dans un plateau de plus en plus élevé.  Anse Pleureuse, Gros Morne, et surtout Mont Saint-Pierre, la plus belle d'entre toutes.

Mont Saint-Pierre from magoua on Vimeo.

On dînera à Mont Saint Pierre au resto de l'hotel du village. Et après une petite virée dans la vallée

On reprend la route.

On s'arrêtera ensuite à La Martre, que j'appellerai toujours Rivière à la Martre, où mes grands parents on longtemps habité au presbytère avec mon oncle curé. Ça fait drôle de revoir un paysage trente ans uns tard un paysage dans lequel on a longtemps séjourné. Ce paysage est devenu emblématique de la Gaspésie avec son phare rouge vif :


La Martre from magoua on Vimeo.

On visite le petit musée de l'endroit et on convient d'une visite de groupe au phare cet automne. Pour ma part, je l'ai déjà visité avec son dernier gardien...

Prochaine étape Sainte Anne des Monts. On devait y coucher en principe, mais il est tôt et ma collègue qui est en forme préfère s'avancer aujourd'hui. On s'enquiert de l'auberge de jeunesse locale tout est beau et on continue. J'ai beaucoup de souvenir de jeunesse là aussi et j'aurais bien aime saluer mes rares cousins qui sont restés en Gaspésie mais ce sera pour une autre fois.

Petit arrêt à Cap Chat d'où l'on voit bien les Chic-Chocs. J'en avais gardé une image éblouissante la dernièere fois qu'on était passé ici à l'enterrement de mon grand-père. C'était en mai il faisait exceptionnellement chaud et les montagnes encore toutes blanches étincelaient dans le décor fauve et terne du début du printemps. Nous voici début juillet après un hiver doux et il reste encore un peu de neige sur les flancs des montagnes, petites taches blanches sur la photo: 

Passé Cap-Chat c'est la litanie des villages qu'on décomptait avant d'arriver chez nos grands-parents. Capucins, Grosses Roches, Les Méchins (habité par les méchinois), Saint Félicité, Matane... Une côte que je connais bien, maintenant envahie d'éoliennes qu'on aurait pu mieux dissimuler dans le paysage. On passe Matane, la collègue en forme est prête à se rendre à Rimouski. Depuis Sainte-Anne, le paysage s'est adouci, les montagnes se sont éloignées et on revient au Bas-du-Fleuve. On fait un petit croche voir les Boules (ma collègue ne croyait pas que c'était un nom de village) et apercevoir au passage les riches chalets des anglais de Métis. Faut dire que la baie est belle...

À Sainte-Flavie on reprend le bout de 132 sur lequel nous étions il y a quelques jours. Ma collègue fatigue et on convient de se payer un chic hôtel downtown Rimouski.
On est en vacances après tout...


30 juillet 2010

Idée reçue (1)

Il jouait son personnage vers la fin de sa vie mais, au fond, quel grand sensible. Et quel flair !



À écouter sous l'influence de la boésson. Ou pas.

29 juillet 2010

Changements

Dur de faire de l'ordi sans la cigarette à coté, mais va falloir s'habituer. Et comme vous l'avez remarqué, mon humeur est au changement. J'aimais bien le coté anarchique de l'ancien modèle de ce blogue, mais à l'usage, il manquait un peu de souplesse dans la mise en page à qui, comme moi, ne parle HTML que sous la torture. Et depuis un mois que Blogger-Google me titillaient d'essayer leurs nouvelles présentations plus facilement modulables, voici que j'en essaie une. 

Je ne l'ai pas encore mise à ma main, sachant que les frustrations associées à ce genre de sport sont très fumigènes.
  
Et pour le reste, ce sera dur mais je compte bien m'habituer à devenir un ex-fumeur. 

P.S. Que pensez-vous du changement ?

27 juillet 2010

Le dernier ?


Terminé hier, vers 13h. On tient le coup, j'essaie les timbres nicotiniques (patches, en bon québécois).
 Ça leur apprendra à faire des paquets de Player's rouges avec des flitres beiges pis un papier même pas alu ;-)

23 juillet 2010

Contact

Je n'aime pas tellement la mère Bardot d'ordinaire. Mais elle a fait de très belles chansons dont celle-ci qui est un hommage au temps qu'on aimait perdre, autrefois.



On a comme le gout de s'allumer un joint ;-)

Gaspésie tome quatre: et ils se reposèrent.


Il est 5h30 du matin, le soleil se lève tôt en Gaspésie, et quand on voit ça de sa chambre, on sort.



Chaque fois que je sors de l'auberge, je vois cette pancarte plantée croche que je trouve bien ironique: 
Réouvrir une prison, voilà des fondations pour réussir !

Dans le village désert ou presque, je me rends vers La boîte à lunch, seul restaurant ouvert à cette heure où les touristes dorment. J'y déjeunerai plus tard avec ma collègue d'un excellent pain doré, pour le moment c'est l'urgence café. Un vieux freak échoué ici me bumme une cigarette. Le quai est très actif, couvert de pick-ups. 


 C'est qu'on pêche le homard à Percé ! Comme je n'aime pas manger ces gros insectes, je me contente de regarder de loin les manoeuvres des bateaux qu'on vide de leurs cages. Et je bois tranquillement mon café en regardant le paysage et les vagues se casser sur la grève. Ne rien faire, humer l'air, se couler dans le paysage, c'est cela les vacances.


Après déjeuner et quelques errances avec ma collègue, on s'enquiert des activités possibles début octobre. L'excursion à l'ile Bonaventure sera peu probable à ce temps là, ce sera selon la météo, nous dit-on. Nous restera le centre d'interprétation logé dans les anciens entrepôts des pêcheries Robin. Nous visitons, premiers et seuls touristes dans l'exposition.  


Une dernière marche sur la grève, un dernier coup d'oeil au Rocher...

Et on embarque dans la machine. La route entre Percé et Coin du banc est assez étourdissante et pour se remettre un peu on cherchera (vainement) des agates sur la plage de ce petit village.
Et nous continuons la route qui serpente le long de baies de plus en plus grandes. À la pointe les séparant, toujours la vue sur Percé qui s'éloigne de plus en plus.
Nous entronds finalement dans la grande baie de Gaspé qui se subdivise elle-même en plusieurs autres. Arrêt à l'auberge de jeunesse de Douglastown pour s'enquérir des possibilités, et on file ensuite vers Gaspé étape prévue pour le dîner. Le ciel se couvre mais nous dénichons juste à temps un bon petit resto le café des artistes, bonne bouffe et belle vue sur la baie.

Il est encore tôt mais voilà qu'il pleut, sans trop le dire nous sommes assez fatigués. On a une autre auberge à voir à Cap aux Os et on verra la suite. Une heure plus tard, on arrive à l'auberge où une étudiante du cégep nous reçoit (le monde est petit). On visite, il n'y a plus de chambres mais un motel juste à coté. Crevés que nous sommes, le motel est la bonne solution. De la place, chacun notre chambre.  Il pleut toujours, on est le premier juillet et, à la télé, la souveraine y va de ses banalités canadiennes, tout concourt donc à la sieste.
Il y aura ensuite le jeu des nuages dans la baie de Gaspé

Un bel arc-en-ciel


Et un bon souper dans le restaurant presque chic de l'auberge de jeunesse. Seul inconvénient toutes les tables d'hôtes proposent du poisson et des fruits de mer. Comme je ne mange ni un ni l'autre, j'en serai quitte pour un spaghetti sauce à la viande, excellent au demeurant.  s'il me souvient bien c'est d'ailleurs le plat maison le plus mangé au Québec.

Restons touristes. 

21 juillet 2010

Gaspésie troisième étape

On commence le mitan de l'été et des vacances. La journée s'annonce orageuse après un matin frais, répit apprécié des grosses chaleurs des dernières semaines. J'ai terminé le gros de l'installation du mac mini, me reste maintenant à essayer de réseauter l'ensemble. Une chose entraînant l'autre, cela risque aussi de se transformer en grand ménage de l'appart puisque je jongle à déplacer pas mal de chose dans ce logement où je campe plus ou moins depuis mon installation. Tout ça est encore flou, aussi retournons en Gaspésie.

***

On est mercredi, il fait un temps splendide et après un bon déjeuner de crêpes arrosées de sirop d'érable, on part vers le parc de Miguasha. Ce parc est le plus petit du réseau des parcs nationaux du Québec. On y va donc pas pour les grands espaces, mais pour la faune qui y est remarquable, d'autant plus qu'elle n'existe plus depuis des centaines de millions d'années.

La falaise fossilifère de Miguasha Source: Parc de Miguasha

C'est que le parc protège une falaise où affleure un gîte fossilifère du Dévonien (il y a 315 millions d'années)  qui permet de voir des empreintes de poissons, de plantes et autres dans un état de préservation exceptionnel. On a même vu un fossile où on distinguait les veines du poisson ce qui dit l'état exceptionnel de conservation des empreintes. Certaines espèces qu'on trouve là se situent juste avant leur transition sur terre et par là probablement de lointains ancêtres.

L'environnement au moment de la mise en place des fossiles. Les Appalaches sont de jeunes montagnes très élevées qui bordent un estuaire situé en climat tempéré chaud, au Sud de l'équateur. 

Après avoir diné sur la terrasse du musée, on a repris la machine pour aller vers Percé. La côte de la Baie des Chaleurs est remarquable par la diversité de la population de ses villages. Maria est amérindien. Carleton, Bonaventure et tant d'autres sont acadiens. New Carlisle est tellement loyaliste qu'on se croirait dans les Cantons ou en Ontario, même que la statue de son fils célèbre qu'est René Lévesque y est plutôt cachée. Paspébiac (on dit Passepeya) est encore plus étrange parce que jersiais mâtiné de toutes les origines. On y parlait autrefois avec un accent incompréhensible pour le reste de la planète.

C'est d'ailleurs en voulant y prendre des photos des anciens magasins des pêcheries Robin que je me suis rendu compte que le Poc! entendu au départ de Maria était bel et bien le bruit de mon appareil photo tombant, oublié sur le toit de la machine. Grande perte pour l'iconographie de ce billet. Après avoir vainement cherché un magasin spécialisé à Chandler et autour me suis rabattu sur mon ami Jean Coutu de Pabos qui avait une petite caméra Kodak pas chère qui me dépannera en attendant. 

Première photo, en direct du stationnement du Jean Coutu. Même s'il faisait beau, la mer était houleuse

On continue vers Percé. La côte du Nouveau Brunswick ne nous accompagne plus depuis longtemps et c'est maintenant le Golfe du Saint-Laurent que nous longeons. On imagine la Gaspésie truffée de quais et de ports, or il n'en reste plus que quelques-uns encore actifs et la plupart des quais de villages ont étés abandonnés. 

Le havre de Sainte Thérèse de Gaspé est un des rares encore actifs

Au loin, les montagnes de Percé commencent à apparaître, mais les nombreuses haltes municipales du coin sont tentantes, juste pour voir et entendre les vagues se briser sur les plages.

Près de l'Anse-à-Beaufils, on voit au loin, à droite, le nez de l'île Bonaventure

Et nous arrivons finalement à Percé. On s'enquiert de l'auberge de jeunesse: il y a des chambres et on s'installe. J'ai un rapport étrange avec cet emblème de la Gaspésie. C'est un paysage tellement vu mais tellement beau qu'on a toujours de la misère à y croire. Et comme je suis plus habitué à séjourner dans des villages moins fréquentés, l'abondance des boutiques et des touristes font que je m'y sens plus à Montréal que dans la vraie Gaspésie. Mais la saison n'est pas commencée, le village est désert profitons du calme pour apprécier le site au bout du quai.


Percé from magoua on Vimeo.

 Voila prochaine étape Percé - Cap-aux-Os. Pour le moment on annonce de gros orages aujourd'hui, je crois que je vais les chasser, en direct de ma galerie ;-)


19 juillet 2010

Un peu de Docteur Ferron

Il y a de ces choses sur le web qu'on est toujours content de revoir. Ainsi cette entrevue radio  étrange de Jacques Ferron et de Pierre Paquette. On y parle de sa soeur Merluche, femme du juge Cliche, de Castonguette chère carte d'assurance maladie, Mais on entend aussi un médecin fatigué qui avait la mauvaise habitude de tester les médicaments qu'on donnait aux fous pour les calmer. Lui soignait le corps et sceptique des médicaments de l'âme, on est en 1975.
Tout fatigué qu'il est Ferron est ici un des êtres les plus allumés qui soient.

http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/dossiers/1636-11275/

Cette entrevue me soigne l'âme à chaque fois que je l'écoute. Peut-être parce que c'est de lui que je tiens mon surnom de magoua, que j'ai appris dans ses livres. Et qui me va bien, mais pas toujours.

La deuxième partie est pire,
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/dossiers/1636-11279/

14 juillet 2010

Gaspésie deuxième fournée

Tout d'abord mes excuses pour mon retard à faire ce compte-rendu, suis pas mal occupé au jardin à lutter contre les pluies fortes (je déteste tuteurer) et une invasion de scarabées japonais qui avaient décidé de faire de mon rosier une salle d'orgie où ils copulaient à deux trois, même quatre. J'ai oublié de prendre des photos pour les amateurs mais leur ai joyeusement donné une douche de End All insecticide à peu près bio pour éviter leur reproduction et les dégâts ultérieurs. Sont morts en copulant, comme Félix Faure, grand bien leur fasse. 

Par ailleurs sur le front informatique, mon vieil ordi sous Windows, déjà cacochyme avant mon départ agonisait à  mon retour, refusant de se réveiller suffisamment pour que je puisse copier les nombreux fichiers que j'avais négligé de copier en sûreté. Comme suis nul en bidouillages informatiques j'ai fini par ouvrir accidentellement Windows en mode sans échec et depuis je le vide de sa substance. Il sera remplacé plus tard aujourd'hui par un Mac mini qui sera le coeur du boudoir multimédia que deviendra mon ancien bureau. Beaucoup de barda en vue... mais revenons en Gaspésie.

***

Nous sommes mardi, à Rimouski chez mon ami le microclimatopithèque. Le jour est gris mais ne semble pas trop pluvieux. Comme il est en plein déménagement, impossible de se faire à déjeuner aussi il nous invite à le suivre à la café de l'université (du Québec à Rimouski). Bonne bouffe dans l'ambiance brique brune, tuiles rousses et béton gris de cette aile typique des constructions scolaires des années 1970. Il nous fait les honneurs ensuite des divers labos de son département (chimie-bio-géo, on fusionne large à l'UQAR) répartis un peu partout dans les vielles ailes du couvent des Ursulines. Le lieu où travaillent les étudiants chercheurs qui surveillent l'érosion des côtes est logé dans les combles du vieux couvent, vue magnifique sur le fleuve mais aussi entassement joyeux d'un département de géo dynamique et en croissance, ce qui me rassure. 

Mon ami nous fait visiter ensuite le hangar où il construit des instruments d'acquisition de données climatiques. Il s'agit de haute technologie. Par exemple, les tubes servant à mesurer le régime thermique des falaises où ils sont forés sont remarquables d'ingéniosité. Leur système d'insertion est aussi sophistiqué. On comprendra que je n'aie pas pris de photos pour éviter l'espionnage industriel, mais sachez que parmi les composantes de ce système, il y a notamment des 2 par 4, des glissières de porte patio, une planche à découper les légumes et de l'isolant à calfeutrage de fenêtres. On ajoute un peu de poudre à bébé pour lubrifier et voilà votre falaise entubée, prête à enregistrer sa température aux heures à tous les 10 cm sur deux mètres pendant plusieurs mois. Suffit ensuite d'être un peu acrobate pour récupérer les données.

J'ai l'air de me moquer mais, au contraire, depuis des années que je le connais, mon ami microclimatopithèque invente ce genre d'instruments de mesure faits à partir de composantes ultramodernes comme les capteurs thermiques combinés à d'autres venues du Canadian Tire du coin. Ces instruments nouveaux permettent des mesures nouvelles qui font mieux comprendre les processus d'érosion des falaises et des littoraux et ainsi de délimiter les zones à risque. Et ce n'est qu'un des talents de ce vieil ami. (Comme ce genre de mesures tend à confirmer les risques liés au réchauffement climatique, on comprendra que le gouvernement fédéral conservateur soit de moins en moins porté à les subventionner) 

***

Reprenons donc la route 132  vers la vallée de la Matapédia, direction Escuminac sur la baie des Chaleurs. C'est que nous ferons le tour de la Gaspésie à l'envers, du flanc Sud de la péninsule vers le Nord. C'est un bon truc: il y a moins de circulation et on évite de se retrouver trop souvent à rager derrière une caravane poussive. Comme nous ne sommes pas encore en saison, le trafic est encore plus mince. À partir de Sainte-Flavie, on entre dans l'arrière pays, par la vallée de la rivière Mitis.

Comme tous les arrières-pays des Appalaches, c'est un monde de collines où l'on vit un peu d'agriculture,  beaucoup de bois, de tourisme l'été et trop souvent de chômage. De beaux villages avec de grandes églises mais on a l'impression que la vie s'y étiole un peu, les gens vieillissent, les jeunes s'en vont, les écoles ferment le pays se désâme.

On passe insensiblement vers le versant Sud de la Gaspésie, il y a tout d'abord le grand lac Matapédia encore bordé de village sur sa rive Ouest et de montagnes plus sauvages sur son flanc Est.


On dïne près la décharge du lac, à Amqui. Une petite ville coincée entre le fond de la vallée et des versants sur lesquels elle déborde et qui nous rappelle un peu Sherbrooke. On y dîne dans un chic Dixie Lee, fast-food local réputé pour son poulet frit, très fréquenté par habitants du coin. Pour tout dire, je crois que son succès tient plus à l'absence de concurrence qu'à la qualité de la nourriture.

Nous reprenons la route dans la vallée de la Matapédia qui s'ensauvage et s'encaisse de plus en plus. Après Sainte-Florence aucun village sur 60 km. Il n'y a que la route, le chemin de fer et quelques camps de pêche au saumon. À peine le hameau de Routhierville et son pont couvert que nous allons explorer.


Le pont vu de la halte de la route 132
C'est un des plus longs du Québec, on peut encore y circuler.
La rivière Matapédia vue du pont. Une eau claire qu'on boirait sans crainte.

Après Routhierville, la route joue à saute-mouton avec le chemin de fer, le temps gris brumeux et bruineux fait de beau effets dans les montagnes. À son embouchure, la Matapédia se joint à la Restigouche et les deux forment un delta qui fait le fond de la baie des Chaleurs.

Ristigouche est un lieu important dans notre histoire. C'est ici en fait que s'est livrée la dernière bataille de la Nouvelle-France. Une bataille mi navale mi terrestre. C'est qu'après la bataille d'Abraham à l'automne 1759, les Anglais se retrouveront à leur tour assiégés dans Québec au printemps 1760 à la suite de la victoire des Français à Sainte-Foy. Les deux armées sont épuisées, les vivres et les munitions manquent et on convient que le verdict final appartiendra à celui qui sera réapprovisionné en premier. On sait que les Anglais le seront, mais de peu puisque la flotte française suivra 10 jours plus tard. Elle se repliera ici au fond de la baie des Chaleurs où avec la complicité des Amérindiens et des Acadiens réfugiés, les Français prendront position. 

Je laisse le soin à Parc Canada de terminer ce récit, mais sachez que contrairement à ce qu'on dit, la France n'a pas lâché sa colonie à ce moment et que, au contraire, sa petite flotte s'est battue fort honorablement dans une situation quasi désespérée. Le centre d'interprétation qu'on y trouve est fort intéressant, rempli des trouvailles qu'y on fait les archéologues dans ce qui restait des navires. Et en plus, la vue sur le début de la baie des Chaleurs est fort belle.

Maintenant instruits, il ne nous restait plus qu'à trouver l'auberge de jeunesse où nous comptons faire étape avec nos jeunes cet automne. Il seront en dortoir dans la maison près de la route, mais le prof bourgeois que je suis a déjà réservé sa chambre au Château Bahia, un peu plus haut sur le même site. 


Ce n'est qu'une aile de cette folie en plein bois, probablement la plus étrange auberge de jeunesse que j'aie vue. Une belle histoire aussi racontée par son constructeur. Et après un souper dans un bon petit resto de Carleton, je dormirai dans une tour sous la bruine. 

Prochain épisode: Entre Escuminac et Percé, plus ou moins de Kodak.