31 décembre 2006

Bonne année

Meilleurs voeux à tous à tous mes visiteurs que j’ai négligés depuis un ti bout, trop pris par les fêtes. Je vous souhaite de la santé, des joies grandes et petites, et surtout de garder l’œil ouvert sur le monde. Il n’est pas toujours si déprimant.

Le temps qui passe rend plus intelligent.

En général

13 décembre 2006

L'ineffable bimboïté d'Anne-Marie Losique

On dit que le web est une source d’informations précieuses. Voici donc les titres les plus lus de trois sites de quotidiens de référence, en ce mardi 13 décembre à 17 heures :


Nouvelles les plus lues (Cyberpresse)

Anne-Marie Losique est-elle une vraie bimbo?

Un cadeau pour Gainey

Une apprentie geisha révèle de chastes secrets sur son blogue

Des procureurs de la Couronne menacés

Portrait des gangs montréalais

Most popular (E Mailed) , New York Times

1. For Getting Baby to Sleep, Sticking to a Plan Is What Counts

2. In Tuition Game, Popularity Rises With Price

3. From Hungary, for Hanukkah, From Long Ago

4. So This Manatee Walks Into the Internet

5. Skype’s Free Phone Call Plan Will Soon Have Annual Fee

6. All but Ageless, Turtles Face Their Biggest Threat: Humans

7. Music: Revisiting a Bleak Album to Plumb Its Dark Riches

8. Market Place: Visions of Bonus Heaven in Goldman Sachs Profit

9. Huge Profit at Goldman Brings Big Bonuses

10. Web Site Hunts Pedophiles, and TV Goes Along

VOS RECOMMANDÉS, Le Monde

L'ancien président américain Jimmy Carter accuse Israël de pratiquer l'"apartheid"

L'inélégance de Nicolas, par Dominique Dhombres Opinions

Cisjordanie : la peur au compteur Horizons

Dans un de ses derniers discours, Kofi Annan critique sévèrement l'administration Bush

La banquise du pôle Nord pourrait avoir disparu l'été, d'ici à 2040 Environnement

Le médiocre bilan écologique des partis au pouvoir Environnement

Les mères meilleures que les pères, par Sylvie Kauffmann Opinions

Israël et la bombe Opinions

***

Bien sûr que les méthodes de sélection varient, mais tout de même, on annonce une réforme du Sénat canadien, Bernard Lord prend sa retraite, mais ce qui inquiète le plus le lecteur de Cyberpresse, c’est la poitrine d’une pétasse médiatique.

Le Québec fait atrocement dur par moments

9 décembre 2006

Errances cartographiques

L’hiver est là, les choses se tassent. Même pris la peine de gratter les deux centimètres de neige de la galerie d’en avant. Dans deux mois, il n’en sera plus question. Finalement pas de remplacement à faire, le prof sera rétabli. Et dans le fond, c’est tant mieux, j’aurai plus de temps pour travailler le nouveau cours.

***

Trop d’errances sur internet dernièrement. Ça m’a permis tout de même de trouver de bons sites cartographiques, dont un blogue, le magique Strange Maps (en) qui est un bijou. Je n’ai pas résisté à lui emprunter cette carte issue de chez Daily Kos :


Oui c’est à peu près ça le monde de Dubya Bush. Et c’est sans doute après avoir rencontré Jean Poutine*qu’il s’est souvenu qu’il y a un coin français dans Just like the U.S. On en conclut que même Bush sait qu’il y a du schmilblick dans ce bout là.

C’est presque inquiétant.


* Un jour Rick Mercer, celui qui s'est baigné tout nu avec Bob Rae, a piégé Bush sur le nom de Jean Chrétien, vidéo accessible via Wikipedia, en bas de l'article.

2 décembre 2006

Décembre débute

Il tombe une petite neige sur Sherbrooke. Hier, on a eu des éclairs. Avant-hier, il faisait 18. Si on fait la moyenne de tout ça, on en vient à une normale. Quand même, les décorations de Noël me semblent moins déplacées sur fond blanc.

Après un saut à Montréal me voici de retour à Sherbrooke depuis jeudi. Au répondeur un message : un prof est hospitalisé possible que je le remplace en partie cet hiver. En moins d’un mois, ma tâche et mes revenus pourraient tripler. Comme quoi la précarité en enseignement confirme un vieil adage : le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Vu à Montréal l’exposition Girodet au Musée des Beaux-Arts. J’aime bien ce genre de peintre inconnu qu’on nous fait découvrir. C’est de la peinture bien léchée, classique comme on l’était au début du 19e, avec une certaine audace qui l’amène chez les romantiques. Ce tableau m’est tombé dans l’œil.

Anne-Louis Girodet, Endymion, effet de lune.

J’aime bien cette ambiance étrange, déjà romantique, pas loin du symbolisme. Un drôle de pistolet ce Girodet qui aimait peindre des arabes au moment où l’Europe se remet à l’Orient. C’était un peintre bien établi dont connait peu la vie privée, ses amis ayant brulé sa correspondance (compromettante?) à sa mort. À cette époque cela veut tout dire, on a brûlé celle de d’Alexandre von Humboldt pour cacher son homosexualité. Disons que sa sensualité est bien masculine…

23 novembre 2006

Le Québec est un schmilblick

La voltige sur l’existence d’une nation au Québec devient hautement divertissante. Rappelons les faits. Désespéré de recueillir des appuis au Québec, l’intellectuel autoproclamé et candidat à la tête du pati liberal federal Ignatief propose de reconnaître éventuellement le Québec comme nation. La chose est entérinée par l’aile québécoise de son parti, sous l’œil méfiant de ses adversaires Bob Rae et de Steph Dion, qui craignent de rouvrir la boîte de pandore constitutionnelle.

Les nationalistes québécois s’en amusent, forcent le débat à Québec et aussi à Ottawa où le Bloc Québécois propose à la chambre des Communes cette motion : «Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.»

Voilà t’y pas que le bonhomme Harper en remet une couche et propose habilement cette motion : « Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. », à la grande joie des libéraux et des néo-démocrates. Et voilà que le Bloc amende sa propre motion y ajoutant «actuellement au sein du Canada» lequel est uni, jusqu’à nouvel ordre (ou référendum).

Il faut lire les réactions outrées du National Post, où Coyne agite le spectre belge. On est confus au Globe and Mail (accès payant), heureux à La Presse (entendu ce matin) et défiant au Toronto Star. Je viens d’entendre à la radio le suave Bob Rae déclarer n’avoir rien contre cette motion, à condition qu’elle n’ait aucune portée juridique. Les commentaires sur le site du Toronto Star vont en tout sens, entre la reconnaissance du fait national québécois (langue, culture, etc.) et le classique Let’s ship them all back in France.

***

Aussi ce blogue, ne reculant devant rien pour ramener la paix dans les foyers y va de sa propre motion : « Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment un schmilblick au sein du Canada. ». Comme on le sait, le schmilblick est quelque chose qu’on ne connait pas, qui ne sert à rien, mais qu’il faut faire avancer.

Comme le Canada ?

18 novembre 2006

Le paysage ? Connais pas.

Semaine assez chamboulée mais heureuse, qui se termine sur le doux temps d’hier, 18 degrés le matin, ça fait toujours plaisir, même si on sait que ça ne durera pas. Ce matin, retour en novembre mais, au moins, il ne pleut pas et on voit même le soleil entre les nuages.

***

Parmi les choses que je n’ai pas eu le temps de relever, il y cette déclaration de Paul-Louis Martin, au Devoir à l’occasion de son prix Gérard-Morrisset : «On n'enseigne pas aux jeunes à voir le paysage, à apprécier ses grandes lignes de force et son esthétisme, contrairement à ce qui se fait en France, par exemple, où une loi oblige les enseignants à consacrer 10 % de leur temps à sortir les enfants et leur faire découvrir les monuments, les vieux quartiers. Ils vont sur le terrain. On est encore loin de ça au Québec.»

Touché. Dans mon propre domaine, la géographie, le terrain est essentiel pour comprendre, voir et sentir les choses. Pourtant, depuis quelques années, tous les départements universitaires, à des degrés divers, se replient vers la géomatique ou le traitement d’images satellitaires. C’est utile pour l’emploi mais on en vient à voir le monde comme une somme de données à traiter. En géo humaine, on se noie dans les logorrhées postmodernistes ou dans les traitements statistiques toujours plus sophistiqués. Il n’y a que les praticiens de la géographie physique à sortir, en attendant les robots échantillonneurs.

Au secondaire, c’est pire. Le nouveau programme, en plus de réduire le temps consacré à la géographie, en a éliminé la composante milieu naturel (refilée aux sciences) pour traiter d’enjeux territoriaux, de conscience citoyenne planétaire (compétences 2-3). Deux énoncés intéressants mais qui cèdent à mode des buzzwords contemporains. La compétence 1 «lire l’organisation d’un territoire» fait appel aux documents, aux sentiments, aux constructions humaines et néglige évidemment le milieu physique ou biologique qui, comme on le sait, n’est pour rien dans l’aspect d’un paysage.

L’autre problème au secondaire, c’est évidemment la lourdeur bureaucratique. Sortir une classe demande des autorisations, des ruptures d’horaires, des frais, des réquisitions. Contrôler une classe de 32 jeunes souvent mal élevés et lâchés lousses dehors est difficile. Pourtant l’écologie des mauvaises herbes est fascinante. L’interprétation du bungalow ou des duplex montréalais réserve plein de surprises. Sans compter les sorties patrimoniales qu’on ne fait plus, on préfère les glissades d’eau. Ou un match de hockey comme certains de mes étudiants cette semaine.


Tout cela est désolant. Je dois pourtant à Paul-Louis Martin un peu de ma vocation de géographe. J’avais dévoré son petit guide culturel de Rivière-du Loup et son portage que je rêve d’adapter à l’Estrie un jour. J’y ai appris à regarder le monde, à le questionner, à en être curieux, ce qui me permet de l’aimer toujours plus. Mais c’est dépassé tout ça, le virtuel est plus simple.

***

Après ça, on se demande pourquoi nos jeunes sont mélangés. Il ne savent ni d’où ils viennent ni où ils sont.

15 novembre 2006

Une bonne nouvelle

Pas écrit depuis quelques temps, mais pour cause de bonne nouvelle: un nouveau cours à préparer pour cet hiver. Inattendu et jouissif, ça stabilise les phynances à l’horizon du printemps, d’autant plus que ce cours pourrait être récurrent à chaque année. Ne m’en manque qu’un seul de plus et je deviens fonctionnaire de la précarité. Mais un cours à préparer, c’est du boulot.

Et en plus me suis débarrassé des restants de ma bronchite de fumeur en utilisant le truc d’un bon ami grano : une gousse d’ail croquée par jour. Ça éloigne le docteur, et bien du monde aussi ;-)

Et pour le moment, Schoenberg et l’OSM en direct

4 novembre 2006

Questionnaire d'époque

Il y a toujours des questionnaires qui circulent sur le web. Utile quand on est pas trop inspiré...

1- Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne

… ont ainsi produit toute une gamme de systèmes agraires, fondamentalement différents…

(extrait de l’Histoire des agricultures du monde de Mazoyer et Roudart, un classique et génial bouquin)

2- Sans vérifier, quelle heure est-il ?
14h 15

3- Vérifiez
14h 35 –comme le temps passe

4- Que portez-vous ?
Fidèle chandail de laine, vieux jeans

5- Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?
Internet, le blogue de Jonas, ce qui m’a donné l’idée de me l’auto-administrer

6- Quel bruit entendez-vous à part celui de l’ordinateur ?
Ce n’est pas du bruit, quoique le mix de Gigi L’amoroso et d’une polonaise de Chopin sur ce CD que je me suis fait est vraiment étrange

7- Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu’avez-vous fait ?
Suis allé m’acheter le Devoir du samedi et des cigarettes (le dernier paquet?) au dépanneur ; et si sortir c’est dans un bar, alors la traditionnelle bière du jeudi aux Beaux Dimanches.

8- Avez-vous rêvé cette nuit ?
Sûrement mais je ne me souviens jamais de mes rêves, sauf en cas de grippe.

9- Quand avez-vous ri la dernière fois ?
Jeudi au traditionnel tournoi de calembours et de jeux de mots du 5 à 7. J’ai scoré quelques points ;-)

10- Qu’y a t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ?
Quelques toiles d’amis en général, des reproductions d'autres toiles et sans doute quelques toiles d’araignées, je viens de rentrer mes plantes.

11- Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
Les œuvres complètes d’Élisée Reclus et la paix de mes créanciers divers.

12- Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
Playtime de Tati (Voir plus bas)

13- Avez-vous vu quelque chose d’étrange aujourd’hui ?
Rien sinon les quelques flocons qui commencent à tomber depuis que j’ai commencé ce questionnaire

14- Que pensez-vous de ce questionnaire ?
Intéressant, ça fera toujours un truc de plus dans le blogue.

15- Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore
Tant à dire… et c'est bien comme ça

16- Quel serait le prénom de votre enfant si c’était une fille ?
Impossibilité biologique

17- Quel serait le prénom de votre enfant si c’était un garçon ?
Ditto

18- Avez-vous déjà pensé à vivre à l’étranger ?
Pas vraiment, à moins d’une charge cours… c’est l’étranger Trois-Rivières ?

19- Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?
Qu’il n’existe pas.

20- Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?
Plus de compassion, en général.

21- Aimez-vous danser ?
Pantoute, sauf sur Marcia Baila des Rita Mitsouko

22- Georges Bush ?
Crétin en chef

23- Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?
M’en rappelle plus, ça fait quasiment un mois

24- Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?
Qui le veut bien.

3 novembre 2006

Deux découvertes

Il ne faut pas se le cacher, l’hiver arrive. Quelques flocons ce matin et ce soir la lune est de ce bleu froid de janvier. Je rentre d’une course au dépanneur et j’ai regretté de ne pas avoir mis mon manteau d’hiver.

***

Semaine assez occupée à préparer et à migrer mon cours vers Power point. J'ai enfin trouvé un logiciel pour un bordélique comme moi. Picasa n’est pas une grande nouveauté, mais fait très bien ce que je veux faire : trouver mes photos ou scans rapidement dans l’ordi. Et en plus il y a un petit module de retouche d’images qui fait précisément ce dont j’ai besoin : redresser des scans croches en trois secondes, rogner ou découper des images et les copier directement sur une diapo. Pas plus, mais ca suffit pour moi qui se perd dans Photoshop ou Gimp. Son seul défaut : il trouve tellement vite toutes les images d’un ordi qu’on se demande si son parent Google n’est pas si désintéressé de nous l’offrir gratos.

***

Deuxième découverte, via Sale bête, The Library Thing. Un site vraiment génial de gestion de bibliothèque personnelle. Depuis un an que je songeais à faire l’inventaire de mes 1500 (ou 2000?) livres, j’étais tout simplement découragé par l’ampleur et l’ennui mortel d’entrer toutes ces informations. Or ce site permet tout simplement de copier d’un clic les données de certaines bibliothèques (Library of Congress et U de Montréal, entre autres) ou encore celles d’Amazon.com dans un catalogue personnel. On ajoute des mots-clefs (tags) et ouala !

Il y a également un aspect communautaire intéressant : la plupart des utilisateurs laissent leurs bibliothèques ouvertes à tous, on peut bouquiner chez les autres, écornifler un peu et même copier les fiches de livres communs, ce qui allège encore la saisie des données Il y a aussi toute la panoplie des groupes de discussions et autres. On sent derrière ça une très petite équipe qui aime simplement les livres. Gratuit pour les 200 bouquins et moins, 10$ par an ou 25$ à vie pour les autres, j’achète !

C’est devenu rare un abonnement à vie…

25 octobre 2006

Playtime

Il fait un temps d’automne exemplaire. Gris, humide et frais. Cela me porte à me replonger dans le ménage, le lisage et même le visionnage de films.

À ce propos, même si je ne vois que peu de films, je suis en train de développer un culte pour Tati et notamment son Playtime que je me suis repassé encore hier. Sans dialogue ou presque voilà un film qui en dit plus sur la condition moderne que les œuvres bavardes de Denys Arcand, que j’aime bien pourtant. C’est que Tati montre plus qu’il ne raconte. Il me fait penser aux tableaux de Brughel, ces paysages où l’œil trouve toujours des choses nouvelles à voir dans un coin. D’où le plaisir à revoir encore et encore certaines scènes. Et le personnage est vraiment attachant comme en témoigne cette entrevue aux (très riches) archives de Radio Canada.

***

Lire l’histoire de la province de Québec de Rumilly est toujours divertissant. Aux tomes 8 et 9, on en est à la guerre des Boers (1899-1902). On y commence une vieille tradition : le Canada Anglais veut s’engager dans cette guerre impériale, le Canada Français ne veut rien savoir. Laurier fafine et aide sans aider officiellement. Aujourd’hui, la puissance impériale n’est plus la même mais les opinions n’ont pas tellement changé.

23 octobre 2006

Une photo du magoua

Que reste-t-il de nos amours ?
Que reste-t-il de ces beaux jours ?

Une photo, vieille photo
De ma jeunesse

- Charkes Trenet

Un soir, je suis tombé sur l’histoire de l’Association Étudiante du Collège Édouard Montpetit. Je m’y suis trouvé à la deuxième moitié des années 1970, de belles années de ma vie, où j'ai obtenu une sorte de DEC en Cégépologie qui a d'ailleurs nui aux débuts de ma carrière universitaire. Je suis content de constater que les organismes que nous avons établis dans le temps sont toujours là. Leurs problèmes aussi. Mais que de beaux souvenirs. Et le vertige d’être devenu objet d’histoire Qui fait viellir. Un peu.

***

Aussi donc moment historique dans ce blogue, une première photo du magoua.

Et même un jeu : dans cette tablée d’assemblée générale où est le magoua ?

Avantage à ceux qui me connaissent depuis au moins vingt ans.

C’est mon âge sur la photo.

20 octobre 2006

Lectures

Il fait une pluie drue et un vent terrible. On signale de la neige un peut partout autour mais pas ici; on ne serait pas surpris que le tapis d’hermine frappe d’ici demain. Journée donc à rester encabanné et à lire.

Repris la savoureuse Histoire de la province de Québec de Robert Rumilly, longtemps bloquée faute de tome 8. On est en 1897, Laurier sauvera t’il le droit aux écoles catholico-françaises du Manitoba ? On attendra 90 ans pour régler la question. Et il ne me reste que 33 tomes à lire. Prolixe, le Rumilly.

***

Lu la semaine dernière Sexe et dépendances de Stephen McCauley. Livre agréable, profondément superficiel comme l’époque (post 11 septembre) ainsi que le milieu gai et immobilier de Boston. Il y a une ironie chez ce gars qui ressemble à celle de Duteurtre, c’est léger, bien écrit, facile à lire (recette de créative writing?) mais s'y prend à réfléchir quand même un peu.

***

Entamé aussi l’Humain isolé, apport de Louis Hamelin dans la série Écrire (aux Trois Pistoles de VLB). Ça promet : «Écrire et se rappeler sont une seule et même chose. Les mots sont une arme. Gardez votre coup de poing américain au fond de votre poche pour le jour où vous en aurez besoin. ». À savourer lentement, le livre est bref.

16 octobre 2006

Un peu de science

J'ai toujours aimé cette revue scientifique. Elle attribue d'ailleurs les IgNobel et celui qui a remporté le prix de littérature me semble particulièrement intéressant.
(Via Phersu)

8 octobre 2006

Discrimination

Étant en visite à Montréal, j’ai vu hier (trois semaines après tout le monde) la rediffusion d’un reportage d’Enjeux sur la discrimination. Le principe est simple : une enseignante de troisième année du primaire divise arbitrairement sa classe en grands et petits et accorde sciemment des privilèges à un des sous groupes. Étonnant de voir à quel point les enfants se prêtent au jeu et en remettent même. Les enfants sont touchants, la prof aussi. Ça fait également comprendre comment il est facile de faire des petits nazis ou tout autre genre d’extrémistes en désinformant les gens. On en vient même à se demander ce genre de manipulation ne vient pas expliquer les étranges comportements des gens de Québec qui suivent aveuglément les propos bêtes de leurs héros à la Arthur ou Filion.
***

Mais tout de même, me semble qu’il y avait plus de disciplines dans nos classes du primaire, et sans enlever au mérite de l’enseignante, il me souvient d’avoir lu dans un texte d’Hannah Arendt que l’autorité du maître permet de contrer la tyrannie du groupe d’enfants laissés à eux-mêmes. C’est un texte que j’ai longtemps fait lire à mes futurs profs, histoire de les désintoxiquer du charabia pédagogique dominant.

Document à voir et revoir bien archivé sur le site de Radio Can.

2 octobre 2006

Pendant que tussilage....

Pendant que ma tisane de tussilage macère, question d’éloigner la classique bronchite de fumeur consécutive au rhume. Peu de choses à dire sinon du quotidien. Fait du bien de faire de la bouffe avec la coloc, ça améliore l’ordinaire. Heureux que le Québec permette au Capitaine et à son Lapin de se marier. Et bien des marches de géographie urbaine avec les étudiants. Inégales d’un groupe à l’autre. Mais toujours agréables; quoi de plus utile que de montrer la ville, ses briques, le pouvoir qu'elles disent et peut être simplement apprendre à regarder le monde.

Un incident quand même. Quand j’expliquais les dimensions sociales des villes et la ségrégation de plus en plus grande qu’on y constate avec le repli des classes moyennes vers les banlieues, voilà que passe une dame qui ramasse les canettes vides. Ce sont des choses qu’on aime pas voir. Mais qui aident à faire passer un discours sur la fonction égalisatrice des écoles.

Utile à de futurs profs.

23 septembre 2006

Brave Godbout

J’ai toujours aimé Jacques Godbout. Il est un des rares québécois à parler le français standard comme sa langue maternelle. J’aime le cinéaste qui est capable de faire autant IXE 13 que de copieux documentaires sur l’américanité. Et si je suis loin d’avoir tout vu ses films ou lu ses livres il m’est toujours apparu comme un honnête homme qui pose de bonnes questions.

Dans le Devoir d’aujourd’hui, il répond en quelque sorte à la polémique qu’il a soulevé en prédisant le risque de voir la culture québécoise disparaître d’ici trois générations. Son argumentaire est démographique. Là-dessus le constat est vrai. Voici par exemple les plus récents scénarios de projection de population de l’institut de statistique du Québec


À plus long terme, aucun démographe ne se risque, quoi qu’il me semble avoir déjà vu une population de 5 millions à l’horizon 2071. Évidemment, une projection démographique est ce qu’elle est. J’ai lu trop d’articles des années 1930 projetant à peine 35 millions d’habitants à la France de 1980 (contre 57) ou encore des scénarios de population des années 1960 qui mettaient Montréal à 5 ou 6 millions en 2000.

Reste que les prévisions démographiques à long terme sont inquiétantes. Plus encore pour les régions éloignées. En 2031, la Gaspésie sera un hospice de vieillards. Godbout plaide la cause des mesures natalistes, on en a rarement vu d’efficaces et le sujet est tabou depuis longtemps, lobby féministe oblige. Parlons plutôt de réconciliation travail/famille.

Là où Godbout frappe bien c’est dans la joute multiculturelle. Inévitablement l’immigration compense pour les enfants qu’on a pas fait. À trop vouloir respecter les différences sous prétexte de multiculturalisme, on en arrive à rendre impossible toute intégration. Et on sait bien que le politique multiculturelle canadienne n’a qu’un but celui de banaliser la différence québécoise en la noyant dans le pluriculturalisme.

Cette intégration passe par l’histoire, par la scolarisation et aussi par l’emploi. Soyons francs, le Québec a encore bien chose à faire de ce coté.

À commencer par exister par lui-même.

22 septembre 2006

Petite fatigue

Beaucoup de boulot par les temps qui courent. La refonte de mon cours me bouffe beaucoup de temps en scannage et power point subséquents. J’ai aussi entamé ma série d’excursions étudiantes hier. Trois heures et demie de marche dans les côtes de Sherbrooke, vent frais persistant ; résultat net : je sens un bon rhume qui commence. Et j’en ai trois autres programmées la semaine prochaine.

***

Et ben sûr une grippe de gars ne me rend pas trop intelligent. Tellement que je pourrais accoter Jan Wong dans le Globe and Mail. J’avais prévu commenter ses bêtises sous l’angle de phrase où elle dit que depuis la loi 101 Montréal n’est plus une ville cosmopolite. En sous-entendant bien sûr que le cosmopolitisme ne s’exprime qu’en anglais. Voilà que Michel C. Auger lui règle son cas dans son excellent blogue. Toujours ça de moins à écrire.

***

À la librairie de l’université je n’ai pu résister à acheter le dernier numéro de la revue l’Atelier du Roman (no 46) , dossier Jacques Ferron oblige. Un magoua ne se refait pas.

***

Note nécrologique aux anciens de Sherbrooke qui me lisent.

J’ai le regret d'annoncer le décès de madame Greta Beauharnois de Rognelos des suites d’une grave maladie écourtée. Les amis de la défunte peuvent présenter leurs condoléances à ses maîtres éplorés Dyane et Marc-Aurèle.

15 septembre 2006

Le grand con cosmique

Difficile de pas échapper à la fusillade au collège Dawson. Et à son auteur. Un grand con cosmique. C’est l’expression qui m’était passée par la tête hier soir en songeant à ce billet. Le mot est trop fort peut être. Mais qu’on y songe : un parfait inconnu devient du jour au lendemain une célébrité mondiale, parce qu’il a été assez sans dessein pour se croire.

***

Cela me trotte par la tête depuis que j’ai lu jeudi matin un des premiers textes au sujet du tireur, dans le Journal de Montréal sur Canoe. Du blogue de Kimveer Gill, le journaliste tire une liste de noirceurs d’insanités ou d’indice et termine son papier par ceci :

«Il a écrit détester la cruauté envers les animaux, la musique country, la religion, le gouvernement américain, Dieu et les gens en général. »

Drôle de liste. Détester la cruauté envers les animaux et liquider des gens comme du bétail. Et pourtant une liste comme celle-là serait banale dans un million de descriptions sur le web. Comme bien des propos semblables partout dans les blogues. J’écoutais ce midi chez Maisonneuve un psy suggérer que le type en question était en quelque sorte resté ado, faute de contacts avec le monde ordinaire.

Il y a de ça. Je pense qu’il y a, à un moment ou l’autre de toute adolescence des périodes noires et la culture qui va avec. Ado, j’ai eu ma période Lovecraft, Jean Ray, Poe, Baudelaire même. Même que le progressif qu’on écoutait en ce temps là, King Crimson, Genesis ou même Helter Skelter des Beatles pourraient être une sorte de proto gothique. Et je suis assez attardé pour en écouter toujours. Avec bien d’autres choses connues depuis.

L’autre question aussi de l’isolement que crée ou ne crée pas le web. Vrai que les réseaux de blogueurs ou de chatteurs forment une communauté virtuelle qui est plus qu’une illusion. Des amis me lisent ici. Je suis lu aussi par des gens que je ne connais pas sinon parfois par leurs blogues. Certains que je lis souvent deviennent même une sorte de présence. Des gens que j’aimerais rencontrer.

Là est la différence. Je ne me contente pas d’une vie virtuelle, au fond d’un sous sol de bungalow. Je suis sur Terre pas dans le cosmos. Ce jeune homme n’est pas le premier fou violent de l’histoire. Il y en aura d’autres aussi. Mais l’ampleur médiatique de ce genre d’événement le fait paraître cosmique. Il n’est restera que du vent dans une semaine.

Hélas, aussi un peu plus de peur.

***

Pendant ce temps, au Darfour…

11 septembre 2006

11 septembre

Pour moi, le 11 septembre c’est le jour où le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende au Chili était renversé par Pinochet avec l’appui et la bénédiction des USA. Ça a été la première fois où j’ai mis les pieds à une réunion politique. Le compte-rendu que j’en avais fait m’avait valu une note suspendue du prof de français qui était persuadé que j’avais copié le texte. Il n’y avait pas de fautes. À 17 ans, cela crève des illusions.

Celui de 2001 cela n’a pas changé ma vie, comme on le demandait stupidement à la radio ce matin. C’est un de mes plus beaux souvenirs de prof aussi, l'après-midi même, cet étudiant qui me dit en entrant dans la classe : au moins, toi tu vas nous expliquer ça. J'avais prévu improviser un cours sur le sujet en effet. J'ai été brouillon, mais Sami Aoun, inconnu à l’époque, collègue de fac et chic type dans la vie avait eu la gentillesse d’accepter mon invitation de venir nous parler brièvement du contexte, entre deux médias. Un vrai cours dialogué.

J'ai appris ce jour là que l’éducation, c'est savoir être pertinent.

***

Et s’il n’y a qu’un texte à lire sur la chose, il y a celui de Cato, trouvé via Phersu.

9 septembre 2006

En direct du deuxième (de l'Avenir)

Ce soir je suis paresseux. Un ami poète du Deuxième rang de l'Avenir a laissé cet été un texte dans ma machine, une lettre ouverte au Devoir. Elle n'a pas été publiée. Je lui ai demandé si je pouvais la coller dans mon blogue, il m'a dit oui. Or donc je colle:

***

Du fédéralisme transcendantal à la franchise probable.

Questionnaire adressé à Stéphane Dion, actuel aspirant au poste de Premier du Canada de même qu’à l’Honorable Benoît Pelletier, actuel ministre des Affaires intergouvernementales de la province de Québec.

Zone de Texte: Le

Le 1er juillet dernier dans le quotidien Le Devoir, le député Stéphane Dion raconte pourquoi rien, absolument rien ne justifie la sécession d’une province canadienne de l’État fédéral. Il dit que c’est la franchise qui l’oblige à cette affirmation. Il en fait le pari.

Pas plus tard que le lendemain c’est Benoît Pelletier qui déclare dans La Presse que l’indépendance politique d’une nation n’est pas la meilleure forme d’autonomie possible et que le gouvernement fédéral demeure tout un tremplin pour l’affirmation du fait français en Amérique. Un tremplin pour, c’est son langage ministériel.

Le fédéral dans un journal souverainiste et le provincial dans un journal fédéraliste. L’autorité s’impose catégoriquement chez l’indigène; en contrepartie, le né natif a le droit d’exprimer poliment une certaine perception politique de la liberté de province subordonnée. Le lendemain, bien sûr.

Passons tout de suite au questionnaire afin d’évaluer des connaissances.

Question 1. M. Dion, vous utilisez le terme fédération. Je croyais naïvement que le Canada était une confédération. Pourriez-vous préciser à quel moment et par quel processus spécifique le fédératif s’est substitué au confédéral ? Soyez clair, franc et surtout précis.

Q. 2. M. Pelletier, vous reconnaissez l’existence de la nation québécoise. Pourriez-vous nous expliquer à quel titre l’existence formelle de cette nation respecte le principe fondamental du fédéralisme canadien : l’égalité des provinces entre elles ? Par quel raisonnement peut-on aboutir à l’affirmation selon laquelle la nation québécoise serait l’égal juridique, politique, sociologique de la province du Prince-Edward Island ?

( Évitez le truc de la société distincte et gardons notre sérieux par déférence envers le lectorat.)

Q. 3. M. Dion, vous affirmez modestement : « Il n’y a qu’une seule façon de bien servir l’unité canadienne : jouer la franchise plutôt que la manipulation. » Tantôt vous aimiez faire le pari de la franchise, là vous la jouez. Ailleurs dans votre texte, et il faut vraiment citer : « C’est probablement la première fois dans l’histoire de l’humanité que des adultes parlent de séparer un pays en raison d’un surplus ! Voilà, il me semble, ce que la franchise commande de dire. »

a) En tant qu’aspirant au Premier du Federal, trouvez-vous que, niveau franchise, le scandale des commandites a bien servi l’unité canadienne et le Parti Libéral du Canada?

b) Quel lien sémantique établissez-vous entre ce que la franchise vous « commande » et l’adverbe « probablement » ? Comment peut-on se faire commander une probabilité ? Par les paris ? Par le jeu ? Clarifiez en quelques lignes, parce que là, ça sent un petit peu l’astuce du hasard.

Q. 4. M. Pelletier, vous jugez que l’accession d’une nation à sa souveraineté est une idée dépassée.

a) Voulez-vous dire par là que cette idée a déjà été naturelle, nécessaire, normale, mais que la nouvelle mode serait aux provincialismes ? Oui ou non ? Si oui, comment expliquez-vous qu’à l’ONU, en une quarantaine d’années, le nombre d’États souverains qui composent l’organisation soit passé de 50 à 192 ? Gardez votre naturel et répondez normalement.

Vous dites encore : « Dans le monde, un grand nombre de nations, comme les nations catalane et écossaise, choisissent d’exister et de s’épanouir au sein d’États (…) qui les englobent et les transcendent. »

b) Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire que la nation canadienne transcende la québécoise et que cette bienfaitrice transcendance justifierait la nécessité d’un État fédéral souverain démodé alors que le Québec n’aurait pas besoin pantoute de se transcender lui-même dans l’honneur et l’enthousiasme. Est-ce que j’ai bien compris le sens concret de votre conceptuel englobant transcendantal, monsieur le Ministre ?

Q. 5. Mon vibrant démocrate monsieur Dion, pour quelles raisons claires le Canada a-t-il senti l’urgent besoin d’accéder au statut d’État indépendant en se séparant de l’Angleterre tout en exhibant la face de Sa Souveraine Majesté sur les billets de vingt piastres ? Pourquoi tourner le dos à ce grand ensemble que représentait l’Empire britannique envié du monde entier ? Question subsidiaire : donnez la date d’accession à l’indépendance de la Monarchie constitutionnelle du Canada. Une date se compose de deux chiffres et d’un mot.

Q.6. Monsieur le ministre Pelletier, je vous le demande : sur le plan de la représentation internationale, les citoyens de la Nation française sont-ils plus libres, plus naturels, plus normaux que les citoyens de la Nation québécoise dont la nationalité n’apparaît pas sur le passeport fédéral ? Donnez-moi une réponse satisfaisante en toute mutualité fédérative pas rien qu’un peu.

Q.7. Monsieur Stéphane Dion, vous avez écrit, signé et rendu public ce qui suit : « Mais je ne dirai jamais que ceux qui trouvent que la péréquation actuelle est déjà suffisamment généreuse font le jeu des indépendantistes. Voilà le type de rhétorique absurde qu’il nous faut bannir de nos débats politiques. »

Monsieur le futur Premier canadien, dites-moi un truc. Comment allez-vous vous y prendre pour que ce bannissement soit respecté à la lettre et de manière définitive ? À quel type de punition pensez-vous dans les cas de transgression de cet anathème rhétorique ?

Q. 8. Monsieur le ministre libéral Pelletier, vous affirmez le plus sérieusement du monde : « Il n’y a pas de pays normaux; il n’y a que des régimes politiques plus ou moins appropriés ou souhaitables selon les circonstances. »

Ne trouvez-vous pas que votre façon de caractériser les pays s’appliquerait plutôt à des Conseils d’administration ? Quelques lignes là-dessus.

Autre chose. Comme vous évaluez que c’est le régime fédéral canadien qui a permis l’épanouissement des ressortissants de la nation québécoise, et que donc vous êtes d’abord canadien avant d’être qui que ce soit d’autre, pourquoi ne dites-vous pas dans votre texte que vous êtes normalement, naturellement et librement un simple canadien-français d’une province de l’est du Canada ? Si je vous pose la question c’est que personne au monde ne reconnaît la nationalité québécoise à l’exception de l’Assemblée nationale, elle-même provincialisée grâce à la Loi sur la clarté de votre fédératif collègue Stéphane Dion et de son copain post-référendaire Stephen Harper.

Q.9. Convenons du caractère tordu de la prochaine interro. Vivons dangereusement. Parions. Jouons. Commandons. Soyons probables.

J’ai entendu le citoyen Harper lancer à l’occasion des célébrations du Canada Day : « God bless Canada. » Voilà son voeu de clôture d’une allocution fédérative. Cet Honorable Harper emprunta cette formule aux États-Unis dont, soit dit en passant, le régime politique présidentiel ne varie pas selon les circonstances et-ou les conjonctures internationales. À la suite de son discours, probablement que son Éminence est allé vanter les mérites d’un militarisme qui va coûter pas loin de quatre milliards de dollars au Québec.

Voici donc la question. Si un Québec hypothétiquement affranchi de l’Englobant fédéral s’était déclaré pacifiste, n’aurait-il pas choisi, en bonne intelligence du bien-être commun, d’investir cette somme dans les corridors des salles d’Urgence où chaque jour saignent des milliers d’innocents petits enfants en larmes ?

Q. 10. On dit que le Canada ne survivrait pas à l’éclatement tragique que provoquerait sans aucune raison ces hypocrites malveillants pas francs et astucieux de séparatistes régionaux plaignards ethnocentristes. Question : le Canada aurait-tu don’ besoin du Québec pour maintenir son apparence, son identité, ses revenus, sa justification idéologique face aux gros étatsuniens ? Question : combien le Federal est-il disposé à dépenser afin d’assurer ce service de maintenance ? Disons : le Québec pourrait offrir ce service au Canada, comme il le fait avec tant de bienveillance dans le secteur hydroélectrique, sauf que là non plus, ce ne serait pas gratos. Selon Bernard Landry, si le Canada tient à survivre comme entité politique, ça lui coûterait cinquante millions de dollars chaque jeudi soir à cinq heures. Selon l’ex-Premier ministre de la très distinctive Nation québécoise, ce serait le prix-plancher de la perfusion du fédéralisme transcendantal.

Ce calcul, véristes coreligionnaires Dion et Pelletier, correspondent-ils à vos péréquations personnelles ?

C’est là-dessus que - tristesse légitime - l’examen prend fin.

Eh Oh, non mais ! L’un d’eux fait dans le dogme de l’unitarisme inamovible par décret doublement identitaire, ça vous le saviez déjà étant donné votre compétence transversale; l’autre se full fiche des Constitutions nationales en versant dans le conjoncturel circonstanciel littéralement transcendé. Fiou. Laissons les uns s’adonner à des jeux et faire leurs paris; les autres se servir de tremplins pour rebondir en français dans leur magnificence provinciale vers le Royaume ontologique des Cieux constitutionnels canayens. Oupelail, pas sorti du bois, groupe !

J’attends, dans la patience courbée des ploucs de villages, les preuves de la proverbiale bonne foi des élus supérieurs. Autrement dit, je leur donne par pure magnanimité une chance de se faire bien voir de leurs commettants fédérés et autres commissionnaires de provinces.

Yves Boisvert, écriveur contribuable.


5 septembre 2006

Message 101 (Un soir comme ça)

Des fois le soir il vient un éclairage orange quand le soleil se couche. Tout devient étrangement lumineux. Les couleurs sont fluos et le monde devient un Warhol du réel. Quoique le paysage n’ait jamais attendu un peintre pour être ce qu’il est

1 septembre 2006

Les clartés de monsieur Ignatieff

De retour au jardin après une semaine assez dense de rentrée, de boîtes et de quelques partys. La cohabitation avec ma coloc de nièce se passe bien et finalement je reste à Sherbrooke cette fin de semaine question de finir mon grand ménage. Me restera à éplucher de nombreuses boîtes de paperasse récupérées ici ou à mon bureau de l’Uni et à en jeter le plus possible, ce qui m’est toujours difficile.

***

L’aspirant chef libéral Ignatieff parle de la nécessité de la loi sur la clarté pour éviter toute guerre civile au Québec. On le riduculise à bon droit. En fait, pour l'avoir lu, cette loi pourrait plutôt la causer. Dans l’article 1 le parlement fédéral se réserve le droit de juger de la clarté de la question référendaire et s’il ne l’approuve pas, il n’est pas lié par ce résultat. À l’article 2, il se réserve le droit de juger de la clarté du verdict si la question est claire of course.

Citons son article 3 :

3. (1) Il est entendu qu’il n’existe aucun droit, au titre de la Constitution du Canada, d’effectuer unilatéralement la sécession d’une province du Canada et que, par conséquent, la sécession d’une province du Canada requerrait la modification de la Constitution du Canada, à l’issue de négociations auxquelles participeraient notamment les gouvernements de l’ensemble des provinces et du Canada.

Réserve

(2) Aucun ministre ne peut proposer de modification constitutionnelle portant sécession d’une province du Canada, à moins que le gouvernement du Canada n’ait traité, dans le cadre de négociations, des conditions de sécession applicables dans les circonstances, notamment la répartition de l’actif et du passif, toute modification des frontières de la province, les droits, intérêts et revendications territoriales des peuples autochtones du Canada et la protection des droits des minorités.

Le cas de la modification des frontières est intéressant en ce qu’il va contre la coutume internationale en ce domaine qui prévoit que les états successeurs d’une fédération gardent leurs frontières. On ouvre également le recours fort délicat à l’arme autochtone. Et on sait depuis Meech la valeur et la facilité des consensus des provinces et du fédéral. On sait également depuis 1982 que la présence du Québec à ce genre de choses est facultative.

Tout ça pour dire que cet Ignatieff est un digne fils de Trudeau. La dernière fois qu’il y a eu insurrection appréhendée dans le Canada c’est en 1970, au Québec. Et l’initiative en était largement fédérale. La loi sur la Clarté bétonne en quelque sorte cette insurrection. Et si un jour le fédéral invalide une question référendaire, la majorité n’en sera que plus claire. De belles complications en vue non ?

Et à court terme, on a dans le décor un fan de cette loi, Ignatieff, son proposeur Stéphane Dion et son inspirateur, un certain Stephen Harper.

Belle équipe de négociation en vue…

26 août 2006

C'est l'automne, rentrons dehors.

Ce soir les latinos d’en arrière font la fête. Méchoui tout l’aprème et maintenant danse et musique en conséquence. Je m’isole sous le casque de mes écouteurs.

Toute la semaine était en automne. Visite du climatopithèque en break de soins palliatifs, son (un peu ex) blonde se meurt d’un cancer généralisé et ses filles ont pris sa relève. Pas facile à faire, je me demande si j‘aurais son courage. C’est ça l’automne, apprendre à voir venir l’hiver.

***

Autre signe d’automne, rentrée officielle lundi et officieuse hier pour moi. Journée assez exaspérante. Mon université pour faire développement durable, offre à ses employés un bel incitatif à l’utilisation au transport en commun. Offre généreuse : 10% de rabais sur l’abonnement annuel et en prime l’accès gratuit à son centre sportif d’une valeur de 250 $. Yéé me dis-je voila une belle économie avec reprise de natation et mise en forme à la clef. Je me pointe à l’inscription, oups je ne suis pas dans l’ordi. Et j’apprends par la suite que cette offre ne s’applique pas aux employés irréguliers que sont les chargés de cours.

On me suggère de me plaindre à un quelconque vice-recteur adjoint .Je compte bien le faire. Le développement durable, c’est comme la tarte aux pommes, on ne peut pas être contre. Mais quand, après quelques conférences de presses de glorification de l’Université verte, on prive son plus grand et plus désargenté des ses corps d’employés de quelques avantages la tarte aux pommes devient tarte à la crème et le développement durable montre ce qu’il est : un slogan burlesque pour les naïfs comme moi.

Frustré, je me rends dans mon squat, un ancien bureau de profs qui sert maintenant d’entrepôt départemental où on m’avait permis officieusement d’installer un bureau. Je mets la clef dans la serrure, rien ne se passe. J'essaie mon trousseau universitaire et j’apprends finalement de ma voisine que mon local est condamné depuis juillet par l’administration de la fac, le service d’incendie et toutes sortes d’autorités réglementaires. Et bien sûr, pas question de m’en aviser par le très efficace réseau de courriel interne. Mon chum poète appelle ça le tit code des fonctionnaires. À moins que ce ne soit une politique de la santé au travail dans le cadre d’une gestion intégrée du développement durable. Cela dit je m’en fous un peu. Ce local avait son utilité quand je donnais 5 ou 6 cours par année mais, à un cours par session, ça devenait un privilège un peu gênant.

***

Je resterai à la maison, c’est tout. Je viens de terminer le déménagement de mon bureau dans le débarras/chambre d’amis, ma chambre dans l’ex-bureau pour que ma nièce s’installe dans ses quartiers. J’en ai profité pour installer un réseau sans-fil et pour la première fois je dépose ce texte en direct du jardin. C’est quand même bien la technologie.

***

Et fêté discrètement ma fête jeudi. Il y a des années comme ça où je tiens ça mort.

15 août 2006

Pas de couilles

Une délégation de députés fédéraux part vers le Proche-orient et le Liban demain. Le représentant du parti conservateur n'ira pas, question de sécurité.

Mais que craindre ? La modération d'Israël ? Il est vrai qu'il aurait été mal accompagné, la députée bloquiste étant d'origine libanaise. Et comme les députés sont invités par le conseil des relations canado-arabes, il devait craindre également d'être barré à la frontière des USA, ce qui est triste pour un conservateur.

14 août 2006

Note de lecture et d'un voyage

« Les Canadiens, c'est-à-dire les Créoles du Canada, respirent en naissant un air de liberté qui les rend fort agréables dans le commerce de la vie & nulle part ailleurs on ne parle plus purement notre Langue. On ne remarque même ici aucun accent. »

Pierre François Xavier de Charlevoix, Journal d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale.

Cela s'écrit en 1720. Je l’ai toujours pensé. Ce sont les français qui ont changé d’accent depuis.


Qu’il est doux de voyager ainsi dans la langue et dans le temps.

12 août 2006

De plus en plus pire

Trouvé ici par cette info: 39% des américains croient que les musulmans des USA devraient avoir une manière d'ètre identifiés (should carry special I.D.).

Un croissant jaune tatoué mettons ?

10 août 2006

Le Québeckistan vous salue

J’avais entendu hier à la radio un compte-rendu de cet article du National Post. Le ton est simple : toute protestation contre la guerre au Liban est un appui aux terroristes. Et comme la manif de la fin de semaine dernière avait le soutien de la mouvance souverainiste pas besoin d’ajouter qu’on fait l’amalgame simple : les souverainistes sont pro terroristes, anti-israéliens, antisémites et évidemment un Québec indépendant deviendrait la nouvelle base du terrorisme international.


Ce genre de propos relève de la meilleure tartufferie canadian (a proud tradition since 1867, maybe 1837 or even 1763). Le Québec bashing (dénigrement ?) est un sport habituel au Canada. C’est d’ailleurs le seul moment où le Québec y est reconnu comme nation distincte, différente, autre, donc pas canadienne. Autrement, toute aspiration à une quelconque différence et à sa conséquente autonomie est un crime de lèse Canada.

Que les québécois soient plus sensibles au sort du Liban dans ce conflit relève tout d’abord de ce simple calcul : selon la BBC le conflit a fait 102 morts en Israël contre 998 au Liban. La réplique israélienne au Hezbollah est démesurée, en plus de punir lourdement un pays voisin. Que je sache, un bombardement aérien systématique et répété n’est pas la même chose que le tir de roquettes, si nombreuses soient-elles.

Par ailleurs, étant francophones la plupart des québécois ont accès à d’autres médias que les anglo-canadiens qui de toutes façons écoutent surtout la télé américaine. Entendre simplement la position de la France dans ce conflit suffit à relativiser celle de Bush et de son roquet Harper. Et bien sûr, la présence d’une forte communauté libanaise francophone locale crée inévitablement une certaine sympathie.

Quant à l’antisémitisme présumément longuement enraciné au Québec, notons qu’en 1807 la très francophone Trois-Rivières élisait Ezekiel Hart, premier député de religion juive de tout l’Empire britannique. Dans les années 1930, quelques intellectuels québécois ont bien sûr singé la pensée de l’Action française. Mais ce n’était que rhétorique. Le premier ministre de l’époque, Mackenzie King un antisémite caché dont la tête orne les billets de 50$, a systématiquement refusé tous les réfugiés juifs en provenance d’Allemagne. C’était aussi le temps où la vertueuse Université McGill avait des quotas de juifs dans ses facultés, ce qui en amené plusieurs à étudier à la pourtant très catholique Université de Montréal.


Ces préjugés sur le Québec circulent pourtant toujours. Parce que le Canada anglais WASP a une histoire raciste trop longue et trop abondante pour qu’il ne l’assume. Les Amérindiens, les francophones, les irlandais, les juifs, les japonais, les chinois et aujourd’hui les arabes, ça finit par faire beaucoup de monde.

2 août 2006

Coming out

De par chez Embruns j’ai lu ce tas de clichés de la grosse Presse (allégée sur le Net et depuis quelques années aussi sur papier).

Je ne sais pas les marques du linge que je porte, je connais tous les restos du coin où on mange pour moins de 10$, je ne danse pas, déteste le disco en général et le techno en particulier, Madonna m’énerve, je voyage par Allo stop, je ne mémère (presque ) pas, je suis allé 5 fois au max dans le village, je ne suis pas dans le showbiz, je ne suis pas riche, je me meuble à l’Armée du salut ou des surplus des autres, mon écran de télé est très bombé, les gyms me font penser à des salles de torture et les rolleristes m’énervent.

J’ai de l’humour mais je ne suis pas sûr que Mario Girard en ait.

Mais suis gai pareil ;-)

30 juillet 2006

cours et décours

Depuis une semaine ou deux on entend parfois des cigales se plaindre, hier soir j’ai remarqué pour la première fois que les grillons chantaient la nuit, les verges d’ors commencent à fleurir et pour la première fois depuis longtemps, on endure une laine à l’heure de l’apéro. C’est le décours de l’été.

Belle journée à gosser au jardin et à poursuivre le chantier du déménagement de mon bureau vers une nouvelle pièce pour faire place à ma nièce de coloc. L’embêtant quand je fais ce genre d’opération c’est que j’y redécouvre des bouquins que j’avais oublié de lire ou de relire.

***

Ainsi j’ai passé quelques heures à pagayer sur l’Orénoque avec Alexandre de Humboldt. À traverser les Andes aussi. À conspuer l’esclavagisme et le sort des incas déchus tout en soupesant la possibilité que l’Amérique espagnole de l’époque devienne indépendante. Un grand homme ce Humboldt. Probablement un des derniers savants universels, à la fois géologue, arpenteur, physicien, astronome, botaniste, linguiste, ethnographe, pour tout dire un premier géographe scientifique ?


Je ne ferai pas sa biographie complète ici, on en trouvera une là. Mais c’est un homme étonnant pour l’époque. Chambellan et noble de Prusse il a passé une bonne partie de sa vie à Paris, sympathisant républicain, méfiant de Empire, déçu de la restauration navré du conservatisme prussien à son retour à Berlin. À 80 ans il sera des funérailles des révolutionnaires allemands de 1848, trop considérable savant pour être inquiété par le régime.


Heureuse époque où ses conférences publiques étaient aussi courues que les concerts de Madonna aujourd’hui. Il recevait des centaines de lettres chaque jour de savants, de curieux ou d’admirateurs. Redoutable capacité de travail pour mener tout ça de front. Célibataire toute sa vie, on croit maintenant savoir qu’il était homosexuel. Sa famille a détruit une bonne partie de sa correspondance trop personnelle, mais j’ai lu de lui une lettre enflammée adressée à son grand amour de jeunesse qui se mariait avec une dame. On connaît bien des exemples de gais dans l’histoire mais rares sont ceux qui n’étaient pas dans les arts et lettres. Un modèle de vie universel, en tout cas.

***

À l'épicerie libanaise où j’achète mon pain, partout des affichettes remerciant les gens de bien vouloir donner à la croix rouge. Au dos d’une d’entre elles, quelqu’un avait écrit au proprio qu’on pensait à lui (il est retenu là bas). C’est un coin du monde où les pensées sont moins dangereuses que les prières, mais tout aussi inefficaces. On y sème et engraisse la haine comme s’il s’agissait de gagner un prix à une foire agricole. Méthodiquement. En négligeant qu’à la fin on crée des monstres.

26 juillet 2006

Pétition Liban

Je reprends ici le lien vers le site de la pétition (fort modérée dans les termes) demandant au gouvernement canadien d'intervenir pour faire cesser le massacre au Liban.

Merci à Monsieur Bachand de me l'avoir signalée en commentaire.

24 juillet 2006

Comptabilité

On lit ceci sur le site de Radio Canada :

«Depuis le début de l'intervention israélienne, 319 civils et 26 militaires libanais ont été tués, pour la vaste majorité lors de bombardements. Du côté israélien, 17 civils et 22 militaires ont été tués.»

Et notre crétin de premier ministre plus bushiste que Bush trouve toujours la riposte modérée ?

Cette histoire libanaise est trop triste pour en faire une récupération politique, mais n’empêche qu’encore une fois elle montre la différence québécoise en matière de relations internationales, si on se fie à ce sondage :

«Deux Québécois sur trois (67 pour cent) condamnent la position de Stephen Harper qui appuie l'intervention armée d'Israël au Liban, tandis que 48 pour cent des Canadiens y sont défavorables.»

Même à Québec ?

22 juillet 2006

Jardin mutin

Il pousse des choses étranges dans mon jardin :

Quand on vous dit que la nature est fertile...

En fait, il s'agit d'un champignon (bien) nommé Satyre des chiens ou Mutinus caninus, du genre ( très bien nommé) Phallus, de la famille des Phallacea laquelle appartient à l'ordre des Phallales, comme je l'apprends dans cette page d'un mycologue amateur. Le Phallus impudicus est plus explicite encore.

Il poussait hier dans le bois assez pourri qui retient le sol autout du patio.

C'est un champignon immangeable et qui sent mauvais, ce qui attire les mouches à marde (Musca coprophilla ?) qui en butinent (?) le gland (?).

Au jour d'aujourd'hui il est débandé euh... non... fané. Mettons.

20 juillet 2006

de lacs en lacs

Quelques jours de visites d’amis. Avec Jean-François, nous avons passé les derniers jours caniculaires à tester les rares plages publiques des lacs du coin. La plus belle est sûrement celle-ci sur le bord du très chic Memphrémagog.

C’est un endroit peu connu, don d’un notable local dont la grande gloire est d’avoir traduit le chant patriotique canadien français qu’était O Canada en hymne national canadian. C’est peut être une des plus belles traditions anglo-américaines que ces legs généreux aux municipalités. Si bien que ce vaste terrain est accessible gratuitement à qui veut s’y baigner, y camper ou mettre à l’eau une embarcation. Je reste volontairement vague sur l’emplacement précis de cette rare plage accessible sur le Memphré pour éviter les foules à cet endroit magique. Toutefois, je suis prêt à en donner la direction à toute personne qui veut bien m’y reconduire, je connais d’ailleurs les plus beaux chemins pour s’y rendre.

On est allé aussi au lac Brompton. Belle plage mais il y a foule en ce dimanche caniculaire.

En prenant le chemin de Saint-Georges de Windsor on tombe sur ceci :

C’est un observatoire vachement bien. Et toujours venteux ce qui est chouette quand il fait 32 à l’ombre. On est arrêté au village visiter son église assez remarquable par ses sculptures. Malheureusement le toit coule, les fondations se désagrègent et pour avoir accès aux subventions du patrimoine religieux ce petit village de 300 habitants doit amasser 300 000$. Si bien qu’on y tient tous les dimanches un marché aux puces dans le presbytère vide où les dames de la paroisse y vendent aussi leur artisanat local à des prix ridicules : deux dollars pour une paire de mitaines tricotées main, c’est pas cher, si bien qu’on laisse cinq pour la cause. Avis aux amateurs d’économies et de patrimoine. Et en plus à la fromagerie locale on trouve un cheddar non pressé tellement frais qu’il se compare au Bocconcini.

De beaux et rafraîchissants tours de machine.

12 juillet 2006

Journal extrême

Journées chaudes, pour la première fois de l’été, arrosage matinal du jardin, c’est dire. Temps chaud du cœur de l’été. Propice à des lectures toujours sulfureuses. Je suis retombé dans la lecture du Journal de Jean-Pierre Guay. C’est un cas.

J’en avais dévoré une grande part l’hiver dernier puis suis passé à d’autres choses sans écrire le billet que je voulais. Et voilà que j’ai trouvé trois tomes que je n’avais pas lus, à 1$ pièce, chez François Coté. Plus de mille pages qui ne couvrent même pas deux ans de sa vie. Deux jours de lectures pigrassantes fort agréables.

C’est l’œuvre d’un écrivain qui renonce à la littérature mais pas à écrire. Ni au grand bluff littéraire. Dans les six premiers livres de son journal, cet ancien président de l’Uneq règle son compte au non-Québec, à sa langue qui recule et à sa non-littérature, surtout quand elle poétise. C’est un brasseur de marde me disait un littéraire institutionnel. Voire.

Il raconte tout. Les vacheries entre collègues et amis. Le système des administrateurs, professeurs, universitaires, journaleux, écrivains bien vus de la littéraklatura québécoise. La réalité des jury qui doivent financer 240 000$ de demandes de bourses avec 40 000$ de budget (Cas récent, dont on ne parle pas, multipliez par 100 pour la télé ou le cinéma, dont on parle). Toutes choses qui ne se disent pas mais qui sont la mécanique même des petites cultures subventionnées comme la nôtre. Et encore, tout monde rêve ici des standards européens, bien plus élevés que ceux de la pingre Nord-Américanie. C’est vrai qu’il s’agit de petites cultures en péril comme celles de la France, de l’Allemagne ou du Royaume-Uni (dont nous ne sommes pas tout à fait séparés).

Je comprends qu’on ait détesté Jean-Pierre Guay. Sa vie étant devenue son œuvre, il raconte tout. Il est chum avec Marie-Andrée, la blonde à Gaston (Miron). Déteste Michèle (Lalonde) ou Yves (Beauchemin) collègues de l’UNEQ. Conchie Jean (Royer) alors promoteur littéraire au Devoir, a des tendresses pour Réginald (Martel), toujours à la grosse Presse. Dégonfle les ministres responsables des dossiers. Ne nous épargne rien des douleurs éditoriales de Pierre Tisseyre (CLF) son vénérable et fédéraliste éditeur. S’épanche sur le triste sort de l’écrivain qui attend son livre et se désole ensuite de sa mévente. Il retranscrit ses critiques, sa correspondance, ses conversations téléphoniques et même les sujets, éditeurs et imprimeurs des nombreuses cartes postales qu’il envoie à tout ce beau monde.

On lui a reproché de rendre public ce qui est privé. Question qui ne s’est jamais posée dans la blogosphère, évidemment. Il a d’ailleurs fini par se brouiller avec bien des gens, si je comprends bien. Guay met fin à la première période de son journal en 1988. Sur une lettre de refus de demande de bourse. La même qui circulait alors qu’il travaillait au ministère quinze ans plus tôt.

Le texte de cette redoutable lettre n’a pas grandement changé, quinze ans plus tard (on m’en a fait lire une, il y deux ou trois ans). Les institutions un peu, les budgets ont augmenté, un peu aussi, mais moins que la demande, elle. (En télé, en cinéma, à l’université même, rien, je me tais)


Depuis sa période Tisseyre, Guay a repris la publication de son journal aux Herbes Rouges. Une première série plus personnelle couvre la période 1992-1994. Après un revers financier, écarté un peu plus des ses relations littéraires Guay plonge dans ses rêves, ses prières ou ses chiens à Château Richer. Il y a des trésors dans son naufrage. Puis, en 1999, on le retrouve dans un sous-sol de Beauport asticoté par le Béesse. Plus détaché, drôle encore. Description crue de la vie ordinaire des écrivains purs et durs de la littérature québécoise qui font vivre tout un monde périphérique et qui crèvent. Question cruelle : quelle est la différence de salaire entre un animateur télé, un prof de littérature et un écrivain ? Réponse synergétique.


Guay est attachant, enfant, désespérant, redondant, souvent touchant, parfois agaçant et on y revient toujours. Comme bien des blogueurs. Comme tous ceux dont on lit les journaux, de Montaigne, Saint-Simon à Renaud Camus ou Julien Green. Il m’a donné le goût de lire Léautaud et aussi, parce qu’il le fait trop bien, d’écrire mieux.

C’est déjà ça.


P.S. D’ordinaire, je déteste les parenthèses, mais à lire Guay, on ne peut s’en empêcher. Par contre, il m’a confirmé dans le renoncement aux trois points. Pas encore au point d’interrogation?

9 juillet 2006

lectures sulfureuses

Ce soir j’écris coupé du monde. Des écouteurs sur la tête. Mais devant le jardin.

Dans un lot de bouquins à 1$ trouvé un livre au titre étrange : L’avenir de l’intelligence, d’un auteur infréquentable : Charles Maurras.


Le style est évidemment dépassé, grandiloquent mais tout de même efficace. Sa rhétorique ressemble parfois à celle du chanoine Groulx. Ses idées sont évidemment royalistes nationalistes conservatrices et plus que douteuses. Le pouvoir suprême par les liens du sang contre celui de l’opinion, ça n’est pa une bonne idée. Sauf chez les Bush ou les Kennedy.

J’y trouve des phrases curieuses : « Mais le principal avantage que trouve l’Argent à subventionner ses ennemis déclarés provient de ce que l’Intelligence révolutionnaire sort merveilleusement avilie de ce marché. Elle y perd sa seule source d’autorité, son honneur : du même coup, ses vertueuses protestations retombent à plat. » Tout ça me fait penser aux mésaventures récentes d’un certain quotidien français. Et sera vraisemblablement réécrit ici.

Cela dit c’est une pensée qui a été influente au Québec, et cette curiosité qui me l'a fait lire. On sait que Trudeau et bien des intellectuels de sa génération y ont été sensibles. Dans le contexte catholico national du des collèges classiques des années trente cela se comprend. Mais bon. On en est heureusement revenus depuis.

1 juillet 2006

Le retour du magoua

Le magoua est de retour. De quelques jours autour de Montréal, dont un tour de machine sur le bord de la rivière Châteauguay. De retour de jardinage aussi. De retour au blogue maintenant. Somme toute de retour de vacances.

***

C’est le jour du Canada day. Jusqu’à maintenant je n’ai vu qu’un gars se balader en auto avec un drapeau brésilien, ce qui est de mauvais augure pour la France. Quelques déménagements dans le quartier aussi. Et sans doute il y aura une fête vaguement suivie au Lac des Nations. Je suis rassuré d’ailleurs. Malgré le changement de gouvernement, le Québec a eu encore une fois la moitié du budget de l’anniversaire de la confédération. Ce qui donne une idée de l’enthousiasme spontané local.

On fête quoi d’ailleurs ? Un accord de rationalisation de la gestion des colonies britanniques de l’Amérique du Nord, un acte du parlement britannique. On attendra 1930 avant d’avoir un droit de relations internationales autonomes. Et 1982 avant que cette loi britannique ne devienne une constitution locale, adoptée sans l’accord du Québec.

Il faut lire le discours merveilleux de l’ineffable Stéphane Dion dans le Devoir d’aujourd’hui. Il affirme que le risque d’assimilation des francophones a disparu. C’est vrai que dans son super Canada les francophones de Winnipeg vivent tous les jours en français. S’ils ne sortent pas. Il dit aussi que le Canada est autre chose qu’un accord fiscal. Il a raison.

Le Canada est un contrat auquel il manque des signatures. Celles du Québec et des Amérindiens.

4 juin 2006

Rien

Non suis pas mort, juste pas là. A lire Moderne contre moderne de Philippe Muray. À regarder le jardin pousser. À travailler mon manuscrit. À niaiser sur le web.

J’aime bien dériver comme ça. Je suis doué pour ne rien faire.

23 mai 2006

Sherbrooke Urbain 2 : de la reine aux castors.

Après plus d’un an, reprenons cette chronique lâchement abandonnée.

1. Les castors sont de retour.

Il y a bien des années les Castors de Sherbrooke étaient l’équipe de hockey locale. Voilà t’y pas que leur mascotte sévit au centre-ville. Disons que de puis quelques années les berges des gorges de la rivière Magog souffrent d’un certain déboisement. Ainsi, finis les amélanchiers qui fleurissaient autrefois. (voir ancien blogue au 17 mai 2005)

Voilà maintenant qu’ils s’attaquent aux chênes :

Le castor urbain est un squatteur. Pas besoin de construire de barrage, Hydro Sherbrooke est là.

Quant à la hutte, un coin de berge suffit. Je ne sais pas pourquoi, mais j’imagine ce castor un peu punk.

Et je peux confirmer que la bête est bien là. Comme je montrais la hutte à un ami, celui-ci, qui a un œil plus vif que le mien, a attiré mon attention sur deux petites oreilles qui traversaient la rivière. Castor bien confirmé donc, par ce genre de soir où on regrette de ne pas traîner la caméra. Beau problème en vue pour les écolos : doit-on privilégier la vie sauvage ou les arbres ? Et qu’importent les jérémiades des amis des bêtes, je pense que le métier de trappeur urbain a de l’avenir. Cet ami a vu un vison dans cette rivière, moi j'y ai vu une loutre et il y a des rats musqués en quantité. De quoi se faire un petit manteau ?

2 Sherbrooke plus reine que jamais.

Autrefois Sherbrooke était surnommée reine des Cantons. Depuis la fusion, le slogan est devenu Sherbrooke plus que jamais. Voilà que l’harmonisation des noms de rue des villes fusionnées crée une intersection hyper royaliste :

Ce coin de rue est situé juste en haut de la rue King, évidemment. Notez au passage à quel point les nouveaux panneaux de rue sont moches.

Pour l’anecdote, disons que le comité de toponymie avait plutôt prévu renommer cette rue René Lévesque mais quelques vieux anglos qui l’habitent s’y sont opposés. On se demande pourquoi. Et on ne se demande pas pourquoi notre maire ultrafédéraliste a préféré plier.

C’est vrai que nous sommes au royaume de Jean Charest.

21 mai 2006

24 heures ou moins

Après une brève éclaircie, le temps est revenu à son aspect normal des derniers jours : pluvieux, venteux et frais. Le jardin était à son apogée printanière mardi dernier où j’ai pris cette image.

Depuis, je me suis réencabanné dans les livres. Continué d’explorer Marcel Aymé en dévorant Les tiroirs de l’inconnu, belle prescience de l’époque qui est la nôtre. Je m’attaque maintenant à l’histoire de la maison québécoise de Paul-Louis Martin, question d’enrichir la réécriture du mémoire.

***

J’ai également eu le plaisir de recevoir un abonnement au service expérimental Cinéroute de l’ONF. On est loin d’avoir accès à tout leur riche catalogue, mais il y a de quoi meubler quelques journées pluvieuses. Ainsi, j'ai exploré les oeuvres de ce cinéaste mythique au Québec qu’est Gilles Groulx. C’est vraiment un cinéma d’auteur, étrange, expérimental mais pourtant prémonitoire.

J’ai revu son célèbre 24 heures ou plus, film militant tourné en 1971, censuré par l’ONF, qui en a retardé la sortie à 1976. Censure bien inefficace puisque je l’avais vu en vidéo au cégep avant sa sortie officielle. Le film m’avait marqué par sa qualité et sa vérité mais son ton gogauche m’avait agacé à l’époque, pris que j’étais dans les magouilles des groupuscules M-L, trotskystes et autres qui cherchaient à contrôler les associations étudiantes.

Revoir ce film trente ans plus tard, à tête reposée, m’en a fait encore plus apprécier ses qualités filmiques. Le montage est nerveux, l’alternance couleur/noir et blanc efficace. La musique du groupe Offenbach, planante. Quant au propos, le temps a fait son œuvre et on se rend compte que ce Québec du temps est loin de l’actuel. Voir Claude Beauchamp futur fondateur du groupe Transcontinental (Publisac, Les Affaires, etc.), délégué syndical CSN de La Presse s’en prendre à son patron Desmarais est ironique. Et est-ce bien Alain Dubuc qu’on voit opiner derrière Michel Chartrand ?

Bernard Derome est déjà là. Grand et bon témoignage d’une époque.

Sur le fond, on se rend compte que bien des réformes sur le droit du travail ont été faites. Que les problèmes de santé et sécurité au travail sont probablement moins épouvantables, remplacés par la précarité. Les tensions ouvrières de l’époque se sont aussi apaisées dans la concertation péquiste. Elles se sont noyées depuis dans la mondialisation. Je serais curieux de voir aujourd’hui en version comparée ce long plan séquence du début qui traverse, en train, le vieux quartier industriel du Sud-Ouest de Montréal. Que d’usines fermées ! Que de condos pour jeunes guerriers de la nouvelle économie en vue !

***

Comment faire en 2006 le même portrait réaliste social de Groulx ? Il faudrait trouver un noble producteur du plateau, bien vu de la SODEC ou de Téléfilm Canada ou de tout autre subventionneur. Prévoir des pauses publicitaires pour le diffuseur télé. Gommer les scènes trop longues, trop réelles, pas assez glamour. Se faire accompagner d’un pédant médiatique. Abuser des gadgets techniques et des plans croches. En un mot, faire de la télé.

Normal. Elle est devenue la réalité.