24 décembre 2011

Par un 24 décembre


Comme de coutume, je me suis levé aux aurores, encore qu'à ce temps ci de l'année, il fait nuit noire à 5h du mat. On a un Noël blanc, c'est plus joli et par moins 19, on peut dire que ce bel automne qu'on a eu est fini. Grosse journée en vue, je pars voir famille et amis à Montréal, me reste plein de petites choses à faire avant d'embarquer dans l'autobus pour la grande ville.

En attendant le cipaille maternel et traditionnel, je vais commencer à réfléchir à un nouveau cours que je vais donner cet hiver autour des défis à relever pour améliorer notre planète. Ils sont nombreux.


Je nous souhaite donc, naïvement peut être, plus de paix intérieure et extérieure, du plaisir avec nos proches et qui sait, le paradis avant la fin de nos jours.

Joyeuses fêtes

19 décembre 2011

Nouveau vocabulaire

En voguant sur le site de mon université j'ai appris que je donnais mes cours en présentiel. C'est à dire dans une classe avec des humains. On imaginait le malaise dans une quelconque réunion de fac d'éduc pleine de pédagogues : comment ne pas dire régulier, ordinaire, classique ou encore ô sacrilège ! traditionnel.

Présentiel ça sonne tellement plus hip moderne web.2.0 (ou 3.0 ? j'ai perdu le compte). On sent la proximité avec logiciel. Et l'extase des innovateurs pédagogiques.

Mais pourquoi ça me fait froid dans le dos ?

17 décembre 2011

Encore un indigné.

Noyé de corrections je n'ai pas trop le temps de blogguer. Je me souviens ce soir de cette chanson, j'en aime la version disque, même si elle était une déclaration de guerre quand j'étais à la radio. C'est une chanson qui a accompagné mes rares colères et mes ruptures.
J'aimerais faire entendre à mes étudiants la version disque, pour qu'ils s'indignent, c'est à la mode, j'ai mes réserves, mais bon un bon prof sait faire de ce qui se passe une didactique,
Et n'empêche, ça a moins vieilli que je ne le pensais.


Leo Ferre - Il n'y a plus rien par MELMOTHE

Et désolé si ce n'est pas synchro, de mon temps, on ne voyait pas les disques.

9 décembre 2011

Chanson de fin de veillée un peu pédophile ?



Je ne suis pas maniaque de Gainsbourg, mais il savait s'entourer. Le plus curieux :  Melody Nelsan n'a pas 18 ans c'est donc une chanson pédophile  ;-)

Je vois que le visionnement est interdit, allez voir, en plein écran, étonnant pour l'époque.

4 décembre 2011

Un autre indigné.


Je n'ai pas le temps de parler des indignés, mouvement bien sympathique qui reviendra. Comme sont revenues les aides aux banques pour faire face à la désastreuse et parfaitement évitable crise de l'euro. Je laisse le commentaire à Ry Cooder :

No banker left behind,  de l'album Pull up some dust and sit down

30 novembre 2011

Tous égoïstes ?

Ce matin, je rencontrais les équipes de travail d'un de mes cours. À mon bureau se pointe une étudiante qui n'avait pas fait l'examen de mi-session. Comme j'ai la hantise de la copie égarée, je lui demande si c'était normal que je n'aie rien eu d'elle. Elle me répond que oui, elle s'est inscrite ailleurs à Montréal et n'a plus besoin de mon cours qui ne serait pas reconnu de toutes façons. Mais elle tenait à ne pas laisser tomber sa collègue et terminera le travail de session avec elle.

Et on dira que tous les jeunes ne pensent qu'à leur nombril !

20 novembre 2011

C'est pas grave

À force de ne plus bloguer on en vient à ne plus trop savoir par quoi commencer, il y a tant d'idées qui se bousculent. Et en même temps cette flemme qui s'insinue:  à quoi bon ajouter des mots sur les millions qui s'écrivent sur le web...

C'est un peu comme ça que j'ai réagi quant La Presse annonçait que deux patrons unilingues anglais régnaient à la caisse de dépôt, ce qui forçait les toujours polis québécois francophones à tenir leurs réunions dans la langue de la business. Est-ce si grave ? En y songeant un peu,  imaginons le cas inverse: un francophone unilingue peut-il travailler au siège social d'une quelconque banque torontoise ? Peut-être comme concierge mais guère plus. Mais bon, c'est normal, on est en Ontario.

Même chose à Ottawa où un unilingue anglais peut être vérificateur général alors même que sa fonction est définie comme bilingue.  L'ironie étant qu'il avait la même fonction au Nouveau-Brunswik seule province officiellement bilingue au Canada. Mais c'est pas grave, on traduira. Et le gouvernement  de notre natural bilingual premier ministre du Québec qui va demander gentiment, inciter par une campagne de pub et des subventions aux commerces qui ont des raisons sociales uniquement en anglais de bien vouloir se conformer à la loi. Et si ils ne le font pas ? C'est pas grave, on fait pareil à Paris.

Parlant de Paris, je me suis payé le bel Atlas de minorités que publie le Monde où on a bien quatre pages sur les problèmes (réels et scandaleux) des autochtones mais pas un mot sur le cas québécois. Peut-être qu'il n'existe plus ?  Il y a trente ans cette année que le Québec a refusé de signer la nouvelle constitution canadienne. C'est pas grave, elle s'applique pareil et mieux, on passe des lois pénales stupidement répressives qui vont encombrer les prisons. C'est pas grave, il faut être tough on crime me dit mon sénateur de Sherbrooke. Ça va coûter plus cher à la province pour les emprisonner ? C'est pas grave nous dit le ministre, on vous donne déjà des sous, vous les dépenserez là plutôt qu'en santé ou en éducation.

Rien de tout ça n'est grave. Ni l'anglais que j'entends partout à l'université parce que la science se fait en anglais. Ce n'est pas grave je suis bilingue. It does not matter. Ni non plus le mépris envers tout ce qui est modèle québécois qui est si bien porté dans les radios poubelles de Québec. C'est tellement mieux aux États ou en Alberta man. Ils ont pas de garderies ou soins de santé universels ? So what ? C'est pas grave ils paient moins d'impôts.

Je le répète il n'y a rien de grave là dedans.

Mais pourquoi ça m'inquiète ?

13 novembre 2011

Le temps qui passe

Il y avait ce jardin qui était trop beau...
 Ce coin avec la vieille table de pique-nique...
 Où j'ai passé des heures à l'ombre ou au soleil, à lire, à farfouiller sur le net en buvant un bon rouge , en écoutant le chant des oiseaux, le glouglou de la cascade,  le son des trains dans la vallée.
C'est aussi en le regardant que je gossais mes cours.

 Et puis ce qui restait de l'ouragan Irène est passé, la rivière Saint-François a un peu débordé, mais pas trop de casse, rien de plus que le parc riverain submergé...
... et cette table à pique-nique qui verra du pays.

Un horaire de rêve cet automne, pas de cours le vendredi, de bons groupes, des périodes équilibrées. Ça donne le temps de faire une virée à Montréal voir la famille et se balader sur la montagne avec un vieil ami.

Et à la fin septembre, retour en Gaspésie avec les étudiants...
 Un matin juste génial sur la grève près d'Escuminac.

 Le matin suivant, il y avait un petit paquebot dans la baie de Percé.

 Une semaine et 1200 km en autobus jaune, c'est dur sur le derrière mais c'est un moyen sûr d'être photographié par tous les touristes français qui sont presque les seuls en Gaspésie fin septembre. Au retour, le spectacle des feuilles dans ma rue.


Et au bureau de la maison du temps à travailler sur un nouveau cours, à corriger, à lire des blogues et à niaiser sur le web....
 C'est le temps des dernières couleurs au jardin et déjà, première neige la semaine dernière.
 Et ce coucher de soleil tantôt... avec une soirée douce.
Ah cet automne a été génial ! on a eu du temps exceptionnellement doux, la première gelée fatale fin octobre et des journées si agréables qu'on se dit qu'on doit en profiter.

Je profite du temps qui passe et c'est probablement la plus grande raison qui m'a fait négliger ce blogue. J'en lis toujours, il y en a tant d'excellents. Le mien a touché sa septième année fin octobre. Il n'est pas mort, il sort d'une longue pause aujourd'hui. Je tâcherai d'être plus fidèle.
Ça sert à ça les pauses, se retrouver.
Et suis bien là.

19 août 2011

Faune du Jardin (suite)

Il fait encore été, mais déjà cette semaine c'était la rentrée des profs.  Les cours débutent lundi qui s'en vient. On comprendra que les dernières semaines ont donc été consacrées aux visites familiales, baignades dans les lacs habituels et flemme générale.

C'est donc par une belle soirée que j'ai pu voir qu'il me fallait ajouter deux nouveaux éléments à la faune de mon jardin. Le premier est un animal que je vous présente en version classique: 
Vidéo empruntée au site Faune et flore du pays qui a la collection complète de ces interludes vus 3756 fois en moyenne par les téléspectateurs de mon âge. 

J'ai donc vu deux grosses marmottes me passer presque sous les pieds alors que j'étais à ma table de pique-nique. Elles revenaient du potager de la voisine, sans doute meilleur que mes fleurs. Que faire avec ces siffleux comme on dit ici  ? Il y a bien évidemment ceci. Mes amis qui viennent des fonds de rangs me disent que c'est une viande pas si mauvaise quoique assez grasse. Cela ne m'étonne pas, mes siffleux étaient carrément obèses. 

Mais voila comment les attraper ? Il paraît que les chiens, notamment les labrador et autres golden retriver adorent les chasser et les débusquer. Quand j'habitais en campagne, j'avais d'ailleurs réussi à éloigner les marmottes de mon potager simplement en y répandant les poils de la chienne d'une de mes amis. Cela m'a permis d'avoir une récolte abondante que les chevreuils se sont empressés de manger à l'automne. 

Toute cette faune urbaine demanderait un contrôle plus systématique. J'ai déjà signalé ici les ravages des castors, les chevreuils se rencontrent à l'université ou au cégep et voilà même que les cougars rôdent pas loin. Le temps me semble donc venu de former une escouade de trappeurs urbains. Il me semble les voir sillonner la ville coiffés d'un traditionnel capot de chat sauvage. Un cliché le casque de raton laveur ? Peut-être. 

J'en ai deux qui rôdent autour de mon bassin qui ne demandent qu'à le devenir. 

27 juillet 2011

Invasion japonaise

Quand il revient de voyage, le jardinier fait le tour du jardin, cela va de soi. J'étais tout heureux de voir mon rosier blanc tout en boutons. C'est  un rosier Hudson de l'increvable série des Explorateurs, mis au point par Agriculture Canada. Ils sont parfaitement adaptés à nos hivers, résistants aux nombreuses maladies des rosiers, fleurissent tout l'été en plus d'être très parfumés. Bref. ils sont parfaits !

 Mais voilà le spectacle atroce que j'ai vu en fin de semaine: 



C'est un petit troupeau de scarabées japonais qui vous dévorent une rose le temps de le dire. Ils ont eu droit d'ailleurs à une petite douche d'insecticide vaguement bio. Mais bon, s'il adorent les pétales de roses, ces sales bêtes aiment beaucoup les feuilles de vignes et précisément il y a grande vigne ensauvagée sur le coté de la maison où ils s'en donnent à coeur joie, d'autant plus que ce scarabée me semble doté d'une libido fort élevée: 

 
Impossible de les doucher de ma bouteille d'insecticide, il me faudrait peut-être un grand filet à papillons pour les attraper et éventuellement les écraser sauvagement. Disons d'ailleurs au passage que le jardinage est loin d'être un passe-temps innocent, on y apprend vite les défoulements violents: vous devriez voir le sadisme avec lequel je piétine les criocères  qui osent s'attaquer à mes lis !

***

C'est en cherchant un moyen plus facile d'éliminer mes scarabées nippons que j'ai trouvé leur point faible: les géraniums, blancs de préférence. Cette recherche nous apprend en effet que la bestiole raffole des pétales du pélargonium (le géranium des jardins) qui les font tomber dans un état catatonique proche de l'extase. Elle se retournent sur le dos, frétillent des pattes et des antennes et leur immobilité en font une proie facile. Un jour plus tard elles dégèlent et remettent ça. On comprendra que ce régime les affaiblit en plus de calmer leur instinct copulateur. 

Me voici donc soudainement épris de géraniums blancs et pusher des scarabées de l'Empire du soleil levant,


En prime, une chanson de circonstance: 

24 juillet 2011

Retour

En fait, je suis arrivé mercredi midi en direct de Kamouraska, Quel contraste entre l'air frais du Bas-du-fleuve et la chaleur oppressante de notre sud, La rivière est très basse, les gazons jaunes et je crains pour le jardin. De fait l'ami à qui j'en avais confié le soin a oublié/négligé/mal compris l'arrosage. Les astilbes ont cramé, des plantes ont séché ou flétrissent dangereusement. Arrosage sommaire généralisé sous un soleil de plomb même si ce n'est pas recommandé. Et en plus, les poissons rouges sont invisibles. Un raton-laveur ?

La chaleur m'écrase. En rangeant le boyau je casse le collet qui le fixe au robinet, impossible de réparer. GRRR, Et il y a l'épicerie à faire !

Puis finalement tout se tasse. Les poissons sont bien là, cachés sous les feuilles des nénufars. L'ami négligeant m'offre un lift pour quérir un nouveau boyau assorti d'un beau dévidoir qui remplacera celui qui s'est cassé cet hiver. J'arrose à fond partout, découvre que le boyau suintant qui couvre les écarts du jardin est fendu, petite réparation à faire, mais il fait trop chaud. De beaux orages passent sans laisser de pluie. 

Et au matin de ce samedi encore trop caniculaire une belle récompense:


Il fait frais en ce dimanche matin. Je connais quelqu'un qui va passer sa journée au jardin.

Et mon voyage en Gaspésie ?  Superbe, du beau temps de belles découvertes. Je vous en parlerai ces prochains jours....

13 juillet 2011

Songes de la mi-été

Belle journée fraîche, une grosse averse vient de noyer mes velléités de jardinage. tiens pourquoi pas quelques nouvelles du Jardin ?

L'étang a maintenant trois nouveaux habitants, des poissons rouges qui seront nourris et logés en souhaitant qu'ils jouent bien leur rôle de prédateurs des larves de maringouins qui pullulaient un peu trop.  Souhaitons que les ratons-laveurs du coin ne les découvrent pas. 

Parlant de locataires mes amis d'en haut finissent de déménager, j'ai donc un splendide trois et demi à louer avec vue imprenable : 



Pour le reste, l'été se passe bien je lis pas mal, Hier, je me suis enfoncé dans la correspondance de Mme de Sévigné et de sa fille. Plein de potins en direct de la cour de Louis XIV. On rêve d'avoir assisté comme elle a une pièce de Molière jouée par l'auteur...

Je suis au mitan de mes vacances, comme de coutume, je ne les vois pas passer. Je quitte demain pour la Gaspésie, en reconnaissance pour l'excursion de cet automne. Je ne suis pas trop fâché d'échapper aux travaux de la rue voisine que la ville refait en profondeur. Outre le bruit des machines, les vibrations du compactage déclenchent de nombreux micro-séismes qui finissent par agacer. La maison vibre toute la journée. Heureusement qu'elle est solide. 

J'espère. 

2 juillet 2011

Friches

C'est toujours un peu la même chose, juin arrive, c'est l'été et après la fin des classe il y comme un goût de ne rien faire ou plutôt de se laisser aller doucement sans horaire, à faire des choses que j'aime sans pression. Le jardin est un peu en friche, il me reste encore à planter des choses parce que cette semaine j'étais plutôt lectures. 

Il faut dire que j'ai profité de la Saint-Jean pour aller voir ma mère et mes vieux amis sur la rive-sud de Montréal. L'occasion faisant le larron j'en profite aussi pour aller chez mon libraire de livres anciens dans le vieux village.  C'est son bazar bouquins annuel où il solde des boites et des boites de livres à 1$. Les chasseurs comme moi arrivent tôt le premier jour quitte à déballer une partie du stock. Et on pile. Pour ma part j'en suis sorti avec 80 bouquins. Dans le lot un géographie universelle incomplète de 1875, un vieux Jules Vernes plein de gravures, un manuel du parfait curé de 1750, de beaux vieux livres etc.

Dans ma pile, il y avait quelques éditions originales de Julien Green numérotées et reliées qui valaient 75$. Étonné de cette aubaine, mon libraire me dit que plus personne ne le lit, qu'il fait partie de ces auteurs trop 20e siècle qu'on oublie. C'est dommage. J'ai passé une agréable semaine à lire son journal des années 1981 à 1984. C'est fascinant de comparer le regard de ce vieux monsieur octogénaire, académicien,  gai et catholique sur une période que j'ai vécue dans la jeune vingtaine. 

Le quotidien de Green est à des années lumières du mien à cette époque, ses journées se passent en écriture, en lectures, à écouter du classique à voyager et à visiter des musées. contenu je dirais presque classique et convenu des journaux écrivains de sa génération. Pour ma part, je survivais entre les études, les boulots précaires, les récessions, la déprime post-référendaire mais aussi la grosse coop d'habitation, les soirées en ville avec les copains théâtreux, mes premières plates-bandes... 

C'était aussi le temps les derniers soubresauts de la guerre froide, qui inquiétaient Green et le renforçaient dans son pacifisme inquiet. Le même que moi. Le temps du better red than dead, de la bêtise reaganienne,  du début de la déconstruction de l'état-providence et de la mondialisation concomitante.

Et pendant que Green écoutait Schumann, j'écoutais ceci:


Oui, on était inquiets de cette guerre finale. On y a échappé.

Restent les nouvelles inquiétudes.

13 juin 2011

Décroché

Au dessus de l'ordi, il y a une lune presque pleine, seule dans le ciel, après deux journées grises pluvieuses et fraîches. Depuis deux semaines, je décroche tranquillement de la session. Il y a les réunions, la planification, la préparation des cours de l'automne, mais tout se fait comme un fade out vers le vide des vacances. 

Mes journées se passent à lire, à gosser les cours aussi à rêver le soir en regardant le jour s'en aller et le jardin pousser et changer au fil du temps et du travail.  J'en ai pris des tas de photos qu'il me reste à trier et à charger dans l'ordi pour les publier ici (certains sont impatients !). J'écoute aussi de la musique et tiens, ce soir cette chanson que j'aime beaucoup. 

Je connais mal Bruce Springsteen. Celle là m'a plu dès que je l'ai entendue. C'est que je rêve un jour de prendre mes vacances au Nebraska. Précisément parce qu'il n'y a rien à y voir.


J'écoute toujours distraitement les paroles des chansons et c'est en faisant des recherches pour la trouver que j'ai appris que cette exquise complainte est celle d'un couple de jeunes ados du Nebraska qui se sont désennuyés en tuant 11 personnes en 1958. 

Moi qui pensait que c'était un gars qui s'ennuyait de sa blonde...

21 mai 2011

Bonjour en passant

Le joli mois de mai est un sprint ce année comme toutes les autres. Coté cours, les examens à préparer, les excursions à faire, les corrections et les notes à remettre à la fin du mois et comme si ce n'est pas assez, cette année je n'ai pu m'em pêcher d'aller faire un tour à l'ACFAS, grand pow-wow des sciences qui se passait chez nous cette année. Il y avait là un colloque intéressant mais mal organisé sur les angoisses existentielles de la géographie. Au moins ça m'a permis de rencontrer quelques bonzes.

Côté jardin, il y a le grand ménage à faire, une verge et demie de compost à étendre (la verge est cube et n'est rien d'autre que le yard anglais, soit un peu moins d'un mètre).la tâche est d'autant plus difficile que les beaux jours sont rares, les pluies fréquentes et le temps trop compté. Reste à diviser les vivaces en déplacer, planter les annuelles.

Mais voilà que je commence à relaxer, j'écris en direct du jardin, en savourant un petit Nemea, bon petit vin grec pas cher, pendant que le soleil se couche. Je me saoule de vert, du bleu des myosotis et des aubriettes qui ont envahi le jardin.Voilà un apreçu pris par la cam de petit microportable (netbook).


Oui, la photo est moche j'en ai plein à ajouter de meilleures, ce sera pour plus tard, la soirée est trop belle.

5 mai 2011

Sont bons nos jeunes

Pub des étudiants en graphisme du cégep de Sherbrooke:

Edit: suivre le lien, la video était incompatible avec la mise en page

3 mai 2011

Étranges résultats

Je me suis levé ce matin en territoire néo-démocrate, (mon député de ce parti a 19 ans, je croyais qu'il faisait simplement un travail de session en sciences-po) gouverné par les conservateurs solidement majoritaires. Première réaction: c'est le pire des résultats: les conservateurs ont toute la latitude pour appliquer leur programme rétrograde face à une opposition somme toute peu expérimentée où les néo-démocrates novices du Québec devront s'intégrer à un parti traditionnellement centralisateur. Leur voix sera-t-elle entendue ?

Par contre, on peut s'attendre à ce qu'un gouvernement conservateur dérive trop à droite et finisse par être en collision frontale avec les valeurs québécoises qui demeurent à gauche. Ajoutez-y un éventuel gouvernement souverainiste au provincial et vous avez là une conjoncture intéressante à moyen terme.

Pour le moment, je me contente de méditer cette célèbre phrase de Wilfrid Laurier: « Les canadiens-français n'ont pas d'opinions politiques, ils n'ont que des sentiments » .

Mets-en !

1 mai 2011

Étranges élections


Semaine assez difficile, marquée pour ma part par un solide lumbago qui me pollue la vie depuis mardi. Le genre de mal de dos qui vous réveille à chaque mouvement dans le sommeil. Heureusement, la journée d’été qu’on a eu mercredi a mis un baume sur ma douleur qui se résorbe tranquillement comme le débit de la rivière Saint-François.

Je n’ai pas été très bavard en avril, ce ne sont pas les sujets qui on manqué pourtant, j’en ai débuté quelques-uns que je compte bien déposer un jour ici.  Mais entre le jardin qu’il faut sortir de sa gangue hivernale, les copies et les notes à rendre ou encore Pâques en famille (mmmm les tartes au sirop d’érable) disons que le temps qui manque et ma flemme naturelle ont fait le reste.

***

Comme c’est veille d’élections fédérales un de mes fidèles lecteurs et ami me demande mes prédictions. Et je suis bien embêté. C’est que cette élection qui s’annonçait ordinaire et sans surprise a accouché d’une vague orange au Québec qui a propulsé le NPD à des hauteurs jamais vues dans les sondages. Comment un parti qui n’a presque pas de racines au Québec, et qui y présente en général des poteaux qui font de la figuration sur les bulletins de votes pourra-t-il élire de députés sur nos terres ?

On a beaucoup commenté cette vague inattendue d’appuis au NPD au Québec, d’autant que dans le reste du Canada les positions n’ont que peu changé. La projection des sièges de Three Hundred and Eight montre que, hors Québec, le prochain parlement serait la copie conforme du précédent, à l’exception de quelques pertes conservatrices en Colombie Britannique à peine compensées par de maigres gains en Ontario et en Atlantique. Le NPD jouit d’un léger vent favorable un peu partout mais les gains sont minces. Le champ de bataille ontarien prévu par les analystes ressemble donc plus  à une guerre de tranchées dans les banlieues et les villes satellites de Toronto. C’est là où se jouera le statut majoritaire ou minoritaire des conservateurs.  Je crains qu’un réflexe de stabilité et une certaine lassitude électorale ne fassent le jeu de M. Harper qui pourrait y surprendre.

Venons-en au théâtre québécois. Ici tout est mouvement. Au fond, la question à se poser est simple : jusqu’à quel point les gains du NPD dans les sondages peuvent-ils se transformer en sièges ? Comme tout le monde, j’ai été surpris de cette nouvelle volatilité de l’électorat québécois que je m’explique mal. J’y vois un mouvement d’humeur devant une situation politique trop figée, un goût de changer pour changer, le capital de sympathie du bonhomme Layton ayant fait le reste. Mais est-ce suffisant pour élire des députés ?

Je ne peux m’enlever de la tête que l’engouement envers le NPD est très superficiel mais on a vu que ce genre de passade a déjà fait de l’ADQ l’opposition officielle à Québec. Quels sont donc les sièges sur lesquels le NPD peut compter ? Il y en a 4 ou 5 en Outaouais où le NPD a déjà une base plus solide par le poids qu’y a l’état fédéral. Des gains donc aux dépends du Bloc, des Libéraux et peut-être du conservateur Lawrence Cannon. Le NPD est aussi en bonne position dans la grande région de Montréal surtout dans les comtés à forte présence anglophone mais où le Bloc était relativement puissant. Facilement six, peut être huit sièges à la frange ouest du centre-ville et dans les banlieues moins francophones de Laval ou de la Rive Sud. Les libéraux surtout vont y perdre mais le Bloc y a beaucoup de députés fragiles.

Ailleurs au Québec, la situation est déconcertante. Les nombreux sondages dans la région de Québec y montrent une poussée néo-démocrate qui menace les conservateurs de la Rive Nord. On signale des luttes à trois un peu partout en région. C’est là où la différence entre les intentions et la réalité du vote va compter. Le feu de l’amour au NPD est-il de paille ? C’est indécidable. Intuitivement, je serais porté à minimiser les gains du NPD en me fondant sur la rationalité des électeurs devant un parti somme toute étranger au Québec profond. De là à parier sur la rationalité des électeurs alors que le politique est devenue affaire d’images et de perceptions, il y a un pas que je ne ferai pas. Peut-être six ou dix gains du NPD aux dépends du Bloc et de quelques potiches conservatrices de la région de Québec.

Résumons nous : Au Québec : 35-40 bloquistes, 12-15 libéraux, 12-15 néo démocrates, 7-10 conservateurs. Au Canada : 140-150 conservateurs, 65-75 libéraux, 35-45 néos et 35-40 bloquistes. Prédictions floues pour une élection où les contenus n’ont pas compté.

C’est ce qui m’inquiète.


5 avril 2011

Espoirs (et désespoir ?)

Il a fait beau dimanche, pas chaud 5°, mais assez pour que ça fonde. Un petit glacier drécrépite dans la plate-bande avant. Et ô surpise ! un premier crocus !


Si Si ! Il y a une petite tache mauve, en haut, à droite des roches au centre. On le voit en aggrandissant l'image. Il étaient déjà fleuris fin mars l'an dernier mais bon, ce même 3 avril, en 2010, il faisait 26°.

Et ce n'est pas demain que je vais corriger sur la table de pique-nique...
(Je pense qu'elle a besoin de peinture)

***

Et tiens, des photos pour faire peur à Laurent d'Embruns : un trou plein d'amiante ;-)


S'agit de la mine d'amiante d'Asbestos maintenant à moitié abandonnée. Le site est impressionnant. Difficile de se rendre compte des 450 m de profondeur d'un trou qui fait 700 m de diamètre. Les équipements au fond  de la mine donnent un peu l'échelle :



C'est quand même prodigieux de voir ce que les humains sont prêts à retourner de terre pour ce qui était une richesse. Et quoi qu'on pense de l'amiante, c'est triste de voir la ville autour mourir tranquillement. La mine a été payante ici vers la fin, mais elle a fait mourir combien de travailleurs avant qu'on ne civilise son exploitation ?

Ajout: commentaire d'un ami sur fessebouke: « La mine Jeffrey... ma mère est d'Asbestos. L'été, après la sirène puis le "blast" vers 16h30, il neigeait des flocons d'amiante dans les rues de la ville. Pas nécessaire de travailler dans le trou ou l'usine pour s'intoxiquer. Cela dit, je regrette le temps que j'y ai passé avec les amis d'enfance et la famille. » 

29 mars 2011

L'été magique

Depuis neuf jours il fait un temps déprimant. Les journées grises et neigeuses alternent avec celles où le soleil ne parvient pas à réchauffer un vent froid, aigre et sec. Tout cela favorise les longues expéditions sur le web. L'autre jour je me demandais ce qu'il restait de visuels de l'Expo 67. 

C'est que pour bien des québécois de mon âge c'est un souvenir un peu brumeux mais merveilleux. J'ai eu mes neuf ans dans cet été magique. Une fois la semaine, ma mère devait suivre des cours de mise à jour pour reprendre son métier d'infirmière, elle pouvait caser mes deux soeurs chez ma tante mais que faire des garçons ? Je ne sais trop comment elle a eu l'idée de nous offrir l'expo comme gardienne. 

Une fois par semaine nous partions donc de notre lointaine banlieue, seuls, moi et mon frère (10 ans), munis de notre lunch, des tickets de métro et d'autobus et de ce qu'il fallait pour payer l'entrée (1.25$). Des fois, il nous restait assez d'argent de poche pour nous payer les succulents sandwiches du pavillon scandinave, les moins chers du site servis avec des ustensiles de plastique au design ultramoderne.

On avait nos trucs pour couper les files interminables à l'entrée des pavillons: se faire passer pour les enfants d'une autre famille (risqué) ou mieux, entrer par la sortie. Combien de pavillons avons-nous-vus à l'envers ! Nous étions fascinés par les maquettes de toutes sortes elles abondaient chez les soviétiques étaient inexistantes chez les américains. Nous avons joué beaucoup dans le carré de sable  blanc du pavillon allemand, passions des heures à lire les Astérix et autres BD au pavillon de la France. Merveilleux souvenirs !

On trouve pas mal de traces de l'événement sur le web, beaucoup de prises de vues externes mais peu de choses de l'intérieur des pavillons. Imaginez donc ma joie de revoir un bout d'une visite du pavillon du téléphone, extraite d'une émission de radio canada qui étrennait la couleur cette année là: 



Ah que c'était moderne ! Il y avait même un visiophone ! Ce que l'extrait ne dit pas c'est que ce pavillon avait l'un des clous de l'expo, ce fameux film 360° qui célébrait le centenaire du Canada. 

Quand on voit toute la modernité que célébrait cet événement on est toujours surpris du contraste avec notre temps plus amer. Comme si le merveilleux a fait place à une sorte de saturation, d'overdose et se replie vers une nostalgie envahissante qui avale maintenant le passé en le restituant sous une forme insipide, stérile et bien pensante.

À croire qu'à force de restaurer, de ravaler il nous faudrait oublier que le monde a déjà été différent. 

27 mars 2011

Quand la droite délire

Je trouve un peu dommage que les médias ici aient peu repris cette histoire qui agite encore le paisible état du Wisconsin. On sait que son nouveau gouverneur, sous prétexte d’équilibre budgétaire, a voulu mettre fin aux droits syndicaux des employés de l’État considérés comme indument privilégiés (sauf bien sûr les flics et les pompiers!) . Vous avez sans doute vu le cirque qui en est découlé : manifs des employés qui occupent le capitole local, fuite des sénateurs démocrates pour empêcher le quorum et ainsi bloquer la loi que le gouverneur a réussi tout de même à faire adopter par une entourloupette procédurale. Notons également au passage que la situation financière du Wisconsin n’était pas assez critique pour empêcher que le même gouverneur Walker n’y diminue les impôts sur les entreprises.

En marge de ce débat, William Cronon, grand pionnier de l’histoire environnementale et professeur à l’université d’état du Wisconsin, y va d’une tribune publiée dans le New York Times. Il y souligne à quel point cet homme va complètement à l’encontre des traditions de cet État qui a été le seul à voter contre Reagan en 1984, quoiqu’il ait aussi engendré le sénateur McCarthy, ce qui en l’espèce, est  prémonitoire.

En réaction à cette tribune ou pas, voilà que le parti républicain du Wisconsin se prévaut de la très généreuse loi d’accès de l’information de l’état pour demander copie de tous les courriels que le professeur Cronon a envoyé de son compte à l’université et pouvant contenir des mots clés associés au conflit en cours. La manœuvre est grossière, il s’agit de décrédibiliser l’auteur en prouvant qu’il s’est servi des outils de son université publique à des fins partisanes.

La réaction du professeur est digne, il s’en explique dans un long message de son blogue que je vous invite à lire. Il y a là bien sur la notion de liberté académique, celle de la confidentialité du courrier etc. Inutile de dire les réactions indignées des milieux universitaires et bien sûr celle des républicains qui persistent et signent.

Là où la chose devient plus inquiétante, c’est qu’en faisant ses recherches le Pr. Cronon est tombé sur une association d’élus de droite qui vise à coordonner le passage d’une armada de lois visant un retour à un conservatisme économique pur et dur. En bon professeur, il a proposé une activité hautement pédagogique dans son blogue. Je vous invite à la suivre.

Que conclure de tout ça ? Tout d’abord, la contradiction fondamentale entre une droite qui hurle à l’État Léviathan et pour qui, par exemple, les recensements sont une invasion inacceptable de la vie privée et qui, en même temps, utilise des procédés pire que ceux qu’elle combat pour arriver à ses fins. Difficile en même temps de ne pas y voir une attaque concertée contre tous les mécanismes de l’état providence, contre l’état redistributeur de richesses bref contre tout ce qui avait pu rendre le capitalisme plus égalitaire et plus supportable à tous.

Et naïf qui pense que cela ne concerne que nos voisins du Sud. Les frontières sont poreuses aux idées, on en a un bon exemple au fédéral. 

P.S. Et contrairement à la plupart des blogueurs, j'ai lu son livre sur l'histoire environnementale de la Nouvelle-Angleterre ;-) C'est un ouvrage majeur et pionnier. 

26 mars 2011

Élections...

Bon, c'est confirmé nous serons en élections fédérales le 2 mai. Les lecteurs de ce blogue savent où je loge. Dans mon coin, disons que le résultat semble acquis. Mon député bloquiste que je connais un peu est assez effacé mais efficace, il est parfois étrange étant un des rares de son parti à avoir voté contre mariage gai tout en étant assez à gauche ailleurs. Depuis qu'il a succédé à un certain Jean Charest comme député de Sherbrooke ses majorités vont s'accroissant.

Au plan canadien, il est assez inquiétant de voir que les conservateurs sont près de la majorité. On le sait, la bataille va se jouer sur assez peu de comtés, ontariens pour la plupart et les marges seront minces. Au Québec, possible que les conservateurs perdent quelques sièges mais ils seront compensés par ce qu'il gagneront en banlieue de Toronto et dans les petites villes de l'Ontario.

Mais la campagne est jeune et j'espère bien qu'Ignatieff et les libéraux remontent un peu dans l'opinion canadian ou encore qu'on sache voter utile pour bloquer les conservateurs. C'est que ce parti que je n'ai jamais aimé fait tout pour devenir encore plus détestable. On sent qu'il se passe chez eux la même chose que chez les républicains américains, disparition des modérés au profit d'une droite ignorante et imbécile donc dangereuse. L'abolition du formulaire long du recensement est à cet égard typique de leur état d'esprit. Ajoutons-y la disparition des fonds de recherches sur les changements climatiques, une politique étrangère guerrière aveuglément pro-israélienne, un délire sécuritaire et pénal qui ne repose pas sur la réalité et vous avez là un parti qui prend ses paranoïas pour des réalités.

Et ils sont menteurs. Ce matin, Harper dénonçait l'idée même d'une coalition alors que lui même était prêt à s'allier au Bloc et au NPD pour prendre la place de Paul Martin en 2004 (remarquez que comme OVNI politique on n'aurait pas fait mieux: un alliance droite, gauche et souverainistes contre le centre-droit aurait été assez extraterrestre). C'est dire que cet homme est dangereux, prêt à tout pour parvenir à ses fins et qu'en fait «d'agenda caché», c'est toute une encyclopédie qu'il est prêt à nous passer.

Bien des choses ont le temps de se passer d'ici le 2 mai. Disons que pour le moment, j'ai surtout hâte que les bancs de neige fondent. l'hiver a joué cette semaine un rappel que personne n'a demandé. Comme la plupart des lois de M. Harper.

PS Pour suivre la campagne: réouverture du blogue de l'admirable Chantale Hébert et un bon site de cartographie électorale (en anglais, hélas!).

21 mars 2011

Chronique de la haine ordinaire

Embruns signale un certain malaise autour du site Vigile qui tente d'être un forum des souverainistes québécois. On l'accuse d'héberger des textes vaguement antisémites. Pour en avoir lu quelques uns, peut-être,  mais ils ne sont pas particulièrement intelligents plus maladroits qu'autre chose. Mais bon c'est un site bénévole qui survit autour d'une idée assez mal vue de nos jours.

Que l'accusation soit venue du Congrès juif canadien est normal, on les comprend d'être vigilants en ce domaine et Vigile devrait l'être un peu plus peut-être. Par contre, le vieux souverainiste que je suis en a marre de cette équation trop facile qu'on fait entre nationalisme et antisémitisme. Encore là c'est une procédé classique : diabolisons l'indépendantiste qui veut se replier sur lui même etc. etc. Toute une ancienne littérature anticolonialiste ( Frantz Fanon, Albert Memmi) a bien démonté ce mécanisme d'amalgame.


Tout ça me déprime un peu, alors dans ce cas je vautre dans les commentaires d'un quelconque grand quotidien canadien pour me rappeler que la bêtise est partagée dans les deux camps. Et comme je suis de mauvaise foi, je choisis le National Post:

Lets give Quebec the keys to its own country after the ROC (= Rest of Canada) determines how much land we need to ensure communication and transportation with the Maritimes, the continued use of the St. Lawrence Seaway as a fully National Canadian corridor, the return of lands loaned to Quebec in Ungava and then let them have at it among themselves.
(Si je comprends bien, il est gentil de nous laisser les Laurentides et le Saguenay) 
Only then will they find out they are a lazy, socialist society who have to finally pay their own way in the world.

I say this reluctantly as I love to visit the Province. It is not unlike having a child who needs to go out into the world and earm a living. Sometimes we have to kick them out. Only then do they understand there are no free rides and they might then appreciate their parents moreso.
 I'm tired of being Quebec's parental unit. Let's kick them out
.
 J'aime bien ce paternalisme sévère du Canada, qui est si gentil de nous avoir laissé habiter leur pays sans même nous obliger à vivre dans une réserve.

Give them independence and give us complete independence from them . No more handouts to fund programs other provinces don't have . I've been listening to these traitors my whole life and I'm sick of it . Kick that traitor of a party out of our parliament while were at it ...Quebecois means = Anti Canadian ...Separatist should be hung for treason to the country !

Oui pendons les 2 millions et demi de séparatistes qui ont osé voter oui au référendum de 1995, ça relancera l'industrie du chanvre !

Ah que tout ça fleure bon le Canada !

17 mars 2011

Étrange

C'est une chanson de Brel assez épouvantable. Pour les gens de ma génération elle est rédhibitoire. Mais pour qui ? Il est normal qu'un mécanicien sache Brel.
v

7 mars 2011

LA tempête

Il sera finalement tombé quelque chose comme 60 à 70 cm de neige depuis hier soir. On pourrait dire qu'à part la fermeture à peu près complète de la ville, cette tempête s'est bien passée.
Petit état des lieux dans mon coin, à la brunante.

Où l'on voit qu'au jardin, à défaut de clématites, on a de la neige grimpante en cette saison.

Où l'on voit que la tempête a donné des lignes nouvelles et nivodynamiques à la Subaru du locataire

Sous les névés les chars...

Une des rares bornes-fontaines qui émergent encore.

Raquetteur frimeur ayant oublié qu'à 17h 00 les télés sont retournées dans leurs studios. 

La côte King déserte à l'heure de pointe. Oui, oui, on en a une !

La neige donne des sourcils aux feux de circulation mais pas aux agents. 

Et pour terminer, un peu d'art public. Ultra Nan squatte un panneau inutile pour pas un rond.

Mais à la course au bonheur, j'ai préféré les courses tout court. On était huit clients dans l'immense maxi des Grandes Fourches. Tout le monde était heureux. Et tous les gens que j'ai croisés se saluaient. Curieux qu'il faille ce genre de circonstances pour qu'on sorte de la réserve ordinaire des urbains. Comme si la rupture d'un code météo entraîne celle des codes sociaux. 
Pour le mieux, l'entraide.
À croire que la normalité la décourage. 

Et dire qu'il ne restera plus rien de tout ça dans un mois peut-être.

Relâche (s)

C'est une belle invention que la semaine de relâche, surtout si comme aujourd'hui un congé inespéré vient la prolonger un peu. La cause du congé est assez évidente:

Au moins 45-50 cm de neige de tombés au moment d'écrire ces lignes. Ma ville est à peu près fermée, le cégep, l'université, les services municipaux et la plupart des bureaux aussi. Les services d'urgences ont mis leurs 4x4 et leurs motoneiges disponibles pour les urgences. On voit que les leçons de la dernière grosse tempête a été retenue.  

Ce congé inattendu est d'autant plus précieux que j'ai moi aussi fait relâche la semaine dernière. Les piles de copies n'ont bougé qu'à la suite du grand ménage de mon bureau, je vais les corriger tantôt. J'en ai aussi profité pour lire un peu, me commander un nouveau lit, l'ancien ira meubler la chambre d'amis finalement vidée par ma nièce. J'ai songé à repeindre ma chambre mais comme il faudra de toutes façons en changer la fenestration et refaire les murs, aussi bien attendre les grandes rénos prévues pour d'ici deux ou trois ans. 

J'ai fait un saut à Montréal voir ma mère qui s'est bien remise de son opération. Je suis même content de voir que ma soeur qui habite avec elle a enfin commencé à comprendre que les tâches ménagères étaient devenues trop lourdes pour ses 82 ans. J'aime bien jaser avec ma mère de sa jeunesse en Gaspésie,  au temps des chevaux et des lampes à l'huile. Grande pauvreté mais richesses humaines. Elle m'a raconté que mon grand-père entretenait toujours des conteurs à sa boutique de forge pour faire patienter ses clients. Autre époque... 

 J'ai profité de ma visite en ville pour aller voir l'expo des guerriers chinois au Musée des Beaux-Arts avec mon vieil ami Michel. Impressionnante toujours cette grande et vieille civilisation si étrangère à la nôtre par ses rites ses croyances. L'expo est bien mise en scène et comme on l'a visitée sur l'heure du souper, on a pu éviter la cohue. On a erré un peu aussi dans les salles permanentes où mon ami a pu exercer sa nouvelle passion de photographe.

Je pense qu'il est pas mal plus doué que je ne le suis...

J'en ai ramené trois petits guerriers qui trônent maintenant au dessus de mon bureau. 

C'est le prix des trois paquets de cigarettes que je n'ai pas fumés depuis vendredi ;-)



19 février 2011

La routine

Il faut croire que je n'ai pas grand chose à dire, des idées de textes : une ode au fromage en grain, un compte-rendu d'un livre sur la relation du Québec à son grand voisin du Sud... Mais rien qui presse. La session a pris son rythme de croisière, les corrections s'accumulent qui réclament le peu de discipline que je possède.

Les cours sont agréables, j'ai de bons groupes.  Un cas inédit:  un étudiant tétraplégique à la suite d'un accident d'auto qui suit mon cours tout simplement pour se cultiver. Peut être pour se prouver que même s'il  n'est plus qu'une tête sur un corps figé, il est encore vivant. Son corps est inerte dans sa chaise roulante, une machine le fait respirer.  Je lui ai fait passer son examen oralement, il ne demandait rien mais son courage m'impressionne. Bel exemple à donner à mes cégépiens pas toujours motivés...

Le hasard des rencontres d'anciens étudiants m'a donné le plus beau salaire d'un prof, savoir qu'on a compté, que telle excursion a ouvert les yeux sur son milieu... Voir qu'un autre étudiant qui a lâché le cégep est en hôtellerie qu'il veut devenir sommelier, qu'il va partir découvrir les scotch et les vins en Europe. Pourquoi pas ? La passion fait souvent apprendre plus que l'école.

***

Il a fait 11 hier sous un soleil radieux. Aujourd'hui c'était un vent glacial. Ici l'hiver a une mort d'opéra, ça n'en finit plus. Une première brèche quand même, un soleil plus fort qui ouvre son agonie. Et tiens, une chanson d'hiver pour souligner la chose. Je ne suis pas un grand fan de Claude Dubois qui se caricature en vieilissant. Il a fait de bonnes chansons mais il en est une qui pour moi est à part des autres. Elle est magique.


Souhaitons que le Labrador ne s'attarde pas trop dans notre Sud cet hiver.

6 février 2011

Ah comme la neige a neigé !


Oui c’est l’hiver. Ici une éventuelle marmotte n’aurait même pas pu sortir de son trou le deux février puisqu’il est tombé un peu plus de 30 cm de neige dans la journée. Et gloire aux cols bleus de la ville de Sherbrooke puisque jamais la circulation n’a été interrompue dans notre vallonneuse cité. Et comme il y a à peu près deux trois pieds (1m) de neige au sol, je crois que je vais enfin pourvoir étrenner mes raquettes.

Et puis la nuit dernière on a eu droit à un deuxième service, un autre 30 cm avec une neige très forte  tellement qu’on a eu droit même à des éclairs. 


Un très rare orage de neige qui devait laisser tomber pas loin de 5 ou 6 cm de neige à l’heure si je me fie aux observateurs de mon site météo préféré.

Et ce matin au jardin on constate que ça va prendre un certain temps avant de s'installer sur la table à pique-nique:


Mon gentil voisin d'en face est un homme équipé, outre son abri tempo, emblème suburbain de l'hiver québécois, il également un souffleuse très utile maintenant d'ailleurs puisque son banc de neige est devenu trop haut pour y pelleter de nouvelles couches. Il pousse d'ailleurs la courtoisie jusqu'à souffler la bordure que laisse la charrue devant mon entrée. 


Je n'ai pas d'auto mais voici mon locataire qui dégage la sienne: 
Là où il m'a impressionné c'est que deux minutes plus tard, sans finir de la dégager, il a sorti son auto pour terminer le déneigement dans la rue. Pas bête, c'est toujours ça de moins à pelleter. 

Mais bon, comme on ne sait plus tellement où mettre la neige on a convenu, mon voisin d'à coté et moi, de se faire appel à un contracteur qui a une grosse souffleuse pour le reste de la saison. Ça rend la contemplation du paysage hivernal tellement plus agréable.  




30 janvier 2011

Sur le neutre


C’est une journée blanche et grise. Il ne fait ni froid ni doux. Il ne fait pas franchement soleil, mais on le voit de temps en temps et, au moment où j’écris, il se couche tout orange au dessus d’un mur de nuages. Il neigeotte un peu, des fois plus des fois moins, ce genre de flocons tout légers qui mettent une éternité à choir, comme s’il voulaient musarder et explorer leur monde avant de se fixer au sol.

Je me sens un peu comme ça aujourd’hui. Je varnousse. Un peu de préparation de cours, beaucoup de lectures de blogues, une brassée de lavage et un début de ménage dans mon ex-bureau. C’est assez typique de ce temps de l’année, le bruit des fêtes se calme, la routine de la session s’engage. Pour tout dire je me sens un peu sur le neutre, sur l’erre d’aller.

C’est une situation confortable,  assez plate finalement mais n’est-ce pas là l’idéal de nos sociétés modernes. ? Étre satisfaits, entourés de richesses comme peu de sociétés avant nous ? Un peu vedge, on consomme  les uns de la culture savante,  les autres du hockey, de la télé. On rêve pourtant à mieux, plus de bébelles ou d’action, un prince charmant ou de la santé, puis on se dit qu’il y a pire.

On pourrait être en Égypte et réclamer la même chose ?

Quand même pas. 

25 janvier 2011

Quinze livres: une feuille en hiver

Les grands froids d’hier on fait place à une petite neige. La rivière Saint-François devient une abstraction, tracé noir et géométrique au milieu de la gangue blanche de ses deux rives. J’ai beaucoup souri hier à la panique médiatique. Oui, il faisait moins trente-deux le matin. So what ? On appelle cela l’hiver au Québec et il me semble qu’on a toujours deux ou trois vagues de froid semblables entre décembre et mars. Et ça dure parfois plus d’une semaine. Juste embêtant pour aérer l’appart maintenant que j’ai réarrêté de fumer. Profitons-en pour durcir l’exercice : rédaction d’un texte sans boucane. Une seule feuille aujourd'hui, peut-être d'amélanchier.

***

Ah le docteur Ferron ! Curieusement, le premier livre de lui que j’aie lu ne m’avait pas impressionné plus qu’il ne le faut. Je l’ai lu dans un cours de roman au cégep, vers 1978 et il était obligatoire. Les roses sauvages est un livre triste, dans la veine où Ferron regarde des gens de peu décrocher lentement du monde. Je ne savais pas qu’au même moment l’auteur faisait la même chose. Pourtant Ferron était une célébrité à Longueuil. Le fondateur du parti Rhinocéros habitait à deux pas de mon gros cégep et j’avais même eu la curiosité d’aller voir son bureau de médecin, sur le chemin Chambly.

C’est peut-être vingt ans plus tard que j’ai redécouvert son œuvre. D’abord les Escarmouches, recueil des ces historiettes et autres articles qu’il a multiplié dans les journaux. J’y ai savouré son ironie parfois féroce qui savait mordre les élites là où ça fait mal. Mais j’ai surtout lu un des plus grands connaisseurs de l’âme québécoise. Il a su la sortir de son empaillement folklorique catholique-français pour la montrer diverse,  métissée de touches irlandaises ou amérindiennes, britannisée aussi par les écossais et les anglais, toujours franchement amériquaine.  Il a su aussi aller derrière le décor du Québec des gros villages de pour trouver celui des écarts, celui des hommes libres qui savent voir que la vanité des élites politiques et religieuses n’est rien d’autre que le masque commode que se donne un peuple profondément inquiet, parfois rebelle et qui se tait pour survivre dans un pays incertain.  On le sent parfois désolé de voir ce peuple s’anesthésier dans le confort de la grande  banlieue universelle. Je pense qu’il n’a pas tort.


J’ai parlé souvent de Ferron dans ce blogue, son plus grand livre est sans doute Le ciel de Québec, récemment réédité en poche à la bibliothèque québécoise. L’édition est heureusement annotée, ce qui permet de savourer toutes les clefs, tous les clins d’oeil qui fourmillent dans le récit. Ce n’était pas le moindre talent de cet écrivain que de savoir distiller dans ses livres sa connaissance encyclopédique et pratique du Québec. Les études ferronniennes sont encore très vivantes, on en a l’écho dans ce très vaste site qui lui est consacré. On y trouve quelques historiettes, ce qui ne gâche rien. 

15 janvier 2011

Un beau vieux film

L'autre jour, j'entendais des étudiantes parler de La belle et la bête et de louanger le film de Disney. Je n'ai pas pu m'empêcher de leur demander si elles connaissaient la version de Jean Cocteau. Dans le brouhaha de la fin du cours elles m'on dit que non. Elles ne connaissaient probablement pas Cocteau non plus. Moi non plus, si ce n'avait été de cette curieuse prof du cégep qui nous avait fait lire la Difficulté d'être dudit Cocteau. J'avais aimé ce livre, ce qui m'a amené à écrire un texte dans le genre de plutôt que de faire le banal résumé. Dans ce temps là, les profs nous proposaient souvent ce choix et j'aimais mieux m'épivarder en création plutôt que de résumer banalement. Payant coté note, puisque personne ne le faisait, utile aussi pour l'exercice d'écriture et l'introspection demandée dans le contexte.  Je me souviens d'avoir pondu un texte sur les masques, ceux que l'on se donne et qui, à force de les porter, nous transforment à leur tour. Mais le masque, on le choisit aussi... Elle avait bien aimé.

C'est dans ce cours qu'elle nous a présenté le film de Cocteau. Et le hasard avait fait que dans notre groupe, il y avait une dame qui était figurante dans son film. Je vous laisse imaginer les potins du plateau de tournage, toujours sous entendus (on est en 1979), mais néanmoins explicites. Le film est daté. La langue des comédiens va du français classique à la gouaille des banlieues de 1940. Mais bon, Cocteau avait un flair, une audace et le carnet d'adresse que ça prenait. C'est un conte pour enfants que seuls les adultes peuvent comprendre.

Ça se trouve sur You Tube.

13 janvier 2011

Quinze livres: suite de l'effeuillage

L'hiver revient. Les dernières plaques de gazon sont maintenant recouvertes d'un bon 15 cm de neige folle. Après l'université il y a deux semaines, la session commence lundi au cégep. Un bel horaire, que des cours le matin. Je suis lève-tôt, ça me va. Quant à mes jeunes, je suis moins sûr. Un pétard qui explose dans une classe à 8h30 peut-il être considéré comme un outil pédagogique ?

***
Il est plus que temps de revenir à cette série amorcée il y a un mois voici donc trois auteurs qui ont été importants dans ma vie.

Le cégep a été pour moi un moment où j’ai fait beaucoup de lectures qui ont formé mes idées. Je dois à mes cours de philo d’avoir découvert Lewis Mumford. Non pas qu’on l’ait étudié mais parce que la revue Critère animée à l’époque par Jacques Dufresne avait organisé un concours d’écriture sur les questions urbaines qui m’intéressait. C’est parcourant ce numéro que j’ai découvert le classique de Mumford qu’est La cité dans l’histoire (The city in history) et renoncé à écrire ce texte. Dans ce livre,  faisant l’histoire des villes et de l’urbanisme, il plaide pour un retour à l’échelle humaine, pressentant le saccage qu’entraînait l’automobile ou l’inhumanité des idées modernistes de Le Corbusier et consorts. 

Son dernier grand livre, The myth of the machine (horriblement traduit en français) m’a encore plus impressionné. C’est un livre pessimiste où il ne condamne pas tant la technique en elle même que sa manipulation intéressée par ce qu’il appelle la mégamachine, vaste conglomérat des intérêts financiers militaires, industriels et politiques qui n’a d’autre fin que de se reproduire et d’élargir son emprise. Il en résulte une déshumanisation du monde, une croissance qui ne tourne que pour elle-même. Disons que depuis quarante ans que ce livre a été écrit les faits ne lui ont pas donné tort. Oui, grâce à internet  l’information circule et n’a jamais été aussi accessible, mais je me demande si cette omniscience virtuelle ne cache pas une plus grande ignorance du monde réel. Malgré son pessimisme, il conclut « But for those of us who have thrown off the myth of the machine, the next move is ours: for the gates of the technocratic prison will open automatically, despite their rusty ancient hinges, as soon a we choose to walk out » C’est un principe qui m’a toujours guidé.  



Mon premier contact avec l’œuvre de Raoul Blanchard s’est fait de la pire manière possible. Après une année mouvementée, le collège où j’ai fait mon secondaire 3 m’avait obligé à reprendre quelques travaux de session. Je ne l’ai finalement pas fait, ce qui m’a valu un changement d’établissement, par ailleurs bénéfique. Parmi ces pensums, il y avait celui de résumer la synthèse des Études canadiennes de Raoul Blanchard qu’était le Canada-Français version 1960.  J’ai lu le livre avec passion mais on comprendra que de résumer les 300 pages d’un livre qui en fait la synthèse de 1500 était au dessus des forces d’un ti-cul de 14 ans. Sans le savoir, mon prof de géo incompétent avec qui je m’étais chicané a confirmé ma passion pour toutes les choses géographiques. La prose de Blanchard avait aidé. Ce disciple de Péguy a une bonne plume, comme bien des géographes de son époque. Il avait le tour de dynamiser de longues énumérations de faits ou de données pour en arriver à en tirer le trait original, celui qui donne un sens. Ajoutez-y un don de la métaphore qui tue et vous aurez une description des collines montérégiennes qui sont comme « un lâche troupeau de pachydermes étalés dans la plaine de Montréal » et vous avez là un modèle d’analyse géographique jamais ennuyeuse à lire.

 Bien des années plus tard, alors que je débutais mon bacc en géographie, mon frère a suggéré à mon père  de me donner pour mon anniversaire la série des cinq gros volumes de Blanchard sur le Canada-Français. C’est le plus beau cadeau que j’aie eu. Je les ai savourés tout l’été, ce qui les a bien abimés mais m’a rendu assez incollable sur la géographie québécoise. Je rêve un jour d’avoir le temps, l’énergie et la discipline (!) pour rajeunir cette magistrale étude qui n’est guère plus lue que par les historiens. À une époque où les géographes se surspécialisent, il me semble que c’est oublier qu’une des qualités de la discipline est bien son sens de la synthèse des rapports que les humains ont avec leur milieu. (1)


 

Ce rapport est au cœur de la pensée du dernier auteur dont je parlerai aujourd’hui. Il s’agit de l’écologiste Pierre Dansereau. Je l’ai découvert dans le bon vieux Répertoire québécois des outils planétaires que Mainmise avait publié vers 1975. On y faisait grand cas de ce volume qui introduisait une grande étude sur l’impact écologique du défunt aéroport de Mirabel. Dansereau est l’un des derniers survivants de ce groupe d’hommes exceptionnels que Marie-Victorin avait réunis autour de lui, il sera d'ailleurs centenaire cette année. C’est un penseur original qui a voulu faire un pont entre l’écologie bio-biologique et les sciences humaines. Ainsi, contre la classique pyramide de transformation/prédation/recyclage des milieux naturels, il  propose la boule de flèche qui permet d’élargir la notion d’écosystème aux paysages et territoires humanisés.(2) Par exemple, l’appartement où vous vivez est un écosystème qui importe d’autres écosystèmes des produits (de l’électricité aux aliments) qui y sont utilisés et dont les résidus sont ensuite exportés vers d’autres écosystèmes, un dépotoir, disons.

Cette manière de voir le monde comme un réseau d’écosystèmes interreliés a été pour moi une révélation importante qui m’a permis de m’initier ensuite à la systémique et d’intégrer toutes les notions que j’ai pu apprendre dans mes études. Cela s’est d’ailleurs terminé par mon interminable mémoire de maîtrise où, à l’aide des concepts proposés par Dansereau,  je me suis amusé à construire l’histoire écologique ou la géohistoire d’un village des Cantons de l’Est. Et pas besoin de vous dire que quand mon directeur m’a proposé monsieur Dansereau comme lecteur externe du mémoire j’ai été plus qu’honoré. Il avait 94 ans et je pense que j’ai été son dernier étudiant. Il a bien aimé mon travail. (3)

(1) En bon universitaire, Blanchard a publié tout le contenu des ses cinq grands livres dans la Revue de géographie alpine qu'il avait d'ailleurs fondée. On peut les retrouver dans le merveilleux portail Persée, qui a numérisé bien des revues savantes, suffit d'y écrire (en recherche avancée) en titre Études canadiennes et en auteur Blanchard et magie tous les articles sont disponibles en fichiers pdf.  

(2) Pour comprendre la pensée de Pierre Dansereau dans ces années là, il y a cet entretien avec Joël Le Bigot, du temps où il savait se taire.

(3) Pour connaître l'homme tel qu'il est, il y a ce documentaire que son cousin Fernand Dansereau lui a consacré.  Son titre, Quelques raisons d'espérer résume bien ce qu'il est, et pour l'avoir rencontré  avec un groupe mes étudiants, c'est tout à fait lui. Simplement humain. Avec son drôle d'accent d'Outremont.