28 janvier 2009

Blogueurs de crise

Il fait mauvais ce soir. Pour les automobilistes s'entend. Le 14 février hante Sherbrooke. Ce n'est pas qu'on soit obsédé de la Saint-Valentin, c'est plutôt qu'on se souvient de celle il y a deux ans où la ville avait bloqué. Tantôt la côte King était fermée. Ça semble moins pire ce soir. Je suis au chaud, j'écoute Dylan, en buvant un bon petit rouge ramassé à la Régie tantôt.

***

Depuis les derniers mois, je suis attentivement l'actualité économique et comme j'ai l'intention de ravauder mon blogue dans les prochains jours, pourquoi ne pas y inaugurer une liste de blogueurs de crise que je suis régulièrement. Of course la plupart de ces sites sont en anglais (suis ouvert aux suggestions). Anyway money talks. In english ouite parfois ze frenche accentte. Et pour se mettre dans l'ambiance, quelques chansons de circonstance.


David Byrne, The sound of buisness (Music for the Knee play)


Leonard Cohen, the Future, the future.

Et si tout cela vous déprime, un peu de rock indépendant français :
Pigalle, Renaitre, Regards affligés...


Le plus classique est Paul Krugman. Il écrit dans le New York Times. Il est prix Nobel. Il a son blogue. Dans les quasi institutionnels, par le sérieux et parce qu'ils ne sont pas inféodés, il y a Calculated Risk blogue immobilier mais qui déborde sur l'économie, ses graphiques sont légendaires. Naked Capitalism (titre prophétique, le roi est effectivenet nu) reprend les textes du jour et les déconstruit soigneusement. Un dernier, Jesse, réfugié en Suisse évidemment, où il tient un Café Américain parfois amer mais toujours lucide. Je serais malhonnête de dire que je comprends toujours ces experts, mais à force de les fréquenter ils me donnent l'intelligence de choses que je ne comprends pas.

***

Dans ce monde, il y a des piétons astucieux. Tropical bear est le genre d'amateur français comme on les aime. De l'île de la Réunion cet amateur serait riche à Wall Street mais voilà, c'est un bricoleur astucieux et lucide comme on en voit dans les films de Tati, mettons. Comme c'est un prof, il a le souci d'expliquer, aussi ses archives sont riches. Dans le genre britannique, tongue in cheek, j'adore Some assembly required, parce que il a inventé une forme de bloggage qui est un exercice de style, une forme, mais aussi un fond qui n'oublie jamais la dimension bêtement écologique de cette crise.

***

Dernier groupe, que j'appellerais les résistants. De ceux là il y en a plein de québécois qui sont déjà la et d'autres que je devrais ajouter. Ils auront leur note à eux seuls. Signalons pour ce soir quelques américains. C'est qu'il y en a qui ne croient plus aux USA. Qui pensent que tout va s'effondrer. C'est une idéologie à laquelle je n'adhère pas trop, celle des survivialistes, de ceux qui se préparent en amassant des réserves de nourriture et des gros guns, préparés qu'ils seraient à la catastrophe à venir. Mais est-ce une idéologie si différente de celle des granos des années 1970 ? Et pour avoir habité à la campagne il est utile de se faire des réserves, au cas où.

De ces très noirs prophètes, j'ai dit comme j'aimais Clusteredfuck Nation, critique des banlieues infinies dans lesquelles ont vit en général. J'aime bien aussi les cris de ce très vermontois Ashes to Ashes, lui aussi préoccupé de ce que les USA soint aux abonnés absents. Et si il y a beaucoup de merdes paranoiaques beauf dans ce mouvement de survie (ceux qui amassent les fusils plus que les grains ou les fêves) mais Dégringolade me semble plus critique, plus humain. Parce que entre une recette de bière maison ou de fêves de survie, il n'a pas oublié qu'on a besoin de livres.

En ce sens, c'est un sage.

26 janvier 2009

Muray le disque



Ceux qui lisent ce bloque depuis un certain temps savent le plaisir que j'ai à fréquenter ce grand auteur qu'était Philippe Muray. C'est sans doute un des meilleurs critiques de cet étrange monde dans lequel on vit. Son ironie brillante et râleuse, son verbe abondant, quelque part entre Céline et San Antonio, avait le don de gratter le bobo parisien ou québécois là où ça fait mal, c'est à dire dans la conscience.

Il s'était amusé à écrire Minimum respect, un recueil de poèmes, des vers de mirliton disait-il. Non sans avoir assassiné la poésie au préalable:

«Ce qu'il y avait d'inqualifiable, jusqu'à moi, dans la poésie, c'était la poésie. Celle ci évacuée, on remarquera qu'il ne reste que de l'excellent : rimes se situant très en dessous du seuil de pauvreté, alexandrins utilitaires, strophes de circonstance aggravante, rythmes contraints à la plus sourcilleuse efficacité, refrains contagieusement drôles, cadences infernales, comptines mémorables, vers enfin, vers luisants de bonheur de ne plus avoir de troubadours sur le dos comme par le passé.
(...)
Ce qui handicapait la poésie, jusqu'à moi, c'était le lyrisme, c'est à dire la poésie»

Philippe Murray, Minimum respect, Éditions Les Belles Lettres
Belle intro non ?

***

Sur une idée de Benoît Duteurtre, Muray avait eu le temps d'enregistrer quelques-uns de ses poèmes, accompagnés de musiciens étonnants. Cela donne un des disques les plus jouissifs que j'aie entendu depuis longtemps. Surprenant. Je se me serais pas attendu à ce qu'un néo-réactionnaire, honni aux Inrocks soit si près du slam. Écoutez plutôt:




Celle-ci est surprenante d'actualité:



Et une dernière pour la route, dans un genre différent:



Curieux comme ça fait penser à un certain poème fameux.

Le disque de Murray est disponible sur son site
. Plein de ses textes traînent sur internet, amusez vous.

Pendant que l'histoire s'arrête.

22 janvier 2009

Brève de comptoir

-Pis Obama ?
Ça changera rien.
Comment ça ?
Comme d'habitude. Le Noir ramasse la marde du Blanc.

20 janvier 2009

Obamarre ?

Non pas que je veuille cracher dans la soupe. Je souhaite, naïvement probablement, que l’arrivée du nouveau président aide les États-Unis à aller mieux. De toutes façons, il ne peut pas faire pire que Bush. Et laissons lui un peu de temps de réaliser ses espérances.

***

J’en ai cependant contre l’hystérie médiatique qui entoure cette investiture. Désautels y a consacré toute son émission. Toute. Le discours et les festivités à Washington Les réactions à New York à Chicago, les remarques de l’omniscient Dany Lafferrière (expert en quoi ? en négritude ?). Obama ci Obama là. Il ne se passait rien d’autre dans le monde.

C’est un moment historique, direz-vous, une noir président des USA. Ben non c’est plutôt un événement hystérique. Que je sache, l’histoire est dernière nous pas à l’avant. Bravo pour l’espoir mais pour l’histoire l’arrivée de George Bush a eu beaucoup plus d’effet. Pour le pire évidemment., mais ce calamiteux président, ne serait-ce que par son effet repoussoir, soulève par devers son successeur des attentes qui sont peut-être trop hautes.


***

Une fois les bals finis, la gueule de bois sera solide. Un système financier en banqueroute, où les Danaïdes bancaires n’en finissent plus d’aspirer les milliards sans que leurs tonneaux s’emplissent. Des obligations militaires à long terme aussi coûteuses qu’illusoires. Vous avez aimé l’Irak ? Vous allez adorer l’Afghanistan. Demain le Pakistan. Après-demain le Mexique ? Ou les Etats-Unis eux-mêmes ?


L’un des paradoxes de cette crise c’est que les craintes qu’elle soulève sont le reflet exact des espoirs que l’arrivée d’Obama promet. Il le dit d’ailleurs lui-même : «On this day, we gather because we have chosen hope over fear, unity of purpose over conflict and discord. » . C’est un beau et grand discours et je ne peux que souhaiter que sa générosité soit suivie d’effets réels. S’il y réussit, alors ce sera historique.


***

C'est que le changement souhaitable est connu depuis longtemps. Moins de tévé, moins de chars moins de pétrole, moins de bébelles et moins de bombes. C'est dans Thoreau, Jefferson ou Lewis Mumford. Plus de vie, de réel, de nature et de beauté.

Dur à faire comprendre quand le monde est un écran qu'on regarde dans un bungalow.

5 janvier 2009

Un gros mot

«The fact is that recent economic numbers have been terrifying, not just in the United States but around the world. Manufacturing, in particular, is plunging everywhere. Banks aren’t lending; businesses and consumers aren’t spending. Let’s not mince words: This looks an awful lot like the beginning of a second Great Depression.»

En clair: attachez vos tuques. Avec de la broche.


4 janvier 2009

Un rituel de poids

Naviguer sur le web amène à des découvertes curieuses. Ainsi les mesures du monde sont définies par le Bureau international des poids et mesures, dans cette brochure. C'est probablement le seul organisme au monde où le texte français prime sur sa traduction en anglais. On y définit comme suit le kilo: (Les gras sont miens)

«2.1.1.2 Unité de masse (kilogramme)

Le prototype international du kilogramme, un objet fabriqué spécialement en platine
iridié, est conservé au BIPM dans les conditions fixées par la 1re CGPM en 1889 (CR,
34-38) lorsqu’elle approuva ce prototype et déclara :
Ce prototype sera considéré désormais comme unité de masse.

La 3e CGPM (1901 ; CR, 70), dans une déclaration tendant à faire cesser l’ambiguïté
qui existait dans l’usage courant sur l’utilisation du terme « poids », confirma que :
Le kilogramme est l’unité de masse ; il est égal à la masse du prototype
international du kilogramme.

Il en résulte que la masse du prototype international du kilogramme est toujours égale à 1 kilogramme exactement, m (K ) = 1 kg. Cependant, en raison de l’accumulation inévitable de polluants sur les surfaces, le prototype international subit une contamination réversible de surface d’environ 1 μg par an en masse. C’est pourquoi le Comité international a déclaré que, jusqu’à plus ample information, la masse de référence du prototype international est celle qui suit immédiatement le nettoyage lavage selon une méthode spécifique (PV, 1989, 57, 15-16 et PV, 1990, 58, 10-12).»
Je ne sais pas si on a fait une cérémonie élaborée de ce rituel du lavage du kilogramme sacré ? On imagine une théorie d'hommes en blancs et tout un processus de récurage très zen.

En tout cas il a l'air assez délicat et étrange à manipuler ce kilo :

Image empruntée ici

En cette saison de résolutions, voilà un kilo qu'on ne doit pas perdre.

1 janvier 2009

Bonne année quand même

Bon je prends une pause entre les cent mille copies qui sont ma seule lecture depuis les derniers jours. D'ailleurs quelqu'un peut-il m'expliquer l'urgence de déposer les notes un vendredi 2 janvier alors personne n'est au collège avant le 5 ?
Première résolution: Mieux répartir mes corrections.

Deuxième résolution: Lire moins de choses alarmistes sur la crise. Comme ces prédictions. N'en retenir qu'il va falloir s'adapter en un an ou deux à mode de vie plus frugal et plus sain, même si pour le moment je vis une période de vaches grasses.

Troisième résolution voyager plus cet été. Quand je pense que je n'ai pas mis les pieds à Québec depuis deux ans... J'ai en tête le projet d'un bon manuel ou synthèse de géographie du Québec à réaliser d'ici deux ou trois ans, il me faudra donc voir et revoir sa géographie par les pieds comme disait le bon Raoul Blanchard. Beauce, Abitibi, Mauricie, Outaouais, Saguenay me voici !

Pour le reste, il ne me reste qu'à souhaiter à mes quelques lecteurs de passer au travers d'une année qui s'annonce agitée et houleuse et de conserver ce qui s'appelle l'espérance à travers les grandes et petites joies du quotidien.

Carpe Diem