29 janvier 2007

Accomodements et désagréments

On se fait les gorges chaudes de ce petit village qui décide naïvement de limiter les comportements des éventuels islamistes qui s’établiraient dans le fin fond de la Mauricie. Ce matin on buche sur un flic qui fait une chanson drôle pas drôle sur l’immigration. Et il y a le sondage bidon du Journal de Montréal, le YMCA à vitres givrées, le kirpan.


Au fond de ces histoires, il y a des choses qui ne sont pas si pas si simples. D’abord tout le débat ou non débat sur le multiculturalisme : jusqu’à quel point une société d’accueil doit-elle faire place aux coutumes des immigrants ? Si on se fie à Neil Bissoondath la voie multiculturelle est utopique, créatrice de groupuscules minoritaires contraires à une intégration sociale. Je connais moins la France, mais là bas on parle d’une égalité républicaine qui est au dessus de tous les communautarismes. Ce qui n’empêche pas l’existence de banlieues où atterrissent les immigrants plus ou moins intégrés et souvent pauvres. Le Québec se vante d’être une sorte de voie mitoyenne, entre l’intégration et la société plurielle, pour parler en curé.

Tout cela est plus facile à dire qu’à faire. J’habite une des seules villes moyennes québécoises à avoir sa part d’immigration. À Sherbrooke, les taxis et les pizzerias sont croates. Il y une communauté latino. Des africains qui gravitent autour de l’université et qui s’installent. Comme les marocains ou les algériens. Deux épiceries asiatiques, trois ou quatre boutiques africaines, des restaurants de toutes les saveurs du monde. Et même un ou deux quartiers presque ethniques. Qui s’ajoutent à une bonne majorité de francophones autrefois venus travailler dans les usines d’une minorité anglophone qui s’étiole.

Est-ce que tout ça s’intègre ? Plus ou moins bien. Intuitivement je dirais que ça dépend de la distance culturelle et du temps. Sachant bien que de telles généralisations sont fausses je dirais néanmoins que les Africains que je connais ont bien des qualités mais rarement celle de la ponctualité et de l’efficacité nord américaine. Ils l’apprennent. Et mon frère, tout souchiste qu’il soit, en a un sens encore plus relatif qu’il n’a jamais appris.

J’avais un ami ivoirien qui m’avait caricaturé encore mieux les choses. Il jouait dans les équipes de foot du coin et me disait à quel point les relations étaient tendues entre les équipes ethniques de la ligue locale. Selon lui les africains avaient un sens artistique du foot, les latinos étaient fougueux et techniques. Quant au yougoslaves ils étaient la terreur de tous parce que très durs et experts en coups vicieux. Et, me disait-il, tout ça sous les yeux d’arbitres québécois bonnasses, trop cools qui ne voyaient rien.

Belle métaphore, peut-être. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que le temps joue. Les enfants de ces immigrants auront l’accent québécois. Les enfants de ces enfants n’auront plus que des noms étranges, une couleur de peau différente. Seront-ils intégrés pour autant ? Probablement pour la plupart. À moins qu’ils ne soient pauvres.

Le vrai danger est là. Il n’est pas propre au Québec. On sait la condition des noirs américains. On sait celle des maghrébins des banlieues françaises. Celle des amérindiens ou celle des pauvres de souche. Et si la pauvreté était un problème facile à résoudre, cela se saurait. Pour le moment on croit que l’éducation, la culture et l’estime de soi aident. Encore faudrait-il que ces éléments soient valorisés ce dont je ne suis pas sûr en regardant la bêtise médiatique et consumériste ambiante.

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Dans le folklore des accommodements déraisonnables ou pas, il y avait cette histoire de cours ou de piscines réservées aux femmes musulmanes pour cause de soit disant coutumes. Cela a choqué certains. Pourtant, jusque vers 1968, la mixité était interdite dans les piscines publiques du diocèse de Sherbrooke, selon le vœu de Monseigneur Cabana.

C’était un accommodement raisonnable ?

28 janvier 2007

Je jongle

Belle journée d’hiver, j’en ai profité pour prendre l’air un peu autour du lac. Beaucoup de monde mais on se demande si les stationnements suffiront à ces faux piétons motorisés.

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Le compte à rebours commence : je rencontre demain mon nouveau propriétaire, tout surpris qu’il ne puisse pas reprendre mon loyer quand il le veut, sans autre forme de procès. Je souhaite une entente à l’amiable, une indemnité de déménagement et de la souplesse pour la fin du bail. J’aimerais bien déménager en mai, le temps de voir une dernière fois les myosotis fleurir ici. De son coté le proprio pourrait faire les rénos qu’il veut et entrer en juillet dans un logement neuf.

De mon coté je cherche un logement pas cher mais je me demande s’il ne serait pas plus pertinent de carrément acheter un duplex (avec un endosseur familial) ce qui me permettrait d’avoir enfin des racines quelque part. J’ai l’œil sur un immeuble parfait pour moi : deux 5e t demi et celui du proprio a en plus un grand sous sol avec foyer. Je m’y ferais bien une salle de travail moi.

Et peut-être une radio underground, comme me le suggérais l’ami poète.

L’idée m’enchante et j’aurais mon jardin à moi.

À suivre.

21 janvier 2007

Merci infiniment

L’hiver est vraiment arrivé. Le lac est complètement gelé – il y avait même des ces de fleurs de glaces qui se forment par grands froids sur la glace transparente. Le soleil chauffait un peu, le vent coupant d’hier est tombé.

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Le blogue de Karl La Grange est au moins entre parenthèses que j’apprends chez Embruns. Ça me fait drôle. Son carnet est un des premiers qui m’ait accroché, par un ton très personnel. Tous les jours depuis 2001 et avant, de la poésie, des extraits de livres, une photo du banal illuminé par son œil, et des geekeries auxquelles je n’entends rien. Mais une manière inimitable. Ce qu’on appelle une voix. Au moins, la mémoire en demeure.


Merci infiniment.

20 janvier 2007

Changements (bis)

Ouf! première vraie semaine de cours terminée. Tout s’est merveilleusement passé. L’idée d’un blogue de cours étonne mais passe bien, à moi de l’alimenter.

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Et l’hiver est vraiment arrivé. Comme une lettre de mon actuel proprio me demandant de bien bouloir quitter les lieux d’ici juillet pour faire place aux nouveaux propriétaires. Pauvre lui, il ne sait pas qu’après 8 ans de coop d’habitation on connaît toutes les lois qui s’appliquent en ce domaine. Sa demande enfreint au moins deux articles du Code civil : 1) on ne peut reprendre un logement que pour soi ou des ascendants ou descendants directs, donc pas pour un futur acheteur; 2) le délai pour faire une telle demande est de 6 mois avant l’expiration du bail soit le 31 décembre et sa lettre date de janvier. Alors s’il veut prendre recours à la régie du logement, il est assez mal parti. En loi, je peux rester jusqu’en juillet 2008.

Ce qui ne m’empêchera pas de partir quand même. D’une part, je ne suis pas attaché à ce lieu, à part peut-être le jardin; il est bas de plafond, froid l’hiver tout en ayant besoin de rénos. D’autre part, j’ai aussi le goût de lever les feutres. Et de me fixer des racines. Peut-être à la campagne pas loin, peut-être aussi dans un quelconque duplex acheté dans le quartier. Tout le problème étant que l’immobilier est hors de prix dans mon coin.

En tout cas, je compte bien m’entendre à l’amiable, moyennant indemnité. Je ne toucherai pas à une boîte.

La dernière fois, ça m’a donné un infarctus.

17 janvier 2007

L'argent n'a pas de couleur

Ce qu’il y de désolant dans cette histoire de racisme c’est que le Journal de Montréal (en synergie TVA) ne sait plus quoi faire pour vendre de la copie et des pubs de Vidéotron sur les presses de Québécor World. La stratégie marketing est excellente, on fait parler de soi, on parle des vraies affaires, et on lance un débat public sur une mauvaise enquête.

Il fut un temps où les journaux se contentaient d’informer, en vendant de la pub. Maintenant on vend de la pub, sous prétexte d’informer.

L’actionnaire est ben content.

13 janvier 2007

Changements

Il a fallu que je clique oui à migrer mon compte blogger, ensuite tiens, changer le fond, c'est plus facile. (Mais pas tout à fait comme j'aimerais). On remarque, au passage, que Google va par défaut au compte Gmail. Changer le titre ? Un coup parti. Mais qu'est-ce qu'un chaouin ? On expliquera ça plus tard, pour le moment ça adonne pas.

Retenons que c'est une manière de magoua.

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L’hiver s’en vient, l’hiver arrive ? Si on se fie à la météo américaine, grosse neige lundi gros frette ensuite. Déjà moins 10 dehors…

Semaine fort occupée à terminer les corrections et à préparer les cours. Ai pu faire déplacer un groupe, ce qui me donne le temps de souffler entre deux cours. Je débute cette session bien motivé et les phynances y sont pour quelque chose.

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Un nouveau cours à monter, c’est beaucoup de recherches et de découvertes. En cherchant des illustrations suis tombé sur ce site de mappemondes anciennes à la Bibliothèque nationale de France. Et ce n’est qu’une des qu’une des expositions virtuelles disponibles. La navigation dans les expos m’a été laborieuse, mais c’est riche.

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Et faisant beaucoup de recherches sur le web pour documenter mon nouveau cours je crois bien que j’en ferai un autre blogue. D’abord pour m’obliger à consigner les sites de référence dans le domaine, étant trop chaouin pour les noter sur mon ordi. Je pourrai en plus mettre de temps en temps des articles d’actualité ou des consignes. L’aspect échange avec les étudiants ? Je suis un peu sceptique, ils ont plein d’autres choses à écrire et pas tous aiment (savent?) écrire. Mais comme c’est un petit groupe assez tricoté faudra les provoquer un peu. Pour le moment, je pense bien le faire sur Blogger, tout simplement parce que je connais l’interface. Et faire héberger ça à l’Université ? Peut être, mais je crains la lourdeur bureaucratique et je devrais sans doute apprendre une plate-forme nouvelle. Ce qui peut être utile. S’il en y a de mes lecteurs qui peuvent m’éclairer, je leur en serai gré.

Ça prend aussi une grosse cloison entre ce blogue trop personnel et cet autre professionnel. On se demande pourquoi ?

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Autres changements en vue ? Mon bloc est revendu et les futurs proprios qui sont passés tantôt semblent bien vouloir s’y installer. Déménager ou rester là ?


À suivre.

9 janvier 2007

Tout en corrigeant

Je ne suis pas disparu, je corrige des travaux et je prépare des cours. Musique de fond: Cantates de Bach et surtout Mahalia Jackson. Probablement une des plus grandes voix du siècle dernier. Que du Gospel, pas assez pour me faire devenir croyant, mais presque.

Oh Lord please bless those students !

P.S. On peut la voir chanter sur You Tube.

4 janvier 2007

De l’immaturité considérée comme un des beaux arts.

J’ai reçu aujourd’hui un courriel me demandant un renseignement sur une consigne que j’ai pourtant donné deux fois en classe et dans au moins deux messages écrits. J’ai répondu ironiquement en recopiant un des messages. Je suis à peu près sûr que ma réponse sera considérée comme bête. Genre, comme «je ne le savais pas, n’y ai pas pensé, m’en rappelais plus» avec en sous-entendu «c’est pas de ma faute». Mettons.

Parce que si l’éducation va mal au Québec, c’est à cause de la télé, des médias, des ordis, de l’alimentation, de la réforme, de son absence, de la pédagogie nouvelle, des méthodes traditionnelles, des profs, des parents, des fonctionnaires du ministère, des pédagogues universitaires, des commissions scolaires, des autobus jaunes, de la drogue, du taxage, des prêts et bourses, des frais de scolarité trop bas ou trop élevés, de la société, du néolibéralisme, du socialisme rampant, des syndicats, des patrons, du ministre, des garderies, de Passe-Partout, du primaire, du secondaire, du collégial, de l’Université, des Facultés d’éducation, du fédéral, du provincial, des changements climatiques, de la dénatalité, des baby boomers, de la vieille mentalité catho, des nouveaux programmes, du manque d’activité physique, des auditifs et des visuels (sans oublier les kinesthésiques), de la pédagogie par projet, des nouveaux bulletins, des examens du ministère, du socioconstructivisme, du jargon pédagogique, de la formation des profs, du manque de culture générale, de l'absence d’objectifs clairs, de formation pratique, de la crise des valeurs, de la société de consommation, de la clique du Plateau, des accommodements raisonnables, des collèges privés, des inégalités sociales et peut-être même d’El Nino.


Mais jamais des étudiants.

Et allez savoir pourquoi, je les aime bien quand même.

2 janvier 2007

Dérives contemporaines

Eh bé. Presque 3000 visiteurs hier alors que j’en ai moins de trente en moyenne. Voilà ce qui se passe quand votre blogue est cité par celui de Patrick Lagacé. Une célébrité instantanée, pour m’être simplement amusé à commenter en direct le Bye bye de RBO sur ici même. Ce qui est ironique c’est que ne l’ai pas vu mais simplement entendu à la radio. Alors merci monsieur Lagacé, on continuera de vous lire. Et bienvenue aux nouveaux lecteurs. Et pour savoir ce qu’est un magoua (je n’en suis pas un vrai) voir ici.

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Je ne suis pas expert en art contemporain, mais j’ai eu la chance il y a longtemps d’avoir un cours de Philosophie de l’Art donné par une chargée de cours extraordinaire, Hedwidge Asselin. Et malgré tout le bavardage propre à ce genre de sport, elle a réussi à me convaincre d’une chose : plutôt que de railler les étranges choses qu’on y trouve ou encore de se fier au snobisme apparent de ce petit milieu, il s’agit de regarder les œuvres et simplement de se faire son propre jugement à partir de ce qu’on voit et ressent.


C’est ce qui m’a amené mardi dernier au Musée d’art contemporain de Montréal. Deux expositions temporaires. Des noms que je ne connais évidemment pas. Rodney Graham a un parcours assez typique de l’art contemporain dominant, performances, multimédia, ironie et questionnement de l’art. L’œuvre qui m’a le plus étonnée est celle-ci.

Rodney Graham, Screen door (Détail) 2003, image numérisée de la revue du Musée.

Oui, ça ressemble à une banale porte de moustiquaire, comme il y en a des millions en Amérique. Pire, c’est une réplique de celle qui était à Graceland, la résidence d’Elvis Presley. Et le comble, c’est qu’elle est faite en argent. Ironique non ? La vraie porte d’aluminium a été vendue probablement plus cher que celle-ci, que le musée a d’ailleurs acheté. Et avant de grimper dans les rideaux en hurlant au gaspillage de nos impôts n’oubliez pas qu’en ce 2 janvier, les 100 dirigeants les mieux payés du Canada on déjà chacun gagné votre salaire annuel.

Mais de cette visite je garde surtout une forte impression des tableaux de Neo Rauch.

Neo Rauch: Gold (2003) Image tirée du site de la Galerie David Zwirner

Ce sont d’immenses toiles (2 m et plus de hauteur) qui déroutent, et cette image n’est pas à la hauteur. On y voit du banal tout d’abord, puis on se rend compte qu’il est déconstruit, sombre, étrange. On finit par en sentir un étrange malaise tout étant fasciné. Pour ma part, c’est rare que je reste planté à regarder une toile plus de cinq minutes et pourtant j’y suis resté très longtemps, me demandant si cet étrange surréalisme n’est pas la réalité de l’époque.

À voir donc, d’ici le 7 janvier.

P.S. Un truc pour voir les expos pas cher : vous devenez ami d’un musée du Québec (MBAM, MAC, MBAQ) et vous entrez moitié prix dans les autres…

1 janvier 2007

Première critique du Bye Bye

Première critique du Bye Bye : je l’ai écouté à la radio. Ça parlait de télé.

Je n'ai pas la télé

De bonnes blagues pareil.

Et l'environnement comme préoccupation de l'année.

Bon à se souvenir.