26 novembre 2008

Drôle de débat, drôles de médias

J'ai écouté le débat d'hier à la radio. J'en garde un souvenir confus ce matin. Beaucoup d'échanges se sont perdus en devenant des monologues parallèles, chacun enterrant l'autre pendant que Stéphane Bureau était impuissant à ramener l'ordre. Généralement en donnant la parole à Charest. Qui en profitait pour débiter ses platitudes habituelles, cet homme me hérisse quand il joue au partisan.

Je n'aime pas tellement Pauline (il n'y que des prénoms au PQ cette saison) mais je dois dire qu'elle s'en est bien tiré, minouchant suavement son programme et jouant la déterminée quand venait le temps de donner quelques baffes (méritées) à notre poodle national qui japillait trop. Juste assez compatissante avec Mario pour ne pas effaroucher sa base électorale, avec ce ton doucereux et ferme d'une travailleuse sociale intervenante. Dumont a été égal à lui même. Démagogue à clips, il a su garder son monopole du gros bons sens et esquiver les conséquences de ce qui lui tient lieu de programme.

Sur le fond, Charest a fait une bonne imitation de la tradition bourassiste chère aux libéraux. Prospérité économique et lénification générale des esprits, tout ira très bien. Pauline, qui partage en gros le même programme, à la souveraineté près, a su marquer cette différence sans trop s'alourdir. Quant à l'ADQ, on cherche encore la substance sous les slogans.

Le cas de l'éducation est patent. Marois et Charest s'entendent pour diminuer la taille des classes ce qui, sans être la panacée qu'on croit, aidera au moins les profs à mieux encadrer les cas lourds de plus en plus nombreux dans les classes. Les deux savent que la réforme pourra être utile à faire face à des élèves trop souvent passifs, zombifiés par la télé, les ordis ou le joint de pot occasionnel. Mario rêve quant à lui d'un high school américain du Kansas des années 1950 et oublie qu'on y trouve parfois maintenant des détecteurs d'armes aux entrées. Ce qui est possible à Rivière-du-Loup ne l'est pas nécessairement dans Côte-des-Neiges ou Montréal-Nord.

Au total, Charest a un peu perdu parce que le jupon de son arrogance du premier mandat dépassait trop souvent, ce qui va lui nuire. Pauline Marois a gagné sûrement en stature: si elle a réussi à moins m'énerver que d'habitude peut être saura-t'elle également ramener les brebis dispersées de son troupeau. Mario Dumont a joué les cordes sensibles de son électorat créditiste et conservateur, là aussi il sauvera quelques meubles ce qui, dans le camp adéquiste, décrit bien son équipe.

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En ouvrant le compte rendu du sondage de La Presse tôt ce matin sur Cyberpresse on lit (lisait?) ceci :
Trente-huit pour cent des répondants qualifient la performance de la chef péquiste d'«excellente» ou «très bonne». C'est huit points de pourcentage de moins que le chef libéral Jean Charest, qui récolte 30% d'appuis très positifs.
On manque de calculatrices, rue Saint-Jacques.

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En quête de live blogging suis allé lire Patrick Lagacé et Michèle Ouellet dans Cyberpresse. Entre leurs commentaires sur les sujets on y débat surtout esthétique, entre Botox et perruque.

Édifiant.

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Toujours chez Gesca: match nul, Mario gagne, Charest convainc, pas Marois. Leur propre sondage les contredit, mais une seule chose compte.

L'actionnaire est content.

25 novembre 2008

Questions pour un débat

Je ne sais pas encore si j'écouterai le débat des chefs, possible point tournant de la campagne électorale au Québec. Je crains qu'il ne soit aussi somnifère que le reste. Mais voilà que Michel David du Devoir a décidé de poser les vraies questions. À choix multiples, en plus. Petit échantillon sur le thème de l'économie:
«Économie et finances

À Jean Charest: Quelle est la meilleure illustration de votre capacité de mener de grands projets?

a) la centrale thermique du Suroît

b) le déménagement du casino

c) le CHUM

À Pauline Marois: Quelle est la meilleure illustration de la bonne gestion économique d'un gouvernement péquiste?

a) le métro de Laval

b) la Gaspésia

c) les 771 millions perdus par la SGF

À Mario Dumont: Puisque Gilles Taillon semble résolu à quitter la politique, qui serait votre ministre des Finances?

a) moi

b) ma conjointe

c) j'abolirais le ministère»
Tout le reste est à lire.

20 novembre 2008

Déjà vu

Alors que les mauvaises nouvelles financières s'accumulent quelques blogues économiques se tournent au delà de la crise de 1929 pour aller vers la Grande dépression des années 1873 à 1890.
Le parallèle est troublant.

19 novembre 2008

Un candidat différent

J'aime bien Victor-Lévy Beaulieu. C'est une grande gueule qui, à lui seul, a plus d'humour que les trois chefs de partis qui nous affligent. Il est candididat indépendant-iste dans Rivière du Loup. Si c'était mon coin, je voterais pour lui, ne serait-ce que pour améliorer le niveau du discours politique. Son site web vaut un petit détour.

5 novembre 2008

Une belle victoire ?

Il devait être 10h 30 hier soir quand je me suis couché, trop endormi pour attendre la fin officielle de l’élection américaine dont le résultat était déjà évident. Toute la journée, je naviguais entre deux intuitions sur les résultats. Soit une heureuse surprise et un raz-de-marée démocrate au-delà des espérances, ou, au contraire, une victoire d’Obama un peu plus en demi-teinte. Levé trop tôt ce matin, je n’ai pu constater qu’un résultat plus près de ma deuxième idée.

En bon québécois qui aime les louseurs, j’ai commencé par écouter le discours de concession de McCain Un discours généreux, ouvert et rassembleur, digne de cet homme que je ne peux m’empêcher de trouver sympathique. Et pourtant, on sentait la hargne de son auditoire qui ne se gênait pas pour huer à chaque fois le le nom de l’adversaire honni était prononcé. Réflexe fanatique que l’inconsciente Palin a su si bien attiser ces derniers mois.

J’ai écouté ensuite le discours victorieux et noble d’Obama. Il était émouvant, à la hauteur du grand orateur qu’il est. Mais est-ce moi ? Il me semble que je l’ai vu presque agacé vers la fin quand la foule reprenait comme une incantation guerrière le yes we can qui revenait en refrain dans sa péroraison ? Et si cette victoire n’était pas si triomphale ?

En bon géographe, je retourne donc aux cartes. À celles si bien faites du New York Times qui m’ont accompagnées hier soir dans ma soirée électorale, mes quelques échappées vers les réseaux n’ayant que confirmé mon allergie au clinquant et à la superficialité télévisuelles. C’est que ces cartes ont quelque chose que la plupart de celles que j’ai vues n’ont pas : la profondeur du temps. On peut y comparer les résultats depuis 1992. Et comme aux USA all politics are local voici celle du vote d’hier par comtés :



Et voici celle de la deuxième élection de Clinton en 1996 (celles de 1992 et de 2000 sont assez semblables)




Et c’est là que s’éclaircit mon analyse : Obama et les démocrates avec lui n’ont pas su rejoindre l’Amérique rurale profonde hors de la Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands-Lacs, ce que Clinton avait réussi à faire. Il lui faudra donc aller vers ce terrain probablement pas naturel aux démocrates. Je lui souhaite d’être à la hauteur de ce grand défi : la crise qui s’en vient est profonde et les Etats-Unis que lui laissent le calamiteux Bush sont affaiblis.

Espérons qu’il sache construire des ponts qui aillent quelque part, les autres étant une spécialité de l’Alaska.