17 avril 2006

Sainte Toutoune et les oies

Des fois les meilleurs tours de machines sont ceux où on part sans trop savoir où on va et surtout comment on y arrive. Ça été le cas dimanche dernier quand mon vieil ami Daniel est passé me prendre chez ma mère sur la rive sud. Photographe accompli, il avait la vague idée d’aller voir la migration des oies blanches. Mais nous avons dérivé. Vers Saint-Amable tout d’abord, village mythique et perdu de la rive Sud. C’était un de ces coins pauvres du Québec, nid de quêteux de magouas et de chaouins, comme Saint-Gervais dans le bout de Bellechasse. Il y a 20 ans c’était la capitale des dépotoirs plus ou moins légaux de la Rive Sud de Montréal. C’est devenu la capitale de l’asperge locale et une banlieue banale. La surprise venait après. A Sainte-Toutoune.

Sainte-Toutoune, c’est le surnom local de Sainte-Théodosie, petit village perdu entre Verchères et Saint-Marc-sur-Richelieu. Le vrai nom de ce village est en fait devenu Calixa-Lavallée, du nom de l’auteur de la musique du O Canada. Pas sûr qu’il ait gagné au change.

Mais ce qu’il n’a pas perdu c’est sa richesse architecturale. Le village est sans doute un des mieux conservés du Québec. Il a à peine été modernisé. Nous nous sommes arrêtés évidemment à l’église, une des rares encore entourée par le cimetière, selon la vieille coutume.

A coté il y avait cette vieille maison de la fin du XVIIIe, à l’œil. Cela se voit au solage peu élevé de terre et à la fenestration asymétrique. Elle est évidemment accompagnée de sa cuisine d’été en bois et d’une grange ancienne.










Pendant que Daniel mitraillait le secteur avec sa caméra gros calibre un type s’approche de lui et lui demande s’il vient d’un quelconque ministère. Ce qui entame la conversation et le mec nous invite à voir sa boutique de forge qu’il a reconstituée. Mon grand-père était forgeron de village alors j’étais curieux de voir ce lieu qui nous était toujours interdit, étant jeunes.

Il y a d’abord un attirail impressionnant, résultat de quelques successions. Le gars a décidé dans le fond de maintenir en vie un métier qui se perd. C’est son passe-temps. Il fait partie d’une association qui s’est donné comme but de préserver ce patrimoine immatériel que sont les métiers anciens. Parmi ses trésors, il y a une série de moules de toute sortes dont un à crucifix :











Et cette curieuse version d’un tableau connu :


Et on est finalement repartis, munis d’une grosse cuillère en étain à motifs amérindiens sortie d’un moule du début de la colonie peut-être.

Le rang de la Beauce qui suit le village est sans doute la plus grande concentration de maisons de pierres que j’aie vue au Québec et les bâtiments de ferme sont anciens aussi. Sans doute une des plus beaux paysages ruraux profonds du Québec, un des mieux préservés sûrement, il est maintenant heureusement classé.

Et les oies ? On les a vues, mais ce sera pour une prochaine fois.

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