Quelle belle invention que la semaine de relâche. Une ville comme Sherbrooke redevient provinciale faute d'étudiants. J'avais prévu la passer à corriger mais comme j'ai du retarder mes examens, me voici avec plus de temps que prévu. Pris enfin cette photo de la rivière Saint-François au parapluie magrittien perdu dans les glaces.
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Du temps aussi pour décrocher et lire. J'ai mis la main sur une des rares choses de Jacques Ferron que je n'avais pas lues,
ses lettres à John Grube. Je pense parfois que c'est dans ses lettres et entretiens qu'on saisit bien la profondeur de Ferron, sur cet étrange pays qu'il sentait, comme un psychanaliste s'identifie à son patient. Il me reste cette phrase parmi tant:
Le Québec est comme une bête vivante ; il n'est pas facile à comprendre. Il ne se serait pas choisi pour héros tant d'hommes forts s'il n'était pas peureux
Tout le problème étant qu'il les choisit louseurs, ce qui lui permet de demeurer dans les limbes. Par peur d'exister.
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Je ne savais pas trop quoi penser de cette histoire de reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham. Autant il est bizarre de vouloir célébrer une défaite, autant je ne vois pas tellement de problème à laisser jouer aux soldats des adultes déguisés en costumes d'époque. Grâce au site de l'ONF j'ai vu le film de Jaques Godbout sur la question. J'ai un vague souvenir que
Le sort de l'Amérique n'avait pas été tellement bien accueilli à l'époque.
Au fond, j'aime bien le point de vue qui ressort du film: les Plaines d'Abraham sont une défaite de la France, pas celle des Canadiens du temps. D'ailleurs la nation canadienne-française n'existait pas encore à l'époque. Là dessus, je suis du même avis que Ferron ou Fernand Dumont: ce qui sera la nation québécoise commence à poindre vers 1840. C'est à dire au moment où Lord Durham saisit la teinte nationaliste des troubles de 1837 au Bas-Canada. alors que la même révolte dans le Haut-Canada n'était que sociale et anti-coloniale. Que ces événements soient suivis par la parution première histoire nationale du Québec, celle de Garneau en est un symptôme évident.
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Une seule chose m'a un peu agacée dans le film de Godbout: ce vieux cliché de l'histoire qui n'est plus enseignée au Québec et que c'est donc dommage. C'est faux. Le problème est plutôt qu'à force de se chercher une légimité scientifique l'histoire n'est plus un récit. Le voudrait-elle qu'elle serait mise en pièces par la post-modernité ambiante. Sans compter qu'elle oblige à penser qu'on a pu vivre autrement, ce qui nuit à la consommation des ménages, seule clef la relance économique.
Et je ne parle pas des obstacles au commerce.