16 octobre 2005

Villages oubliés

Visite hier de l’ami poète invité par le salon du livre. Soirée poèmes et chanson à moitié réussie, malgré la plaisante animation d'Urbain Desbois. L’atmosphère froide et non fumeur du foyer du centre culturel ne se prête pas à ce genre d’événement, un peu comme si l’université stérilisait l’ambiance. Ajoutez-y un public dispersé, un peu trop compassé et la soirée devient vaguement ennuyeuse. L’ami poète en a d’ailleurs profité pour faire un petit esclandre en suggérant que ce genre d’activités se tiennent au centre-ville, là où les gens sont. Ce qui n'est pas bête mais, sans moyens, sans lieux, ce n'est pas évident. Pendant ce temps, le stade de football était plein malgré la pluie battante, ce qui donne une idée du haut niveau culturel de la gent estudiantine ou sherbrookoise en général.

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Ce qu’il y a de bien avec cet ami, c’est que nous avons une vieille habitude de faire des tours de machine. Aussi, malgré la pluie je n’ai pas refusé son invitation, d’autant plus que quand je suis allé à Hatley avec mes étudiants, j’avais bêtement oublié qu'il était impossible de prendre des photos en guidant un groupe. De retour donc vers trois villages oubliés.

Le premier de ces villages est Hatley. Non ! Pas North Hatley sur le lac Massawippi, celui des parvenus premier ministres, ce refuge de présidents fuyant la canicule perpétuellement envahi de touristes. Le Hatley dont il s'agit est en rase campagne. Il n’y a ni dépanneur ni restau chic. Pourtant c’est un des plus vieux gros village des Cantons de l’est, étape de la diligence Boston Québec. Mais, privé de chutes ou de chemin de fer, il resté presque fossilisé dans le 19e. Hatley est, en fait, un village de Nouvelle-Angleterre.


Ainsi il a un common, cette place gazonnée qui sert de lieu de rassemblement des villageois. On y trouve les bâtiments publics, en l’occurrence ici l’église anglicane et l’ancienne école devenue mairie, salle communautaire et bibliothèque. Comme elles datent respectivement de 1828 et 1832 ce sont deux des plus anciens bâtiments du coin.

Ici la rue Principale du village. Les deux magasins généraux y ont fermé, il n'y reste que des résidences quelque part entre le banal bungalow et la splendide résidence restaurée par un néo-rural. Quand j'y passe avec un groupe d'étudiants, on y décuple la cirulation piétonne moyenne. C'est un village paisible, on dirait qu'il ne s'y passera jamais rien. En cette journée pluvieuse les seuls êtres vivants que nous y a vons vu étaient des boeufs qui nous regardaient l'air bovin.



En Route vers Kingscroft par une de ces beaux petits chemins de campagne qu'on trouve partout en Estrie. Derrière les rangées d'érables les champs , les vaches, les prairies.







Kingscroft est encore plus petit que Hatley mais on y trouve cette belle petite église catholique. C'est un des rares hameaux francophones du coin. Déjà l'édifice a un air un peu plus monumental, tradition oblige.




Avant Way's Mills il y a une des rares granges rondes encore debout du Québec. La légende veut que cette forme empêchait que le diable puisse s'y cacher dans les coins. En fait il s'agit d'un de ces nombreux designs révolutionnaires, modernes et efficaces que produisait la fin du 19e siècle.

Way's Mills est un village à croquer, presque construit sur sa rivière qui le traverse. On y est pas arrêté. il pleuvait trop. Son grand monument est une tour à sécher les boyaux d'incendies, comme on en voit encore un peu partout dans les villages. La photo est prise à la sauvette entre deux coups d'essuie-glace.







Curieusement, les deux églises du villages sont loin de son centre, elles se font face de l'autre coté de la rivière. Celle-ci est néogothique.



Et puis, après une excellente pizza au chic restaurant chez Maurice d'Ayer's Cliff - il faudra que je chante un jour ces restaurants de succulente cuisine familiale- on est revenu par le grand chemin en surplombant le lac Massawippi.


Ce beau lac et ses montagnes étaient complètement dans la brume, comme monsieur Charest, son célèbre riverain.

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