2 novembre 2005

Soyons locaux

J'avais oublié ce texte sur les élections municipales à Sherbrooke qui traîne depuis une semaine dans mon ordi. Aussi bien le passer tout de suite, les élections ont lieu dimanche...

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Me balladant aujourd’hui dans les rues de Sherbrooke j’ai eu l’idée d’entretenir ma clientèle internationale ou insulaire montréalaise des enjeux des élections municipales de Sherbrooke. C’est un sujet passionnant qui me tient d’autant plus à cœur que j’ai toujours gardé une certaine tendresse pour ce domaine politique, par antécédents familiaux et expérience journalistique. J’ai quand même couvert le conseil municipal pendant cinq ans, au temps de ma jeunesse folle. Choix éditorial et pragmatique, l’Hôtel de ville était à cinq minutes, le journaliste piéton que j’étais pouvait donc s'y rendre facilement de son QG à la radio. C’est là d’ailleurs que j’ai appris le métier en regardant travailler les collègues. Et ils étaient bons profs.


Pour comprendre la politique municipale à Sherbrooke, il faut d’abord savoir une chose : tous les conseillers sont indépendants. Ils sont néanmoins bleus ou rouges, en gros, souverainistes ou fédéralistes. C’est ce qui détermine leurs réseaux, leurs organisations. Cela dit, sur les questions municipales on est rarement dogmatique, sauf pour les contrats de consultants* ou, plus rarement, tolérer à la mairie un incompétent, ce qui n’est pas le cas du maire actuel.


Jean Perrault est un rouge. Mais pas aveugle. L’un de mes plus beaux souvenirs du conseil c’est de l’avoir vu lever des yeux désespérés devant une niaiserie particulièrement nulle proférée par le maire (rouge) de l’époque. C’est est un sportif, champion de ski nautique en 1967, vedette locale, directeur des services sportifs du cégep de métier. Il a d’ailleurs succédé à son DG (un bleu) à la mairie. C’est un homme de terrain, facile d’approche, pragmatique, je dirais très amériquain. Comme à Sherbrooke les rouges sont d’abord charestistes, il pratique les mêmes réseaux et figure volontiers sur le stage de poodle en chef. Ils ont un Everest voire une Praxis** en commun.


Chez les bleus, on mise cette année sur Hélène Gravel, que je ne connais pas. Elle vient de la chambre de commerce, ce qui ne me semblait pas un nick à bleus a priori. Si je me fie au rusé Larochelle de La Tribune, elle a commis quelques impairs. Visiblement, son organisation ne maîtrise pas les dossiers, il lui manque le terrain nécessaire au municipal. Cela dit, les bleus sont une bonne organisation qui a tout de même ravi aux rouges le siège fédéral et évite tout triomphe éclatant à notre illustre député provincial. Elle incarne aussi le changement. Son adversaire est en poste depuis 1994, la volatilité de l’électorat peut-elle jouer ?

Cela dépend des enjeux, qu’on verra un autre jour, si vous le voulez bien.

* N’hurlez pas trop à la corruption. Les sommes en question sont une part microscopique du budget municipal. C’est du travail d’amateur si on le compare aux pratiques ordinaires de la Maison Blanche ou au financement traditionnel des partis politiques français.

** Blague très locale. Le groupe Everest, vedette de la commission Gomerey, a été fondé à Sherbrooke et il est très près de Monsieur Charest. Sa succursale locale a changé de nom et est devenue Praxis, avec à sa tête un ancien conseiller municipal et ex-chef de cabinet du maire Perrault, Jean-Yves Laflamme, lequel organise d'ailleurs sa campagne. Le monde est petit et Sherbrooke est un village. Et je vous en épargne, parce que l'ancienne adjointe de comté du député fédéral Charest (une femme admirable, en passant) était la blonde d'un des boss d'Everest à l'époque. Aujourd'hui, la blonde du boss de Praxis est chef du cabinet du maire Perrault. Mais circulez, ya rien à voir.

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