7 novembre 2005

Désarroi

C’est le mot qui me vient à l’esprit à lire sur ce qui se passe en France. Il me trotte dans la tête depuis que j’ai lu ce très beau commentaire de Matoo chez Sale bête et qu’il reprend sur son blogue. C’est un témoignage de terrain, bien commenté, en plus. Il y en a beaucoup d’autres...

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Je ne connais rien des cités parisiennes, ni des ghettos des villes américaines, à peine les quartiers pauvres de Montréal, un peu mieux ceux de Sherbrooke et les rangs perdus des magouas et des chaouins. Je vois beaucoup de jeunes, mais ils ont réussi à se rendre à l’université.

Mais comment raisonner sur des choses si déraisonnables ? Un géographe regarde le territoire. Que les cités HLM soient un des échecs urbanistiques les plus patents du siècle est évident. On appelait ça la sarcellite dans les années soixante. Les new town en Grande-Bretagne, les quartiers de rénovation urbaine en Amérique. Partout les tours, le béton, les machines à habiter c’était le progrès des immeubles fonctionnels et raisonnés. Mais si peu humains et coupés de la nature. D’où ces violences urbaines endémiques.

Voire. En campagne ce n’est pas mieux. Il y a des tags dans les villages. De la délinquance aussi et des taux de suicide élevés. Peu d’emplois qualifiés. On s’y défoule en VTT en skidoo ou en bazou. Pas l’anomie des villes, mais la pesanteur du milieu. Rien de concluant pour le géographe si ce n’est l’hypothèse que dans le jeu du territoire, l’émeutier est souvent supérieur au flic parce qu’il connaît mieux le terrain. Guérillas.

Je pense qu’il est inutile de chercher un sens à ces émeutes. Il n’y en a pas. C’est une pathologie sociale. Faire brûler des autos pour passer à la télé ? Possible, on a le star académie qu’on peut et faire brûler une auto ou une école c’est manifester un problème qui n’existait pas dans les médias et qui y disparaîtra dans six mois. Pauvreté, exclusion ? Évidemment. Mais aussi désespoir. Quand on brûle une école ou un commissariat, on s’attaque à la cité et surtout à l’autorité, c’est une révolte adolescente presque. Dur d’être un ado désespéré.


Mais soyez rassurés on gérera la crise. Il y aura des plans d’action. Des interventions sur le terrain. Sans doute même des progrès réels. Plus de sécurité aussi, des caméras, des brigades d’interventions spécialisées. Et la même chose se produira. À Sao Paulo, à Détroit, à Lagos, à Séoul, à Montréal ou à Sherbrooke même. Cela se passait aussi à la Nouvelle-Orléans, à Monrovia, à Alger, à Londres, à Karachi, même à Huntingdon.


Difficile de trouver un sens à une époque qui en a si peu.

1 commentaire:

magoua a dit...

Possible les désordres et le désespoir ont toujours fait le lit de la droite. Pensons à l'Allemagne de 1930, au Chili de 1973...