17 février 2006

Stanstead (un tour de machine)

Il fait un vent à écorner les bœufs. De 8 ce matin on est rendus à moins 13 et ça descend toujours. Et comme ce blogue manque de photos depuis quelque temps, sortons-en de nos archives et embarquons pour un tour de machine limologique.

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La limologie (du latin limes) étudie les frontières et les faits qui les entourent. Et comme la géographie s’apprend par les pieds, et que j’aime les excursions j’avais l’habitude d’amener mes étudiants voir la frontière Canada-USA à Stanstead. Comme je cause beaucoup dans ce genre de circonstances je n’ai pas pris autant de photos que je ne l’aurais aimé, aussi j’en ai emprunté deux pour illustrer la chose.

Derby Line au Vermont et Stanstead au Québec ne font géographiquement qu’une seule agglomération. Des deux cotés de la ligne, comme on dit ici, les mêmes familles, des francos, des anglos. J’y étais allé en excursion il y a 12 ans et on traversait aisément. Ce n’est plus le cas. Soyons francs, les USA sont devenus paranos. Et comme mon groupe comptait une européenne et un africain, pas question de traverser les lignes et beaucoup d’autorisations à demander. Et encore…

Voilà une borne frontière, rue Cordeau. Remarquez à gauche l’auto de la GRC qui nous a accompagné discrètement pendant une heure. La Canada est à gauche et les édifices sont aux USA. Un telle situation est économique: on paie l’électricité moins chère à Hydro-Québec et les impôts moins élevés aux USA. En passant ce genre de bornes se faisait voler souvent autrefois. Plus maintenant, tout est fliqué. Et je rend flous les visages pour éviter les poursuites...

Une autre maison à cheval sur la frontière et deux étudiants qui font les zouaves devant. On frôle l’arrestation, mais bon, les douaniers étaient prévenus.

On trouve aussi sur la frontière la Haskell Opera House and Free Library. (les deux photos suivantes sont de Kables sous licence CC)

C’est le dernier édifice à être construit sur la frontière, la pratique étant interdite depuis 1905. C’est le don d’un mécène local. On en voit la façade aux USA et un échafaudage international à gauche. Il y a une bibliothèque publique transfontalière au rez-de-chaussée et, au premier, une salle de spectacle réplique, semble t’il, de l’opéra de Boston. Et vous serez heureux d'apprendre que l'aide de l'état québécois a permis la restauration, le soutien américain étant plus chiche aujourd'hui. Les priorités sont ailleurs ?

A l’intérieur (superbe) on a tracé une ligne à l’emplacement de la frontière, qu'on voit en bas, à gauche Le tracé en a été peint après un litige d’assurance : un début d’incendie dans un garde-robe frontalier. Qui paie l’assureur canadien ou l’assureur américain ? (photo Kables)


Entre Stanstead et Beebe Plain, la ligne jaune de la route est également celle de la frontière sur environ un kilomètre. Qui paie pour le déneigement ? Le Québec s’en charge puisque la route dessert deux de ses villages, mais le Vermont paie la moitié des frais. Au Vermont on enfouit les fils, au Québec on fait un trottoir. Priorités d'infrastructures ?

La douane US à Beebe. On a rétréci le passage. On y a même vu une patrouille de soldats américains, chose rare avant le 11 septembre.

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C’est un peu triste de voir ces trois villages frontaliers (Stanstead et Beebe au Québec, Derby Line au Vermont) de plus en plus séparés par une ligne de presque fictive qui est devenue réelle, même surréelle depuis 2001. Le comble de l’absurde a été atteint lors de la crise de la vache folle: une équipe de jeunes baseballeurs du Québec a été obligée de faire vérifier leurs lunchs à la frontière pour éviter toute contamination aux bœufs américains.

A safer America ?

Parlez-en aux gens de la Nouvelle-Orléans.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Merci. J'adore ces paragraphes. Michael Wilson should and would..
Anyway.

magoua a dit...

Ça reste à voir...