2 juillet 2011

Friches

C'est toujours un peu la même chose, juin arrive, c'est l'été et après la fin des classe il y comme un goût de ne rien faire ou plutôt de se laisser aller doucement sans horaire, à faire des choses que j'aime sans pression. Le jardin est un peu en friche, il me reste encore à planter des choses parce que cette semaine j'étais plutôt lectures. 

Il faut dire que j'ai profité de la Saint-Jean pour aller voir ma mère et mes vieux amis sur la rive-sud de Montréal. L'occasion faisant le larron j'en profite aussi pour aller chez mon libraire de livres anciens dans le vieux village.  C'est son bazar bouquins annuel où il solde des boites et des boites de livres à 1$. Les chasseurs comme moi arrivent tôt le premier jour quitte à déballer une partie du stock. Et on pile. Pour ma part j'en suis sorti avec 80 bouquins. Dans le lot un géographie universelle incomplète de 1875, un vieux Jules Vernes plein de gravures, un manuel du parfait curé de 1750, de beaux vieux livres etc.

Dans ma pile, il y avait quelques éditions originales de Julien Green numérotées et reliées qui valaient 75$. Étonné de cette aubaine, mon libraire me dit que plus personne ne le lit, qu'il fait partie de ces auteurs trop 20e siècle qu'on oublie. C'est dommage. J'ai passé une agréable semaine à lire son journal des années 1981 à 1984. C'est fascinant de comparer le regard de ce vieux monsieur octogénaire, académicien,  gai et catholique sur une période que j'ai vécue dans la jeune vingtaine. 

Le quotidien de Green est à des années lumières du mien à cette époque, ses journées se passent en écriture, en lectures, à écouter du classique à voyager et à visiter des musées. contenu je dirais presque classique et convenu des journaux écrivains de sa génération. Pour ma part, je survivais entre les études, les boulots précaires, les récessions, la déprime post-référendaire mais aussi la grosse coop d'habitation, les soirées en ville avec les copains théâtreux, mes premières plates-bandes... 

C'était aussi le temps les derniers soubresauts de la guerre froide, qui inquiétaient Green et le renforçaient dans son pacifisme inquiet. Le même que moi. Le temps du better red than dead, de la bêtise reaganienne,  du début de la déconstruction de l'état-providence et de la mondialisation concomitante.

Et pendant que Green écoutait Schumann, j'écoutais ceci:


Oui, on était inquiets de cette guerre finale. On y a échappé.

Restent les nouvelles inquiétudes.

1 commentaire:

manouche a dit...

Serre les poings on a échappé à rien du tout!