13 mai 2006

Patrouillage

Petit après midi tranquille à relire Philippe Muray que j’aime toujours autant. Je me rends compte qu’on peut perdre facilement beaucoup de temps sur le net, surtout quand il pleut. Il y aurait d’ailleurs toute une recherche à faire sur la corrélation entre le temps qu’il fait et la fréquentation du ouèbe. Mes errances m’ont porté à patrouiller la réception française du film C.R.A.Z.Y.

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De ce que j’ai vu des blogues indexés par google, ce n’est pas si mal. Bien aimé le commentaire de Matoo qui prouve qu’entre le 93 et le 450 il n’y a pas toujours un océan. La meilleure talle de commentaires que j’aie lu est celle d’Allociné. Bonne compilation de presse et mes prédictions étaient pessimistes : comme je le pensais, Le Monde n’a pas aimé, mais, par contre, Télérama a adoré.

Les commentaires du public y sont élogieux, le film est même le plus apprécié des utilisateurs de ce site. En lisant les commentaires, on voit que l’histoire est bien comprise, que la bande son joue son effet. Le cas de l’accent est intéressant. Peut être le tiers des usagers du site en parlent, rarement pour s’en plaindre, parfois pour le pittoresque, ce qui est toujours un peu vexant. Mais on sent que ce n’était pas une mauvaise idée de sous-titrer une partie du film. Ce qui ne m’offusque pas du tout.

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J’ai eu une bonne discussion à ce sujet avec l’ami poète. Il y a, bien sûr, une question d’oreille. On est habitué ici au français standard pratiqué dans les médias écrits ou parlés. On est familiers à l’accent français parce qu’il est largement diffusé au Québec par les films, la télé, la chanson, etc. Et nos chanteuses prennent l’accent là-bas, ce qui est bien, puisque dans certains cas, elles ne sévissent plus ici.

Mais revenons à cette question d’accent. Le poète me faisait remarquer que c’est tout à fait normal qu’un français qui entend pour la première fois les sons matdirdekwa pense plus à un mot huron qu’au vieux français je vas te dire de quoi. C’est une forme de créolisation. Concept un peu colonialiste, prouvé par l’existence de Druon. Pourtant. Ça m’a pris pas mal de temps à comprendre ce que kiffer veut dire. Et je pigeais que dalle à mes premiers San Antonio. Dirait-on que la banlieue parisienne se créolise ? Possible. Le pauvre est toujours un colonial. Quelle que soit sa couleur. Certaines sont plus colonisées que d’autres.

Quoiqu’il en soit, au Québec la colonisation a une langue, mais ce n’est plus le français depuis 1763. Le francais y est une résistance. Et nous sommes trop riches pour être une colonie. Quoique. Ça dépend des quartiers.

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Lisant tout ça, je me suis posé une question existentielle. Pourquoi les français ne retiennent du Québec que le sacre tabarnak. C’est vrai que le mot est passé aussi en espagnol et sans doute dans quelques langues amérindiennes; mais ciboère, y’en a une ostie de calisse de gagne d’autres, viarge.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Le vie veut que j'ai maintenant une amie à Paris (si,si) qui m'est très chère.
Elle m'a envoyé un courriel (elle n'use plus du "mail") car elle partait à New-York, avec sa fille, pour "magasiner" (elle adore le mot).
Et devine...je lui ai expédié des journaux d'ici avec des pubs. Elle y a trouvé le mot "débarbouillette" qu'elle a adoré au point de lui faire céder la place à "lingette".
Résistance française...

magoua a dit...

La débarbouillette dit précisément ce qu'elle fait. Une lingette ca va entre la vaisselle et les soins intimes, voire même l'époussetage. À moins d'être francais.

Anonyme a dit...

- tabarnak, c'est tellement proche de tabernacle que cela ne m'étonne pas trop mais j'aime beaucoup le "calisse de chien sale" !
- sinon, en bon français, c'est vrai que je ne fais pas que me débarbouiller le visage, je peux aussi débarbouiller un miroir crade ou me débarbouiller avec mes ennuis :)

magoua a dit...

Il y a toute une linguistique du sacre dont la grammaire reste à écrire. Et au risque d'être téteux, je préfère l'expression français standard à bon français... D'ailleurs le poère Gaton Miron disait toujours que l'expression français moyen est un pléonasme ;-)

Anonyme a dit...

J'utilisais "en bon français" parce que juste avant tu disais "A moins d'être français", c'était juste pour t'appuyer et confirmer ce que tu disais :)

magoua a dit...

okidou ah l'accent ;-)