Ceux qui lisent ce bloque depuis un certain temps savent le plaisir que j'ai à fréquenter ce grand auteur qu'était Philippe Muray. C'est sans doute un des meilleurs critiques de cet étrange monde dans lequel on vit. Son ironie brillante et râleuse, son verbe abondant, quelque part entre Céline et San Antonio, avait le don de gratter le bobo parisien ou québécois là où ça fait mal, c'est à dire dans la conscience.
Il s'était amusé à écrire Minimum respect, un recueil de poèmes, des vers de mirliton disait-il. Non sans avoir assassiné la poésie au préalable:
«Ce qu'il y avait d'inqualifiable, jusqu'à moi, dans la poésie, c'était la poésie. Celle ci évacuée, on remarquera qu'il ne reste que de l'excellent : rimes se situant très en dessous du seuil de pauvreté, alexandrins utilitaires, strophes de circonstance aggravante, rythmes contraints à la plus sourcilleuse efficacité, refrains contagieusement drôles, cadences infernales, comptines mémorables, vers enfin, vers luisants de bonheur de ne plus avoir de troubadours sur le dos comme par le passé.Belle intro non ?
(...)
Ce qui handicapait la poésie, jusqu'à moi, c'était le lyrisme, c'est à dire la poésie»Philippe Murray, Minimum respect, Éditions Les Belles Lettres
***
Sur une idée de Benoît Duteurtre, Muray avait eu le temps d'enregistrer quelques-uns de ses poèmes, accompagnés de musiciens étonnants. Cela donne un des disques les plus jouissifs que j'aie entendu depuis longtemps. Surprenant. Je se me serais pas attendu à ce qu'un néo-réactionnaire, honni aux Inrocks soit si près du slam. Écoutez plutôt:
Celle-ci est surprenante d'actualité:
Et une dernière pour la route, dans un genre différent:
Curieux comme ça fait penser à un certain poème fameux.
Le disque de Murray est disponible sur son site. Plein de ses textes traînent sur internet, amusez vous.
Pendant que l'histoire s'arrête.
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