7 avril 2007

Post-histoire

Le gazon ne pointe plus sous la neige. Il en est tombé au moins un pied jeudi, il a fait moins sept ce matin. Joyeuses Pâques. On s’alarme du réchauffement climatique, mais j’en prendrais un peu aujourd’hui.

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Entre deux piles de copies je m’évade dans Festivus festivus, une série d’entretiens de Philippe Muray. J’aime beaucoup cet homme joyeusement enragé de voir son époque sombrer dans la post-histoire. Il prend à rebours bien des poncifs du temps, féminisme, revendications de gauche bien pensante et regarde le naufrage de ce qui nous reste de culture dans le grand tout mondial.

En le lisant, je me demande si son propos très français ne s’appliquerait pas au Québec. Sa tête de turc préférée, le bobo parisien est en tout cas proche cousin du platoïque montréalais. Comme lui il mange bio, consomme moins de culture qu’il en a l’air. Aime l’ordre écolo, le vélo, les patins à roues alignées (rollers). Sa réaction à la présence de Le Pen au deuxième tour des présidentielles de 2002 n’est pas non plus très loin de celle des insulaires montréalais à la poussée adéquiste.

Je crains d’ailleurs que le magma informe de cette pensée toujours dans l’immédiat, qui bouge pour bouger ne soit une clef pour comprendre les comportements électoraux des deux cotés de l’Atlantique. En ce sens, l’ADQ comme Québec solidaire ou les Verts représentent précisément un changement pour changer, sans plus. Sans conséquences non plus parce que sur le fond le nombril est plus important que tout le reste.

Le monde devient ainsi un décor interchangeable, momifié qu’il convient d’aseptiser surtout pour en éliminer le sens, la profondeur historique. En conséquence, les lieux n’ont plus tellement d’importance. La campagne est une terre de randonnée en VTT ou à pied, selon les chapelles. Les villes deviennent des représentations touristiques, avec leurs rues rénovées en néo-vieux, pour faire plus vrai.

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Cette semaine, on a démoli une église inutile coin King-Jacques Cartier. On y construira un centre médical et une pharmacie.

La post-histoire est en marche.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Quand on a perdu ses racines, ou que l'on n'en a jamais eues, on regarde « les têtes à claques » et on en rit comme des imbéciles...

magoua a dit...

Ouala. Hélas.