18 novembre 2006

Le paysage ? Connais pas.

Semaine assez chamboulée mais heureuse, qui se termine sur le doux temps d’hier, 18 degrés le matin, ça fait toujours plaisir, même si on sait que ça ne durera pas. Ce matin, retour en novembre mais, au moins, il ne pleut pas et on voit même le soleil entre les nuages.

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Parmi les choses que je n’ai pas eu le temps de relever, il y cette déclaration de Paul-Louis Martin, au Devoir à l’occasion de son prix Gérard-Morrisset : «On n'enseigne pas aux jeunes à voir le paysage, à apprécier ses grandes lignes de force et son esthétisme, contrairement à ce qui se fait en France, par exemple, où une loi oblige les enseignants à consacrer 10 % de leur temps à sortir les enfants et leur faire découvrir les monuments, les vieux quartiers. Ils vont sur le terrain. On est encore loin de ça au Québec.»

Touché. Dans mon propre domaine, la géographie, le terrain est essentiel pour comprendre, voir et sentir les choses. Pourtant, depuis quelques années, tous les départements universitaires, à des degrés divers, se replient vers la géomatique ou le traitement d’images satellitaires. C’est utile pour l’emploi mais on en vient à voir le monde comme une somme de données à traiter. En géo humaine, on se noie dans les logorrhées postmodernistes ou dans les traitements statistiques toujours plus sophistiqués. Il n’y a que les praticiens de la géographie physique à sortir, en attendant les robots échantillonneurs.

Au secondaire, c’est pire. Le nouveau programme, en plus de réduire le temps consacré à la géographie, en a éliminé la composante milieu naturel (refilée aux sciences) pour traiter d’enjeux territoriaux, de conscience citoyenne planétaire (compétences 2-3). Deux énoncés intéressants mais qui cèdent à mode des buzzwords contemporains. La compétence 1 «lire l’organisation d’un territoire» fait appel aux documents, aux sentiments, aux constructions humaines et néglige évidemment le milieu physique ou biologique qui, comme on le sait, n’est pour rien dans l’aspect d’un paysage.

L’autre problème au secondaire, c’est évidemment la lourdeur bureaucratique. Sortir une classe demande des autorisations, des ruptures d’horaires, des frais, des réquisitions. Contrôler une classe de 32 jeunes souvent mal élevés et lâchés lousses dehors est difficile. Pourtant l’écologie des mauvaises herbes est fascinante. L’interprétation du bungalow ou des duplex montréalais réserve plein de surprises. Sans compter les sorties patrimoniales qu’on ne fait plus, on préfère les glissades d’eau. Ou un match de hockey comme certains de mes étudiants cette semaine.


Tout cela est désolant. Je dois pourtant à Paul-Louis Martin un peu de ma vocation de géographe. J’avais dévoré son petit guide culturel de Rivière-du Loup et son portage que je rêve d’adapter à l’Estrie un jour. J’y ai appris à regarder le monde, à le questionner, à en être curieux, ce qui me permet de l’aimer toujours plus. Mais c’est dépassé tout ça, le virtuel est plus simple.

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Après ça, on se demande pourquoi nos jeunes sont mélangés. Il ne savent ni d’où ils viennent ni où ils sont.

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