27 juillet 2011

Invasion japonaise

Quand il revient de voyage, le jardinier fait le tour du jardin, cela va de soi. J'étais tout heureux de voir mon rosier blanc tout en boutons. C'est  un rosier Hudson de l'increvable série des Explorateurs, mis au point par Agriculture Canada. Ils sont parfaitement adaptés à nos hivers, résistants aux nombreuses maladies des rosiers, fleurissent tout l'été en plus d'être très parfumés. Bref. ils sont parfaits !

 Mais voilà le spectacle atroce que j'ai vu en fin de semaine: 



C'est un petit troupeau de scarabées japonais qui vous dévorent une rose le temps de le dire. Ils ont eu droit d'ailleurs à une petite douche d'insecticide vaguement bio. Mais bon, s'il adorent les pétales de roses, ces sales bêtes aiment beaucoup les feuilles de vignes et précisément il y a grande vigne ensauvagée sur le coté de la maison où ils s'en donnent à coeur joie, d'autant plus que ce scarabée me semble doté d'une libido fort élevée: 

 
Impossible de les doucher de ma bouteille d'insecticide, il me faudrait peut-être un grand filet à papillons pour les attraper et éventuellement les écraser sauvagement. Disons d'ailleurs au passage que le jardinage est loin d'être un passe-temps innocent, on y apprend vite les défoulements violents: vous devriez voir le sadisme avec lequel je piétine les criocères  qui osent s'attaquer à mes lis !

***

C'est en cherchant un moyen plus facile d'éliminer mes scarabées nippons que j'ai trouvé leur point faible: les géraniums, blancs de préférence. Cette recherche nous apprend en effet que la bestiole raffole des pétales du pélargonium (le géranium des jardins) qui les font tomber dans un état catatonique proche de l'extase. Elle se retournent sur le dos, frétillent des pattes et des antennes et leur immobilité en font une proie facile. Un jour plus tard elles dégèlent et remettent ça. On comprendra que ce régime les affaiblit en plus de calmer leur instinct copulateur. 

Me voici donc soudainement épris de géraniums blancs et pusher des scarabées de l'Empire du soleil levant,


En prime, une chanson de circonstance: 

24 juillet 2011

Retour

En fait, je suis arrivé mercredi midi en direct de Kamouraska, Quel contraste entre l'air frais du Bas-du-fleuve et la chaleur oppressante de notre sud, La rivière est très basse, les gazons jaunes et je crains pour le jardin. De fait l'ami à qui j'en avais confié le soin a oublié/négligé/mal compris l'arrosage. Les astilbes ont cramé, des plantes ont séché ou flétrissent dangereusement. Arrosage sommaire généralisé sous un soleil de plomb même si ce n'est pas recommandé. Et en plus, les poissons rouges sont invisibles. Un raton-laveur ?

La chaleur m'écrase. En rangeant le boyau je casse le collet qui le fixe au robinet, impossible de réparer. GRRR, Et il y a l'épicerie à faire !

Puis finalement tout se tasse. Les poissons sont bien là, cachés sous les feuilles des nénufars. L'ami négligeant m'offre un lift pour quérir un nouveau boyau assorti d'un beau dévidoir qui remplacera celui qui s'est cassé cet hiver. J'arrose à fond partout, découvre que le boyau suintant qui couvre les écarts du jardin est fendu, petite réparation à faire, mais il fait trop chaud. De beaux orages passent sans laisser de pluie. 

Et au matin de ce samedi encore trop caniculaire une belle récompense:


Il fait frais en ce dimanche matin. Je connais quelqu'un qui va passer sa journée au jardin.

Et mon voyage en Gaspésie ?  Superbe, du beau temps de belles découvertes. Je vous en parlerai ces prochains jours....

13 juillet 2011

Songes de la mi-été

Belle journée fraîche, une grosse averse vient de noyer mes velléités de jardinage. tiens pourquoi pas quelques nouvelles du Jardin ?

L'étang a maintenant trois nouveaux habitants, des poissons rouges qui seront nourris et logés en souhaitant qu'ils jouent bien leur rôle de prédateurs des larves de maringouins qui pullulaient un peu trop.  Souhaitons que les ratons-laveurs du coin ne les découvrent pas. 

Parlant de locataires mes amis d'en haut finissent de déménager, j'ai donc un splendide trois et demi à louer avec vue imprenable : 



Pour le reste, l'été se passe bien je lis pas mal, Hier, je me suis enfoncé dans la correspondance de Mme de Sévigné et de sa fille. Plein de potins en direct de la cour de Louis XIV. On rêve d'avoir assisté comme elle a une pièce de Molière jouée par l'auteur...

Je suis au mitan de mes vacances, comme de coutume, je ne les vois pas passer. Je quitte demain pour la Gaspésie, en reconnaissance pour l'excursion de cet automne. Je ne suis pas trop fâché d'échapper aux travaux de la rue voisine que la ville refait en profondeur. Outre le bruit des machines, les vibrations du compactage déclenchent de nombreux micro-séismes qui finissent par agacer. La maison vibre toute la journée. Heureusement qu'elle est solide. 

J'espère. 

2 juillet 2011

Friches

C'est toujours un peu la même chose, juin arrive, c'est l'été et après la fin des classe il y comme un goût de ne rien faire ou plutôt de se laisser aller doucement sans horaire, à faire des choses que j'aime sans pression. Le jardin est un peu en friche, il me reste encore à planter des choses parce que cette semaine j'étais plutôt lectures. 

Il faut dire que j'ai profité de la Saint-Jean pour aller voir ma mère et mes vieux amis sur la rive-sud de Montréal. L'occasion faisant le larron j'en profite aussi pour aller chez mon libraire de livres anciens dans le vieux village.  C'est son bazar bouquins annuel où il solde des boites et des boites de livres à 1$. Les chasseurs comme moi arrivent tôt le premier jour quitte à déballer une partie du stock. Et on pile. Pour ma part j'en suis sorti avec 80 bouquins. Dans le lot un géographie universelle incomplète de 1875, un vieux Jules Vernes plein de gravures, un manuel du parfait curé de 1750, de beaux vieux livres etc.

Dans ma pile, il y avait quelques éditions originales de Julien Green numérotées et reliées qui valaient 75$. Étonné de cette aubaine, mon libraire me dit que plus personne ne le lit, qu'il fait partie de ces auteurs trop 20e siècle qu'on oublie. C'est dommage. J'ai passé une agréable semaine à lire son journal des années 1981 à 1984. C'est fascinant de comparer le regard de ce vieux monsieur octogénaire, académicien,  gai et catholique sur une période que j'ai vécue dans la jeune vingtaine. 

Le quotidien de Green est à des années lumières du mien à cette époque, ses journées se passent en écriture, en lectures, à écouter du classique à voyager et à visiter des musées. contenu je dirais presque classique et convenu des journaux écrivains de sa génération. Pour ma part, je survivais entre les études, les boulots précaires, les récessions, la déprime post-référendaire mais aussi la grosse coop d'habitation, les soirées en ville avec les copains théâtreux, mes premières plates-bandes... 

C'était aussi le temps les derniers soubresauts de la guerre froide, qui inquiétaient Green et le renforçaient dans son pacifisme inquiet. Le même que moi. Le temps du better red than dead, de la bêtise reaganienne,  du début de la déconstruction de l'état-providence et de la mondialisation concomitante.

Et pendant que Green écoutait Schumann, j'écoutais ceci:


Oui, on était inquiets de cette guerre finale. On y a échappé.

Restent les nouvelles inquiétudes.