15 septembre 2006

Le grand con cosmique

Difficile de pas échapper à la fusillade au collège Dawson. Et à son auteur. Un grand con cosmique. C’est l’expression qui m’était passée par la tête hier soir en songeant à ce billet. Le mot est trop fort peut être. Mais qu’on y songe : un parfait inconnu devient du jour au lendemain une célébrité mondiale, parce qu’il a été assez sans dessein pour se croire.

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Cela me trotte par la tête depuis que j’ai lu jeudi matin un des premiers textes au sujet du tireur, dans le Journal de Montréal sur Canoe. Du blogue de Kimveer Gill, le journaliste tire une liste de noirceurs d’insanités ou d’indice et termine son papier par ceci :

«Il a écrit détester la cruauté envers les animaux, la musique country, la religion, le gouvernement américain, Dieu et les gens en général. »

Drôle de liste. Détester la cruauté envers les animaux et liquider des gens comme du bétail. Et pourtant une liste comme celle-là serait banale dans un million de descriptions sur le web. Comme bien des propos semblables partout dans les blogues. J’écoutais ce midi chez Maisonneuve un psy suggérer que le type en question était en quelque sorte resté ado, faute de contacts avec le monde ordinaire.

Il y a de ça. Je pense qu’il y a, à un moment ou l’autre de toute adolescence des périodes noires et la culture qui va avec. Ado, j’ai eu ma période Lovecraft, Jean Ray, Poe, Baudelaire même. Même que le progressif qu’on écoutait en ce temps là, King Crimson, Genesis ou même Helter Skelter des Beatles pourraient être une sorte de proto gothique. Et je suis assez attardé pour en écouter toujours. Avec bien d’autres choses connues depuis.

L’autre question aussi de l’isolement que crée ou ne crée pas le web. Vrai que les réseaux de blogueurs ou de chatteurs forment une communauté virtuelle qui est plus qu’une illusion. Des amis me lisent ici. Je suis lu aussi par des gens que je ne connais pas sinon parfois par leurs blogues. Certains que je lis souvent deviennent même une sorte de présence. Des gens que j’aimerais rencontrer.

Là est la différence. Je ne me contente pas d’une vie virtuelle, au fond d’un sous sol de bungalow. Je suis sur Terre pas dans le cosmos. Ce jeune homme n’est pas le premier fou violent de l’histoire. Il y en aura d’autres aussi. Mais l’ampleur médiatique de ce genre d’événement le fait paraître cosmique. Il n’est restera que du vent dans une semaine.

Hélas, aussi un peu plus de peur.

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Pendant ce temps, au Darfour…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Difficile de rester de glace face à ce genre d'évènement.
Je crois qu'on peut faire un certain rapprochement de toute cette violence avec la perte de pouvoir de l'individu face au collectif. On se dit un société de plus en plus individualiste, ce qui est un peu vrai. L'individualisme peut comporter quelques points positifs comme la posibilité de faire des choix différents de la majorité mais souvent il engendre une isolation des individus et une impression qu'on exerce aucune influence sur notre monde. Ce qui souvent provoque une déhumanisation.
On s'attache plus à notre chien qu'à notre voisin.
J'espère que les discussions sur ce genre de violence vont dépasser la profondeur horizontale. Le contrôle judiciaire peut toujours servir mais il ne répond pas à un malaise grandissant face au politique et à une déresponsabilisation des individus.
Bonne journée

magoua a dit...

C'est vrai Sébastien signe d'un tissu social qui se défait tranquillement. Des fois ça m'inquiète même.