26 février 2015

Salut Réal et Merci

Je n'écris plus dans ce blogue et au risque d'en faire une rubrique nécrologique voici cet hommage à un ami mort tragiquement sous les glaces de la rivière Saint-François.

J’ai connu Réal Bergeron sans le savoir. Il animait le soir à CFLX une émission d’humour très douce, sourire en coin. Ce ne pouvait pas être autrement puisqu’elle s’intitulait Brigitte et s’ouvrait sur la chanson Brigitte, petit chef d’oeuvre de Brigitte Fontaine. J’entends encore sa voix basse, ironique et pourtant fragile nous débiter des aphorismes de son cru dans son inimitable accent beauceron-lorrain. 



À l’époque, j’était braqueur à Braque, chargé par mon ami Desroches de chroniquer les revues et la Steph de Monac occasionnelle. 

J’allais connaitre Réal, devenu directeur de la station en entrevue d’embauche. À l’époque, devant le taux de chômage astronomique, l’assurance chômage et le Béhesse rivalisaient de programmes d’emploi généreux et arrosaient copieusement les groupes communautaires pour se refiler ces jeunes et diminuer les statistiques. L’entrevue fut désastreuse. Pistonné par Réal, qui me connaissait de Braque, j’ai surtout effrayé la responsable de l’information au CA par mon attitude dégingandée. Il me réchappa quand même et c’est ainsi que je devins journaliste à CFLX.

Suivirent cinq années de gros plaisir. Dégrossi en journalisme par Marcel Gagnon et en relations publiques par Louise Larreau, je me suis pris de plaisir à couvrir le municipal avec les collègues Dufresne de La Tribune, Flannagan et Larochelle de CHLT et Proulx à CJRS qui m’ont aussi montré le métier. Et comme le maire de l’époque était pittoresque on s’est beaucoup amusés. Je dois aussi à Réal de m’avoir permis toutes les rencontres et expériences merveilleuses qui s’en suivirent. Oui, de belles années de ma vie.

Rien n’était facile à CFLX. L’argent manquait toujours et le pari d’essayer simplement de stabiliser l’emploi des tous les talents qui y sont passés était impossible à relever. Mais Réal a toujours réussi à y maintenir une sorte d’exigence, ce que les administrateurs patentés d’aujourd’hui diraient une vision. Elle était simple: faire de la bonne radio. Quant à savoir ce que cela voulait dire, je ne l’ai jamais trop su. Fallait simplement le faire. 

Il y avait quand même une chose: le «son» CFLX. Réalité protéiforme qui synthétisait tous les apports de tous et celles qui faisaient cette radio, des bénévoles aux gens de jour, oreilles aguerries et ouvertes. Du franco oui, de Brel à Bérurrier Noir en passant par Sarcloret, Thiéfaine. Québécoise aussi, à découvrir Desjardins et les mille chansons passées aujourd’hui sans oublier les Corcoran, Séguin de toujours. De tous ces chanteurs, Réal n’était pas toujours convaincu au départ, mais jamais fermé. Même que Yves Bernard l’a presque convaincu d’aimer la musique du monde…

C’est peut être ce qui lui a permis d’être le recordman de longévité des directeurs généraux de radios communautaires urbaines. Quand je lui ai succédé, j’ai pu constater que sa réputation était légendaire dans les radios communautaires du Québec. Même la hautaine DG de CIBL, une certaine Line Beauchamp, ne tarissait pas d’éloges à son endroit. Dommage qu’elle n’ait pas appris plus de lui sur la gestion de crise. 

Quand j’ai succédé à Réal à la direction de CFLX, j’ai pu le connaitre autrement. J’ai vu un homme sérieux, impitoyable et rigoureux sur les comptes, conscient de tout ce qu’il avait fait de juste ou d’injuste, de bon ou de mauvais. Fatigué aussi peut-être, faute de moyens, de dire non au souhaitable en se résignant au possible. Il m’a surtout appris que sans la passion il vaut mieux s’en aller ailleurs. Mon CA ne tardera pas à me trahir en ce sens. Ce sont choses qui blessent le gens qui doutent mais qui ne le montrent pas. S’en suivent des plaies difficiles à cicatriser qu’on évite ensuite de réouvrir.  

Quand on doute peu, on change plus souvent d’opinion. Myopie du portefeuille. 

Mon plus grand plaisir aura été de revoir Réal en dehors de la radio. C’est que je savais qu’il aimait l’art, pratiquait la peinture même si je n’ai jamais compris la sienne, ce qui le faisait bien rire. Mais quand j’enseignais au Bac en enseignement secondaire, il m’est arrivé souvent d’avoir recours à ses services. Vous dire comment il savait simplement interroger, l’air de rien, un groupe de jeunes devant des peintures, leur en faire parler, les écouter les amener ailleurs, simplement un peu plus haut qu’ils étaient. Il était heureux dans un musée.

Je le revois au Musée des Beaux Arts de Montréal, il nous amène devant l’Étoile Noire de Borduas, une oeuvre que j’avais vue cent fois, m’accrochait l’oeil sans qu’elle ne me dise rien. Je le provoque: qu’ont à dire ces cinq taches noires sur fond blanc ? Et Réal d’expliquer que rien de cette toile n’est innocent, que sa composition est parfaite dans sa stabilité et son instabilité etc. Sans pédanterie, en faisant simplement comprendre de se laisser aller en gardant le yeux ouverts, il a convaincu tout le groupe de savoir regarder l’abstrait sans préjugés.


 En même temps ce jour là, il est resté contemplatif devant une oeuvre plus réaliste, l’Heure mauve d’Ozias Leduc. Il me l’a expliquée. Je n’en avais jamais vu la beauté et je pense à lui quand je la revois.



C’est pour cela que Réal Bergeron était mon ami, il m’a appris à mieux voir. Et à douter toujours mais naïvement, sans trop laisser paraître. Arrivera ce qui arrivera, l’intendance suivra. 



6 commentaires:

Anonyme a dit...

Passé par ton blog en pensant y trouver un mot sur Réal.
Ai rêvé à lui la semaine dernière, un rêve lumineux :
Il m'accueillait dans sa maison de ville d'une autre ville où j'étais de passage -- maison centenaire, belle comme une œuvre d'art! Il avait l'air bien.

DDroches

Peace 1 a dit...

Merci pour ce beau texte Bernard. Ça a fait du bien à mes souvenirs...

Tonkin Voyage Vietnam a dit...

Une belle amitié!
Ca me rappelle beaucoup de souvenirs.
j’aime la précision et le ton de tes articles. Tenez-moi au courant des prochaines publications.
Bonne journée!

Vietnam Original Travel a dit...

Merci de nous faire partager ton histoire, par contre on dit blog et non blogue ! bonne continuation :)

Anonymous a dit...

Bonjour les amis, je me considère comme une femme avec un cœur bon et attentionné de profession je suis comptable. Je suis mariée depuis plus de 8 ans avec deux enfants. Ma relation avec Peter, mon mari au début, était douce, romantique et plus tard elle s'est transformée en cauchemar, parce que mon mari me trompait et cherchait un moyen d'obtenir un divorce rapide. nous avons rompu il y a trois mois et je l'ai supplié de rentrer chez lui mais sans progrès. J'aimais tellement mon mari et je ne veux pas le perdre au profit d'une autre dame, je n'aurais rien pu faire pour lui faire du mal ou lui faire du mal ... Je voulais juste qu'il rentre à la maison pour m'aimer pour toujours. J'ai expliqué ma situation à un ami au travail. Mon ami LUISA m'a conseillé de contacter à la place l'aide d'un lanceur de sorts d'amour appelé Dr AJAYI de la nation africaine avec un grand pouvoir qui lui a été donné par ses ancêtres, qu'il a un puissant charme de cadeaux pour ramener l'amour et la confiance dans tout mariage brisé ou relation brisée, j'ai cru et j'ai essayé et cela a fonctionné pour moi, j'envoie un e-mail au Dr AJAYI via son contact de messagerie personnel (drajayi1990@gmail.com) ou son numéro Whatsapp +2347084887094 .. Après que quelques municipalités aient répondu à mon courrier , Le Dr Ajayi m'a dit qu'il pouvait m'aider à ramener mon ex-amour avec une partie de mon amour immédiat, j'étais très heureux de trouver cet homme pour m'aider, j'ai suivi attentivement toutes ses instructions, étape par étape. des prières et des incantations que je me faisais chez moi avec des bougies allumées la nuit. DR AJAYI m'a dit de tout faire à la maison pendant la nuit. J'ai tout fait comme indiqué. il a commencé à fonctionner pour moi parce que quelques heures plus tard, j'ai reçu un appel de mon mari. J'ai été tellement surpris et choqué qu'il a cessé de m'appeler ou de m'envoyer des SMS pendant 3 mois. Maintenant, j'exécute immédiatement une prière d'amour avec mon mari. Peter est rentré à la maison pour m'excuser. Je suis tellement heureuse que cette histoire d'amour ait eu un effet positif sur mon mari en deux jours à son retour à la maison. En ce moment, mon mari et moi sommes plus heureux que jamais. Je tiens à remercier Dr.AJAYI, grand homme, pour ses talents exceptionnels. Au début, j'avais peur du doute, mais je l'essaye et ça marche pour mon bien. Je recommande sincèrement Dr.AJAYI à tous ceux qui cherchent à rétablir une relation amoureuse perdue ou un sort d'amour à la recherche du véritable partenaire amoureux.

Hoai Nguyen a dit...

merci pour votre présentation. j'aime bien votre blog