Semaine assez difficile, marquée pour ma part par un solide lumbago qui me pollue la vie depuis mardi. Le genre de mal de dos qui vous réveille à chaque mouvement dans le sommeil. Heureusement, la journée d’été qu’on a eu mercredi a mis un baume sur ma douleur qui se résorbe tranquillement comme le débit de la rivière Saint-François.
Je n’ai pas été très bavard en avril, ce ne sont pas les sujets qui on manqué pourtant, j’en ai débuté quelques-uns que je compte bien déposer un jour ici. Mais entre le jardin qu’il faut sortir de sa gangue hivernale, les copies et les notes à rendre ou encore Pâques en famille (mmmm les tartes au sirop d’érable) disons que le temps qui manque et ma flemme naturelle ont fait le reste.
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Comme c’est veille d’élections fédérales un de mes fidèles lecteurs et ami me demande mes prédictions. Et je suis bien embêté. C’est que cette élection qui s’annonçait ordinaire et sans surprise a accouché d’une vague orange au Québec qui a propulsé le NPD à des hauteurs jamais vues dans les sondages. Comment un parti qui n’a presque pas de racines au Québec, et qui y présente en général des poteaux qui font de la figuration sur les bulletins de votes pourra-t-il élire de députés sur nos terres ?
On a beaucoup commenté cette vague inattendue d’appuis au NPD au Québec, d’autant que dans le reste du Canada les positions n’ont que peu changé. La projection des sièges de
Three Hundred and Eight montre que, hors Québec, le prochain parlement serait la copie conforme du précédent, à l’exception de quelques pertes conservatrices en Colombie Britannique à peine compensées par de maigres gains en Ontario et en Atlantique. Le NPD jouit d’un léger vent favorable un peu partout mais les gains sont minces. Le champ de bataille ontarien prévu par les analystes ressemble donc plus
à une guerre de tranchées dans les banlieues et les villes satellites de Toronto. C’est là où se jouera le statut majoritaire ou minoritaire des conservateurs.
Je crains qu’un réflexe de stabilité et une certaine lassitude électorale ne fassent le jeu de M. Harper qui pourrait y surprendre.
Venons-en au théâtre québécois. Ici tout est mouvement. Au fond, la question à se poser est simple : jusqu’à quel point les gains du NPD dans les sondages peuvent-ils se transformer en sièges ? Comme tout le monde, j’ai été surpris de cette nouvelle volatilité de l’électorat québécois que je m’explique mal. J’y vois un mouvement d’humeur devant une situation politique trop figée, un goût de changer pour changer, le capital de sympathie du bonhomme Layton ayant fait le reste. Mais est-ce suffisant pour élire des députés ?
Je ne peux m’enlever de la tête que l’engouement envers le NPD est très superficiel mais on a vu que ce genre de passade a déjà fait de l’ADQ l’opposition officielle à Québec. Quels sont donc les sièges sur lesquels le NPD peut compter ? Il y en a 4 ou 5 en Outaouais où le NPD a déjà une base plus solide par le poids qu’y a l’état fédéral. Des gains donc aux dépends du Bloc, des Libéraux et peut-être du conservateur Lawrence Cannon. Le NPD est aussi en bonne position dans la grande région de Montréal surtout dans les comtés à forte présence anglophone mais où le Bloc était relativement puissant. Facilement six, peut être huit sièges à la frange ouest du centre-ville et dans les banlieues moins francophones de Laval ou de la Rive Sud. Les libéraux surtout vont y perdre mais le Bloc y a beaucoup de députés fragiles.
Ailleurs au Québec, la situation est déconcertante. Les nombreux sondages dans la région de Québec y montrent une poussée néo-démocrate qui menace les conservateurs de la Rive Nord. On signale des luttes à trois un peu partout en région. C’est là où la différence entre les intentions et la réalité du vote va compter. Le feu de l’amour au NPD est-il de paille ? C’est indécidable. Intuitivement, je serais porté à minimiser les gains du NPD en me fondant sur la rationalité des électeurs devant un parti somme toute étranger au Québec profond. De là à parier sur la rationalité des électeurs alors que le politique est devenue affaire d’images et de perceptions, il y a un pas que je ne ferai pas. Peut-être six ou dix gains du NPD aux dépends du Bloc et de quelques potiches conservatrices de la région de Québec.
Résumons nous : Au Québec : 35-40 bloquistes, 12-15 libéraux, 12-15 néo démocrates, 7-10 conservateurs. Au Canada : 140-150 conservateurs, 65-75 libéraux, 35-45 néos et 35-40 bloquistes. Prédictions floues pour une élection où les contenus n’ont pas compté.
C’est ce qui m’inquiète.