28 novembre 2009

De vieux souvenirs retrouvés


À la fin du primaire, il n’était pas question que mes parents laissent aller leurs enfants à la grosse école polyvalente de notre banlieue. C’est ainsi qu’en 1970, j’ai débarqué pensionnaire à l’illustre Séminaire de Saint-Hyacinthe, vieux collège classique qui après avoir hésité à devenir cégep était resté privé. Et je reprenais le flambeau familial, puisque mon père, mes oncles, presque toute la parenté mâle y avaient été instruits.


Dire que je me m’y suis épanoui serait un pieux mensonge. Je n’ai jamais tellement aimé cette prison qu’était le pensionnat, d’autant que c’est là que j’y ai fort mal vécu mes premiers émois sexuels. Au moins, ce collège avait une grande bibliothèque où je me réfugiais dès que possible. Même qu’en secondaire trois, on m’y avait relégué, expulsé que j’étais du cours de math pour cause de notes de cours non remises, (je n’en prenais pas). Je m’y trouvais si bien que la direction avait soudoyé mon cousin à me faire copier les siennes, sans quoi j’y serais bien resté toute le reste de l’année. Ce fut aussi ma dernière année là-bas, la direction du collège ayant conclu que je devais poursuivre mes études ailleurs. Yééééééééééé !


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Et c’est là que j’ai passé de longues heures à lire un album dont je ne me lassais pas, celui du Boréal Express. Imaginez le bonheur que j’ai eu hier à la librairie en voyant que les éditions du Septentrion l’avaient enfin réédité.




Le Boréal Express est né en 1962 d’une idée géniale de Gilles Boulet, Denis Vaugeois et Jacques Lacoursière. Sous la forme d’un journal contemporain avec ses chroniques standard, ses annonces et même ses bédés, on actualise l’activité politique culturelle et sociale d’une période donnée de notre histoire. Bien sûr, la mise en page a vieilli mais le contenu est génial et la forme est attachante malgré ses maladresses.


Ce sera un grand succès de librairie que le Boréal Express, le premier album (1524-1760) s’étant vendu à 75 000 exemplaires. Le journal mourra en 1967 d’une augmentation des tarifs de la poste fédérale (le centenaire a coûté trop cher?) alors qu’on en était à l’année 1840, précisément celle où le Bas-Canada est puni de sa rébellion et uni de force dans ce qui deviendra l’ancêtre du Canada.


Par la suite, les éditions du Boréal-Express vont se diversifier dans les livres historiques, les essais et finalement la littérature. Vendues par Vaugeois, elles deviendront le Boréal tout court, poids lourd de l’édition québécoise. Le même Vaugeois, qui ne perd pas le Nord, fondera ensuite le Septentrion, maison d’édition spécialisée en histoire mais qui s’est aussi mise à la littérature et qui reprend précisément cet album. La boucle est bouclée.


Ce qui est chouette, c’est que cette réédition a été rendue possible grâce la numérisation par La Bibliothèque et les Archives nationales du Québec de l’ensemble des numéros du Boréal Express. Intégrés aux collections numériques, on peut les consulter et les télécharger gratuitement.


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Pour ma part, alors que la première vraie neige fond tranquillement à Sherbrooke je compte bien m’enfoncer dans l’histoire et mes souvenirs.

Ah Pee Wee ! fantasme de l'ado gai de douze ans qui ne savait pas que je l'étais ;-)


Extrait du no de l'année 1629 du Boréal Express.

1 commentaire:

Gérald a dit...

Quelle belle coïncidence. Je parlais justement de la parution de ce livre avec le professeur d'histoire Jean-Marie Lebel hier après-midi. Il donne un cours magnifique sur l'Histoire de Québec. Je vais me procurer le livre pour m'y réfugier durant les belles tempêtes d'hiver à Québec.