Je viens de voir coup sur coup les deux émissions spéciales que Radio-Canada lançait à l’occasion du 40 e de la crise d’octobre. De la bonne télé bien faite, avec juste assez de surprises pour se rendre compte de la naïveté de l’époque. Assez aussi pour comprendre que nous avons étés manipulés. Que les flics en savaient plus qu’on ne le croyait à ce moment. Que Laporte est mort accidentellement, sacrifié au nom des intérêts supérieurs de la Cause. Indépendantiste peut être, fédéraliste sûrement.
J’avais 12 ans en octobre 1970. Pour me mettre à l’abri des trop grosses et turbulentes nouvelles polyvalentes de ma banlieue, mes parents m’avaient mis pensionnaire au même collège classique que mon père. L’illustre Séminaire de Saint-Hyacinthe avait lui même failli devenir cégep comme la plupart de ses confrères. J’étais en première année du secondaire, parachuté dans ce milieu plutôt rural des pensionnaires venus des riches paroisses des alentours.
Je m’ennuyais des amis et copains et aussi de la grosse Presse que j’avais coutume de lire en revenant de l’école. J’avais trouvé un truc pour lire mes journaux. Comme le cégep était orphelin de bâtiment, il partageait les locaux du séminaire. Et leur bibliothèque était ouverte le soir. Je m’y rendais donc lire les journaux après le souper, sous l’œil complice des bibliothécaires, nos curés ayant oublié d’interdire la pratique.
C’est là que j’ai lu qu’il se passait quelque chose le FLQ avait enlevé un diplomate anglais. Le ti cul que j’étais n’y comprenait pas grand chose, mais assez pour savoir que c’était grave. J’ai impressionné mes collègues en leur rapportant la nouvelle. Probablement tout croche d’ailleurs puisque mon cerveau de 12 ans était encore fièrement canadien et impressionné par Trudeau. Quels méchants ces felquistes ! (Il faudra le neveu du docteur Ferron et un bon cours d’histoire pour me faire changer d’opinion deux ans plus tard)
Je me souviens ensuite de la fin de semaine suivante, j’écoutais ma radio transistor (la même que Mafalda ! ), branchée à CKAC. J’aimais bien le show de Michel Desrochers le samedi. Va sans dire que la programmation était régulièrement bouleversée par les actualités, la station servant de boite aux lettres au FLQ. C’est là que j’ai appris l’enlèvement du ministe Laporte, info immédiatement transmise à mon père qui le connaissait bien.
C’est comme devenu plus lourd.
Et la semaine suivante au séminaire, l’atmosphère était fébrile. On sentait que ça bouillonnait dans les ailes du cégep. De notre coté, même les grands de cinq avaient des velléités et parlaient fort de politique. Nos curés et nos profs, laïques pour la plupart, étaient nerveux, eux aussi. Le vendredi, au lendemain de la loi sur les mesures de guerre, je vois encore le curé responsable de la vie étudiante venir dans la grande salle d’étude nous dire que devions évacuer calmement, rangée par rangée. Sous le vieux balle-au-mur du séminaire, on a su qu’il y avait eu alerte à la bombe au cégep.
Au retour à la maison du vendredi, on a vu les files de camions militaires qui s’en allaient à Québec. Puis le samedi étrange à la radio. Rien ne se passe. Et le lendemain, la mort de Laporte. La crise d’octobre était finie. Elle agonisera après.
Mais à ce moment tout était dit.
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On en a beaucoup parlé depuis. Assez pour savoir que tout ça est louche. Que dans cette histoire, être vaguement conspirationniste et y voir une grosse manipulation fédérale est malheureusement faire preuve de lucidité. Peu importe si cette stratégie aura fait long feu. S’y ajouteront ensuite le référendum de 1980, la constitution imposée au Québec en 1982, les tricheries du référendum de 1995, le cirque des commandites qui s’en suivent. Mensonges de plus.
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En mars 1970, Pauline Julien chantait et lisait des poèmes.
On l'arrêtera et elle sera en prison pour rien avec 500 autres en octobre 1970. Simple délit d'opinion, on connaissait déjà les ravisseurs, il fallait terroriser les terroristes (!)
On s'offusque de voir un media canadien dire que le Québec est la province la plus corrompue du Canada. So what ?
C'est peut être normal dans un pays n'a jamais été qu'un mensonge.
Parlez-en aux amérindiens qui y vivent.
On s'offusque de voir un media canadien dire que le Québec est la province la plus corrompue du Canada. So what ?
C'est peut être normal dans un pays n'a jamais été qu'un mensonge.
Parlez-en aux amérindiens qui y vivent.
4 commentaires:
Les veines ouvertes de la Nouvelle-France.
Ya de ça même si nos veines ont été moins saignées que celles du Sud
Ton billet m'apprend beaucoup de choses que j'ignorais totalement.
Et on en ignore encore pas mal dans cette histoire
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