J’ai eu hier un drôle de téléphone d’un collègue de l’université. Il me refilait une invitation à siéger sur le comité scientifique d’un colloque construit autour de la géocritique, terme que j’entendais pour la première fois. Renseignements pris, je découvre qu’il s’agit du dernier cri en fait de critique littéraire. À lire un des textes fondateurs, ça fait vachement pomo.
Ah la post-modernité! Il fut un temps où j’en lisais pas mal en géographie. Puis je m’en suis lassé. Non pas parce que les idées et les éléments de la géographie qu’on y étudie soient sans intérêt. Au contraire, il me souvient d’avoir déjà monté une excursion de géo consacrée à l’organisation de l’espace du gros centre d’achat local et des grandes surfaces avoisinantes complétée par l’observation des bungalows voisins comme types de représentations territoriales. Puis j’ai découvert que John Brinckerhoff Jackson parlait des mêmes choses simplement, sans recourir au vocabulaire alambiqué du post-moderniste moyen. Et comme ma sensibilité de géographe m’a toujours porté plus vers les auteurs terre à terre que vers la haute voltige intellectuelle, va sans dire que les pomos ont pris le bord.
Non pas que je méprise ce genre de sport. Juste que j’ai la faiblesse de croire qu’on peut essayer de dire les choses simplement, ne serait-ce que pour être compris du plus grand nombre.
Je pense bien dire oui à cette aventure. D’une part, ça va me distraire un peu de la routine de l’enseignement et d’autre part, je sens que je pourrai connaître de nouvelles idées et redécouvrir La poétique de l’espace de Bachelard ou les fascinants Espèces d’espaces de Pérec.
Et je me prends à imaginer une cartographie des territoires de Jacques Ferron ou de Louis Hamelin tant par leurs oeuvres que par leurs vies. Ou encore une carte du territoire couvert par la littérature québécoise de telle ou telle période.
Bien sur que je parle pas mal à travers mon chapeau, je ne sais encore rien de la géocritique, mais ce sera une belle distraction. Comme disait un de mes géographes préférés: «la géographie n’a cessé de me divertir : n’est-il pas divertissant de mettre en procès ce qui se voit, de ruiner l’apparente évidence ?»
Pierre Gourou a raison : la géographie est un divertissement. La géocritique aussi ?
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