4 mars 2009

Relâche

Quelle belle invention que la semaine de relâche. Une ville comme Sherbrooke redevient provinciale faute d'étudiants. J'avais prévu la passer à corriger mais comme j'ai du retarder mes examens, me voici avec plus de temps que prévu. Pris enfin cette photo de la rivière Saint-François au parapluie magrittien perdu dans les glaces.Du temps aussi pour décrocher et lire. J'ai mis la main sur une des rares choses de Jacques Ferron que je n'avais pas lues, ses lettres à John Grube. Je pense parfois que c'est dans ses lettres et entretiens qu'on saisit bien la profondeur de Ferron, sur cet étrange pays qu'il sentait, comme un psychanaliste s'identifie à son patient. Il me reste cette phrase parmi tant:

Le Québec est comme une bête vivante ; il n'est pas facile à comprendre. Il ne se serait pas choisi pour héros tant d'hommes forts s'il n'était pas peureux

Tout le problème étant qu'il les choisit louseurs, ce qui lui permet de demeurer dans les limbes. Par peur d'exister.

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Je ne savais pas trop quoi penser de cette histoire de reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham. Autant il est bizarre de vouloir célébrer une défaite, autant je ne vois pas tellement de problème à laisser jouer aux soldats des adultes déguisés en costumes d'époque. Grâce au site de l'ONF j'ai vu le film de Jaques Godbout sur la question. J'ai un vague souvenir que Le sort de l'Amérique n'avait pas été tellement bien accueilli à l'époque.

Au fond, j'aime bien le point de vue qui ressort du film: les Plaines d'Abraham sont une défaite de la France, pas celle des Canadiens du temps. D'ailleurs la nation canadienne-française n'existait pas encore à l'époque. Là dessus, je suis du même avis que Ferron ou Fernand Dumont: ce qui sera la nation québécoise commence à poindre vers 1840. C'est à dire au moment où Lord Durham saisit la teinte nationaliste des troubles de 1837 au Bas-Canada. alors que la même révolte dans le Haut-Canada n'était que sociale et anti-coloniale. Que ces événements soient suivis par la parution première histoire nationale du Québec, celle de Garneau en est un symptôme évident.

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Une seule chose m'a un peu agacée dans le film de Godbout: ce vieux cliché de l'histoire qui n'est plus enseignée au Québec et que c'est donc dommage. C'est faux. Le problème est plutôt qu'à force de se chercher une légimité scientifique l'histoire n'est plus un récit. Le voudrait-elle qu'elle serait mise en pièces par la post-modernité ambiante. Sans compter qu'elle oblige à penser qu'on a pu vivre autrement, ce qui nuit à la consommation des ménages, seule clef la relance économique.

Et je ne parle pas des obstacles au commerce.

7 commentaires:

Gérald a dit...

Deux amies parisiennes étaient en visite à Québec récemment. Elles adorent l'hiver.
J'en ai profité pour leur parler du Traité de Paris et leur faire visiter l'exposition Odyssée à la Maison de la Découverte, sur les Plaines de sieur Abraham...

magoua a dit...

Merci des infos Gérald, mais elles ne me consolent pas du choc d'aujourd'hui: le courrier de Marie -Josée et les chroniques de Marie-Stéphane dans la Terre de Chez-Nous sont le fait de la même personne. Elle a 80 ans demain.
Chapeau quand même, ses jugements sont plus lucides que bien des plus jeunes qu'elle.

Même s'ils ont écrit dans Voir et écrivent toujours dans un journal en grève.

Gérald a dit...

Ah bon. J'ignorais que tu lisais la Terre de Chez nous :)
J'en suis un lecteur fidèle depuis des lustres!
A un kiosque du journal, lors d'une exposition agricole (2009), j'ai obtenu une calotte officielle de la Terre de Chez Nous. Après 35 ans! :)
Et le "courrier du coeur" de cette dame est unique au monde (à mon avis. C'est un lieu d'entraide et de partage unique.

Anonyme a dit...

Bonjour,

est-ce que vous avez des suggestions de lecture pour qui s'intéresse à l'histoire du Québec au XIXè siècle et au début du XXème?

Merci.

P.C.

magoua a dit...

Je ne suis pas historien mais je les ai assez fréquentés pour vous faire quelques suggestions, même si je ne sais pas d'où vous partez. Dans le rayon histoire de base, la période 1867-1929 est assez bien couverte par le tome 1 de l'Histoire du Québec de Linteau, Durocher et Robert (Boréal Compact) C'est le standard académique contemporain, bien fait clair et précis. Toujours dans l'histoire de base j'irais voir l'Histoire populaire du Québec de Lacoursière (tomes 2 et 3) chez Septentrion. Je ne l'ai pas lue, mais mon frère historien m'en a dit le plus grand bien, même si les historiens universitaires (ces jocrisses disait Ferron) ne l'aiment pas tellement. Sont sans doute jaloux de son succès. Le livre de Fernand Dumont Genèse de la société québécoise, (Boréal compact) son chef d'oeuvre inachevé, ouvre beaucoup de pistes de réflexion sur cette époque mais pour le savourer pleinement il est mieux de connaître la trame historique de son analyse. Il y aurait cent autres titres à suggérer, à vous ce construire sur cette base

Anonyme a dit...

Merci beaucoup, je vais mettre ça sur la liste d'épicerie de ma prochaine visite à la Grande Bibliothèque. C'est une période qu'on a survolée dans mes cours d'histoire du secondaire (ça fait un bail!) mais que je ne connais pas très bien, à part pour les fameux révoltes patriotiques. En fait c'est surtout le début du XXème siècle qui est la grande inconnue pour moi. (Et pour beaucoup de mes compatriotes je pense!)

Patrice

Anonyme a dit...

lire: "fameuses révoltes"!