Quelque part dans les insolences du frère Untel il y a cette page où il rend compte d’une dictée donnée à ses étudiants. Il s’agissait de retranscrire la première strophe du Ô Canada. Le résultat était assez comique. Ton histoire est une épopée devenait ton histoire est une des pas pires. Et le bon frère de conclure à l’urgence d’un redressement de l’enseignement du français au Québec. En 1959.
Évidemment, tout le monde est pour la vertu et les professeurs devraient avoir une langue impeccable, mais est-ce réaliste et surtout est-ce une condition sine qua non pour faire d’un étudiant un bon enseignant ? J’en serais moins sûr. Évidemment on s’attend d’un prof de français qu’il soit presque parfait de ce coté. Mais quid du prof de sciences ou de math ?
J’ai une amie mangeuse de maths. Elle enseigne auprès de raccrocheurs. Elle réussit à leur transmettre sa passion et à faire réussir des élèves peu motivés, souvent médiocres. Ils sortent de ses classes avec une meilleure opinion d’eux-mêmes, plus confiants d’obtenir leur diplôme secondaire. Elle parle avec un gros accent, fait souvent des fautes de français et on le lui reproche. Elle s’améliore tranquillement mais on est loin de la perfection. Est-ce pour autant un mauvais prof ?Je ne crois pas. Parce qu’un bon prof, c’est autre chose qu’un bollé de français. C’est un communicateur de passions, un allumeur de cerveaux, pour ça je suis prêt à tolérer quelques fautes.
J’en fais moi-même.