31 décembre 2010

Entre deux années


Depuis quatre jours, j’agonise sur mes piles de copies à corriger et tout est prétexte à la distraction. Il faut bien prendre l’air ! Et c’est tellement beau, une marche le long de la rivière, à regarder les glaces descendre, minuscules plaques que la tectonique du courant accumule en petits continents sur les berges. La ville est étrangement silencieuse. Quelques milliers d’étudiants en moins ça paraît dans ma cité universitaire. Il y aussi que les cols bleus étant en grève, les autos roulent sur la neige durcie plutôt que l’habituelle sloche des rues bien salées. Peut être pas confortable pour l’automobiliste mais agréable aux oreilles du piéton.

En ce dernier jour de 2010, il fait une journée douce, ça fond et même que le soleil perce. Le jour baisse mais pas de coucher de soleil, les nuages sont revenus. Je ne file pas tellement party ce soir de réveillon. J’en ai eu ma dose à Noël, heureux de voir tant de monde en si peu de temps. J’ai le nouvel an social ou solitaire selon les années. Mais ce n’est jamais un jour ordinaire il y a la magie du chiffre, cette fébrilité que je sentais en faisant l’épicerie.

J’aime bien sacrifier aux traditions, faire le bilan, les résolutions. 2010 a été bonne pour moi. J’ai été heureux de revoir la Gaspésie, de saluer trop vite Québec. J’y retournerai l’an prochain si ça se passe comme prévu. Ça fait aimer le métier de voyager avec les étudiants et de ce coté, j’ai une sécurité comme j’en ai rarement eu, toujours précaire, mais des espérances. Mon nouveau cours cet automne a été dur, dans un domaine où je n’étais pas à l’aise, mais l’expérience a été salutaire et si je retourne dans mes vieilles pantoufles cet hiver, c’est avec le goût de me renouveler et d’oser de nouvelles choses.

Sur le plan plus personnel j’ai avancé. Réussi à arrêter de fumer quelques mois pour succomber sous le stress en novembre. J’arrête de nouveau dans quatre jours, les patches sont achetées. Je connais un nouveau piège. Et comme ma santé m’oblige à l’exercice, je compte bien essayer le taï chi cet hiver, paraît que c’est bon pour ce que j’ai. Je souhaite que ma mère aille mieux, elle qui a souffert un peu trop de ses 82 cette année. J’espère que son opération prochaine lui soit bénéfique.

Je suis sorti un peu plus de ma coquille cette année aussi découvert de nouveaux blogues que j’aime à lire et qu’il faudra commenter plus souvent. Connu de nouvelles personnes. Compris que le cocounage du nouveau proprio ou du web a ses avantages mais aussi ses limites.

2011 arrive. Une nouvelle toile. Tâchons d’y mettre de belles choses.

C’est ce que je nous souhaite.



L'image est de Nan dont j'ai déjà parlé ici. Allez voir ses dessins de l'année, ça vaut tous les show télé qui vont sévir. N'oubliez pas de devenir son ami ;-)

27 décembre 2010

Détournements

Il y a mille façons de se perdre. De regarder ailleurs. J'aime bien celle des recycleurs que mon ami Daniel m'a montré. Rien de nouveau sous le soleil, juste de la job bien faite. Un situationniste parlerait de détournements. C'est cela 50 ans plus tard. Inégal, mais drôle par moments, souhaitant que mes lecteurs français se fassent l'oreille à un accent étranger ;-)

24 décembre 2010

Joyeuses fêtes quand même

Il y a ces copies que je n'ai pas terminées, cette série sur les bouquins, un grand ménage. Mais je plonge vers les amis et la famille à Montréal content de les revoir et de partager avec eux cipaille et bons vins.
Alors il ne me reste qu'à vous souhaiter que vos réjouissances soient à la hauteur de vos espérances, que vous ayiez du plaisir à voir et revoir parents et amis.


Et l'inévitable cantique par la grande Mahalia Jackson

18 décembre 2010

Une perle

«  Plusieurs aéroports sont paralysés et de nombreux vols ont été annulés, notamment en France et en Grande-Bretagne, qui est en voie d'enregistrer le mois de décembre le plus froid depuis 2010. »
Perle trouvée ici. Pour le moment. À l'ère numérique, les perles sont évanescentes.

13 décembre 2010

Parenthèses


Entre deux examens à écrire, par une journée où un matin doux, jaune et vert devient une soirée blanche et froide, je retravaillais un texte à venir sur les livres importants dans ma vie.

Beaucoup viennent de la jeunesse et certains d'entre eux avaient une source fameuse (ou fumeuse?) . Je parle bien sûr de la revue Mainmise. C'était la grande époque de la contre-culture au KébeK d'alors.




Bande-annonce d'un documentaire hélas non réalisé de Marc-André Brouillard (2005)

Babyboumeur de l'autre versant, j'en ai connu le lent déclin à partir du milieu des années 1970. J'en ai collectionné les numéros anciens qui dorment dans une boîte parce qu'il me distraient trop.  Il y avait ce grand compendium qu'était le Répertoire québécois des outils planétaires (dans le même boîte que les Whole Earth catalogues) et qui m'a ouvert bien des sentiers. Et puis tout le reste, l'homosexualité, le pot, Pink Floyd, le retour à la Nature. Merveilleuses utopies qui me gênent parfois aujourd'hui.

Peut être parce que trop de lecteurs de Mainmise ont lâché le pot et l'acide pour des drogues plus dures.

Le pouvoir et l'argent.

P.S Quelques numéros numérisés de Mainmise ici (dont l'introuvable numéro sur le pot ;-))

6 décembre 2010

Quinze livres: début de l'effeuillage

Il tombe la vraie première neige d'hiver. Une neige floconneuse, légère et fluide qu'on prend presque plaisir à pelleter. Occasion de revenir à soi. 

***

Il y a de ces chaînes sur le web qu’on aime bien s’auto-administrer. Grand livrophage, je ne pouvais manquer celle des quinze bouquins qui m’ont marqué. La consigne était 15 bouquins en 15 minutes. Je l’ai fait pour la liste, mais je ne peux m’empêcher d’expliquer en quoi ces livres m’ont marqué. Ça prend un temps que je n’ai pas tellement en fin de session mais ça m’occupera le mois de décembre. En voici les trois premiers:

La Flore Laurentienne de Marie-Victorin. 

Je l’ai achetée avec ma première paie de mon premier boulot d’été. C’est un livre technique, un monument de la botanique québécoise qui m’a permis de mettre un nom sur les plantes qui m’entourent. Mais c’est aussi de la littérature par moments. Ainsi, décrivant l’érable rouge Marie-Victorin s’envole : 
 « À l'automne, les hydrates de carbone dont le tissu chlorophyllien est gorgé, se transforment en anthocyane et colorent brillamment les feuilles de rouge pourpré. Nos bois deviennent alors incomparablement beaux. Les pentes sourceuses des Laurentides et les forêts de la plaine alluviale forment des horizons sanglants où sur le vert profond des résineux s'ajoutent, chevauchent et se fondent les gammes infinies des teintes que le rouge a sur sa palette.»
 Avouez que ça étonne dans un livre scientifique... Un très beau site en reprend le contenu. Et non, je n’ai pas acheté la nouvelle édition avec les photos couleur, la reclassification des espèces botaniques me déconcerte trop.

La Rage de Louis Hamelin



Quand j’ai acheté ce livre, le titre correspondait à mon état d’esprit. Je venais de vider mon bureau à la radio communautaire, j’étais enragé  contre  les magouilles des pseudo marketeux qui avaient mis fin à ce qui avait été somme toute une des plus belles périodes de ma vie (et de la radio, leur échec fut lamentable). Je connaissais le livre de réputation, le titre me convenait. J’ouvre la brique. La lit d’une traite, jusqu’aux petites heures du matin. J’avais décroché de la radio.

C’était le livre que j’aurais voulu écrire. Sur le coup, j’ai laissé tomber mes vagues ambitions littéraires pour retourner à mon autre passion, la géographie. J’ai souvent chanté les louanges de Louis ici, l’ai rencontré quelquefois, assez pour savoir que c’est un gentil garçon, très drôle, curieux et allumé. Beaucoup d’autres écrivains ont son talent (salut Mistral !), mais Louis me touche par un sens profond du territoire qui réjouit le cœur du géographe.



Walden de Henry David Thoreau.


Ce doit bien être par un vieux Mainmise que j’ai découvert ce classique de la littérature américaine. Thoreau y raconte une année passée dans une petite cabane au bord de l’étang Walden, quelque part pas loin de son village du Massachusetts. Il y a dans ce livre beaucoup d’une certaine Amérique encore puritaine mais  séduite aussi par la sensualité de la nature et de la vie dans les bois.



Je l’amenais toujours ado quand j’allais me balader dans les bois du Mont-Saint Bruno, tout fraichement parc national.  Il y avait là un tout petit lac complètement sauvage à peine connu des gens du lieu. C’est en les imitant que j’ai appris les joies de me baigner nu, à me laisser flotter dans la couche tiède de la surface eaux pour éviter les profondeurs froides et aussi rêver en regardant le ciel.

Mon Walden à moi au Mont-Saint-Bruno

Voilà pour aujourd'hui. J'hésite à ajouter ma liste. 
Sachez pour le moment qu'elle se termine par tous les atlas du monde.
Je ne crois que ça surprenne mes amis...