31 juillet 2010

Gaspésie jour 5 Vers le retour...

Nous étions donc à Cap-aux-Os levé assez tôt pour voir passer un cargo dans la baie de Gaspé.

On a toujours dit mille merveilles de cette superbe baie, de ses capacités nautiques, avec raison, mais faute d'arrière-pays le plus beau port naturel du monde ne sera jamais qu'une belle baie. Tant mieux pour le paysage mais hélas tant pis pour l'économie gaspésienne. Après le déjeuner on reprend la route. Nous effleurons Forillon un des plus beaux coins de la Gaspésie... si on oublie qu'on a du y exproprier beaucoup de monde pour faire place aux touristes. Et les emplois promis≠ se sont évidemment pas pointés.
Les falaises de Forillon côté fleuve sont vraiment l,extrémité de la Gaspésie. À partir de ce moment notre route va direction Ouest, vers le retour, avec comme premier signal le phare de Cap des Rosiers.
De là les villages se succèdent, d'anse en anse, chacun son église, sa plage, son quai, autrefois. C'est une des choses que j'ai observé d'ailleurs autrefois tous les villages avaient leur quai puisque tout le trafic se faisait en goélette. Avec la route cette navigation s'est évaporée et le gouvernement fédéral en a abandonné la plupart, sauf dans les villages où la pêche est encore active. Je serais curieux un jour de voir la Gaspésie en goélette, de village en village comme c'était autrefois. Ou plus simplement à pied, comme l'a fait mon grand-père, de Gaspé à Sainte-Anne des Monts (180 km ). Un autre temps, un autre rythme.


Après Pointe jaune, la route qui longeait l'estuaire entre dans les terres, et grimpe sur le plateau qu'elle dévalle d'une vallée ou d'un village à l'autre. Au sommet des collines du bord de mer on a des éoliennes vers l'Anse-à-Valleau.

On passe pr un coin où j'ai déjà rêvé de m'établir: Grand Étang. D'un coté un lac

Et de l'autre la mer...

Et le chapelet de village se continue. On arrête à Grande Vallée et je constate qu'à la caisse populaire il n'y a personne au guichet automatique mais que les caissiers sont débordés. Ah la vie le village où retirer son fric demeure quelque chose d'humain, par choix même si c'est plus lent, on est pas en ville... Et Grande Vallée est un beau village:
Encore des falaises, des côtes et un autre village, Rivière Madeleine où Jacques Ferron, qui y a été médecin, a maintenant sa rue. Ensuite la route recommence à serrer plus la côte. Les villages se terrent au long des anses où se terminent des vallées encaissées dans un plateau de plus en plus élevé.  Anse Pleureuse, Gros Morne, et surtout Mont Saint-Pierre, la plus belle d'entre toutes.

Mont Saint-Pierre from magoua on Vimeo.

On dînera à Mont Saint Pierre au resto de l'hotel du village. Et après une petite virée dans la vallée

On reprend la route.

On s'arrêtera ensuite à La Martre, que j'appellerai toujours Rivière à la Martre, où mes grands parents on longtemps habité au presbytère avec mon oncle curé. Ça fait drôle de revoir un paysage trente ans uns tard un paysage dans lequel on a longtemps séjourné. Ce paysage est devenu emblématique de la Gaspésie avec son phare rouge vif :


La Martre from magoua on Vimeo.

On visite le petit musée de l'endroit et on convient d'une visite de groupe au phare cet automne. Pour ma part, je l'ai déjà visité avec son dernier gardien...

Prochaine étape Sainte Anne des Monts. On devait y coucher en principe, mais il est tôt et ma collègue qui est en forme préfère s'avancer aujourd'hui. On s'enquiert de l'auberge de jeunesse locale tout est beau et on continue. J'ai beaucoup de souvenir de jeunesse là aussi et j'aurais bien aime saluer mes rares cousins qui sont restés en Gaspésie mais ce sera pour une autre fois.

Petit arrêt à Cap Chat d'où l'on voit bien les Chic-Chocs. J'en avais gardé une image éblouissante la dernièere fois qu'on était passé ici à l'enterrement de mon grand-père. C'était en mai il faisait exceptionnellement chaud et les montagnes encore toutes blanches étincelaient dans le décor fauve et terne du début du printemps. Nous voici début juillet après un hiver doux et il reste encore un peu de neige sur les flancs des montagnes, petites taches blanches sur la photo: 

Passé Cap-Chat c'est la litanie des villages qu'on décomptait avant d'arriver chez nos grands-parents. Capucins, Grosses Roches, Les Méchins (habité par les méchinois), Saint Félicité, Matane... Une côte que je connais bien, maintenant envahie d'éoliennes qu'on aurait pu mieux dissimuler dans le paysage. On passe Matane, la collègue en forme est prête à se rendre à Rimouski. Depuis Sainte-Anne, le paysage s'est adouci, les montagnes se sont éloignées et on revient au Bas-du-Fleuve. On fait un petit croche voir les Boules (ma collègue ne croyait pas que c'était un nom de village) et apercevoir au passage les riches chalets des anglais de Métis. Faut dire que la baie est belle...

À Sainte-Flavie on reprend le bout de 132 sur lequel nous étions il y a quelques jours. Ma collègue fatigue et on convient de se payer un chic hôtel downtown Rimouski.
On est en vacances après tout...


30 juillet 2010

Idée reçue (1)

Il jouait son personnage vers la fin de sa vie mais, au fond, quel grand sensible. Et quel flair !



À écouter sous l'influence de la boésson. Ou pas.

29 juillet 2010

Changements

Dur de faire de l'ordi sans la cigarette à coté, mais va falloir s'habituer. Et comme vous l'avez remarqué, mon humeur est au changement. J'aimais bien le coté anarchique de l'ancien modèle de ce blogue, mais à l'usage, il manquait un peu de souplesse dans la mise en page à qui, comme moi, ne parle HTML que sous la torture. Et depuis un mois que Blogger-Google me titillaient d'essayer leurs nouvelles présentations plus facilement modulables, voici que j'en essaie une. 

Je ne l'ai pas encore mise à ma main, sachant que les frustrations associées à ce genre de sport sont très fumigènes.
  
Et pour le reste, ce sera dur mais je compte bien m'habituer à devenir un ex-fumeur. 

P.S. Que pensez-vous du changement ?

27 juillet 2010

Le dernier ?


Terminé hier, vers 13h. On tient le coup, j'essaie les timbres nicotiniques (patches, en bon québécois).
 Ça leur apprendra à faire des paquets de Player's rouges avec des flitres beiges pis un papier même pas alu ;-)

23 juillet 2010

Contact

Je n'aime pas tellement la mère Bardot d'ordinaire. Mais elle a fait de très belles chansons dont celle-ci qui est un hommage au temps qu'on aimait perdre, autrefois.



On a comme le gout de s'allumer un joint ;-)

Gaspésie tome quatre: et ils se reposèrent.


Il est 5h30 du matin, le soleil se lève tôt en Gaspésie, et quand on voit ça de sa chambre, on sort.



Chaque fois que je sors de l'auberge, je vois cette pancarte plantée croche que je trouve bien ironique: 
Réouvrir une prison, voilà des fondations pour réussir !

Dans le village désert ou presque, je me rends vers La boîte à lunch, seul restaurant ouvert à cette heure où les touristes dorment. J'y déjeunerai plus tard avec ma collègue d'un excellent pain doré, pour le moment c'est l'urgence café. Un vieux freak échoué ici me bumme une cigarette. Le quai est très actif, couvert de pick-ups. 


 C'est qu'on pêche le homard à Percé ! Comme je n'aime pas manger ces gros insectes, je me contente de regarder de loin les manoeuvres des bateaux qu'on vide de leurs cages. Et je bois tranquillement mon café en regardant le paysage et les vagues se casser sur la grève. Ne rien faire, humer l'air, se couler dans le paysage, c'est cela les vacances.


Après déjeuner et quelques errances avec ma collègue, on s'enquiert des activités possibles début octobre. L'excursion à l'ile Bonaventure sera peu probable à ce temps là, ce sera selon la météo, nous dit-on. Nous restera le centre d'interprétation logé dans les anciens entrepôts des pêcheries Robin. Nous visitons, premiers et seuls touristes dans l'exposition.  


Une dernière marche sur la grève, un dernier coup d'oeil au Rocher...

Et on embarque dans la machine. La route entre Percé et Coin du banc est assez étourdissante et pour se remettre un peu on cherchera (vainement) des agates sur la plage de ce petit village.
Et nous continuons la route qui serpente le long de baies de plus en plus grandes. À la pointe les séparant, toujours la vue sur Percé qui s'éloigne de plus en plus.
Nous entronds finalement dans la grande baie de Gaspé qui se subdivise elle-même en plusieurs autres. Arrêt à l'auberge de jeunesse de Douglastown pour s'enquérir des possibilités, et on file ensuite vers Gaspé étape prévue pour le dîner. Le ciel se couvre mais nous dénichons juste à temps un bon petit resto le café des artistes, bonne bouffe et belle vue sur la baie.

Il est encore tôt mais voilà qu'il pleut, sans trop le dire nous sommes assez fatigués. On a une autre auberge à voir à Cap aux Os et on verra la suite. Une heure plus tard, on arrive à l'auberge où une étudiante du cégep nous reçoit (le monde est petit). On visite, il n'y a plus de chambres mais un motel juste à coté. Crevés que nous sommes, le motel est la bonne solution. De la place, chacun notre chambre.  Il pleut toujours, on est le premier juillet et, à la télé, la souveraine y va de ses banalités canadiennes, tout concourt donc à la sieste.
Il y aura ensuite le jeu des nuages dans la baie de Gaspé

Un bel arc-en-ciel


Et un bon souper dans le restaurant presque chic de l'auberge de jeunesse. Seul inconvénient toutes les tables d'hôtes proposent du poisson et des fruits de mer. Comme je ne mange ni un ni l'autre, j'en serai quitte pour un spaghetti sauce à la viande, excellent au demeurant.  s'il me souvient bien c'est d'ailleurs le plat maison le plus mangé au Québec.

Restons touristes. 

21 juillet 2010

Gaspésie troisième étape

On commence le mitan de l'été et des vacances. La journée s'annonce orageuse après un matin frais, répit apprécié des grosses chaleurs des dernières semaines. J'ai terminé le gros de l'installation du mac mini, me reste maintenant à essayer de réseauter l'ensemble. Une chose entraînant l'autre, cela risque aussi de se transformer en grand ménage de l'appart puisque je jongle à déplacer pas mal de chose dans ce logement où je campe plus ou moins depuis mon installation. Tout ça est encore flou, aussi retournons en Gaspésie.

***

On est mercredi, il fait un temps splendide et après un bon déjeuner de crêpes arrosées de sirop d'érable, on part vers le parc de Miguasha. Ce parc est le plus petit du réseau des parcs nationaux du Québec. On y va donc pas pour les grands espaces, mais pour la faune qui y est remarquable, d'autant plus qu'elle n'existe plus depuis des centaines de millions d'années.

La falaise fossilifère de Miguasha Source: Parc de Miguasha

C'est que le parc protège une falaise où affleure un gîte fossilifère du Dévonien (il y a 315 millions d'années)  qui permet de voir des empreintes de poissons, de plantes et autres dans un état de préservation exceptionnel. On a même vu un fossile où on distinguait les veines du poisson ce qui dit l'état exceptionnel de conservation des empreintes. Certaines espèces qu'on trouve là se situent juste avant leur transition sur terre et par là probablement de lointains ancêtres.

L'environnement au moment de la mise en place des fossiles. Les Appalaches sont de jeunes montagnes très élevées qui bordent un estuaire situé en climat tempéré chaud, au Sud de l'équateur. 

Après avoir diné sur la terrasse du musée, on a repris la machine pour aller vers Percé. La côte de la Baie des Chaleurs est remarquable par la diversité de la population de ses villages. Maria est amérindien. Carleton, Bonaventure et tant d'autres sont acadiens. New Carlisle est tellement loyaliste qu'on se croirait dans les Cantons ou en Ontario, même que la statue de son fils célèbre qu'est René Lévesque y est plutôt cachée. Paspébiac (on dit Passepeya) est encore plus étrange parce que jersiais mâtiné de toutes les origines. On y parlait autrefois avec un accent incompréhensible pour le reste de la planète.

C'est d'ailleurs en voulant y prendre des photos des anciens magasins des pêcheries Robin que je me suis rendu compte que le Poc! entendu au départ de Maria était bel et bien le bruit de mon appareil photo tombant, oublié sur le toit de la machine. Grande perte pour l'iconographie de ce billet. Après avoir vainement cherché un magasin spécialisé à Chandler et autour me suis rabattu sur mon ami Jean Coutu de Pabos qui avait une petite caméra Kodak pas chère qui me dépannera en attendant. 

Première photo, en direct du stationnement du Jean Coutu. Même s'il faisait beau, la mer était houleuse

On continue vers Percé. La côte du Nouveau Brunswick ne nous accompagne plus depuis longtemps et c'est maintenant le Golfe du Saint-Laurent que nous longeons. On imagine la Gaspésie truffée de quais et de ports, or il n'en reste plus que quelques-uns encore actifs et la plupart des quais de villages ont étés abandonnés. 

Le havre de Sainte Thérèse de Gaspé est un des rares encore actifs

Au loin, les montagnes de Percé commencent à apparaître, mais les nombreuses haltes municipales du coin sont tentantes, juste pour voir et entendre les vagues se briser sur les plages.

Près de l'Anse-à-Beaufils, on voit au loin, à droite, le nez de l'île Bonaventure

Et nous arrivons finalement à Percé. On s'enquiert de l'auberge de jeunesse: il y a des chambres et on s'installe. J'ai un rapport étrange avec cet emblème de la Gaspésie. C'est un paysage tellement vu mais tellement beau qu'on a toujours de la misère à y croire. Et comme je suis plus habitué à séjourner dans des villages moins fréquentés, l'abondance des boutiques et des touristes font que je m'y sens plus à Montréal que dans la vraie Gaspésie. Mais la saison n'est pas commencée, le village est désert profitons du calme pour apprécier le site au bout du quai.


Percé from magoua on Vimeo.

 Voila prochaine étape Percé - Cap-aux-Os. Pour le moment on annonce de gros orages aujourd'hui, je crois que je vais les chasser, en direct de ma galerie ;-)


19 juillet 2010

Un peu de Docteur Ferron

Il y a de ces choses sur le web qu'on est toujours content de revoir. Ainsi cette entrevue radio  étrange de Jacques Ferron et de Pierre Paquette. On y parle de sa soeur Merluche, femme du juge Cliche, de Castonguette chère carte d'assurance maladie, Mais on entend aussi un médecin fatigué qui avait la mauvaise habitude de tester les médicaments qu'on donnait aux fous pour les calmer. Lui soignait le corps et sceptique des médicaments de l'âme, on est en 1975.
Tout fatigué qu'il est Ferron est ici un des êtres les plus allumés qui soient.

http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/dossiers/1636-11275/

Cette entrevue me soigne l'âme à chaque fois que je l'écoute. Peut-être parce que c'est de lui que je tiens mon surnom de magoua, que j'ai appris dans ses livres. Et qui me va bien, mais pas toujours.

La deuxième partie est pire,
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/dossiers/1636-11279/

14 juillet 2010

Gaspésie deuxième fournée

Tout d'abord mes excuses pour mon retard à faire ce compte-rendu, suis pas mal occupé au jardin à lutter contre les pluies fortes (je déteste tuteurer) et une invasion de scarabées japonais qui avaient décidé de faire de mon rosier une salle d'orgie où ils copulaient à deux trois, même quatre. J'ai oublié de prendre des photos pour les amateurs mais leur ai joyeusement donné une douche de End All insecticide à peu près bio pour éviter leur reproduction et les dégâts ultérieurs. Sont morts en copulant, comme Félix Faure, grand bien leur fasse. 

Par ailleurs sur le front informatique, mon vieil ordi sous Windows, déjà cacochyme avant mon départ agonisait à  mon retour, refusant de se réveiller suffisamment pour que je puisse copier les nombreux fichiers que j'avais négligé de copier en sûreté. Comme suis nul en bidouillages informatiques j'ai fini par ouvrir accidentellement Windows en mode sans échec et depuis je le vide de sa substance. Il sera remplacé plus tard aujourd'hui par un Mac mini qui sera le coeur du boudoir multimédia que deviendra mon ancien bureau. Beaucoup de barda en vue... mais revenons en Gaspésie.

***

Nous sommes mardi, à Rimouski chez mon ami le microclimatopithèque. Le jour est gris mais ne semble pas trop pluvieux. Comme il est en plein déménagement, impossible de se faire à déjeuner aussi il nous invite à le suivre à la café de l'université (du Québec à Rimouski). Bonne bouffe dans l'ambiance brique brune, tuiles rousses et béton gris de cette aile typique des constructions scolaires des années 1970. Il nous fait les honneurs ensuite des divers labos de son département (chimie-bio-géo, on fusionne large à l'UQAR) répartis un peu partout dans les vielles ailes du couvent des Ursulines. Le lieu où travaillent les étudiants chercheurs qui surveillent l'érosion des côtes est logé dans les combles du vieux couvent, vue magnifique sur le fleuve mais aussi entassement joyeux d'un département de géo dynamique et en croissance, ce qui me rassure. 

Mon ami nous fait visiter ensuite le hangar où il construit des instruments d'acquisition de données climatiques. Il s'agit de haute technologie. Par exemple, les tubes servant à mesurer le régime thermique des falaises où ils sont forés sont remarquables d'ingéniosité. Leur système d'insertion est aussi sophistiqué. On comprendra que je n'aie pas pris de photos pour éviter l'espionnage industriel, mais sachez que parmi les composantes de ce système, il y a notamment des 2 par 4, des glissières de porte patio, une planche à découper les légumes et de l'isolant à calfeutrage de fenêtres. On ajoute un peu de poudre à bébé pour lubrifier et voilà votre falaise entubée, prête à enregistrer sa température aux heures à tous les 10 cm sur deux mètres pendant plusieurs mois. Suffit ensuite d'être un peu acrobate pour récupérer les données.

J'ai l'air de me moquer mais, au contraire, depuis des années que je le connais, mon ami microclimatopithèque invente ce genre d'instruments de mesure faits à partir de composantes ultramodernes comme les capteurs thermiques combinés à d'autres venues du Canadian Tire du coin. Ces instruments nouveaux permettent des mesures nouvelles qui font mieux comprendre les processus d'érosion des falaises et des littoraux et ainsi de délimiter les zones à risque. Et ce n'est qu'un des talents de ce vieil ami. (Comme ce genre de mesures tend à confirmer les risques liés au réchauffement climatique, on comprendra que le gouvernement fédéral conservateur soit de moins en moins porté à les subventionner) 

***

Reprenons donc la route 132  vers la vallée de la Matapédia, direction Escuminac sur la baie des Chaleurs. C'est que nous ferons le tour de la Gaspésie à l'envers, du flanc Sud de la péninsule vers le Nord. C'est un bon truc: il y a moins de circulation et on évite de se retrouver trop souvent à rager derrière une caravane poussive. Comme nous ne sommes pas encore en saison, le trafic est encore plus mince. À partir de Sainte-Flavie, on entre dans l'arrière pays, par la vallée de la rivière Mitis.

Comme tous les arrières-pays des Appalaches, c'est un monde de collines où l'on vit un peu d'agriculture,  beaucoup de bois, de tourisme l'été et trop souvent de chômage. De beaux villages avec de grandes églises mais on a l'impression que la vie s'y étiole un peu, les gens vieillissent, les jeunes s'en vont, les écoles ferment le pays se désâme.

On passe insensiblement vers le versant Sud de la Gaspésie, il y a tout d'abord le grand lac Matapédia encore bordé de village sur sa rive Ouest et de montagnes plus sauvages sur son flanc Est.


On dïne près la décharge du lac, à Amqui. Une petite ville coincée entre le fond de la vallée et des versants sur lesquels elle déborde et qui nous rappelle un peu Sherbrooke. On y dîne dans un chic Dixie Lee, fast-food local réputé pour son poulet frit, très fréquenté par habitants du coin. Pour tout dire, je crois que son succès tient plus à l'absence de concurrence qu'à la qualité de la nourriture.

Nous reprenons la route dans la vallée de la Matapédia qui s'ensauvage et s'encaisse de plus en plus. Après Sainte-Florence aucun village sur 60 km. Il n'y a que la route, le chemin de fer et quelques camps de pêche au saumon. À peine le hameau de Routhierville et son pont couvert que nous allons explorer.


Le pont vu de la halte de la route 132
C'est un des plus longs du Québec, on peut encore y circuler.
La rivière Matapédia vue du pont. Une eau claire qu'on boirait sans crainte.

Après Routhierville, la route joue à saute-mouton avec le chemin de fer, le temps gris brumeux et bruineux fait de beau effets dans les montagnes. À son embouchure, la Matapédia se joint à la Restigouche et les deux forment un delta qui fait le fond de la baie des Chaleurs.

Ristigouche est un lieu important dans notre histoire. C'est ici en fait que s'est livrée la dernière bataille de la Nouvelle-France. Une bataille mi navale mi terrestre. C'est qu'après la bataille d'Abraham à l'automne 1759, les Anglais se retrouveront à leur tour assiégés dans Québec au printemps 1760 à la suite de la victoire des Français à Sainte-Foy. Les deux armées sont épuisées, les vivres et les munitions manquent et on convient que le verdict final appartiendra à celui qui sera réapprovisionné en premier. On sait que les Anglais le seront, mais de peu puisque la flotte française suivra 10 jours plus tard. Elle se repliera ici au fond de la baie des Chaleurs où avec la complicité des Amérindiens et des Acadiens réfugiés, les Français prendront position. 

Je laisse le soin à Parc Canada de terminer ce récit, mais sachez que contrairement à ce qu'on dit, la France n'a pas lâché sa colonie à ce moment et que, au contraire, sa petite flotte s'est battue fort honorablement dans une situation quasi désespérée. Le centre d'interprétation qu'on y trouve est fort intéressant, rempli des trouvailles qu'y on fait les archéologues dans ce qui restait des navires. Et en plus, la vue sur le début de la baie des Chaleurs est fort belle.

Maintenant instruits, il ne nous restait plus qu'à trouver l'auberge de jeunesse où nous comptons faire étape avec nos jeunes cet automne. Il seront en dortoir dans la maison près de la route, mais le prof bourgeois que je suis a déjà réservé sa chambre au Château Bahia, un peu plus haut sur le même site. 


Ce n'est qu'une aile de cette folie en plein bois, probablement la plus étrange auberge de jeunesse que j'aie vue. Une belle histoire aussi racontée par son constructeur. Et après un souper dans un bon petit resto de Carleton, je dormirai dans une tour sous la bruine. 

Prochain épisode: Entre Escuminac et Percé, plus ou moins de Kodak.


8 juillet 2010

Statistique et politique

On savait que le gouvernement de M. Harper était souvent imbécile, mais son ministre de l'industrie, l'hilare Tony Clement vient de franchir les bornes de la stupidité de droite. Déjà que ce conservateur social avait éliminé les subventions aux défilés gais de Toronto et Montréal, voilà qu'il se mêle de recensement.

Il a ainsi décidé d'éliminer le questionnaire long du recensement de 2011au profit d'un questionnaire rempli sur une base volontaire par les intéressés. Le prétexte n'est pas loin de celui des ultra-conservateurs du Tea Party américain: ce questionnaire obligatoire en vertu de la loi sur le recensement demande trop de détails sur la vie privée des gens.

Je pense qu'un étudiant du collégial pourrait répondre assez facilement à la question suivante: Sachant que le questionnaire précédent était distribué selon un échantillonnage stratifié aléatoire, quels sont les biais statistiques entrainés par la décision du ministre ? On trouvera une réponse bien étayée dans cette tribune du Devoir.

C'est que ce questionnaire détaillé distribué à 20% de la population permet une cartographie fine des données socio-économiques au code postal près. Données qui font le bonheur des géographes et autres chercheurs mais aussi des municipalités et administrations, en plus évidemment des entreprises qui peuvent bien cibler leurs implantations (ou leur publipostage !). Passent ainsi à la trappe les données sur le revenu, l'éducation, les transports, la langue, les migrations, l'origine ethnique, le logement et aussi évidemment le statut matrimonial, ce qui permettra de ne plus savoir grand chose et surtout pas, par exemple le nombre de couples gais, ce qui gênerait peut-être le ministre.

***

La dernière intervention politique dans le recensement date d'ailleurs des libéraux qui avaient décidé d'ouvrir la question traditionnelle sur les origines ethniques permettant d'inscrire n'importe quoi et plusieurs choix, alors qu'autrefois le choix limité permettait par exemple de comparer l'origine française et la langue parlée. On a pu ainsi ne plus savoir le taux d'assimilation alarmant des francophones hors Québec. Et pour avoir joué un peu avec les derniers recensements j'ai pu constater l'apparition d'ethnies nouvelles: canadiennes, québécoises ou acadiennes. Les granos pouvaient même s'inventer une origine amérindienne. Quant à moi, je n'ai pu me déclarer extraterrestre, faute d'avoir reçu le long formulaire.

***
Cette décision est triste. Elle entache la réputation d'un organisme, Statistique Canada, qui doit être au dessus de tout soupçon, at an arm length, selon la tradition britannique. Elle montre aussi que les Conservateurs singent ce qu'il y a de pire chez leurs amis républicains dans leur paranoïa anti étatique. 

Elle montre aussi que dans notre société d'information l'ignorance crasse devient vertu. 
Elle permet de mieux mentir.

Un voyage en Gaspésie 1

Il fait une chaleur torride sur le Québec, prétexte aux éternels insatisfaits du temps qu'il fait que nous sommes pour râler et oublier qu'on en rêvait au coeur de l'hiver. Pour ma part je m'adapte, me lève tôt pour profiter de la fraicheur du matin qu'on a dans les cantons et faire mon ordinaire. Je vedge ensuite le reste de la journée absorbé que je suis dans le gros pavé de VLB sur Joyce. 

***

De retour à la semaine dernière. On a décollé de Sherbrooke lundi vers 8h sous une pluie battante qui nous accompagnera jusqu'au soir avec plus ou moins d'intensité. Trajet classique par la 55 et la 20 ensuite, Ma collègue n'aime pas la 20, moi non plus. Trop de circulation, un tracé ennuyeux plate. On s'explique mal pourquoi tout le monde se lance sur cette autoroute alors que la 40 qui passe sur la rive Nord du fleuve est plus belle et beaucoup moins fréquentée. Force de l'habitude ? Souvenir qu'elle a déjà été à péage ?

On arrive à Montmagny, arrêt bouffe sur le pouce et ensuite on laisse la 20 pour la bonne vieille 132. C'est un trajet que je ne saurais trop recommander. Si la 20 est moins moche à partir de Québec, on y perd le chapelet des petits villages de la rive du Saint-Laurent dont on longe le grand estuaire.  La pluie et la brume nous privent aujourd'hui de la vue sur l'autre rive mais on le sent. Les battures aussi. 
Les battures à l'Islet-sur-Mer. Derrière la brume et la pluie, les îles du fleuve
 et les premières montagnes de Charlevoix.

Premier arrêt à l'Islet (Prononcez l'ilette, on est dans le Bas du fleuve). L'église est ouverte, on en profite. On en débute la construction en 1768, elle sera ensuite souvent agrandie, décorée, redécorée. J'adore les églises, ce sont presque nos seuls grands monuments et la dominance de la religion autrefois a fait qu les villages rivalisaient entre eux de décorations sculptées sur bois, confiées aux artistes locaux et plus réputés.


La nef de l'église

Retable d'un autel latéral, on est longtemps resté baroques au Québec.

Ce Saint-Jean-Baptiste était autrefois dans une des niches de la façade de l'église. 
Autrefois recouvert de plomb doré, on a voulu le restaurer et en enlevant sa couverture, il s'est fendu en deux. Beau symbole de l'état politique du Québec. 

L'église a une chapelle latérale, cas rare au Québec. Elle a des bancs réversibles qu'on tournait vers la grande nef lors des grands événements. Authentique patentage ingénieux typique du monde du coin. On en verra une version appliquée à la microclimatolgie plus tard.

L'Islet a aussi un Musée maritime considérable que nous n'avons pas eu le temps de visiter. On voit ici un ancien brise-glace fleuron de ses collections.

Et nous avons continué notre chemin sous la pluie battante, serpentant d'un village à l'autre entre les crêts et la rive du fleuve. J'ai fait découvrir à ma collègue le musée François Pilote de La Pocatière. Un bric à brac de trésors anciens ethnographiques, pédagogiques et zoologiques. J'aime ces musées d'histoire locale encombrés de toutes sortes de choses et épargnés de la muséographie contemporaine souvent forte en mise en scène et avare d'objets. On y trouve une des rares tourtes empaillées du Québec. Triste histoire que l'extinction de ce pigeon migrateur autrefois surabondant qui disparaît au début du siècle.

Pas de photos du reste de cette étape passée sous la pluie battante qui nous cachait le beau paysage de ce coin de pays. Nous avons amené la pluie avec nous à Rimouski où nous avons retrouvé dans son antre habituel mon ami le microclimatopithèque qui a eu la gentillesse de défaire ses boites de déménagement pour héberger deux voyageurs pas trop détrempés quand même. 

Prochaine étape: entre la Matapédia et Restigouche.

6 juillet 2010

De retour

Ouf ! Je suis revenu samedi soir  de cette expédition en Gaspésie, à la fois heureux et fourbu. Fourbu parce que se taper pendant six jours plus de 2000 km en petite machine devient à longue dur sur le dos et que de voir tant de beaux paysages en si peu de temps finit par saturer les neurones.

Il faut bien le dire, ce voyage était mi vacances mi travail. Il s'agissait de préparer une excursion de cinq jours cet automne avec un troupeau d'une trentaine d'étudiants. Il s'est donc passé en bonne partie en repérage d'auberges de jeunesse, de musées et autres arrêts logistiques. Comme je ne conduis pas, c'est ma collègue qui s'est tapé la route parfois assez accidentée. Et quand on ne contrôle pas la machine on va selon le compromis chauffeur passager.

Ça été tout de même assez agréable de changer de décor, d'autant plus que je ne me souvenais pas à quel point la Gaspésie était belle. On voudrait s'arrêter toujours plus longtemps dans les lieux qu'on traverse, prendre le temps de faire quelques rangs de niaiser à regarder la mer ou le fleuve. D'où deux conclusions: Y retourner et reprendre mon permis de conduire pour assouvir mes fantaisies exploratrices.

Le village de Petit Cap près de Gaspé

Dans les prochains jours je compte bien en faire un bon résumé, jour par jour, aventures et petites découvertes comprises.

Pour le moment, en ce temps caniculaire me manque la fraîcheur de la mer, que je compense par la lecture du gros bouquin de VLB sur James  Joyce. Ça aussi j'y reviendrai.


1 juillet 2010

Un cliché

Me voici donc à la fine pointe de la Gaspésie, en pleine carte postale du Rocher Percé

Il a beaucoup plu lundi, moins mardi, pas hier. Au programme ce matin : écouter les galets rouler sous les vagues.