21 juin 2010

L'esprit vacant

Je suis à cette phase de l'année où j'ai l'esprit vacant. Un goût de ne rien faire, de simplement regarder le temps passer. Même au jardin, la fièvre du printemps se change en torpeur alors qu'il me reste plein de choses à planter. Cela vient sans doute du vide nécessaire pour oublier l'année scolaire avant de voir venir la prochaine, assez chargée merci puisque j'aurai un nouveau cours à monter dans un domaine qui m'enthousiasme moins que la géo et qui terrorise les étudiants : les méthodes quantitatives en sciences humaines. Heureusement, je vais pouvoir compter sur l'aide et l'appui des collègues. Je suis chanceux d'être tombé sur une équipe de profs qui s'aident au lieu de se jalouser les uns les autres. C'est plus rare qu'on ne le croit. Ce n'est pas pour rien que Virginie roule depuis si longtemps...

Pour le reste, je me lance aujourd'hui dans un sprint de plantation d'annuelles, je pars pour Montréal ce soir faire un séjour en famille et amis. Et lundi prochain, grand départ en Gaspésie terre de mes ancêtres maternels. Un voyage mi-vacances mi-boulot puisque il s'agit de reconnaître le terrain en vue d'un voyage d'étudiants l'automne prochain. Bien hâte de revoir ce coin du Québec où je ne suis pas allé depuis les funérailles de mon grand père il y a plus de vingt ans...

Bon c'est maintenant l'heure de sortir la petite pelle, le compost et tout le barda, mes fleurs attendent depuis trop longtemps.

11 juin 2010

La décérébration tranquille.


C’est insidieux. Mais force est de constater que depuis quelques années les grands médias deviennent de plus en plus insignifiants. Je ne parlerai pas de la télé, je l’écoute peu et disons que les grands réseaux n’ont jamais brillé pour leur contenu depuis longtemps. Il est loin le temps où la télé de Radio Canada programmait du théâtre classique le dimanche soir. Quant au privé, n’en parlons pas.

Il m’est longtemps resté la radio. Celles de Radio Canada Première chaîne et l’ex chaîne culturelle devenue Éspace musique.  La première se maintient et elle doit à la qualité de ses animateurs, variable selon les goûts et les équipes de recherche. La deuxième a déjà fait son virage liquidant les émissions de création et de contenu pour devenir essentiellement musicale. Si au début la programmation musicale demeurait éclectique, il me semble que les créneaux musicaux se referment tranquillement au profit d’une sorte de pop plus ou moins alternative.  

Pis encore, Espace musique liquide tranquillement ce qui lui reste d’animateurs compétents et originaux. Je pense à Chantale Jolis quoique dans son cas la maladie puisse expliquer son retrait. Mais voici que pour des raisons nébuleuses, on se débarrasse de Dan Berhman. Ce spécialiste du blues et des musiques du monde qui a été longtemps tourneur apprécié faisait mon bonheur les soirs de fin de semaine. Il avait un ton, une manière bien à lui de présenter des musiques qu’il aimait. Et voilà que j’apprends par Facebook qu’il disparaît des ondes. On le remplacera par un quelconque disc jockey insipide, qui nous serinera les éternelles actualités artistiques et nous demandera aux demie heures de lui écrire par le site web d’espace musique. On comprend ces animateurs d’avoir besoin de courriels pour se désennuyer de leurs propres émissions.

 Au final, on se retrouve avec une radio sans âme, trop lisse et finalement ennuyeuse. Disons une sorte de rock matante pour intellos plateauiques.

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Changeons de média. Comme tout québécois qui se respecte, je lis le Journal de Montréal au restaurant. Entre les années 1970 et disons 2000, j’ai vu tranquillement le tabloïd sensationnaliste devenir un meilleur journal. Toujours populiste certes, mais les chroniques de Michel C. Auger et de tant d’autres mettaient de la chair autour de l’os des trois S (Sang, sexe et sports) qui sont le fond de commerce des journaux du genre.

Mais voilà que depuis que le fils Péladeau a succédé à son père, on sent un retour vers une insignifiance et surtout une démagogie inquiétantes. Il y a bien sûr le tartuffe Martineau, modèle de clown dans le genre. Depuis le lock-out cette dérive à droite ne fait que s’accentuer. Va sans dire que le conflit a fait s’éloigner les chroniqueurs de gauche. Mais au-delà des circonstances quand même étonnant de voir à quel point le journal de Montréal devient le journal de l’Institut économique de Montréal, think tank de la droite patronale pure et dure.

Tout d’abord deux de ses dirigeants y tiennent chronique et lire que de payer des impôts est un esclavage me laisse un certain malaise. À ce titre, se soumettre aux quatre volontés d’un patron le serait aussi aussi. Et dire que seuls les entrepreneurs créent la richesse, c’est négliger toutes celles créées par l’éducation et la santé. Mais je m’éloigne de mon propos.

La dérive à droite du journal l’empire Québécor se reflète surtout dans les choix éditoriaux des derniers mois. À pleines pages, on nous épouvante sur le délabrement des finances publiques, les gaspillages de l’État, les bonis aux cadres de l’État. On parle moins de ceux des cadres des entreprises qui servent de modèle à la fonction publique. 

Et voilà que Québécor débauche l’ancien directeur des communications de M. Harper pour gérer le bureau de Québécor média à Ottawa et éventuellement développer une sorte de FOX News version canadienne anglaise. On connaît la recette : l’État c’est mal, l’impôt c’est du vol, on manque de flics, bref toute la démagogie qui fait la fortune des radios populistes de Québec.

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C’est là où ces manœuvres m’inquiètent. Qu’on le veuille ou non, ce discours ambiant influence réellement l’opinion. Il explique au moins partiellement l’étrange comportement politique de la région de Québec. La mentalité individualiste qui le sous-tend entre parfois en collision avec l’intérêt collectif. Il n’y a qu’à voir l’ironie de la nouvelle de ce matin : Après avoir fait carrière sur le dos des transports collectifs voilà que le maire Labaume vient de se convertir aux vertus d’un tramway à Québec.  L’ex maire L’Allier en avait proposé un, ce qui avait soulevé la colère des gars de char et accéléré la déconfiture de son parti aux municipales et la montée du même Labaume.

Des années plus tard, on se rend compte que ce n’était pas une si mauvaise idée. C’est le problème du démagogue. À ne pas voir plus loin que son nez, il fait perdre du temps à ceux qui voient plus loin. Qui voient les réserves de pétroles se tarir. Qui comprennent que les gaspillages de la vie du consumériste ne sont tout simplement pas viables à long terme.

Au fond, ce qui me choque le plus dans tout ça, c’est l’amoralité de ceux qui profitent de ce système. Les populistes de droite font des fortunes à maintenir dans l’ignorance leur bon public. Leurs marketeux sont heureux de vendre n’importe quoi en tirant toujours plus bas, vers l’instinct  plus que la raison. Et surtout ne jamais s’adresser à l’intelligence.

Elle n’est pas rentable.

1 juin 2010

Vacances en vue

Ouf ! ce qui est en passe d'être un rituel semestriel est terminé. Mes notes sont remises depuis vendredi, après un sprint de corrigeage non stop de trois jours. C'est un peu mon problème, j'aime bien travailler sous pression et cette corvée sied à merveille à ma nature procrastinante. Et depuis, mes journées se sont passées à arroser le jardin et à y planifier les plantations. Je vais m'y mettre demain, maintenant que la belle pluie d'aujourd'hui  a ramolli la terre. Et d'ici les vacances officielles le 15 juin, il ne me reste que les réunions et la préparation des cours de l'automne. Il y en a un nouveau, très matheux, qui me fait peur un peu; mon défi sera de faire aimer aux étudiants ce que je n'aimais pas tellement au bac. Je sens que je vais m'amuser. Heureusement les collègues vont m'encadrer.

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Pas trop de projets de vacances en vue, sinon une expédition en Gaspésie pour monter un cours terrain avec une collègue, quelques virées à Montréal, une autre à Québec, peut-être aussi une grande ville américaine. J'espère bien quelques visites aussi, mais depuis trente ans, j'ai compris que la distance entre Montréal et Sherbrooke est dix fois plus longue que le trajet inverse. Et il y aura de la peinture et de l'entretien de maison à faire aussi.

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Même si compte bien me faire quelques journées sans ordi, je ne me priverai pas d'errer sur le web au hasard des sites. C'est ce que j'ai fait aujourd'hui. Ça m'a permis de découvrir le blogue de Fred Hidalgo, Si ça vous chante. C'est que cet homme était à la tête de nos bibles de la chanson qu'étaient les revues Paroles et Musique et Chorus qui lui a succédé. Cette dernière est morte l,an dernier dans le naufrage de la compagnie qui en avait pris le contrôle. Content de voir que le web a repris le flambeau puisque Hidalgo et les anciens collaborateurs de Chorus ( Théfaine ici, Pantchenko là et beaucoup d'autres à suivre via leurs sites. )

Ces revues étaient importantes à mon époque radio. C'est que nous devions combler une programmation à 60% francophone en proposant autre chose que les chansons formatées que choisissent les trois ou quatre programmateurs radio des réseaux commerciaux. Il y a 25 ans, sans ouèbe, nous ne pouvions effectivement compter que sur Paroles et Musiques pour savoir ce qui se passait en France et ailleurs dans notre créneau. Ma contribution était de simplement acheter la revue, mon peu d'oreille et ma tâche de journaliste ne me laissant pas le temps d'explorer les musiques. Mais que de découvertes : Isabelle Mayereau, Sarcloret, Maurane, Pigalle, Mano Negra, Parabellum, Manset, CharlÉlie Couture, Thiéfaine et tant d'autres. Le bonheur de la radio libre aussi.

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Ce n'est pas le moindre paradoxe de notre temps que d'écouter des radios de plus en plus formatées, dédiées à des groupes cibles savamment étudiés pourtant de plus en plus interchangeables comme leurs animateurs qui naviguent d'un média à l'autre. Même celle de Radio Canada m'ennuie parfois.

C'est que j'aime les chansons informatables.